Histoire de Vendée

Histoire de la Vendée
du Bas Poitou en France

Chapitre Précédent Table des matières Chapitre Suivant

CHAPITRE XXII
POLITIQUE DE RICHELIEU

 

La presse politique et la presse littéraire créées par deux poitevins, Théophrase Renaudot et Denis Sallo

Guerre d'Italie. - Henri de la Trémouille et Léon Barlot

Fabrication de fausse monnaie à Pouzauges

Grave maladie de Richelieu

Guerres d'Allemagne. - Brillante conduite des seigneurs de la Rabatelière et des Roches-Baritaud

Etablissements coloniaux. - Les flibustiers sablais. - Neau dit l'Olonnais

Victoire de Guetaria (22 avril 1638). - Revers

Mécontentements et soulèvement en Bas-Poitou. - La guerre du sel. - Etablissement d'un présidial à Fontenay en 1636-1644

Naissance de Louis XIV (5 Septembre 1638). - Siège d'Arras (1640). - Mort de Charles de Bessay

Les Collardeau et Richelieu

Charles de Hillerin

Baudry d'Asson (Antoine, dit M. de Saint-Gilles)

Hardouin Péréfixe de Beaumont, abbé de Saint-Michel-en-l'Herm, académicien

Mort de Richelieu (4 Décembre 1642) et de Louis XIII (14 mai 1643). - Bataille de Rocroy (19 Mai 1643)

Siège de Rosas ou Roses. - Mort Héroïque de Bruneau de la Rabatelière au siège de Nord-Lingen (3 Août 1645)

Situation en 1646. - Soulèvements partiels en Bas-Poitou.. - Etienne Moyne contrôleur des draps. - Prise de Lens

La Fronde en Bas-Poitou

Fontenay aux mains des frondeurs

Affaire de Sainte-Hermine, Mareuil et La Chaize-le-Vicomte

Combat du Gué-de-Velluire (4 Novembre 1651). - Protestation des Fontenaisiens contre l'anoblissement du maire et des échevins

Vente de la bibliothèque de Mazarin

Le Maréchal de Clérembault. - Charles Mesnard de Toucheprés et François de Bessay

Philippe de Clérembault

Charles Mesnard de Toucheprés

De Bessay (François)

René Moreau, curé de Notre-Dame de Fontenay

Anne Benoist

Jean Logeay

 

 

LA PRESSE POLITIQUE ET LA PRESSE LITTÉRAIRE CRÉÉES PAR DEUX POITEVINS, THÉOPHRASE RENAUDOT ET DENIS SALLO

 

La politique extérieure de Richelieu, que nous allons voir se dérouler dans toute sa grandeur, ne souffre aucune discussion, et le Poitou fut loin d'y être indifférent. Visà-vis de l'étranger, que combattirent souvent avec gloire les gentilshommes bas-poitevins, cet homme a été la France incarnée, et si à l'intérieur sa politique prête quelquefois à la critique, elle n'en fut pas moins inspirée toujours par le plus ardent patriotisme (1).
Rien n'échappe à cet homme extraordinaire, qui a pour ainsi dire la prescience de l'avenir, et celui du grand rôle que jouera dans la société moderne, la presse, qu'on a qualifiée de quatrième état. Dans cet ordre d'idées, c'est encore un poitevin, Théophrase Renaudot, né à Londres en 1586 et mort en 1653, qui ouvre la voie qui s'élargira et se développera peu à peu avec une vitesse surprenante.

Sous le patronage du roi et du grand cardinal, Renaudot, nommé commissaire général des pauvres, ouvrait dans l'intérêt des malheureux sans emploi, un bureau d'adresse, sorte d'office de publicité auquel nos modernes Petites Affiches n'hésitent pas à faire remonter leur origine.

Le 1er, mai 1631, paraissait également, sous le patronage de Richelieu, La Gazette, le premier journal créé en France, qui à travers toutes nos révolutions s'est transmise jusqu'à nos jours sous le nom de Gazette de France, et à laquelle le roi et le cardinal ne dédaignèrent point de collaborer. La presse, ce puissant véhicule, a donc été créée en France par Richelieu et par Louis XIII, c'est-à-dire par la dictature. Richelieu a enfanté tout ensemble les deux grands ennemis dont la lutte devait remplir le monde moderne, l'absolutisme et la presse.

Disons aussi, pour n'y plus revenir, que c'est encore à un poitevin que la France doit sa presse littéraire. Sallô Denis, seigneur de la Coudraye, près Sainte-Hermine, naquit en 1626, à Paris, et fut reçu, en 1653, conseiller au Parlement de Paris. En 1665, il fonda, sous le nom supposé du sieur d'Hédouville, son valet de chambre, un ouvrage périodique, le Journal des Savants. Il était savant lui-même, et comme il parut en divers cas où la cour fit appel à ses connaissances, Denis se vit retirer son privilège au 13e numéro, par l'influence jalouse de quelques auteurs dont il n'avait pas assez ménagé la vanité dans ses critiques, et fut obligé de le céder à l'abbé Gallois. Ainsi, toujours le sic non vobis ; mais son idée fut féconde et le monde savant y applaudit en l'imitant (2).

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Richelieu, dit Fillon, a commencé le premier à donner à la France cette prépondérance dans le système politique de l'Europe, prépondérance qu'elle a conservée jusqu'à nos jours. En détruisant la féodalité, il a soustrait le peuple à l'Empire des grands et diminué leur puissance. De son temps le peuple était heureux.

(2) Beauchet-Filleau (page 670).

 

GUERRE D'ITALIE. - HENRI DE L A TRÉMOUILLE ET LÉON BARLOT

 

Sur ces entrefaites, Richelieu, pour se délivrer de l'inquiétude que lui donnaient les cabales formées contre sa puissance, et pour soustraire le roi à l'influence de la cour, lui fit soutenir une guerre en Italie contre le duc de Savoie, guerre qui fut tout à l'avantage de la France. Les Impériaux furent battus : Pignerol, le Pas de la Suze tombèrent en notre pouvoir. Le 6 juillet 1630, le passage de Vegliana était forcé dans un violent combat, où s'illustrait le duc de Montmorency, qui s'emparait aussi de Conflans. Cette dernière affaire, particulièrement meurtrière, ainsi que celle du Pas de la Suze furent, pour deux bas-poitevins surtout, l'occasion de s'illustrer. Nous croyons devoir consacrer quelques lignes à ces deux brillants capitaines.

 

Henri de la Trémouille, duc de Thouars, prince de Talmont, comte de Laval, etc., né en 1599, mestre de camp de la cavalerie légère de France, assista au siège de la Rochelle en 1628, et abjura la religion protestante entre les mains de Richelieu. Se trouvant, peu de temps après, à l'attaque du Pas de la Suze, il se plaça, avec un grand nombre d'autres jeunes seigneur, au poste le plus périlleux. Il servit en Piémont et fut blessé au genou en allant reconnaître la place de Carignan, dont il s'empara. Nommé chevalier du Saint-Esprit en 1633, il présida, le 17 décembre 1636, les États de Bretagne, et lorsque le roi marcha contre les Espagnols qui s'étaient emparés de Corbie, le duc l'alla rejoindre avec 4.000 hommes de troupes qu'il avait levés à ses dépens. Il remplit la charge de grand maître aux obsèques de Louis XIII, et lors du Congrès de Munster il fit, avec l'agrément du roi qui, en 1651, lui avait accordé les prérogatives de prince étranger, toutes les protestations contre l'occupation, par le roi d'Espagne, du royaume de Naples, à la couronne duquel il prétendait, du chef d'Anne de Laval, sa bisaïeule. Il mourut le 21 janvier 1674. Il était marié à Marie de la Tour, ardente protestante, qui fit construire le château de Thouars pour lequel elle dépensa, dit-on, 1.220.000 livres.

Un de leurs fils, Louis-Maurice, servit en Italie en 1642, à la tête de son régiment d'infanterie, aux sièges de Crescentin, Nice, de la Paille, etc., puis à celui de Thionville, en 1643, sous le duc d'Enghien ; embrassa ensuite l'état ecclésiastique, fut abbé de Charron et de Talmont et mourut le 25 janvier 1681 (1).

 

Léon Barlot. - Léon Barlot, seigneur du Châtellier-Barlot, dans la paroisse du Poiré-sur-Velluire, mestre de camp, qui s'était déjà signalé en combattant Soubise (2), en 1622, se couvrit de gloire à Conflans ; deux ans après devant Pézenas et Béziers, par sa bravoure notre compatriote étonnait les maréchaux de la Force et de Schomberg. En 1635 (3), il était nommé premier maréchal de camp avec le commandement en second de l'armée de Flandre, sous les ordres du maréchal de la Force.

Très en froid avec Richelieu, qui lui refusa le gouvernement du Poitou, il créa et organisa néanmoins le régiment qui, depuis, porta le nom de la province ; puis alla cacher son mécontentement, contre ce qu'il considérait comme un passe-droit, au fond du manoir paternel, qu'il fit restaurer et entourer de nouvelles constructions dont beaucoup subsistent encore.

On prétend que Richeheu offrit, avec le bâton de maréchal de France, de lui acheter le Châtellier-Barlot pour y créer le port des régions de l'Ouest, établi depuis à Rochefort. Il mourut au Poiré en 1644, à l'âge de 62 ans. Il employa les dernières années de sa vie à faire rédiger, par Julien Collardeau et son secrétaire Chatevère, des mémoires imprimés à Fontenay sous ce titre : Mémoires pour servir à l'histoire, tirés du cabinet de Messire Léon du Châtellier-Barlot, depuis l'an 1596 jusqu'en 1636. Ils furent imprimés par Pierre Petit, imprimeur du roi et du Corps de Ville. MDCXLIII - In-4°.

Un portrait aux trois crayons existant à Paris, montre Châtellier-Barlot ayant grande mine et l'air peu accommodant. Il laissa deux fils, dont l'aîné fut mestre de camp du régiment de Poitou. Son nom s'éteignit dans la personne d'un pauvre diable qui finit ses jours dans une maison dépendant du Châtellier.

 

Louis de Bessay. - Au moment où Léon Châtellier-Barlot se signalait par sa bravoure, un de ses voisins, de Bessay Louis, seigneur de Bessay et Saint-Hilaire-le-Vouhis, était chargé, en 1632, de lever un régiment d'infanterie de douze compagnies, qu'il conduisait en Picardie, Champagne et Allemagne, et on voit par un rôle de quatre-vingt-douze gentilshommes qu'il commanda la noblesse du Bas-Poitou à l'arrière-ban convoqué par le roi en Lorraine. Il se trouvait sous les ordres du prince de Condé, à l'armée du Roussillon, en 1639, et servit, tant comme volontaire que comme commandant la noblesse du Languedoc. Le 22 février 1652, il fut nommé commandant du Périgord, pour soumettre les rebelles à l'obéissance de Sa Majesté, avec ordre à toute la noblesse de la province et à toutes les communautés d'obéir au comte de Bessay, en qualité de gouvverneur (4).

 

Foucher Germain, baron du Gué-de-Sainte-Flaive. - Foucher Germain, neveu de Léon Châtellier-Barlot, par sa mère Hélène Barlot, fille d'Antoine, seigneur du Châtellier-Barlot, se distingua aussi pendant le règne de Louis XIII. Dès l'âge de 14 ans, il commença à servir dans le régiment de son oncle Léon, sous la conduite duquel il assista aux sièges de Luzarches, la Rochelle et Saint-Jean-d'Angély. Nommé gentilhomme du frère de Monsieur, frère du roi, puis son premier chambellan en 1632, il continua, malgré cela, à servir, et fit partie de l'armée d'Italie. Il prit nettement le parti de Monsieur contre le roi, et lors de leur réconciliation, Monsieur voulant en donner connaissance au roi d'Espagne, qui l'avait ménagé, dépêcha pour cette mission le baron du Gué-Sainte-Flaive, qui s'en acquitta à la satisfaction générale, et reçut, entre autres présents, une rose en diamants d'un grand prix.

A son retour en France, Louis XIII lui donna un régiment d'hommes de pied de 20 enseignes à drapeau blanc, qui prit le nom de Gué-Sainte-Flaive. Il servit encore pendant six ans et fut tué au siège de Catelet, par l'explosion d'une mine, en voulant emporter d'assaut une. brèche dont il commandait l'attaque (5).

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Extrait de Beauchet-Filleau, T. II, p. 755.

(2) En 1625, il figure avec tous ses titres sur une cloche qui existe encore au Gué-de-Velluire, et dont nous avons relevé l'inscription rapportée par la Revue du Bas-Poitou.

(3) Deux ans auparavant, en 1633, au mois de juillet, Louis XIII autorisait à Fontenay l'établissement d'un couvent de religieuses de N.-D. -(A. Fontenay, T. IV, p. 57).

(4) Beauchet-Filleau (page 341).

(5) Beauchet-Filleau T. II, page 117.

 

FABRICATION DE FAUSSE MONNAIE A POUZAUGES

 

 

quelques années plus tard 1650, le théâtre d'un événement tragique causé par la spéculation criminelle dont nous venons de parler.

François de Fesque, seigneur de la Cacaudière, en Pouzauges, avait épousé, en 1626, Renée de Vandel. Les premières années du mariage avaient été

L'attention de Richelieu se portait sur toutes choses. Par lettres patentes de juin 1631, une commission avait été établie à l'Arsenal de Paris, afin de poursuivre le crime de fausse monnaie, crime lucratif, qui se multipliait parmi les gens de la plus haute qualité. La condamnation à mort par contumace, du duc de Roannez, qui avait fabriqué de la fausse monnaie, n'avait pu empêcher cette fièvre d'or d'envahir les provinces les plus éloignées, et un château jusque-là presque ignoré dans le Bas-Poitou allait être, heureuses : la paix en fut troublée par l'arrivée au château de Marie de Fesque, proche parente de François. Pleine d'artifice et douée d'un génie infernal, Marie, que la sentence du grand sénéchal de Poitiers compare à Médée, eut bientôt un commerce criminel avec de Fesque, sur l'esprit duquel elle prit un ascendant complet. « Elle l'instruisait dans la science de la transmutation des métaux, et le porta, sous prétexte de la recherche de la toison d'or et de la pierre philosophale, à fabriquer de la fausse monnaie, dont ayant fait avec elle une grande quantité, il se résolut, avec un autre gentilhomme nommé Espinaceau, de faire un voyage de Paris, pour en faire plus facilement le débit, mais l'un et l'autre furent pris par les chemins, par le prévôt d'Orléans, lequel les ayant convaincus de crime de fausse monnaie les fit exécuter à Orléans, en 1650 (1). »

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Louis Brochet. - Huit jours dans la région de Pouzauges, pages 98 et 99.

 

GRAVE MALADIE DE RICHELIEU

 

Vers le 20 novembre 1632, Richelieu faillit mourir à Bordeaux par suite d'une rétention d'urine du caractère le plus grave... « Mais il n'en mourut pas cependant ! La frêle enveloppe de cette âme si forte semblait toujours prête à se dissoudre, mais on eût dit que l'âme forçait le corps à vivre, et qu'une puissance magique soutenait cet organisme exténué ; puissance magique en effet que celle de l'esprit immortel et de la libre volonté domptant la nature chez le grand ministre, dont une des plus grandes préoccupations est d'abaisser la maison d'Autriche ».

 

Retour haut de page

 

GUERRES D'ALLEMAGNE. - BRILLANTE CONDUITE DES SEIGNEURS DE LA RABATELIÈRE ET DES ROCHES-BARITAUD.

 

Battus dans la haute Allemagne, dans la Franconie, dans le Palatinat, les Impériaux voulurent se venger par une attaque contre l'évêché de Spire, qui était censé neutre, sous le protectorat français. La ville épiscopale, qui n'avait point de garnison, fut prise. La guerre commença ainsi entre la France et l'Empereur.

Les maréchaux de la Force et de Brézé, renforcés par Bernard de Weimar, allèrent investir la place qui se rendit vers la mi-mars 1635. Pendant ce siège terrible, Charles Bruneau, baron de la Rabatelière, qui s'était déjà distingué au siège de la citadelle de l'île de Ré, sous les ordres du maréchal de Thoiras, traverse la France à la tête d'une compagnie de bas-poitevins, recrutés sur ses terres, les conduit à l'armée commandée par le maréchal de la Force, et concourt avec succès à la prise de Spire (1).
Trois ans auparavant, un autre gentilhomme vendéen, Philippe de Chateaubriant, comte des Roches-Baritaud en St-Germain-le-Prinçay avait, à l'âge de 34 ans, trouvé la mort à la bataille de Lérida, et une inscription que l'on voit encore dans l'église de Saint-Germain consacre cet épisode glorieux.

Les soins de la guerre, de la diplomatie et de l'administration ne suffisaient point à l'activité de cet homme, qui semblait n'avoir que le souffle. Le 12 février 1635, il réorganise sur une plus vaste échelle la compagnie des îles d'Amérique, crée trois compagnies pour le commerce de la côte occidentale d'Afrique et une autre pour la colonisation de la Guyane.

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) En 1646, l'année qui suivit la mort d'un de ses fils, tué glorieusement à Nordlingen et dont nous parlons plus loin, Charles Bruneau se remaria avec Marie de la Beaume le Blanc dont une nièce, alors enfant, racheta dans un couvent de Carmélites, sous le nom de sœur Louise-de-la-Miséricorde, les fautes qui l'avaient fait nommer duchesse de La Vallière.

 

ETABLISSEMENTS COLONIAUX. - LES FLIBUSTIERS SABLAIS. -
NEAU DIT L'OLONNAIS.

 

Des établissements se fondent à la Martinique, à la Guadeloupe, aux Antilles. De 1632 à 1636 commence la colonie des corsaires de la Tortue, sur la côte nord de Saint-Dominique. A la tête de cette république de pirates héroïques qui, sous le titre de flibustiers, font aux Espagnols une guerre sans trêve ni merci, par leurs immenses déprédations maritimes et leurs descentes dévastatrices se place Neau, dit l'Olonnais, né aux Sablesd'Olonne au commencement du XVIIe siècle. Il forme dans son port natal une petite escadrille de navires légers à la course, faciles et prompts dans les évolutions, bien que chargés d'artillerie et remplis d'armes. A la tête d'aventuriers Sablais et Normands, il est le fléau de tout ce qui porte un pavillon ennemi. Pris par les Indiens en 1667, Neau est mangé par eux.

Dans les eaux de l'Atlantique et de la Méditerranée, un autre bas-poitevin, un ancien évêque de Maillezais, Henri d'Escoubleau de Sourdis, né à la Gaubretière, soutenait l'honneur du pavillon Français contre les flottes espagnoles et anglaises.

 

De Sourdis. - Le 23 juin 1636, la flotte du Ponant, forte de 750 canons, aux ordres du comte d'Harcourt et de Henri de Sourdis, archevêque de Bordeaux qui, au siège de la Rochelle avait donné d'incontestables preuves de zèle et de capacité, quitta les eaux de Ré, traversa. te détroit, de Gilbratar, sans que les Espagnols essayassent de lui disputer le passage, prit sur sa route un vaisseau anglais qui avait refusé de baisser pavillon devant l'amiral français, et arriva le 12 août aux îles d'Hyères. Malheureusement Harcourt et Sourdis ne trouvèrent rien de prêt par suite des coupables manœuvres du maréchal Vitry, gouverneur de Provence, qui en arriva à ce point d'insolence de lever le bâton sur Sourdis. La flotte hiverna en Provence, après quelques escarmouches insignifiantes contre l'armée navale des Espagnols. Mais dans le mois de mars de l'année suivante, la flotte fut plus heureuse, et le 28 les fortifications élevées depuis deux ans par l'adversaire autour de Sainte-Marguerite, la principale des deux îles ennemies, furent emportées d'assaut ; la grande forteresse capitula le 6 mai 1637 et la garnison espagnole se rembarqua le 12. - En 1638, l'archevêque de Bordeaux était appelé dans l'Océan avec la moitié de la flotte qui avait repris les îles de Lerins.

 

Retour haut de page

 

VICTOIRE DE GUETARIA (22 Avril 1638). - REVERS

 

Le 1er août 1638, de Sourdis, monté sur le vaisseau amiral la Couronne, le plus grand navire qu'eût encore possédé la France, investit Fontarabie, assiégé par Condé (1), général sans décision et sans coup d'œil. qui ne sut pas forcer La Valette à agir, ni ouvrir la brèche en temps utile. « Mais la vigueur de l'armée de mer présentait un étrange contraste avec l'inertie de l'armée de terre. Une escadre espagnole ayant été signalée à la hauteur de Guetaria, Sourdis alla au-devant avec dix-huit gros vaisseaux et une demi-douzaine de brûlots : les Espagnols se retirèrent dans la rade de Guetaria. Les Français, favorisés par le vent, les y attaquèrent et lancèrent leurs brulôts dans l'étroit espace où se serraient les navires ennemis ; treize galions et beaucoup de bâtiments inférieurs furent brûlés ou coulés avec leurs équipages et trois-mille soldats qu'ils portaient à Saint-Sébastien. - L'escadre espagnole fut anéantie. - Cette terrible journée coûta à l'Espagne sept à huit-mille marins et soldats, et cinq-cents canons ».

L'année suivante, de Sourdis ne fut pas aussi heureux. Le 1er juin 1639, il partit de Belle-Isle avec quarante vaisseaux de guerre, vingt-et-un brûlots et douze transports chargés de soldats, pour aller assaillir les escadres espagnoles jusque dans les ports de la Péninsule. Il rencontra en rade de La Corogne, trente-cinq vaisseaux ennemis qui se préparaient à porter des troupes en Flandre. La flotte espagnole se retira dans le port. Sourdis l'y bloqua, l'y canonna mais ne put l'y forcer. Une violente tempête maltraita cruellement la flotte française et l'obligea de retourner à Belle-Isle pour s'y réparer. Pendant ce temps l'ennemi, renforcé par d'autres escadres, passa et gagna la Manche. Sourdis, qui s'était remis en mer, ne rencontra plus sur les côtes de Biscaye que quelques bâtiments retardataires ; il prit le galion-amiral de Galice et fit une descente à Laréda qu'il pilla (2).

Un autre échec devant Tarragone (20 août 1641) perdit « le Prélat au Pied-Marin » dans l'esprit de Richelieu, qui l'envoya en exil à Carpentras,et alla jusqu'àdemander au pape des pouvoirs pour une commission d'évêques qui serait chargée de juger Sourdis. L'affaire traîna, et Richelieu mourut avant que son ancien ami eût pu se justifier et le détromper. La correspondance de l'archevêque-amiral, le témoignage de Duquesne, et celui de tous les meilleurs officiers de la flotte paraissaient disculper complètement de Sourdis (3).

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Condé, le vieux favori d'Henri III, passa ses dernières années dans un oubli et dans un abandon qui durent être bien amers àson orgueil ; il ne mourut que le 26 décembre 1646 ; c'était le dernier représentant du XVIe siècle au milieu du XVIIe : ce fut le dernier de ces puissants gouverneurs qui jouaient aux grands vassaux dans leurs provinces. On ne vit plus de ces individualités formidables àla couronne et au peuple.

(2) Henri Martin, T. XI, page 488.

 

MÉCONTENTEMENTS ET SOULÈVEMENT EN BAS-POITOU. - LA GUERRE DU SEL. - ÉTABLISSEMENT D'UN PRÉSIDIAL A FONTENAY EN 1636-1644

 

Les succès de la campagne de 1636 avaient été mêlés de revers, et lorsque l'année suivante les Impériaux envahirent la Picardie, Richelieu eut, dit-on, un moment de doute et d'effroi ; il voyait Paris prêt à se révolter, les provinces agitées, la noblesse malveillante, le peuple aigri par l'aggravation des impôts (1). Les paysans du Poitou, de l'Angoumois et de la Saintonge, où renaissait constamment l'irritante question de la gabelle, étaient en insurrection, et avaient à leur tête un frère du malheureux Chalais. La capitale du Bas-Poitou était mécontente, et de sourds grondements annonçaient un nouvel orage.

Richelieu songea alors à s'attacher la bourgeoisie du seul centre important de la Vendée, et cette année mémo (1636) il décida l'établissement d'un présidial à Fontenay ; mais ce projet fut momentanément abandonné à la suite des instantes représentations faites au nom des habitants de Poitiers, par le médecin du cardinal, Citoys, dont le dernier descendant mâle est mort à Saint-Vincent-Puymaufrais en 1879. Plus tard l'édit de création fut rendu, puis retiré, et ce ne fut qu'au mois de mars 1644 (2) que Fontenay, déjà siège royal (3), eut son présidial à la suite des instantes démarches de François Brisson, sénéchal de Fontenay.

Mais cette concession, ou plutôt cette faveur n'avait guère modifié les dispositions des campagnes, qui à l'exemple de celles de la Guyenne s'insurgèrent encore en 1636 et 1637 contre les impôts et les percepteurs. On vit sous les armes plusieurs milliers de paysans, parmi lesquels beaucoup d'anciens soldats, mais l'attitude énergique du duc de La Valette, lieutenant général de Guyenne, et celle de l'intendant du Poitou, firent mettre bas les armes à ces nouveaux « croquants ».

 

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) C'est à la même époque (été 1633) que Michel de Marolles, abbé de Villeloir (Indre et Loire) visite le Poitou, notamment Fontenay, - est reçu pendant dix-huit jours à l'Hermenault, par Henri de Béthune, depuis archevêque de Bordeaux, - visite Luçon et vante la fertilité de ses plaines et la richesse de Saint-Michel-en-l'Herm. (Archives de Fontenay, T IV, pages 52, 53, etc.) Nous devons à la vérité de faire remarquer que cette opinion est absolument opposée à celle émise dans les Traditions du Poitou par M. Boissonnade, professeur à la Faculté de Poitiers et dont nous parlons longuement au chapitre 29.

(2) Archives de Fontenay, tome IV, pages 125 à 135.

(3) En 1544, un édit avait érigé le siège particulier de Fontenay en comté et sénéchaussée. Michel Tiraqueau, qui était alors lieutenant au siège de Fontenay, fut pourvu de l'office de sénéchal qu'il réunit à celui de lieutenant.

 

NAISSANCE DE LOUIS XIV (5 Septembre 1638). - SIÈGE
D'ARRAS (1610). - MORT DE CHARLES DE BESSAY

 

Les succès remportés dans les mers d'Italie par la flotte française et la victoire de Guetaria (22 août 1638), avaient dédommagé la France des échecs essuyés sur terre, notamment devant Fontarabie, et le pays, confiant dans ses destinées, se reprenait à espérer, lorsqu'un grand événement se produisit. Deux jours avant la déroute de Fontarabie, cinq jours après la victoire navale remportée devant Gènes, par les galères françaises, le 5 septembre 1638, anniversaire de la naissance de Richelieu, Anne d'Autriche mettait au monde, au château de Saint-Germain-en-Laye, un fils qui fut nommé Louis Dieudonné. La France salua par un long cri de joie la naissance de l'enfant qui devait être Louis XIV, et qui débutait par sauver son pays du joug ignominieux de Gaston d'Orléans.

Les derniers faits de la campagne de 1638 confirmèrent le favorable augure que le peuple tirait de la naissance du dauphin, et le Rhin consola Richelieu de la Bidassoa. La prise d'Arras allait encore ajouter au prestige de la France et reculer ses frontières. Ce siège, où se distingua Charles de Bessay, qui y trouva la mort à l'âge de 22 ans, fut long et meurtrier. Cette ville, investie le 13 juin 1640 par les maréchaux de La Meilleraye, de Châtillon et de Chaumes, ne se rendit que le 9 aoùt. La conquête de ce chef-lieu de province si longtemps le boulevard des Pays-Bas contre la France, la « recouvrance » de cet antique fief depuis si longtemps à la couronne, excita dans la nation un long frémissement de joie. On sentait que c'était là une de ces conquêtes qui ne se reperdent pas, et l'on y vit le commencement de l'absorption des provinces belges dans l'unité française.

 

Retour haut de page

 

LES COLLARDEAU ET RICHELIEU

 

 

Ce n'était pas seulement la suprématie politique que Richelieu voulait assurer à sa patrie ; s'il aspirait à reculer les bornes du territoire matériel, il prétendait élargir bien davantage le domaine intellectuel de la France, et faire régner l'esprit français, là même où ne pouvaient pénétrer les armées françaises. - Alors que l'Espagne et l'Italie accablaient notre littérature de leur éclatante supériorité, Richelieu avait senti tressaillir dans les flancs de la France en travail, le grand siècle qui allait naître, et dont il fut le père. Pour aider les destinées de notre langue, dont il avait jugé le caractère et la portée, il fondait en janvier 1635 l'Académie française, donnant en toute circonstance aux gens de lettre et de savoir, des preuves de cette haute bienveillance dont un Fontenaisien, Julien Collardeau, devait recevoir un témoignage bien flatteur.

Julien Collardeau (1), après de brillantes études de droit à Poitiers, sous Louis de la Ruelle et François Lauzon, était devenu procureur du roi en 1590, à l'âge de 20 ans. Dans cette ville, qui avait formé les Tiraqueau, les Brisson, les Viète, les Nicolas Rapin, les Besly, et où le culte des lettres, des sciences et du droit était resté en grand honneur, Collardeau avait voulu se montrer le digne émule de ses nobles devanciers. A cinquante ans, devenu libre des travaux qu'exigeait sa charge, il entreprenait un très long, très pénible et très savant ouvrage, le commentaire des Antinomies de droit romain. En 1634, l'auteur avait écrit au grand cardinal de Richelieu et lui avait demandé la permission de lui dédier son ouvrage, qu'il lui avait envoyé. Le cardinal l'honora de la réponse la plus flatteuse. Elle est un titre trop glorieux à notre Collardeau pour la supprimer.

 

« Monsieur,

« Ce me sera toujours un grand contentement de pouvoir m'employer utilement pour ceux qui vous ressemblent. J'ai lu le sujet, la préface et une partie du livre que vous désirez mettre au jour. Il est digne de son auteur, et tel que je m'assure qu'il lui acquerra de l'honneur parmi les savants, et profitera à tous ceux qui le liront. Je vous ai obligation particulière de vouloir bien le faire paraître sous mon nom. Je vous en rends grâce et vous prie de croire que je rechercherai les occasions de vous en témoigner mes ressentimens, et à Monsieur le Procureur du roi, votre fils, et de vous faire voir que je suis,

Monsieur,

Votre affectionné et à vous servir,

Le Cardinal de Richelieu.

De Ruel, « 30 janvier 1634».

 

Son fils Julien (II), dont parle Richelieu, cultiva de bonne heure et aussi avec succès les lettres et taquina la muse.

Né à Fontenay en 1600, il était, dès 1619, auteur (2), et faisait imprimer, contre la danse et les mascarades, un roman satirique plein d'imagination et de vivacité. L'épitre dédicatoire à Guillaume de Montholon, intendant de Poitiers, est datée de Fontenay, du 9 octobre 1619 ; et une preuve que Collardeau était encore dans sa première jeunesse se tire d'une lettre de Jean Morel de Rheims, auquel il avait communiqué son ouvrage, avant de le rendre public. « Eh ! quoi, lui écrit Morel, vous êtes déjà auteur ? En vérité, c'est un vrai miracle. Tant de science, tant d'érudition, un jugement si net, si formé, à l'âge où vous êtes, cela ne se conçoit pas. » Hui ! tam cito ? miraculum. Te id œtatis adolescentem pervenisse eo maturatis ingenii, eruditionis et doctrinœ ! Le reste est employé à faire l'éloge du livre de Collardeau.

La mort de sainte Marthe, arrivée en 1623, réveilla toutes les muses, celle de Collardeau tint sa partie dans ce concert. Quelques années après, il publia un poème en vers français intitulé : Les Tableaux des victoires de Louis XIII.

Si l'on en croyait l'éloge contenu dans un sonnet que Colletet adresse à l'auteur, Homère serait placé un cran plus bas que Collardeau ; c'est ainsi que lui parle Colletet.

 

Retour haut de page

NOTES:

Quoi qu'on ait cru d'Homère, et que tout l'univers

Vante les fictions dont il orne ses vers,

Ne sois point ébloui de l'éclat de sa gloire,

Son art dans ces Tableaux ressuscite aujourd'hui.

Et d'autant que la fable est moindre que l'histoire,

D'autant t'estime-t-on plus louable que lui !

 

Julien Collardeau, IIIe du nom, successeur de son frère dans la charge de procureur du roi, est également considéré à juste titre comme une des personnes les plus lettrées qu'ait produites Fontenay (3) à cette époque ; on en trouve la preuve dans une inscription gravée sur la porte de la maison qu'il habitait à Fontenay et qui était occupée naguère par le savant collectionneur, M. Hanaël Jousseaume.

Anx noms de Collardeau, il convient d'ajouter ceux de Besly, dont nous avons déjà parlé, de Gasteau Pierre, sieur du Vignault, orateur brillant, député du Tiers aux États de Blois. - Mizière, médecin, numismate, éditeur des œuvres de Clément Marot, des de Hillerin (Jacques et Charles).

Jacques de Hillerin (1573-1663), licencié ès-lois, prieur de Mortagne et conseiller d'Église, est l'auteur de plusieurs œuvres publiées de 1635 à 1652, en quatre volumes in-folio, se composant principalement : des Lettres chronologiques et spirituelles, du Charriot chrétien à quatre roues, menant au salut, et des Discours, meslanges et actions diverses, faits en la cour du Parlement de Paris.

 

(1) Né à Fontenay en 1570, mort le 6 juillet 4652.

(2) Il fut le précepteur de La Rochefoucauld, l'auteur des Maximes, dont le père avait été gouverneur de Fontenay-le-Comte.

(3) Un descendant des Collardeau était, il y a quelque dix ans, maître de digues 11 Chaillé-les-Marais.

 

CHARLES DE HILLERIN

 

Charles de Hillerin, neveu du précédent, prêtre, docteur en Sorbonne, curé de Saint-Méry, à Paris, est né vers le commencement du XVIIe siècle, dans les environs de Fontenay-leComte (1). Amené de bonne heure à Paris, il fit dans la capitale de très fortes études classiques et théologiques, qui lui valurent l'honneur d'être pourvu pour moitié de la cure de Saint-Méry. Cette paroisse avait deux curés, et de Hillerin y obtint de grands succès comme orateur de la chaire. Possesseur d'une grosse fortune, dont il savait faire un noble usage, tout lui souriait dans ses fonctions sacerdotales, lorsque dégoûté du monde, qu'il avait pu voir de près, grâce à Arnaud d'Andilly, il s'exagéra ses fautes, et se mit en rapport avec le célèbre abbé de Saint-Cyran, Duvergier de Hauranne, prisonnier à Vincennes et fut touché de la grâce. Alors commença pour le bas-poitevin une vie de mortification et de prières. Il renonce au gros bénéfice que lui donnait sa cure, et avec Fontaine et un digne ecclésiastique, il vient, au mois de février 1644, se retirer dans le prieuré de Saint-André-sur-Sèvre, qu'il trouve dans un état de délabrement complet. Dans ce modeste asile, Hillerin mena une vie de privations de toute nature, se couvrant d'un cilice et se livrant au travail avec une ardeur telle que les forces trahissaient souvent son courage. Après quelques voyages à Port-Royal, et s'être lié d'amitié avec Baudry de Saint-Gilles d'Asson. il mourut le 14 avril 1669, sur la paroisse de Saint-Joseph du Haut-Pas. Il avait auparavant composé un livre ayant pour titre Les grandeurs du Verbe incarné, qui, au dire de Dreux-Duradier, pourrait bien n'être qu'un abrégé de celui publié, sur le même sujet, par son oncle.

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Il reste encore, en Vendée, des arrière-neveux de Charles de Hillerin.

 

BAUDRY D'ASSON (ANTOINE, DIT M. DE SAINT-GILLES)

 

Baudry d'Asson, gentilhomme poitevin, contemporain et ami de Hillerin, naquit en avril 1617, au château d'Asson, situé entre la Boissière et Treize-Septiers. Possesseur d'une assez grosse fortune et d'une grasse prébende, il abandonne tout à coup ses bénéfices et les autres avantages en découlant pour, en 1647, se retirer à Port-Royal-des-Champs, maison célèbre par le mérite et le nombre des grands hommes qui habitaient alors cette solitude. Le châtelain y apporta sa gaieté, son entrain, sa bonne volonté, et une rare aptitude à toutes choses. Chargé de la direction des travaux agricoles de la fameuse abbaye, il s'occupa aussi des affaires particulières des religieux et se livra à toutes sortes de privations. Doué d'une grande énergie, il prit hautement la défense du grand Arnauld et de ses amis les Sacy, les Tillemont, les Singlin, les Nicole, déjouant les recherches de la police, en laissant à Port-Royal l'habit religieux pour reprendre, hors de l'enceinte, l'épée de gentilhomme.

 

Vue prise de la chaussée
(Cliché Auguste Douillard, de Montaigu)

 

Il tint tête aux procureurs et, en 1656, « Les Provinciales », dont l'impression est due à un bas-poitevin et que la police voulait étouffer dès leur apparition, furent partout répandues, grâce à de Baudry de Saint-Gilles d'Asson, à Périer, beau-frère de Pascal et à Pontchâteau.

 

Asson (chapelle du château)
Cliché Auguste Douillard, de Montaigu

 

Quelque adresse qu'eût mis Baudry d'Asson à déjouer les manœuvres de la police, ses démarches n'avaient pas été tellement secrètes qu'elle n'en eût appris quelque chose. Alors commença contre lui une série de tracasseries. Après la dispersion des religieux de Port-Royal, Baudry d'Asson fut chargé de négocier une entente entre le cardinal de Retz et la fameuse abbaye. Enfin, après des traverses de toutes sortes, le correcteur des épreuves de Pascal, le dispensateur des aumônes de Mme de Longueville, le confident d'Arnauld, le défenseur infatigable des veuves et des religieuses, le négociateur dans toutes les affaires difficiles, s'éteignait le 30 décembre 1668, et son cœur était porté à Port-Royal-des-Champs.

 

Retour haut de page

HARDOUIN PÉRÉFIXE DE BEAUMONT,
ABBÉ DE SAINT-MICHEL-EN-L'HERM, ACADÉMICIEN

 

Vers cette époque, le Bas-Poitou comptait encore, parmi les lettrés, un abbé de Saint-Michel-en-l'Herm, Hardouin Péréfixe de Beaumont (1605-1670). Fils d'un maître-d'hôtel du cardinal de Richelieu, il fut, après de brillants succès en Sorbonne, précepteur de Louis XIV, puis son confesseur. Il composa pour son royal élève l'Institutio Principis et La Vie de Henri IV. Cette histoire, remarquable par l'élégante naïveté du style et par une simplicité pleine de charme, obtint un succès populaire que le temps a confirmé (1) ; aussi l'Académie française, en 1654, s'empressa-t-elle d'appeler dans son sein Péréfixe de Beaumont, alors abbé de Saint-Michel-en-l'Herm (2). Péréfixe parvint, en 1662, au siège archiépiscopal de Paris, et devint, peu de temps après, proviseur de la Sorbonne et commandeur des ordres du roi.

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Cet ouvrage, imprimé à Amsterdam, chez Daniel Elzévir (1664), un vol. in-12 de 566 pages, est devenu extrêmement rare et fort recherché des bibliophiles. La librairie Alexandre More, de Paris, en possédait encore dernièrement un exemplaire de 131 millimètres de hauteur.

(2) Son fauteuil n° 19 a été, le 11 décembre 1890, attribué à M. de Freycinet, alors président du Conseil des Ministres et 13° titulaire. - Le 12° était Émile Augier. - Le 1er avait été Balzac, en 1634 ; le 2e Mgr de Beaumont. - Louis Brochet. - Histoire de l'Abbaye royale de Saint-Michel-en-l'Herm.

En 1644, Julien de Saligné, seigneur de la Chaize-le-Vicomte, possédait, d'après Jacob, une des plus belles bibliothèques du monde.

 

MORT DE RICHELIEU (4 Décembre 1642),
ET DE LOUIS XIII (14 Mai 1643). -
BATAILLE DE ROCROY (19 Mai 1643)

 

Richelieu était mort le 4 décembre 1642, et, Dieu seul sait le secret de la confiance avec laquelle cet homme, qui avait été si peu miséricordieux, attendait la miséricorde du Souverain Juge. Louis XIII le suivait dans la tombe peu de temps après, et ses derniers instants étaient marqués par une manifestation vraiment singulière et mémorable. « Le 10 mai 1643, le roi rêva que le jeune duc d'Enghien, parti récemment pour aller prendre le commandement en chef de l'armée du Nord, remportait une victoire sanglante, opiniâtrement disputée, mais décisive. L'opinion des anciens sur le don de prophétie accordé aux mourants fut, cette fois, confirmée par le fait ; mais Louis ne vit pas la réalisation de son rêve ; la bataille de Rocroy fut livrée le 19 mai : Louis était mort le 14, trente-trois ans, jour pour jour, après l'assassinat de Henri IV. Il n'avait pas vécu quarante-deux ans (1). »

« La France fut saisie d'un enivrement inexprimable, quand elle apprit ce triomphe, le plus brillant que ses armes eussent obtenu depuis un siècle, et quand elle vit arriver à Notre-Dame de Paris les deux-cent-soixante étendards conquis à Rocroy. Tout concourait au prestige d'une victoire remportée par un prince de vingt-deux ans, pour un roi de cinq ans. Il semblait miraculeux de voir la gloire inaugurer le gouvernement d'une femme et d'un enfant, gouvernement dont l'idée s'associe, d'ordinaire, à celle de la faiblesse et de l'impuissance : dès lors ce berceau, couvert de si précoces lauriers, sembla porter dans ses flancs une destinée nouvelle. »

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Henri Martin, T. XI, page 587.

 

SIÈGE DE ROSAS OU ROSES. - MORT HÉROIQUE DE BRUNEAU DE LA RABATELIÈRE AU SIÈGE DE NORDLINGEN (3 Août 1645)

 

Moins de deux ans après cette éclatante victoire, de nouveaux lauriers devaient couronner les armées du jeune roi. Dès le commencement d'avril 1645, Du Plessis-Praslin mit le siège devant l'importante ville maritime de Roses ou Rosas, que les Espagnols avaient conservée à l'extrémité nord-est de la Catalogne. Ni les pluies violentes, ni les ruisseaux changés en torrents, noyant le camp français et gâtant les bagages et les munitions, ni l'extrême solidité des fortifications bâties en pierre, « dure comme le diamant » ni la résistance meurtrière d'une brave et nombreuse garnison ne découragèrent les assiégeants, parmi lesquels s'illustrèrent plusieurs bas-poitevins dont nous avons cité les noms ailleurs.

Roses fut réduite à capituler le 26 mai. La marine ennemie n'avait rien tenté pour secourir la place. Le pavillon espagnol n'osait quasi plus se montrer sur ces mers où avaient jadis régné Charles-Quint et Philippe II.

Quelques mois après, un autre bas-poitevin, François Bruneau, fils du seigneur de la Rabatelière, Charles, qui s'était lui-même distingué au Siège de Spire, mourait frappé de cinq blessures à Nordlingen (3 août 1645), en combattant à la tête de sa compagnie sous les ordres du grand Condé. Son corps fut enterré sur le champ de bataille et son cœur enfermé dans une boîte de plomb, apporté à La Rabatelière et déposé dans l'église avec cette épitaphe.

 

« La France, l'Allemagne et les cieux et les arts

Les soldats et le monde ont fait, comme six parts

De ce grand chevalier; car une si grand'chose

Dedans un seul tombeau ne pouvait être enclose.

La France a eu le cœur qu'elle avait élevé ;

L'Allemage le corps qu'elle avait éprouvé,

Les cieux en ont l'esprit et les arts la mémoire

Les soldats le regret et le monde la gloire (1). »

 

« Juste ou plutôt excusable expression du moment et du lieu, dit Mourain de Sourdeval ; mais qui saurait aujourd'hui, sans le manuscrit enfoui au fond de la bibliothèque du château de La Rabatelière, deux fois passé en d'autres mains, que François Bruneau a succombé vaillamment et a contribué à l'une des plus belles victoires du Grand Condé (2). »

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Sa fille, Mine des Cars, a laissé plusieurs ouvrages en prose et en vers, ainsi qu'un livre de piété intitulé : Le Solitaire de Terrasson.

(2) Un autre personnage du Bas-Poitou, François de Chevery, écuyer, seigneur de la Garouère, capitaine de la 2e compagnie de Mgr le Dauphin, contribua aussi aux victoires du Grand Condé. Blessé gravement à Senef, le 11 août 1674, il mourut à Charleroi le 31 août suivant, ainsi que le rapporte un des registres de l'état civil Commequiers. Sa famille n'existe plus dans le pays.

 

SITUATION EN 1646. - SOULÈVEMENTS PARTIELS EN BAS-POITOU. - ETIENNE MOYNE CONTROLEUR DES DRAPS. -  PRISE DE LENS

 

Malgré l'échec de Lérida (1646), jamais la France ne s'était trouvée dans une situation militaire aussi brillante. L'ensemble des événements à la fin de l'année 1646, semblait concourir non pas seulement à faire triompher, mais à dépasser la pensée secrète de Mazarin, qui était d'imposer à l'empereur une paix avantageuse à la France, et de continuer la guerre contre l'Espagne seule, jusqu'à ce que le Roi catholique se résignât à une longue trêve qui laisserait la France en possession de tout ce qu'elle avait pris.

Des soulèvements partiels avaient pourtant lieu en Bas-Poitou, où la noblesse toujours remuante essayait de profiter de la minorité du roi pour rétablir une partie des prérogatives que lui avait enlevées le grand cardinal. - Des troupes nombreuses y furent envoyées, ainsi qu'on le peut voir par la commission de contrôleur des draps employés à l'habillement des soldats, donnée le 16 juin 1647 à Etienne Moyne par François de La Rochefoucauld, gouverneur de la province (1).

Mais ces troubles n'avaient pas un caractère assez grave pour empêcher le premier ministre de poursuivre son plan de campagne contre les impériaux. Le 23 septembre 1647, le maréchal Gassion, avec plusieurs seigneurs bas-poitevins, alla tout à coup investir Lens. Le 28, il prit d'assaut une demi lune : ce fut son dernier exploit; il y fut mortellement blessé d'une mousquetade à la tête. Lens ne s'en rendit pas moins le 3 octobre, mais une pareille conquête ne valait pas la vie d'un tel capitaine. - Lens fut pourtant repris par les Espagnols le 18 août 1648, mais il fit retour à la France dès le lendemain, à la suite d'une grande victoire remportée par Condé sous les murs de la ville.

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Archives de Fontenay, tome IV, page 157.

 

LA FRONDE EN BAS-POITOU

 

Avec l'année 1648 avait commencé, pour la France, une phase nouvelle ; au moment même où la diplomatie nationale obtenait un si éclatant succès par le traité de Westphalie, le mouvement et l'intérêt dramatique de l'histoire qui étaient aux frontières et au dehors rentraient à l'intérieur du royaume, signe presque toujours funeste, et qui annonce, comme le dit éloquemment Henri Martin « que le pays tourne son activité non seulement sur lui-même, mais contre lui-même. »

Les Espagnols avaient refusé d'accéder au traité de Westphalie, se flattant toujours de voir éclater en France des troubles qui leur permettraient de reprendre leurs avantages. Ils avaient bien jugé l'humeur turbulente des grands seigneurs et l'esprit versatile du peuple. De nouveaux impôts, nécessités par cinq ans de guerre, excitèrent un mécontentement général. Les parlements et la noblesse s'allièrent contre Mazarin, dont la fortune immense paraissait être le fruit de la concussion (1). Le 26 août 1648 (2), le ministère fit arrêter le Conseiller Broussel, qui avait refusé avec plus de force que les autres contre l'enregistrement de quelques édits. Le peuple de Paris, animé par le coadjuteur Paul de Gondi, depuis cardinal de Retz, homme d'esprit et d'intrigue qui affectait de jouer le rôle de Catilina, se souleva, établit des barricades et fit relâcher les Conseillers que la Cour avait emprisonnés.

Cette émeute organisée et permanente fut appelée La Fronde. Le Poitou, trop éloigné des principaux meneurs, n'y prit part qu'assez tard, après qu'elle eut éclaté.

Par l'influence du prince de Marsillac, gouverneur du Poitou, attaché au parti des Ligueurs, quelques menées obscures agitèrent la cité de Poitiers. Le maire, Jean Richeteau, fut menacé à diverses reprises. Peu de temps après, de Marsillac, à la tête de quelques troupes, s'avança jusqu'à Lusignan. Mais dans le Bas-Poitou, le duc de Thouars, Henri de la Trémouille, investi de la confiance des Parlements de Paris et de Bordeaux, soutint avec éclat contre Chateaubriant des Roches-Baritaud, gouverneur du Bas-Poitou, la cause des principaux insurgés.

Muni du brevet donné, en 1649, par le Parlement « de lever des troupes pour le service du roi, défense de la cour, du Parlement et du public dans l'ouest de la France », Henri de la Trémouille se mit à recruter des soldats.

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Il était en ce moment-là abbé de Saint-Michel-en-l'Herm.
(2) Le 9 juin de cette même année, Charles Dufrène, directeur de la troupe de comédiens dont faisait partie Molière adressait au corps de ville de Fontenay, une requête pour être mis en possession temporaire du Jeu de Paume. - Archives de Fontenay, T. IV, page 181.

 

FONTENAY AUX MAINS DES FRONDEURS

 

Des Roches-Baritaud, tenant pour Mazarin, venait d'occuper la ville de Fontenay, et cherchait de tout son pouvoir à entrer dans le château. Mme de la Boulaye (1), dont le mari était partisan du Parlement, songeait peu à se retirer devant ce dernier. Chateaubriant expédia alors à Paris, Portecuière, un de ses gentilshommes, qui lui apporta les provisions de gouverneur « des ville et château ». La gouvernante, se voyant trop faible pour résister, envoya Brisson, frère du sénéchal François (2) près du duc, demander secours. La Trémouille lui lit répondre, par deux échevins de Thouars, qu'il la protégerait. Elle rompit aussitôt les négociations engagées avec des Roches-Baritaud, sous les auspices de Raoul, évêque de la Rochelle, et appela la population de la ville aux armes. Le maire, Lancelot Cailler, fit sonner le tocsin, et chassa le lieutenant général du Bas-Poitou. Le duc de Thouars, averti de ce qui était arrivé, envoya des troupes dans le château, sous les ordres de Chezerac, et ordonna de refuser l'entrée aux Mazarins (3).

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Louise de la Mark, fille du duc de Bouillon-la-Mark, mariée le 28 janvier 1633, avec Maximilien Eschallard, chevalier, seigneur, marquis de la Boulaye, conseiller d'Etat, gouverneur de Fontenay, baron de Mareuil, la Vieille-Tour, la Bretonnière, Champdollan, Pierrefite, etc. M. de la Boulaye, nouvellement converti, avait prit parti pour la Fronde et se trouvait à Paris au commencement des événements dont nous parlons. On lui adressa alors une pièce de vers intitulée : Lettre joviale à M. le Marquis de la Boulaye, en vers burlesques. A Paris, chez Sébastien Martin, rue Jean-de-Latran, près le collège royal : MDCXLIX ; avec permission : in-4° de 16 pages (très rare). - Cette pièce fait partie des Mazarinades. - Il existe un portrait in-8° de Maximilien Eschallard, gravé par Balth Moncornet.

(2) François Brisson, sénéchal, était le cousin de Paul Scarron, surnommé l'apôtre, frère du poète Scarron, premier époux de Mme de Maintenon.

(3) Eschallard de la Boulaye, conseiller d'État et gouverneur de Fontenay en 1667, 30.000 fr. de rente, dit Colbert de Croissy, reçut, le 9 janvier 1649, commissien du prévôt des marchands et des échevins de Paris, de lever un régiment de mille chevaux en Bas-Poitou, avec ordre de l'amener dans la capitale, s'empressa d'obéir et devint l'un des chefs les plus turbulents de la Fronde. On connait le procès qui lui fut intenté en décembre de la même année, pour avoir voulu faire assassiner, sur le Pont-Neuf, le grand Condé, que les énergumènes du parti accusaient de tiédeur. - État du Poitou sous Louis XIV, page 111.

 

AFFAIRE DE SAINTE-HERMINE, MAREUIL ET LA CHAIZE-LE-VICOMTE

 

Des Roches Baritaud se dédommagea de son insuccès par la prise de Sainte-Hermine (1). Au mois de février 1649, il s'empara du château, et y concentra des troupes. Tout l'hiver suivant fut employé à des préparatifs de part et d'autre, et lorsque les premiers beaux jours furent revenus, le duc de Thouars ordonna au vicomte de Marcilly de se mettre en mesure d'aller couvrir Fontenay, qui pouvait, être menacé.

On se donna rendez-vous à Faye-l'Abbesse le 18 mars, et le comte de Laval (2) prit le commandement de l'armée d'expédition. Le 21, elle arriva à sa destination, et les habitants la reçurent avec de grandes démonstrations de joie. Les capitaines furent d'avis de se séparer et d'aller lever de nouvelles troupes ; mais Mme de la Boulaye, Jean Brunet maire, et le corps de ville demandèrent de toute leur force que l'on ne s'arrêtât pas en si beau chemin, et que l'on attaquât l'ennemi. Cet avis prévalut, et l'on décida d'abord que l'on se rendrait à Mareuil. On revint cependant sur ce premier projet, parce que ce lieu était trop éloigné, et l'on marcha droit sur Sainte-Hermine. Les Fontenaisiens se joignirent au nombre de trois-cents aux parlementaires ; l'on tira soixante hommes de Maillezais et cinquante de Luçon ; puis Chézerac prit deux pièces de canon au château. Des Roches-Baritaud, prévenu à temps, se retira de Sainte-Hermine et alla camper à la Chaize-le-Vicomte, où il fut complètement battu (3) par le comte de Laval, et, enfin fait prisonnier aux Sables-d'Olonne.
Les autres événements de cette prise d'armes furent insignifiants, et lorsque la paix arriva au commencement d'avril 1651, les principaux acteurs étaient déjà retirés chez eux.

La trêve fut de courte durée. Les mécontents se soulevèrent encore en Guyenne, dès le mois de septembre 1651, et s'allièrent aux Espagnols. Le Bas-Poitou, sans prendre directement part à une guerre qu'il désapprouvait, se tint sur le qui vive.

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Le seigneur de Sainte-Hermine était alors Louis de Courcillon, dit Dangeau, frère du fameux Philippe Dangeau, qui en devint baron en 1659. Ce dernier personnage, qu'on a presque sacré grand homme pour avoir noté, jour par jour, les menus détails de la vie intime de Louis XIV, fut le type achevé du courtisan ; né le 21 septembre 1638, il mourut le 9 septembre 1720, après avoir possédé Sainte Hermine pendant soixante ans, sans jamais rendre le moindre service à ses habitants.

(2) Ce fils puiné du duc de Thouars était prêtre de l'Oratoire.

(3) Le cœur des Roches-Baritaud, mort le 13 août 1658 au château de Saint-Paul-en-Pareds, fut placé dans un des piliers de Notre-Dame

 

COMBAT DU GUÉ-DE-VELLUIRE (4 Novembre 1651). - PROTESTATION DES FONTENAISIENS CONTRE L'ANOBLISSEMENT DU MAIRE ET DES ÉCHEVINS

 

Une affaire sérieuse eut toutefois lieu au Gué-de-Velluire ; le 4 novembre 1651, entre les habitants de Fontenay et le marquis de Jarzé, qui allait, avec deux-cents cavaliers, joindre les troupes du prince de Condé (1), déclaré, le 8 octobre 1651, criminel de lèse-majesté. L'honneur de ce dernier fait d'armes revenait tout entier aux artisans des Loges, commandés par deux jeunes gentilshommes, Laurent de Puy-Rousset (2), et Pierre du Boulay (3), et secondés par quelques bourgeois. Les cavaliers du marquis de Jarzé furent tués ou faits prisonniers et ramenés triomphalement en ville. Le 5 et le 6, on fit des funérailles publiques aux deux chefs qui étaient morts dans l'action, et René Moreau inscrivit leur éloge et ce fait sur les registres mortuaires de Notre-Dame (4).

L'échevinage et la magistrature, presque uniquement composés d'ennemis du Cardinal, trouvèrent cependant moyen de s'approprier les bénéfices d'un fait d'armes auquel ils étaient demeurés étrangers, nonobstant une procuration des habitants de Fontenay autorisant, le 8 décembre 1651 (5), Pierre Denfer et François Daguin, avocats, à s'opposer à ce que les maires et échevins soient anoblis à l'occasion d'un fait d'armes auquel ils n'avaient pas pris part (6). Malgré l'intervention du clergé du diocèse, que René Moreau avait gagné à la cause des protestataires, Julien Collardeau et l'ancien vice-sénéchal Jacob de Modon, se. firent nommer conseillers d'État ; André Garipault, lieutenant de la maréchaussée, reçut le collier de l'ordre de Saint-Michel, et devint, quoique roturier, gentilhomme de la chambre ; le maire, naguère serviteur de Louise de la Mark, obtint des lettres de noblesse (7).

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Condé avait traité avec l'Espagne et faisait la guerre en Guyenne.

(2) Laurent de Puy Rousset, écuyer, seigneur de Payré, était àgé de 35 ans lorsqu'il fut tué. Il était homme de bien et zélé au service du roi, dit René Moreau. Il était marié avec Sylvie Tiraqueau.

(3) Pierre du Boulay, écuyer, seigneur de Beauregard, tué à l'àge de 25 ans.

(4) Archives de la Mairie. - Fillon, Recherches sur Fontenay, pp. 298-301.

(5) Archives de Fontenay, T. III, pages 189-190, etc.

En cette année 1651, le 21 juillet, Louis XIV, qui avait alors douze ans, passa Poitiers et y fut reçu comme dans une ville fidèle. On lui rendit les mêmes donneurs, lorsqu'à son retour il s'y arrêta encore, le 31 octobre de la même année. Il y demeura trois mois, ainsi que les grands corps de l'Etat. Pendant ce temps-là le comte d'Harcourt, avec quelques milliers de soldats détachés de l'armée du Nord, se dirigeait vers la Charente, où bientôt il s'emparait de Cognac (17 novembre), de la Rochelle (27 novembre) et de l'île de Ré.

(6) Dans ce document, les soussignés se plaignent amèrement de la misère dans laquelle ils se trouvent, attendu que depuis 15 ans « ils ont eu en quartier d'hiver des régiments d'infanterie ou cavalerie... obligés qu'ils ont été de faire subsister

leurs frais, l'espace de deux ans, huit vingts espagnols faits prisonniers à la bataille de Rocroy... outre qu'ils sont, journellement employés aux gardes et convois de milice que la nécessité requiert, etc. - Archives de Fontenay, T. III, page 189.

(7) Par mesure de précaution, la vide de Fontenay demeura encore longtemps « munis d'artillerie », car les Archives de la ville, T. IV, page 195, donnent le texte de « provisions données par le duc de Rouanez au sieur Audureau Paul, armurier et arquebusier de la maison commune de la ville de Fontenay », pour le commettre à la garde « des canons, couleuvrines et autres engins appartenant à dicte maison commune » (16 mai 1653).

 

VENTE DE LA BIBLIOTHÈQUE DE MAZARIN

 

Pendant que ces événements s'accomplissaient en-Bas-Poitou, un arrêt du 29 décembre 1651 déclarait Mazarin et ses adhérents criminels de lèse-majesté, enjoignait aux communes « de lui courir sus, ordonnait de procéder à la vente de ses meubles, de sa bibliothèque, et de prendre, sur le produit de cette vente, 150.000 livres pour récompenser quiconque le représenterait à justice, mort ou vif.

La vente et la dispersion de la bibliothèque du Cardinal est un des actes les plus honteux qu'ait jamais commis aucune assemblée. Cette belle collection de quarante mille volumes avait été réunie et classée par le savant Naudé, pour l'usage de tous les hommes studieux, auxquels Mazarin en ouvrait libéralement les portes. Naudé ne put survivre à un tel coup. Il faut dire cependant que cet acte de vandalisme ne fut pas poussé jusqu'au bout : la vente fut arrêtée à moitié chemin (1). Mazarin avait fait de sa collection une vraie bibliothèque publique prototype de notre grande Bibliothèque nationale, qui occupe aujourd'hui l'ancien palais Mazarin. La collection de Mazarin forme le premier fonds de la Bibliothèque Mazarine.

En mourant, le même Cardinal, qui était aussi abbé de Saint-Michel- en-l'Herm, exprimait le désir que la mense abbatiale fut réunie au collège des Quatre-Nations. Dans ce collège, richement doté, les études étaient gratuites. Il était ainsi nommé des quatre Nations parce que Mazarin avait réunies à la France, l'Alsace, l'Artois, le Roussillon et Pignerolles, en Italie.

En 1808, ce palais est devenu le palais de l'Institut.

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Bordeaux s'étant soumis le 3 août 1653, la France était pacifiée.

 

LE MARÉCHAL DE CLÉREMBAULT. - CHARLES MESNARD
DE TOUCHEPRÉS ET FRANÇOIS DE BESSAY

 

Si pendant les guerres de La Fronde, une partie de la noblesse vendéenne avait pris fait et cause pour les parlements, d'autres de ses membres pendant cette lamentable époque de dissensions intérieures, combattaient bravement sur les frontières pour la grandeur de la France, et se couvraient de gloire. Il nous suffira de rappeler ici les noms du maréchal de Clérembault, de Charles Mesnard de Toucheprés et de François de Bessay.

 

Retour haut de page

 

PHILIPPE DE CLEREMBAULT

 

Philippe de Clérembault Palluau, issu d'une des plus illustres familles du Bas-Poitou (1) originaire du Plessis, près Aizenay, avait à peine 16 ans lorsqu'il commença à porter les armes. Simple capitaine d'une compagnie de chevau-légers, sous les ordres de Comtsalaud, colonel de la cavalerie légère de France, il fut appelé en cette qualité à faire partie d'une expédition en Italie, au mois d'août 1636. Il se trouva au combat du Tessin ; l'année suivante, au siège de Landrecies ; et en 1641 à l'attaque des lignes d'Arras.

Devenu alors maréchal de camp, Clérembault prit part comme tel au siège de Perpignan en 1642 ; il accompagna, l'année d'après, le Grand Condé au siège de Thionville, et l'aida en 1644 à gagner la célèbre bataille de Fribourg. Il combattit encore à Nordlingen en 1645, et fut à la suite de ces brillants faits d'armes promu mestre de camp général de la cavalerie légère. Sa vaillante conduite aux sièges de Philisbourg, de Courtray, de Dunkerque, de la Bassée et de Lens, lui valut peu de temps après la lieutenance générale des armées du roi. Il les commanda si bien aux sièges d'Ypres, de Bellegarde et de Montrond en Berry, qu'il fut enfin fait maréchal de France, au lendemain de l'assaut donné à cette dernière place (18 février 1653). - L'insigne de sa dignité lui fut remis le 1er juin de la même année.

C'est alors que brisant avec les charmes de la tant célèbre Ninon de l'Enclos, il épousa, le 26 avril 1654, Louise Françoise Boutilhier, la fille du secrétaire d'Etat Chavigny ; alors aussi qu'il songea à rebâtir sa féodale demeure de Palluau dans le goût des maîtres de la Renaissance, dont son séjour en Italie lui avait permis d'admirer l'incomparable style.

Entre temps, il accompagnait en 1659 Mazarin aux conférences de l'île des Faisans, qui amenèrent le traité des Pyrénées. Le 31 décembre 1661 il était nommé gouverneur de Berry, bailli de cette province, etc. Il était alors à l'apogée de sa gloire.

Mais notre maréchal ne goûta pas longtemps les joies de l'intimité conjugale, ni le faste de sa nouvelle demeure où il ne faisait d'aillèurs que d'assez courts séjours. Dès l'année 1662, il était pris d'une maladie de langueur, et ni les médecins auxquels il eut recours, ni les eaux de Bourbonne dont il essaya, ni l'air pur et salubre de sa campagne de Palluau ne purent refaire sa santé altérée. Trois ans après, le 24 juillet 1665, il succombait à Paris. Son corps, rapporté à Palluau, fut inhumé dans l'église du lieu. Lorsqu'en 1794, la colonne infernale de Commaire brûla cet édifice, la tombe du maréchal de Clérembault fut, d'après la tradition, odieusement violée, et les ossements qu'elle renfermait jetés avec mépris et dérision dans les fossés du château (2).

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Un Geoffroy Clérembault était seigneur du Plessis en 1117. - Un de ses descendants, Jean Clérembault, seigneur du Plessis Clérembault, combattit contre les Anglais, sous les ordres du roi de Sicile en 1412. - Un autre, Antoine,fut fait chevalier du Croissant par le roi de Sicile en 4147. Cinq ans après, son cousin Clérembault de Chantebuzin était un des pillards de l'abbaye de Saint-Michel-enl'Herm, et pendant les guerres de religion, ses descendants se distinguèrent tristement par leurs violences contre les catholiques.

(2) Palluau et les Clérembault, par l'abbé Boulin. - Revue du Bas-Poitou. IVe année, page 275-304.

Le fils du maréchal de Clérembault, l'abbé Jules, mort en 1714, fut membre de l'Académie française. - Bouillé Diction, page 416.

 

CHARLES MESNARD DE TOUCHEPRÉS

 

Charles Mesnard de Toucheprés, marié en 1648 ou 1649 à Marie Grignon, devint baron de Pouzauges, seigneur des Châtelliers et de la Ramée, etc., servit également avec distinction, suivit le Grand Condé, et se signala brillamment au siège de Rethel (9-13 décembre 1652), sous la conduite du maréchal du Plessis, luttant contre Turenne alors au service de l'Espagne.

Le vaillant soldat était condamné à payer chèrement sa gloire ; la victoire de Crémone lui avait coûté naguère son second fils ; la victoire de Rethel lui coûta son fils aîné (1).

 

(1) Il habitait ordinairement le château de l'Échardière, près Pouzauges. Colbert de Croissy lui attribuait, en 1667, un revenu de 42.000 livres.

 

Retour haut de page

 

DE BESSAY (FRANÇOIS)

 

De Bessay (François), né le 17 octobre 1628, assistait à la prise de Lérida en 1646, et servait en qualité de volontaire à l'armée de Catalogne. Il commandait la cavalerie de la défense d'Ypres, où il se distingua. Il servit en qualité de mestre de camp, lors de l'attaque de la forteresse de Mont-Rond en Berry, reçut, le 25 janvier 1653, une commission pour commander en Bas-Poitou, en qualité de maréchal des camps et armées du roi, et de lieutenant de Sa Majesté, place vacante par le décès du sieur des Roches-Baritaud. Il assista, en qualité de mestre de camp, commandant le régiment Clérembault, cavalerie légère, aux sièges de Landrecies, Saint-Guillain et de Condé, comme il appert d'un certificat délivré le 29 septembre 1655, par Turenne, au camp d'Angres ; - fut ensuite conseiller du roi en ses conseils d'État et privé.

 

Retour haut de page

 

RENÉ MOREAU, CURÉ DE NOTRE-DAME DE FONTENAY

 

Si pendant les guerres dont nous venons de parler, la noblesse de notre pays paya bravement de sa personne, et se distingua sur presque tous les champs de bataille où la France déploya ses étendards ; dans des sphères plus modestes, de grands cœurs et de nobles caractères n'en honoraient pas moins la Vendée, et nous sommes heureux de consacrer ici quelques lignes au vénérable prêtre, René Moreau (1605-1671), dont le nom s'est rencontré plus haut sous notre plume, et à une humble fille du peuple, Anne Benoist.

 

René Moreau. curé de Notre-Dame de Fontenay
(D'après un rarissime portrait possédé par M. Treuttel, de Sévigné).

 

René Moreau est descendu dans la tombe depuis 230 ans, mais sa mémoire n'a pas été oubliée des Fontenaisiens, qui lui durent en grande partie alors d'échapper aux horreurs de la guerre civile. « Disciple du Christ en esprit et en vérité, dit Fillon, il enseigna, par l'exemple de sa vie, ce que peut, dans une modeste paroisse aussi bien que sur un plus vaste théâtre, l'intelligence alliée au dévouement de chaque jour. Conciliant et plein de tolérance à une époque d'aigres disputes religieuses, il ne cessa jamais de faire appel à la concorde, et sut gagner, par l'ascendant de ses vertus, les cours de ceux-là même que leur foi séparait de lui. Comment en eût-il été autrement, lorsqu'on le voyait à l'œuvre ? Un trait, entre mille, suffira pour le faire connaître. Le feu se déclare la nuit dans la demeure d'un charpentier calviniste des Loges, et menace d'embraser les maisons voisines. Le curé de Notre-Dame, averti par le bruit du tocsin, accourt, quoique malade, sur le théâtre de l'incendie, et apprend que la petite fille du huguenot va périr au milieu des flammes. Le danger est extrême ; personne, pas même le père n'ose l'affronter. Mais René Moreau n'hésite pas un instant ; il adresse à Dieu une courte prière, se débarrasse de sa soutane, et saisissant une échelle, il monte arracher la victime à la mort (1). Il avait connu François de Salles et Vincent de Paul tandis qu'il suivait à Paris les cours de théologie, et ses relations avec ce dernier ne paraissent pas avoir été interrompues (2).

Le grand hôpital fut fondé par lui (3). Deux autres établissements de bienfaisance, qu'il avait créés, ne purent subsister du moment qu'il avait cessé d'exister. Né le 16 septembre 1605, à la Chapronnière, village de la paroisse de Notre-Dame de Moulins, près Mauléon, dans la cabane d'un laboureur, il finit ses jours le 28 janvier 1671, laissant à ses successeurs une bibliothèque bien choisie, et un mobilier qui ne valait pas cinquante écus. Les effets appartenant à sa personne furent estimés cinq livres.

L'influence de René Moreau sur la population était, on doit le penser, trop considérable pour que, dans ces temps de troubles, les partis n'aient pas souvent tenté de l'attirer à eux; mais il sut résister à toutes leurs avances. Le duc de La Rochefoucauld, le marquis de la Boulaye, l'archevêque de Bordeaux, son ami personnel, et plusieurs autres grands personnages essayèrent en vain de le faire sortir de la voie qu'il s'était tracée. La perspective d'un évêché ne le tenta point, et il préféra aux honneurs de la mître, l'amour de ceux qui l'entouraient. Les Jansénistes, le sachant de mœurs austères, voulurent se l'attacher; mais ils ne furent pas plus heureux. Il se tint également loin de l'une et de l'autre des deux sectes qui troublaient alors la paix de l'Église.

Ce fut le duc de Roannez, gouverneur du Poitou, qui s'efforça de gagner René aux doctrines de Port-Royal, pendant l'un de ses séjours au château de Fontenay, où l'appelaient les devoirs de sa charge. L'appartement occupé par lui dans ces occasions, était meublé avec une simplicité singulière, ainsi que le constate l'inventaire dressé après qu'il se fut démis de son gouvernement pour se retirer du monde. On y remarquait seulement un portrait du Roi, une Sainte Famille et deux paysages ; l'un placé au-dessus d'un meuble en noyer, l'autre derrière la porte. Au dos de ces dernières toiles étaient des vers attribués à Blaise Pascal, l'illustre ami du défunt (4).

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Le fait est raconté par Isaac Dusoul, ministre de Fontenay, dans une lettre qu'il écrivit à son collègue de Thouars, quelques jours après la mort de René Moreau. « Il est trépassé de la semaine dernière, y est-il dit, au grand chagrin de tous ceuls qui le cognoissaient. Si clans l'église de Rome n'y eus eu que gens de mesme façon, nous serions tous frères et non ennemis. »

(2) Les Archives de Fontenay, T.IV, page 185, contiennent le texte d'une procuration par laquelle Vincent de Paul charge René Moreau, curé de N.-D., de régler pour son compte l'affaire pendante entre l'évêque de la Rochelle et lui.

(3) Le 16 février 1661, il donnait tout ce qu'il possédait à l'hôpital général, qu'il voulait créer, soit une rente de deux-cent-trente-six livres assise sur le Châtelier-Barlot. La générosité de René Moreau en suscita d'autres : Mlle Marie Brisson, notamment, fit don de neuf-cents livres de rente, et bientôt l'hôpital Saint-Louis s'ouvrit aux misères de la ville, sous la direction de Mme de la Chaulne, née Françoise Pichard. - Au mois de septembre 1684, des lettres-patentes conservées aux Archives de l'hôpital actuel, érigeaient en Hôpital Général l'hospice St-Louis. - Le 17 janvier 1685. on dressait le procès-verbal de visite de l'hôpital (A. Font, T. IV, pages 345 à 349), et le 29 janvier de la même année, Mgr de Laval, évêque de la Rochelle, approuvait l'établissement, desservi ,jusqu'à la Révolution, par des Sœurs grises. (A. Font., T. IV, page 351). Le 8 février 1685, une délibération du corps de ville approuvait aussi l'établissement de l'Hôpital général de Fontenay, dont les revenus étaient considérables. (A. Font., T. IV, pages 353-54).

(4) Registres d'état-civil du greffe.

 

ANNE BENOIST

 

Anne Benoist, lingère, morte à trente-trois ans et dix mois, était l'élève du vénérable curé de N.-D. Instruite par lui dans les principes de la charité sans bornes, elle consacra sa vie si courte à de bonnes actions. Estimée de tous, on s'empressait de confier à ses mains des sommes considérables. Elle en réglait l'emploi avec une merveilleuse sagacité ; car la fille du peuple savait, mieux que personne, secourir les malheureux, sans demander quelle communion était la leur.

Le 11 mai 1669, toute la population, sans distinction de rangs et de croyances, accompagna à sa dernière demeure le corps de Anne Benoist. Elle emportait surtout les regrets des pauvres de la ville, dont elle était la Providence. « C'était, dit Aubineau, vicaire de René Moreau, une personne de grande vertu, ayant même un don particulier de soulager les malades blessés et ulcérés qu'elle traitait, pansait et médicamentait avec tant de succès, qu'il y avait lieu de juger que c'était en elle une grâce de Dieu singulière. Sa vie comme sa mort a été exemplaire (1) ».

 

Retour haut de page

NOTES:

(1) Poitou-Vendee. - Art. Fontenay. Fillon, pages 76 et 77.

 

JEAN LOGEAY

 

A la même époque vivait, à Fontenay-le-Comte, un sculpteur de grand talent, Jean Logeay, mort en 1681, et à qui on attribue la très jolie cheminée dont le dessin figure ci-dessous.

 

Cliché de la collection B. Fillon (Communiqué par Mine Charles Fillon.)

 

Elle ornait autrefois la demeure de B. Fillon.

Sur le manteau se voient les personnages du Jardin d'amour de Rubens, s'ébattant dans un parc du jardin de Mazarin.

 

Retour haut de page

 

 

Histoire de Vendée
Chapitre Précédent Table des matières Chapitre Suivant
Page d'accueil - Organisation d'activités et de séjours - Photothèque - - Patrimoine Naturel - - Visites de Monuments - Produits Régionaux - - Loisirs - Sports - Hébergement - Contactez-nous - - Infos éditeur