Histoire de Vendée

Histoire de la Vendée
du Bas Poitou en France

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CHAPITRE XXVIII

 

Hostilités nouvelles. - La Milice de Fontenay à La Rochelle (1706)

Grand hiver de 1709. - Les Dames de la Miséricordes

Etablissement des missionnaires et des frères du Saint-Esprit et des Filles de la Sagesse à Saint-Laurent-sur-Sèvre

Projets de création de routes et de canauc. Etat du pays. - Manifestations diverses

La guerre de sept ans et la rôle du Bas-Poitou

Achèvement de routes et ponts. - Etablissement de la poste aux chevaux

Travaux au port des Sables d'Olonne

Lettres, sciences et arts

Poteries poitevines (XVIIe siècle - XVIIIe siècle - XIXe siècle)

Poteries faites à l'étranger pour des poitevins

Les verreries bas-poitevines, depuis le XVe siècle jusqu'à nos jours (La Roche-sur-Yon - Le Rorteau - Mervent)

Le Poitou donné en apanage au Comte d'Artois

L'instruction publique en Bas-Poitou au moment et pendant la révolution

Le Petit-Saint-Cyr, par Brumauld de Beauregard, ancien évêque d'Orléans

Ecoles pour les filles du peuple

 

 

HOSTILITÉS NOUVELLES. - LA MILICE DE FONTENAY A LA ROCHELLE (1706)

 

La paix de Ryswich venait de terminer cette vaste guerre, dans laquelle les deux parties avaient déployé sur mer et sur terre des forces incomparablement plus grandes que celles qu'avait vues en mouvement l'Europe moderne, lorsque l'avènement du duc d'Anjou au trône d'Espagne embrasa de nouveau l'Europe.

Après les victoires de Hoclisted (13 août 1704) (1) et de Friedlingen, où Villars avait été sur le champ de bataille proclamé maréchal de France, Louis XIV eut l'imprudence de soulever contre lui l'Angleterre et la Hollande, en donnant à la mort de Jacques II, le titre de roi au prince de Galles, son fils. C'était remettre en question le traité de Ryswich. Les flottes anglaises croisèrent de nouveau en vue de nos côtes, et en 1706, la milice bourgeoise de Fontenay fut envoyée en garnison à l'Aleu de la Rochelle, pour s'opposer, le cas échéant, à toute tentative de débarquement. (2)

 

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NOTES:

(1) Le 13 juillet 1704, avait été bénit en grande pompe â Fontenay, le drapeau du régiment d'infanterie bourgeoise et du guidon de la compagnie de la cavalerie (Archives de Fontenay - T. IV, page 409).

(2) Les Archives de Fontenay, T. IV, pages 414, 415, et 416, possèdent, datée du 19 juillet 1706, une fort curieuse lettre d'un nommé Fillon, sur les faits et gestes de ses compagnons d'armes.

 

GRAND HIVER DE 1709. - LES DAMES DE LA MISÉRICORDE

 

Les défaites de Ramillies et d'Oudenarde (1709) venaient d'ajouter au découragement. Le présent était sinistre ; l'avenir tel, que la pensée n'avait plus à en sonder les abîmes, et la nature semblait conjurée avec les hommes contre notre malheureuse Patrie. La Vendée n'échappa point à la misère commune, occasionnée par un hiver d'une rigueur comme on n'en avait point vu depuis 1608.
Il faut lire dans les archives municipales du Bas-Poitou les détails des horribles souffrances qu'endurèrent nos ancêtres. Toutes les rivières furent arrêtées dans leur cours ; la mer gela sur nos côtes comme dans les régions polaires ; presque tous les arbres fruitiers périrent, les pierres se fendaient ; les blés furent gelés dans leurs sillons, et dans certaines campagnes on était arrivé à cet excès de désespoir où l'on se sent mourir en silence.

Et pourtant, au milieu des malheurs de toutes sortes qui marquèrent la fin du règne de Louis XIV, la Vendée, dont les fils se battaient avec gloire aux frontières menacées (1), marquait par des fondations et des créations de toutes sortes, son ferme désir de marcher dans la voie du progrès.

Sous l'influence de l'administration éclairée et bienfaisante de quelques intendants et sénéchaux, de nombreuses améliorations matérielles et morales furent réalisées, et de grands progrès se développèrent sur tous les points. Nous allons résumer en quelques pages les faits accomplis dans cet ordre d'idées jusqu'à la convocation des notables (1787).

En 1710, M. Hugueteau de la Martinière, curé de Notre-Dame de Fontenay, établit la confrérie des dames de la Miséricorde et bientôt, après, un saint religieux, le père de Montfort, allait fonder sur notre sol un de ces établissements religieux dont on ne saurait trop reconnaître le noble but, non plus que les immenses services rendus, sous tous les climats et sous toutes les latitudes, par ces femmes dévouées et respectables qu'on appelle les Sœurs de la Sagesse (2).

 

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NOTES:

(1) Un fils de Robert de la Proutière, commandant pour le roi au château de la Chaume et ville des Sables-d'Olonne, fut tué à Malplaquet.(7 septembre 1709).

(2) Le père de Montfort avait aussi, le 26 août 1715, c'est-à-dire peu de temps avant sa mort, marqué son passage à Fontenay, par d'abondantes aumônes destinées aux pauvres, ainsi que le constate un reçu existant aux Archives de Fontenay, T. IV, page 435.

Six jours après, le 1er septembre, à huit heures et quart du matin, Louis XIV rendait le dernier soupir, et cette mort, annoncée le 3 septembre par Moriceau de Cheuss, sénéchal du Bas-Poitou, y causa la plus grande douleur.

 

ÉTABLISSEMENT DES MISSIONNAIRES ET DES FRÈRES DU SAINT-ESPRIT ET DES FILLES DE LA SAGESSE, A SAINT-LAURENT-SUR-SÈVRE

 

En 1720, il se forma, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, à 7 kilomètres environ de Mortagne, un établissement qui procura bientôt aux hospices de Poitiers, de Niort et de Fontenay, des femmes pour soigner les malades. L'origine de cet établissement fut signalée par plusieurs incidents. En 1716, Louis-Marie Grignon, surnommé Montfort, du lieu de sa naissance, parcourant en apôtre les villes et les hameaux de la Bretagne et du Poitou, s'arrêta à Saint-Laurent-sur-Sèvre et y mourut le 28 avril.

Ce digne prêtre avait posé les bases de trois grandes sociétés par lesquelles il devait se survivre dans son apostolat, et qui avaient pour but la prédication des missions, le soin des pauvres malades et l'éducation des enfants. De là prirent naissance les Pères de la compagnie de Marie, les Filles de la Sagesse et les Frères du Saint-Esprit. De ces derniers sont sortis les Frères de Saint-Gabriel, qui se vouent à l'éducation chrétienne des enfants, y compris les sourds-muets et les aveugles.

Après la mort de Montfort, les prosélytes de ce prêtre formèrent le projet de s'établir près de son tombeau, et en 1720, Marie-Louise Trichet, l'une de ses élèves, amena quelques compagnes à St-Laurent, et l'abbé Mulot, un de ses disciples, y réunit plusieurs prêtres de différentes provinces. Vers cette même époque, une école de garçons y était établie sous la direction des Frères.

Deux nobles personnages du pays, Mine de Bouillé et M. de Magnage, qui habitaient les châteaux de la Machefollière et de Magnage , près de Saint-Laurent, avaient, acheté des maisons pour ces nouvelles associations. Les Missionnaires du Saint-Esprit et les Filles de la Sagesse éprouvèrent de grandes difficultés pour obtenir des lettres-patentes d'autorisation ; le nouvel établissement resta pendant plus de cinquante ans sans existence légale; il fut plusieurs fois menacé d'être poursuivi ; ce ne fut qu'en 1773 que les Missionnaires du Saint-Esprit et, les Filles de la Sagesse obtinrent enfin des lettres-patentes, qui leur accordèrent la faculté d'acquérir jusqu'à concurrence de 5.000 livres de rente en biens-fonds, savoir 4.000 livres pour les Filles de la Sagesse et 1.000 livres pour les Missionnaires du Saint-Esprit. Les officiers de justice de la baronnie de Mortagne, d'où relevait Saint-Laurent, et la famille de la Tremblaye, qui venait d'acheter la seigneurie de Mortagne de M. le duc de Villeroy, firent tous leurs efforts pour empêcher l'enregistrement de ces lettres-patentes. Le chevalier de la Tremblaye écrivit à ce sujet à M. Filleau, procureur général du conseil supérieur de Poitiers, une lettre qui exprime la plus vive opposition contre les missionnaires. Cependant, malgré toutes ces difficultés, les lettres-patentes furent enregistrées le 11 août 1773 à la commission de Paris, qui remplaçait le parlement alors exilé, et le 24 décembre suivant au conseil supérieur de Poitiers.

L'établissement, qui avait été extrêmement pauvre dans le principe, avait pris rapidement de grands développements. Les missionnaires, qu'on appelait mulotins, du nom de leur premier Supérieur, se transportaient, pour faire des missions, dans toutes les paroisses où ils étaient demandés par les pasteurs, et les Filles de la Sagesse se répandaient de tous côtés dans les hôpitaux des villes. Dès 1748, les Filles de la Sagesse administraient les hôpitaux d'un grand nombre de villes, et il était question d'en envoyer jusqu'au Canada. Vers la même époque, de vastes et belles constructions, dirigées par un architecte de Rennes, M. Besnard, remplacèrent les modestes habitations qui avaient été achetées par Mme de Bouillé et M. de Magnage.

La Révolution supprima momentanément la Communauté des Sœurs de la Sagesse qui, reconnue par décret impérial du 2 février 1811, s'est depuis développée d'une manière considérable. La Congrégation dont il s'agit se livre surtout aux soins à donner aux malades et à la direction des hôpitaux, mais elle s'occupe aussi de l'éducation des jeunes filles (1).

Comme les Filles de la Sagesse, les Frères du Saint-Esprit eurent beaucoup à souffrir pendant la tourmente révolutionnaire.Ils ne commencèrent à se multiplier sensiblement que vers 1820, sous le R. P. Gabriel Deshayes, supérieur des Communautés du Bienheureux de Montfort. Bientôt même, l'espace étant devenu insuffisant, les Frères spécialement destinés à l'enseignement quittèrent la maison des Pères et changèrent leur nom primitif en celui de Frères de l'Instruction chrétienne de Saint-Gabriel.

Dès 1823, une ordonnance royale approuvait l'Institut pour cinq départements. Le 3 mars 1853, un décret impérial consacrait définitivement son existence légale et l'autorisait pour tout le territoire français.

La. Congrégation compte actuellement 1.500 membres et possède 168 établissements en France et 22 à l'étranger (2).

 

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NOTES:

(1) S'occupent aussi de l'éducation des jeunes filles : la Congrégation des Ursulines de Chavagnes, fondée il y a un siècle, celle de Mormaison, fondée aux Brouzils il y a quelque 80 ans, et celle de l'Union-Chrétienne de Fontenay (1679).

(2) Extrait de l'histoire du Poitou, par Thibaudeau, et notes aimablement communiquées par M. l'abbé Pacteau, aumônier des Frères de Saint-Gabriel.

 

PROJETS DE CRÉATION DE ROUTES ET DE CANAUX. ÉTAT DU PAYS. - MANIFESTSTIONS DIVERSES

 

La sage administration du cardinal Fleury avait rendu à la France une partie de ses forces épuisées. L'attention du ministre se portait sur les points les plus éloignés de la capitale, et nul doute que sans la guerre d'Allemagne et la guerre de sept ans, le Bas-Poitou n'eût possédé dès le premier tiers du XVIIIe siècle, un ensemble sérieux de grandes routes et même, de canaux.

En effet, le 17 juin 1732, un arrêt du conseil ordonne la mise à l'étude d'un projet de canalisation et de jonction des rivières de la Vendée, du Thouet et de la Sèvre-Nantaise, présenté par Jacques d'Arcemalle, seigneur de la Grange, marquis de la Touche, et le 18 juillet de la même année, le sieur Delamotte, intendant des bâtiments du Roi, écrivait à l'intendant du Poitou, pour le prier de s'occuper d'un projet de route de Limoges aux Sables, passant par Fontenay, Luçon et Talmont (1). Les événements qui suivirent ne permirent pas de donner immédiatement suite à ce projet, et ce n'est que vingt ans après, le 24 décembre 1752, que l'on trouve pour la première fois trace aux archives de Fontenay d'une indemnité de 240 livres, allouée au sieur Bauchereau, qui, sous les ordres de Parent de Curzon, avait été proposé à la direction des corvées pour la construction des routes de Fontenay aux Sables et de Fontenay à Nantes (2).

Les mesures projetées en 1732 auraient pourtant été bien accueillies par les populations de notre pays, qui, s'il faut en croire Joseph Delamure, médecin à Lyon, qui les visita au mois de mai 1734, étaient dignes du plus grand intérêt.

« Le peuple de Fontenay est pauvre, sans grande industrie, estant mangé par les tailles et écrasé de son petit nombre pour les payer. Il y avait autrefois force tanneries et fabriques de draps, en les faubourgs, mais les guerres, la révocation de l'Édit et une négligence coupable les ont laisser tomber... La plaine des environs de Fontenay est nue et mal cultivée. La ronce y occupe plus de place que le bled, par fautte de bras (3) ».

Nous devons pourtant à la vérité, de dire que le récit du docteur Delamure est contredit en plus d'un point par d'autres documents, notamment par l'état des bestiaux et marchandises vendus à Fontenay lors de la foire de la Saint-Venant 1736. En effet, de cette mercuriale fort curieuse, il résulte que le chiffre des transactions commerciales s'était élevé à 561.914 livres 8 sous, soit environ un million 1/2 de notre monnaie actuelle, ce qui était un joli chiffre pour l'époque, et ne sembait pas indiquer le marasme dont parle notre voyageur.

Mais ce retour à des jours meilleurs ne devait pas être de longue durée, car les années 1738 et 1740 furent particulièrement désastreuses pour les paysans vendéens, et ce, au moment où la, guerre de la succession d'Autriche allait une fois de plus déchaîner toutes les forces vives de l'Europe. Néanmoins, en 1743, malgré la misère trop répandue, le peuple applaudit cette année aux levées des troupes et couvrit les emprunts : les Etats du Languedoc offrirent au roi un régiment de dragons tout équipés ; l'assemblée provinciale du Bas-Poitou vota des subsides extraordinaires en hommes et en argent, et Fontenay fournit une compagnie d'élite à la défense du sol de la patrie. L'enthousiasme fut unanime, quand on apprit que Louis XV allait marcher en personne à la tête de son armée. La victoire de Fontenoy, remportée le 11 mai 1745, par le roi de France, le seul qui, dans les temps modernes ait gagné en personne une grande bataille sur les Anglais, bataille où les alliés perdirent 14.000 tués ou blessés et les Français 7000, fut accueillie avec enthousiasme en Bas-Poitou. On illumina et ou donna des fêtes magnifiques, à Fontenay surtout, qui, dans la crainte d'une invasion anglaise toujours possible, possédait une forte garnison composée de milice bourgeoise, d'infanterie et de cavalerie.

 

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NOTES:

(1) Archives de Fontenay, T. V, pages 67 â 75.

(2) L'année précédente (1751), un établissement d'enseignement laïque avait été fondé à Fontenay, par un nommé Brisseau. Archives de Fontenay, T. V, pages 203 à 206.

(3) Archives de Fontenay, T. V, pages 79, 80 et 81.

 

LA GUERRE DE SEPT ANS ET LE ROLE DU BAS-POITOU

 

La paix d'Aix-la-Chapelle (1748) n'avait point réparé les maux. que la guerre avait laissés. Versailles était le théâtre de toutes les ambitions, de toutes les bassesses, le gouffre où s'engloutissaient toutes les ressources de l'Etat. Le trésor public fut livré aux plus honteuses déprédations ; tous les services souffrirent de cette incurie. On laissa dépérir la marine ; les chantiers étaient abandonnés, les arsenaux vides. Nos ennemis virent ce délabrement ; ils résolurent d'en profiter.

Sans déclaration de guerre, les Anglais attaquèrent dès 1753 nos colonies, et pillèrent à la fois comme des pirates, trois-cent bâtiments de commerce. Néanmoins, nos efforts furent d'abord couronnés de succès ; le maréchal de Richelieu reprit Minorque, que les Anglais occupaient depuis cinquante ans ; le maréchal d'Estrées remporta deux victoires sur le duc de Cumberland, dans le Hanovre, mais la bataille de Rosbach (3 novembre 1757), où le prince de Soubise avait été écrasé par le grand Frédéric, anéantit pour un instant nos espérances.

Toutes les précautions avaient été néanmoins prises pour préserver d'une descente des Anglais les côtes du Bas-Poitou. Le 24 octobre 1757, le corps de ville de Fontenay, avisé qu'une flotte formidable croisait en vue de La Rochelle et de l'Aiguillon-sur-Mer, s'était réuni d'urgence, et avait décidé, sur la proposition du marquis de la Coudraye, qu'il y avait « nécessité à former dans la capitale du Bas-Poitou cinq compagnies d'infanterie de cent hommes chacune, une de cavalerie composée de soixante maîtres, et un autre de soixante cadets volontaires, sous le commandement de Picq de la Duranderie, cy-devant capitaine au régiment de Piémont (1) ».

Le ban de la noblesse du Bas-Poitou fut également convoqué à Fontenay et à Luçon, au mois de juin de 1758, avec mission de se rendre sur les points menacés (2), en conséquence de l'ordre suivant.

 

A La Rochelle, ce 14 juin 1758.


« La noblesse, dans tous les tems, Monsieur, a témoigné tant d'empressement pour se signaler contre les Ennemis du Roy et de l'Etat, que, dans les circonstances présentes, où les Anglois paroissent avoir le dessein d'attaquer les côtes du Poitou, de Saintonge et du Pays d'Aunis, Sa Majesté est persuadée que la Noblesse de ces provinces se portera avec le même zèle à lui rendre ses services.

Elle m'a ordonné de l'assembler dans les lieux que je lui indiqueray, qui sont à Saint-Jean-d'Angely, pour la Noblesse du Haut-Poitou : à Fontenay et Luçon en aide s'il en est besoin, pour celle du Bas-Poitou ; à Saintes, pour la Noblesse de Saintonge, et à Marans, pour la noblesse d'Aunis.

C'est pourquoi, Monsieur, en conséquence des Ordres du Roy, j'ay l'honneur de vous écrire, pour vous dire que, Sa Majesté compte sur votre zèle et votre fidélité, et qu'aussitôt la présente lettre reçue, vous vous rendrez avec armes et cheval, au lieu indiqué pour l'assemblée de Messieurs les Gentilshommes de chaque Province où arrivés, ils choisiront un d'entre eux pour les commander sous mes ordres. Je le prie, lorsque le choix de Messieurs de la Noblesse de chaque Province sera fait, de m'en informer, d'attendre mes Ordres, et de se tenir prêt, avec Messieurs les Gentilshommes qu'il commandera, à se porter où je jugeray qu'il sera nécessaire pour le service du Roy.

Les Maires et échevins des villes indiquées pour s'assembler auront ordre de fournir les logements à Messieurs de la Noblesse à mesure qu'ils arriveront.

Je suis très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. »

 

Le maréchal de SENECTÈRE (3).

 

Au mois d'avril 1758, une escadre attaqua à l'embouchure de la Charente, cinq vaisseaux de ligne et des transports chargés de troupes et de munitions pour le Canada, mais une partie de nos bâtiments gagnèrent le large ; les autres s'échouèrent à la côte en y jetant leur chargement et l'expédition fut manquée.

Nos vaisseaux furent moins heureux au mois de juin 1758, lorsque les Anglais les incendièrent dans le port de Saint-Malo, malgré l'énergique résistance dont fit preuve un bataillon de milice de Fontenay-le-Comte (4).

 

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NOTES:

(1) Archives de Fontenay, tome V, pages 235-236 etc.

(2) Dans une lettre de Claude, vicomte de la Chatre, existe une protestation contre « la prise d'un drapeau emblématique par les nobles ». (Archives de Fontenay, tome V, pages 261-262 et 263).

(3) Extrait des papiers de M. Courteaud, curé d'Adilly (Deux-Sèvres), Revue du Bas-Poitou, IVe année, pages 411 et 412.

(4) Bretagne et Vendée, T. III, page 163. - Un bas-poitevin, Isaac de Bessay, de l'illustre famille de Lusignan, prit une part active à la guerre de sept ans, où il fut fait prisonnier par les Anglais. Il assista, au mois de juillet 1778 au combat d'Ouessant, où il commandait l'Intrépide, qui coula sous ses pieds. Il monta alors sur le vaisseau la Couronne, où il fut tué peu d'heures après.

 

ACHÈVEMENT DE ROUTES ET PONTS. - ÉTABLISSEMENT DE LA POSTE AUX CHEVAUX

 

Les travaux de construction des routes dont nous avons parlé plus haut se continuaient néanmoins sous l'intelligente direction de l'ingénieur Parent de Curzon. Au mois de juin 1766, on poussait activement ceux du pont de Puy-Bernier. Le 1er septembre 1766, le corps de ville de Fontenay décidait l'établissement de la poste aux chevaux sur la route de Niort à Nantes, et le 8 septembre 1766, délivrait le brevet de maître de la poste aux chevaux au sieur Lecomte, dont le fils devait plus tard se distinguer comme officier de l'armée républicaine, pendant les guerres de Vendée.

Le 28 avril 1767, Parent de Curzon proposait au maire de placer une inscription commémorative de la construction de la route de Niort aux Sables, sur la façade des bureaux d'octroi à édifier dans le clos des Jacobins (1). - Le Pont-Neuf ne fut livré à la circulation qu'en 1776. Le devis présenté le 28 mai 1775 accusait une dépense de 31.311 livres 3 sols 8 deniers. Les deux routes dont nous avons parlé étaient à peine complètement terminées lorsqu'éclata la Révolution (2).

 

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NOTES:

(1) Archives de Fontenay, T. V, pages 443, 449 et 453.

(2) L'ingénieur Parent dirigea tous ces travaux et fit démolir pendant leur cours le château de Fontenay et une grande partie des fortifications pour avoir les pierres.

 

TRAVAUX AU PORT DES SABLES-D'OLONNE

 

Le port des Sables-d'Olonne, dont les premiers travaux importants ne remontent qu'à Louis XI, avait rapidement pris un grand développement, et la ville était devenue considérable, mais au XVIIIe siècle, la prospérité de ce port avait tout à fait cessé. La partie de la ville qui s'étendait au midi avait été détruite par la mer, et en 1750, toute une rue, formée d'une grande quantité de maisons, avait été renversée. Les sables, arrachés de la côte et de la ville, avaient été entraînés dans le chenal et dans le port qui s'étaient encombrés, et l'entrée en était d'autant plus dangereuse que la rade, inégalement approfondie par des courants tortueux, n'offrait plus de chenal fixe et sûr, de sorte que la plupart des navires qui se présentaient pour entrer ou pour sortir, lors d'un vent considérable de sud-ouest ou de sud-est, se trouvaient affalés et périssaient sur les rochers de la pointe Saint-Nicolas, près de la ville.

Le commerce des Sables-d'Olonne déclinait de plus en plus. Le port était devenu si mauvais que souvent des barques de 80 à 100 tonneaux ne pouvaient y entrer ni en sortir que pendant deux ou trois jours des vives eaux, c'est-à-dire pendant quatre ou cinq jours par mois. Il arrivait même que, pour procurer aux navires un passage toujours dangereux à travers des sables, on était obligé d'établir des épis flottants de fagots. A l'époque des marées faibles, toutes les précautions étaient infructueuses, et les navires étaient obligés de mouiller en rade ou de se retirer dans les rades des coureaux de La Rochelle, pour y attendre souvent très longtemps des marées favorables.

Comme la rade se joignait alors immédiatement avec le port, les mouvements du dehors se ressentaient dans le port avec une telle force que des murs de quai, construits le long du bourg de la Chaume, se trouvaient presque entièrement détruits, et que le 20 février 1747, quinze navires amarrés au quai des Sables et en armement pour Saint-Domingue, furent tourmentés, cassèrent leurs cables et furent tous jetés ou dispersés sur divers points. Un événement semblable arriva en mars 1751. Cet état empirait chaque jour et le Poitou était menacé de perdre le plus important de ses ports, qui était l'œuvre de l'habileté de Louis XI et de Philippe de Commynes, lorsqu'en 1751, des ingénieurs furent chargés de projeter des ouvrages au moyen desquels on put parvenir à conserver le reste de la ville et à améliorer le port des Sables. On pensa que, pour remplir ce double but, il ne s'agissait que de couvrir la ville au sud, du côté de la mer, par un mur venant se raccorder aux anciens quais du port. La construction de ce mur d'enceinte fut commencée en 1751, continuée jusqu'en 1756 à 526 mètres, et suspendue ensuite, faute de fonds.

La faiblesse de cet ouvrage, et son peu de profondeur en fondation sur le sable mouvant, lui firent éprouver des dégradations continuelles, et d'ailleurs ce mur ne pouvait pas empêcher l'encombrement du port. La mer parvint, en 1760, à détruire encore plusieurs maisons de la ville. En 1762, des ingénieurs furent chargés d'examiner de nouveau, par quels ouvrages on parviendrait à conserver cette ville et à améliorer son port. Ces ingénieurs, au lieu d'adopter les bases des travaux commencés en 1751, et interrompus en 1756, pensèrent au contraire qu'il fallait s'avancer en mer, en construisant une jetée capable de fixer le chenal, le long du coteau de la Chaume, et d'opérer le long de la ville des atterrissements, au moyen desquels cette ville put se trouver en sûreté contre les entreprises de la mer ; on pensa que cette jetée intercepterait les sables qui se rendaient dans le port, et, en augmentant la vitesse du courant, ferait entraîner au dehors la majeure partie de ceux qui se trouvaient déjà dans le port et dans le chenal. Ces ingénieurs proposèrent de revêtir le coteau de la Chaume par un quai, pour faire cesser les retours de marées, occasionnées par les aspérités d'où la mer détachait des matières qui s'introduisaient dans le port, et pour procurer le long du coteau un halage qui était impraticahle ; ils jugèrent également à propos de construire sur les rochers de la pointe Saint-Nicolas une jetée, à l'effet d'intercepter les coups de mer qui poussaient à la côte et faisaient périr les vaisseaux qui entraient et qui sortaient. Dans le but d'approfondir le chenal et le port, de lui donner plus d'importance et de le rendre plus avantageux au commerce, ils furent d'avis de construire à l'intérieur une écluse de chasse et un bassin, et enfin, pour tirer tout le parti dont le local était susceptible, ils proposèrent de conduire dans le port la rivière d'Ile ? par un canal pouvant au besoin procurer une grande quantité d'eau.

Le peu de fonds dont on pouvait disposer ne permit pas d'entreprendre de suite tous ces ouvrages ; il fallut se borner à celui qui était le plus pressant et qui consistait à mettre la ville en sûreté contre les entreprises de la mer ; on y parvint en 1763, par la construction d'un éperon provisoire en bois, de 82 mètres de longueur, qui fixa l'opinion sur les effets de la jetée qui était proposée. Pendant les années 1764 et 1765, on construisit la jetée Saint-Nicolas de la Chaume, dont le succès, ainsi que celui de l'éperon provisoire, fut constaté de la manière la plus positive, par une lettre du 9 septembre 1765, de la communauté de la ville des Sables, qui priait instamment l'administration de faire commencer la grande jetée. D'ailleurs, pour ne pas perdre entièrement le mur construit de 1751 à 1756, qui était plus agréatble qu'utile à la ville des Sables, on l'avait terminé dès l'année 1763 par un pan coupé, et on avait fait par derrière des remblais et des pavés au moyen desquels il était devenu la promenade de la ville.

Les fonds consacrés à la restauration du port des Sables ayant été augmentés, la grande jetée en pierres qu'on admire encore aujourd'hui fut commencée en 1767 ; on s'était d'abord proposé de ne lui donnerà compter du port que 390 mètres de longeur, parce qu'on avait pensé qu'il serait impossible de s'avancer plus loin, à cause des obstacles que la mer apporterait aux fondations, mais l'art a su vaincre les difficultés et l'on est parvenu à porter cette jetée à 725 mètres ; elle se trouve arriver au point où la mer termine sa retraite lors des plus grandes marées d'équinoxe.

Ces beaux ouvrages ont enfin mis la ville des Sables-d'Olonne à l'abri des entreprises de la mer ; ils ont empêché le premier port du Poitou de s'encombrer ; les heureux effets qu'ils ont ainsi produits sur la prospérité du pays sont immenses, et depuis le jour où Thibaudeau écrivait les lignes qui précèdent, la création d'un bassin à flot et d'autres travaux importants ont donné au port des Sables-d'Olonne une importance que l'auteur de l'Histoire du Poitou ne pouvait soupçonner.

 

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LETTRES, SCIENCES ET ARTS

 

Louis XV était descendu dans la tombe le 10 mai 1774, et depuis ce moment, jusqu'à la convocation des notables (1787), le Bas-Poitou resta dans une sorte d'effacement complet. Le bagage littéraire et scientifique est assez mince ; des bouts rimés de petits vers galants, des épigrammes où Jansénistes et Jésuites étaient parfois plaisamment tournés, en firent tous les frais. Seul ou à peu près, l'abbé Gusteau, prieur curé de Doix, échappa à cette affeterie, et composa des chansons et des Noëls d'un style naïf qui ne manque pas de charme. Sa traduction de la première églogue de Virgile est surtout un modèle du genre. On n'en saurait dire autant du roman immonde de Justine, composé en partie par le marquis de Sade à Fontenay, où il avait été envoyé en garnison sous Louis XVI, et qu'il fut obligé de quitter à la suite d'un duel avec le fils d'un des magistrats de la sénéchaussée.

En ce qui concerne les arts, nous dirons pour n'y plus revenir, un mot sur les poteries poitevines du XVIIe siècle à nos jours, et sur les verreries de notre pays.

 

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POTERIES POITEVINES (XVIIe SIÈCLE)

 

Rigné ou Rigny, près de Thouars, « cinq douzaines d'assiettes de terre de Rigné et d'Ardelay. » Inventaire de François Ber
land, fait à la Guittonnière, paroisse de Périgné, près de Melle, le 18 août 1620. Ardelay (près les Herbiers), ci-dessus mentionné ; l'Ile-d'Elle. Suivant supplique de David Rolland, maître verrier, natif de Parthenay (22 mars 1636), adressée à Mgr de Villemontée, intendant du roi, ès-pays de Poictou, Saintonge, Aunis et La Rochelle, il ressort, que le 11 du mois précédent, Mathieu Gendronneau, paroissien de Saint-Hilaire de l'Ile-d'Elle, diocèse de Saintes, aurait affermé au dit Rolland, « une maison sise au dict bourg et quairuage y joignant à ceste  fin d'y establir un four et fabrique de poteries et autres vaisselles de terre, d'iceluy lieu de l'Isle-d'Elle tout ainsi que la dite industrie s'y pratiquait d'ancienneté. »

 

Aiguière d'Oiron (fin du XVIe siècle). (Cliché Fillon)

 

Une maison isolée placée sur l'autre rive de la rivière Vendée, porte encore le nom de la Faïencerie. Le dépôt de terre de l'Ile-d'Elle propre à la poterie est très considérable (1).

Le four fut renversé vers 1710 et rétabli à Marans.

 

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NOTES:

(1) L'Art de terre chez les Poitevins, pp. 146 à 149.

 

XVIIIe SIÈCLE

 

Vendrennes. - Le 14 mai 1774, Philippe de Sarode et Marc Lozelet de Vendrennes, sollicitèrent la faveur d'être autorisés « à fabriquer de la porcelaine à la verrerie de cette paroisse ». Ils se recommandaient de l'ancienneté de leurs familles « en l'estat de verrier et de la pratique qu'ils avaient de ce nouvel art », que le sieur Lozelet avait exercé plusieurs années à Paris et autres endroits.

Longtemps avant 1772, l'aïeul de Sarode avait fabriqué de la porcelaine qui devait être factice et de pâte tendre.

Saint-Denis-la-Clievasse. - Le 1er juillet 1784, le marquis de Torcy suppliait Calonne de vouloir bien lui accorder un privilège, pour établir une manufacture de porcelaine dans sa terre de Saint -Denis-la-Chevasse. Cette demande, transmise le 8 juillet 1784, à M. de Blossac, intendant de la province du Poitou, fut chaudement appuyée par lui, le 4 août suivant. On ignore si ce projet reçut un commencement d'exécution.

 

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XIXe SIÈCLE

 

Vers 1815, un ouvrier, étranger au département de la Vendée, vint établir un four dans l'enclôture du bois du Landreau, près des Herbiers, mais il mourut bientôt d'une maladie de poitrine et sa petite fabrique disparut avec lui. Il y faisait de la vaisselle à fond blanc avec fleurs et coqs de couleurs éclatantes. Un autre individu lui avait fait un instant concurrence à Bourbon-Vendée, seulement, il avait ajouté à son commerce la fabrication des épis destinés à surmonter le faîtage des maisons.

 

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POTERIES FAITES A L'ÉTRANGER POUR DES POITEVINS

 

Espagne. - Tasse de faïence populaire, servant à faire manger les oiseaux en cage, fabriqué à Pont-l'Archevêque, pour
Félix-Marie Rainier, curé de l'Orberie, près Fontenay-le-Comte, déporté en Espagne le 6 septembre 1792, mort curé de Mervent.

Le même pays a fourni aussi des poteries plus luxueuses au général Belliard, qui fut gouverneur de Madrid, de 1809 à1812 (1).

 

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NOTES:

(1) Comme nous l'avons indiqué précédemment et pour la commodité du tirage, nous avons reproduit sur une planche hors texte du chapitre VI, différents types de poteries de diverses époques. Nous signalerons particulièrement à partir du XVIe siècle.

23. Buie en faïence d'Oiron, XVIe siècle. - 24. Grand plat ovale de 0,55 sur 0,43, attribué à Bernard Palissy. - Fut longtemps dans la famille Benoist, des Sables d'Olonne, originaire de Fontenay-le-Comte. - 25. Hanap en terre blanche, provenant probablement des fabriques de Nantes. - 26. Pavés de la chambre à coucher de Marie de la Tour, duchesse de la Trémouille, fabriqués probablement à. Thouars. - 27. Ecusson. - 28. Ecuelle. - 29. Assiettes à bords dentelés provenant de Saint Porchaire. - 30. Buste, copie de l'antique, en Kaolin de la Chaize-leVicomte, modelé par Drouard ; commencement du XIXe. - 31. Assiette dentelée. - 32. (Do). - 33. Epi attribué à Giraudon, potier à Bel-Air, près Fontenay

 

LES VERRERIES BAS-POITEVINES, DEPUIS LE XVe SIÈCLE JUSQU'A NOS JOURS

 

L'industrie du verre n'a cessé de fonctionner chez nous, mème aux temps les plus troublés de notre histoire.

 

LA ROCHE-SUR-YON

En 1456, une charte est octroyée par René d'Anjou, en faveur des verriers de La Roche-sur-Yon.

 

LE RORTEAU (commune de Dompierre)

Arrentement d'un terrain situé dans le bois du Rorteau, consenti le 19 mars 1486, par Guyon de Rezé, seigneur de la Merlatière, à Jacques Bertrand, seigneur de la Vrignonnière et à Jean Bertrand, son frère, pour y construire une verrerie, moyennant soixante sols tournois de cens et devoir noble, et un certain nombre de verres, aiguières et godolfes « pour mettre l'eau à distiller à la chambre (1) ».

La verrerie du Rorteau était exploitée en 1696 par Jeanne Racquet, veuve de Frédéric de Roussy, écuyer. Les Roussy restèrent verriers en ce lieu jusqu'à la Révolution.

 

(1) Document communiqué à Benjamin Fillon, par M. Gourraud, ancien notaire à Chavagnes-en-Paillers.

 

MERVENT

Une verrerie importante fonctionnait dans la forêt de Mervent, au lieu dit Les Hautes Verreries, à la fin du XVIIIe siècle.

On y voit encore les ruines de cinq fours, dont quelques-uns fouillés par nous pendant le mois de mai 1889, nous ont révélé la présence de produits vitrifiés nombreux. Nous y avons trouvé notamment des frittes en abondance, des fragments de creusets, une sorte de crémaillère en fer, de forme moderne, bien conservée, qui se trouvait à l'entrée d'un des fourneaux, plusieurs gouttes de verre à bouteille, dont une du poids de 170 grammes ; est absolument semblable à celui fabriqué il y a quelque quinze ans à Faymoreau, et plus de soixante casseaux de verre, dont quelques-uns ont appartenu à des vases de formes diverses. L'un de ces fragments nous a présenté une cassure bizarre ; composé de deux couches de verre de tons différents, formant corps, il semble avoir été fabriqué à l'aide du procédé des anciens, tant vanté par Pline, et auquel serait due la perfection de la fameuse coupe dite de Portland, conservée à Londres et autrefois dans le palais Barberine à Rome (1).

Depuis la Révolution, l'industrie du verre ne s'est pas relevée en Vendée. Un essai de fabrication de verre blanc fut tenté sous le Consulat, au Petit-Bourg des Herbiers. On y faisait surtout des ustensiles populaires, ornés de coqs, de papillons et de fleurs colorés en rouge, jaune et noir. Les fours étaient installés dans la vieille église. Au bout de peu d'années, on fut forcé de les éteindre, de même que ceux d'une faïencerie commune dressée à côté, dans le parc du Landreau, mais il existe toujours dans cette commune des fabricants de grosse poterie (2).
Il n'existe plus en Vendée de verrerie depuis environ 20 ans.

 

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NOTES:

(1) Louis-Brochet. La Forêt de Vouvent, son histoire et ses sites, page 159.

(2) Les godolfes ou guedoufles mentionnés plus haut, sont des vases bibursiformes, destinés soit à contenir l'huile et le vinaigre, soit àfiltrer les liquides, lorsque leurs deux parties communiquaient entre elles par un petit tube. - Les comptes de la succession de Michel Tiraqueau mentionnent l'emploi du verre pour les serres chaudes. A cette époque, un peintre verrier du nom de Didier de Maignac, de Bourganeuf, s'était établi à Fontenay, mais il faut croire que son métier n'était pas lucratif, car il se fit potier.

 

LE POITOU DONNÉ EN APANAGE AU COMTE D'ARTOIS

 

Un changement auquel il fallait s'attendre, en voyant s'abaisser successivement les caractères d'autonomie administrative, vint annoncer aux habitants de la cité poitevine qu'elle n'avait plus rien de ses antiques immunités. En 1778, Louis XVIII nomma son frère le comte d'Artois, depuis Charles X, comte apanagiste du Poitou, avec tous les honneurs de la souveraineté dans cette province. Le prince prit possession de son apanage par son intendant, Elie de Beaumont, qui, accueilli magnifiquement, reçut le serment de fidélité de tous les corps et dignitaires de la ville de Poitiers.

Le comte d'Artois, qui était venu en Bas-Poitou l'année précédente, et qui avait même dîné à Saint-Fulgent, le 25 mai 1777, se rendit en 1782 à Poitiers, où il fut peu convenable. Il parut trop grand seigneur du temps à cette magistrature, qui chez nous, gardait encore sa vieille et austère dignité. En quittant Poitiers, il n'emporta ni les vœux ni l'estime d'une ville où l'on croyait encore que l'élévation du rang exigent la gravité de la vie et la délicatesse du sentiment. (Auber, IX, page 471) (1).

 

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NOTES:
p class="note">(1) La forêt de Vouvent fut, en novembre 1778, distraite du domaine royal pour faire partie des propriétés privées du comte d'Artois : elle revint enfin au domaine de l'Etat au moment de la Révolution.

 

L'INSTRUCTION PUBLIQUE EN BAS-POITOU A U MOMENT ET PENDANT LA RÉVOLUTION

 

Au début de la Révolution, la Vendée ne possédait que trois maisons d'instruction publique (1) pour les garçons.

1° Le Séminaire-collège de Luçon, sous la direction des Lazaristes.

2° Le collège de Fontenay avec six professeurs.

3° L'école de Montaigu, fondée par les anciens seigneurs du lieu et dotée par eux d'une rente de 300 livres, possédait un :maître et deux sous-maîtres y enseignant les éléments de la langue latine.

Le 13 juillet 1796, grâce à l'influence de Rodrigue, l'ancien séminaire-collège de Luçon, devenu un hospice militaire, fut désigné pour recevoir l'école centrale qui ne paraît pas avoir jamais été bien florissante, attendu qu'en 1802, 45 élèves seulement en suivaient les cours.

Cette même année, une loi du 1er mars 1802 décidait que les lycées remplaceraient les écoles centrales, dans la proportion d'un par arrondissement de tribunal d'appel. Le 15 avril de l'année suivante, un arrêté des consuls autorisait la commune de Fontenay à établir une école secondaire dans le ci-devant couvent de N.-D. L'inauguration en eut lieu solennellement le 14 floréal, an XII (4 mai 1804).

L'année suivante, la munificence de Napoléon Ier dotait les populations du Marais de la Vendée d'un collège impérial à Saint-Jean-de-Monts, avec entretien de 50 élèves boursiers, aux frais de l'Etat, sous la direction de Dom Graux, curé de Saint-Gilles-sur-Vie. Au mois de décembre 1810, les établissements d'instruction du département étaient : Le Séminaire de Chavagnes, avec 120 élèves, le collège de Saint-Jean-de-Monts, sous la direction de Châtain, avec quatre professeurs et 45 élèves, le collège communal de Fontenay, de plein exercice sous la direction de l'abbé Garnereau, avec trois professeurs, 25 à 30 pensionnaires ; l'école communale des Sables, dirigée par Sauvage ; celles de Luçon par Poudral et de Montaigu par Aillery.

 

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NOTES:

(1) Enseignement secondaire.

 

LE PETIT-SAINT-CYR, PAR BRUMAULD DE BEAUREGARD, ANCIEN ÉVÊQUE D'ORLÉANS

 

Vers 1780, le Petit-Saint-Cyr, célèbre pensionnat de jeunes filles, fut fondé à Luçon, par l'abbé André de Beauregard. Cet établissement, dont il ne reste plus trace aujourd'hui, était enserré dans une vaste enclôture, sise sur l'emplacement du couvent des Carmélites, et non loin de l'hôpital actuel (1).

Après avoir exposé l'état précaire de l'instruction des jeunes filles du Bas-Poitou vers cette époque, et les difficultés pour les familles nobles de doter leurs enfants des bienfaits de l'éducation..., l'auteur met en lumière le «modus vivendi » des classes aisées, leur vie simple et retirée au fond de leurs manoirs, heureuses de pratiquer les devoirs de l'hospitalité à l'égard de leurs voisins, et partageant avec eux les émotions des grandes chasses, entremêlées de joyeux plaisirs champêtres qu'égayaient les chansons d'autrefois, et ces délicieuses gavottes, qui mettaient en mouvement des voix jeunes et fraîches sur l'herbe des pelouses ou sous l'ombrage des charmilles.

Les motifs qui poussaient l'abbé de Beauregard à fonder cet établissement furent d'abord le désir de propager les bonnes mœurs parmi les jeunes filles, de relever leur niveau intellectuel, de les façonner dès le bas-âge au soin du ménage, et de les renvoyer ainsi formées dans leurs familles, pour leur faciliter des alliances avantageuses. Des jeunes ouvrières de la campagne devaient en outre être attachées à la maison, pour y apprendre la coupe et le ravaudage des habits...

Placé sous la direction des religieuses de l'Union-Chrétienne, cet établissement, fondé grâce à la munificence du duc de Penthièvre, compta à son inauguration quatre-vingt élèves...

Ce pensionnat eut bientôt acquis un tel renom, que les familles de Poitou et de Bretagne se disputaient les bourses devenues disponibles. Tout allait donc à souhait pour assurer le succès de l'œuvre entreprise par le théologal, lorsqu'éclata le Révolution qui, en obligeant les ordres religieux à se disperser, provoqua, en mars 1792, la fermeture du couvent et le renvoi à leurs familles des élèves qui en suivaient les cours.

 

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NOTES:

(1) Ces bâtiments furent convertis le 25 frimaire, an II (15 décembre), en une caserne pour les troupes de la garnison.

 

ECOLES POUR LES FILLES DU PEUPLE (1)

 

 

« Si les fondateurs du Petit-Saint-Cyr avaient eu surtout pour objectif de procurer aux filles de noble origine une éducation selon leur naissance, ils voulurent y admettre également les enfants de la bourgeoisie, en moins grand nombre sans doute, mais aux mêmes conditions. Il y eut même une école spéciale pour les jeunes filles du peuple, qui y reçurent une éducation suffisante pour leur condition.

Comme à Saint-Cyr, le pensionnat était divisé en trois classes, distinguées par un ruban de couleur différente. La troisième classe, celle des plus jeunes élèves, portait le ruban rouge ; le deuxième, ou classe moyenne, le ruban bleu ; la première, celle des grands, le ruban violet. On était admis à cette dernière qu'après la première communion.

Il y avait en outre une classe formée de l'élite de la première, ornée d'un ruban spécial. Une vertu solide, un caractère irréprochable étaient les conditions d'admission. C'étaient alors pour les élèves des amies et des modèles, et pour les maîtresses d'utiles auxiliaires, car elles passaient successivement dans les diverses classes et y faisaient la leçon, mais en présence d'une maîtresse. »

 

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NOTES:

(1) (Extrait de l'annuaire 1888 - Bitton)

 

Vue de Fontenay-le-Comte

Cliché Giraudeau

 

 

 

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