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	   | CHAPITRE XIV DE L’ENVAHISSEMENT DU POITOU PAR SAINT LOUIS (1242) 
        A LA GUERRE DE CENT ANS
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   Saint Louis en Poitou. Sièges de Fontenay-Rohan, Béruges, 
  Fontenay-le-Comte, Mervent et Vouvent (1242). 
  Excommunication de Geoffroy, dit la Grand’Dent (1230). Toute puissance 
      des papes.
 
  Concession d’un droit aux frères de l’Aumônerie 
      de Fontenay. Excommunication contre les Seigneurs de Mouchamps et de Puybelliard.
 
  La légende de Mélusine.
 
  Fontenay réuni aux domaines d’Alphonse, - Hommage 
          de divers seigneurs, - Gouvernement Paternel d’Alphonse, - Sa mort (1271), 
          - Philippe le Hardi en Bas-Poitou et à Fontenay (1272).
 
  Inondation à Fontenay. Construction de l’Acheneau 
            neuf. Erection de Fontenay en siège Royal.
 
  Le Grand Gauthier (1307).
 
  Erection de Luçon et de Maillezais en évêchés (1317).
 
  Mort de Philippe le Long, - Règlements de police (1343).
 
  Etat littéraire, scientifique et social du Poitou au commencement du 
            XIV°siècle.
 
  Robert Girard, moine de Saint-Michel-en-l’Herm.
 
  Pierre de Bressuire, dit Berchorius. Marchebuse. Pierre Bugon, Béatrix 
            d’Agout.
 
  Spécimen de la langue et de l’orthographe française 
            en Bas-Poitou au commencement du XIV° siècle (29 octobre 1324).
 
  Mode de succession noble existant entre la Dive et la Sèvre, la Sèvre 
            et la mer.
 
  Canton des Essarts, etc. Le mariage de la fille aînée du seigneur 
            en 1340.
 
  Commerce, - Industrie, - Etat social à Fontenay au commencement du XIV° 
            siècle.
 
  Etat social général en Bas-Poitou. Les roturiers eux aussi peuvent 
              acquérir. 
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    	| SAINT LOUIS -EN POITOU. - SIÈGE DE FRONTENAY- ROHAN, BÉRUGES,
 FONTENAY-LE-COMTE, MERVENT ET VOUVENT.
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		| Hugues X, comte; de la Marche, seigneur de Lusignan, obéissant 
          aux impulsions dosa femme Isabelle, qui s'appelait orgueilleusement 
          Comtesse et Reine, parce qu'avant d'épouser le comte de la Marche 
          et d'Angoulême, elle avait appartenu en premières noces 
          à Jean-Sans-Terre (1); et qui ne pouvait souffrir la pensée 
          que son mari fut soumis à personne, résolut de profiter 
          de la première occasion de se soulever contre la suzerainèté 
          d'Alphonse et du roi son frère. De son côté ce dernier 
          avait atteint, depuis le 23 avril 1236, sa majorité, et s'était 
          déjà montré plein de prudence et de fermeté. 
          - Alphonse, quoique plus jeune de quatre ou' cinq ans, se sentait fort 
          d'un tel frère. Il habitait généralement Poitiers 
          et s'y trouvait, en 1242, lorsque Hugues, toujours poussé par 
          sa femme, qui ne lui pardonnait pas d'avoir reconnu en lui un maître, 
          vint jusque dans le palais du comte lui déclarer insolemment 
          qu'il ne le; reconnaissait plus comme son suzerain, pas plus que le, 
          roi son frère, et qu'entre eux et lui, il en appelait désormais 
          aux armes. Après ces paroles de colère, il disparaît, 
          rejoint ses gens, met le feu à la maison qu'il avait habitée 
          à Poitiers, et repart pour Lusignan. C'était une guerre 
          déclarée; Louis ne la refusa point. Il passe en Poitou, 
          ravage les terres du comte de la Marche, et prend ses meilleures, places. 
          Hugues appelle à son secours son beaufrère Henri III, 
          qui débarque à Royan et s'avance sur les rives de la Charente 
          (2). Louis disposait d'une flotte de quatre-vingts navires équipés 
          à la Rochelle, et de trente-mille hommes, Il marche à 
          la rencontre des révoltés et les trouve rangés 
          en bataille sur les bords du fleuve. Le monarque anglais s'était 
          emparé du pont de Taillehourg ; il fallait enlever le poste ou 
          traverser la Charente à la nage et sacrifier des milliers de 
          soldats. Louis, suivi seulement de finit chevaliers, s'avance sur le 
          pont, bravant les coups de l'ennemi. L'armée s'élance 
          sur le chemin qu'avait frayé l'épée du roi et repousse 
          les Anglais jusque sous les murs de Saintes. Poursuivant ses exploits, 
          il ruine-les domaines seigneuriaux des Lusignan, détruit ce qui 
          leur appartenait aux environs de, Poitiers, rase le château de 
          Béruges et de. Montreuil-Bonnin, assiège et prend Frontenay-Rohan-Rohan, 
          où s'était enfermé le ameux Geoffroy la Grand'Dent, 
          terreur des moines de Maillezais et des environs et qui, quelque temps 
          auparavant, avait pillé et détruit le château de 
          l'Hermenault. Avant ce dernier assaut où fut blessé Alphonse, 
          Geoffroy déserte son poste et court se réfugier à 
          Fontenay. La terreur qu'inspirait le roi était telle, qu'après 
          trois jours d'assaut, Fontenay, défendu par Geoffroy la Grand'Dent, 
          lui ouvre ses portes (26 mai) (3). Mervent est pris également 
          (4), et le roi le donne à Maurice Gallereau, avec la terre des 
          Ouillères, confisquée sur Geoffroy, et lui promet en même 
          temps de lui livrer en échange, s'il les retirait, Monzay (Deux-Sèvres), 
          et Escoué, en la paroisse de Montreuil (5). Quatre jours après, 
          Vouvent avait le même sort que Mervent (6). La réconciliation dut s'opérer à quelques mois 
          de là, et Geoffroy rentrer en grâce avec son suzerain, 
          car nous le voyons, en avril 1213, rendre foi et hommage à Alphonse, 
          pour les châteaux de Mervent et de Vouvent, et les fiefs de Fontenay 
          et de Soubise (7). Plus tard, Mervent et Vouvent passèrent aux Parthenay l'Archevesque 
          et aux de Rohan, qui ont produit une foule de guerriers fameux et de 
          femmes célèbres. Une trêve de cinq ans fut conclue entre les deux rois, et un 
          des résultats de cette guerre fut que Saint Louis ordonna aux 
          seigneurs poitevins qui possédaient des fiefs en même temps 
          en France et en Angleterre, d'avoir à choisir entre les deux 
          pays; un même vassal ne pouvant avoir à la fois deux suzerains. 
          Les seigneurs s'y conformèrent, et désormais aucun de 
          ceux du Poitou ne dépendit d'aucun seigneur d'outre-mer (Mathieu 
          Paris, ad anno 124? (8).   Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Toutes les chroniques. (2) D'après une enquête de l'an 1255, Thibault-Chastaigner, 
          seigneur de la Meilleraye, de Réaurnur, etc., et ses deux fils, 
          auteurs de la branche des seigneurs du Breuil, de Challans, la Jarrie 
          et Saint-Fulgent, embrassèrent le parti de Saint Louis et du 
          comte Alphonse, son frère, dans la guerre que ces princes soutinrent, 
          en 1241, contre Hugues, de Lusignan, au sujet de l'investiture du Poitou 
          (BeauchetFilteau, page 622). (3) L'armée de Saint Louis campait dans le champ 
          de foire actuel, (4) On montre encore, à gauche du vieux château, 
          les rochers où, selon la tradition, aurait campé le roi 
          de France. (5) archives de Fontenay. T. I, page 95. (6) Le château de Pouzauges était également 
          remis à Saint Louis, qui y mettait une garnison, sous le commandement 
          du sire de Châteaubriant, qui promettait de le remettre au roi 
          à, première réquisition. (Archives de Fontenay, 
          T. I, page 97 - mai 1242.) Les mômes archives font connaître 
          que Saint Louis était a Vouvent le 30 mai et le 6 juin. (7) Archives de Fontenay, T. 7, page 103. - Original, 
          - Archives nationales, carton J, 490. - La paix avait été 
          signée avec Hugues de Lusignan, devant Pons, au mois d'août 
          1242. (8) En 1249, les Juifs étaient chassés du 
          Poitou, et pendant la cinquième croisade, notre pays fut administré 
          par Blanche de Castille, aidée de Philippe, trésorier 
          de Saint-Hilaire, maître Renaud, homme de loi, et Guillaume d'Esnancourt 
          (Antiquaires de l'Ouest, III, 407 et suivantes).   |  		
    	| EXCOMMUNICATION DE GEOFFROY 
          DE LUSIGNAN DIT LA GRAND' DENT.
 TOUTE PUISSANCE DES PAPES.
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		| Geoffroy Ier, frère de Guy de Lusignan, roi de Jérusalem, 
          après s'être couvert de gloire devant Saint-Jean-d'Acre, 
          en 1180, était revenu avec le titre de seigneur de Jaffa et de 
          Césarée en Poitou, où il entretenait une suite 
          nombreuse de routiers, avec lesquels (chose inconcevable), il se ruait 
          de préférence sur les abbayes et les prieurés. 
          Maillezais était surtout le monastère, sur lequel il s'acharnait 
          le plus volontiers, et, sa mort avait été accueillie avec 
          un vrai plaisir. Son fils Geoffroy II, dit la Grand'Dent (1), devait marcher sur ses 
          traces et dépasser même les horreurs commises par son père. 
          Pendant de longues années, l'abbaye de Maillezais est pressurée 
          et ses biens ravagés : l'abbé Guillaume III, surnommé 
          le Fort, se décide à mettre fin à la persécution 
          et il déclare en personne, au, terrible baron, qu'il s'opposerait 
          énergiquement à la continuation de ses violences, mais 
          rien n'y fait, Guillaume aggrave ses exactions, poursuit de sa haine 
          tous les autres monastères, notamment celui de l'Absie. L'abbé 
          .Guillaume se rend à Rome, et obtient du Pape Honorius III, que 
          le spoliateur serait puni des peines canoniques, mais à son retour 
          il meurt. Geoffroy envahit de nouveau le monastère; de Maillezais, 
          et le pille. Les moines, sous la conduite de leur nouvel abbé 
          Raynaud ou Baynald, abandonnent l'abbaye, et à travers plusieurs 
          lieues de marais, arrivent à Niort où ils reçoivent 
          un asile. Le châtiment ne devait pas se faire attendre plus longtemps ; 
          sur les réclamations de Raynald, Grégoire IX lance contre 
          le puissant seigneur une bulle d'excommunication qui le met en interdit. 
          Quand Geoffroy paraît, les flambeaux s'éteignent, le service 
          divin cesse, la foule s'écoule, les temples, sont fermés... A cette époque de foi profonde, l'interdit était une 
          arme redoutable entre les mains des papes, et Geoffroy, obligé 
          comme les plus puissants rois du moyen âge, de s'humilier devant 
          la tiare pontificale, signe à Spolète un traité, 
          en vertu duquel l'île de Maillezais tout entière, Souil 
          et Chalais, sont libres de toutes redevances, coutumes, juridictions 
          auxquelles il prétendait. Ce traité concède aussi 
          aux Frères de l'Aumônerie, près Fontenay, un droit 
          de chauffage dans la forêt de Mervent. L'excommunication est levée 
          (1 juillet 1232). Mais préalablement à son départ pour Rome, il 
          avait dû prouver son repentir et réparer les maux qu'il 
          avait causés. C'est sans doute; dans ce dessein que fut écrite 
          la charte traduite par Apollinaire Briquet, et dont nous donnons un 
          extrait :  " A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Geoffroy 
          de Leziniem, vicomte de Châtellerault, seigneur de Volvent et 
          Mayrevant, salut éternel. Vous saurez que, étant sur le 
          point de prendre le chemin de la cour de Rome, pour terminer mes différents 
          avec l'église de Maillezais, j'ai voulu, avant mon départ, 
          satisfaire, autant qu'il en est. en mon pouvoir, tous: ceux qui ont 
          à se plaindre de moi, et surtout, les hommes qui professent la 
          vie religieuse; ce qu'ayant entendu Geiffroi, abbé de l'Absie, 
          il est venu près de moi et m'a demandé réparation 
          des dommages, pertes et injures que moi et mon père avons fait 
          éprouver au monastere et aux moines de l'Absie. J'ai appris par 
          le témoignage de gens (lignes de foi, que ces plaintes étaient 
          justes... Alors pour le remède de mon âme et le salut de 
          mes parents... j'ai satisfait... 1232 (2). " 
 (1) Geoffroy était ainsi nommé parce 
          qu'il avait une dent si. longue, qu'elle sortait de sa bouche. - Une 
          médaille singulière qui, d'après Millin (Voyage 
          dans les départements du midi de la France) n'aurait pas été 
          connue du savant Mazet, ancien bénédictin, représente 
          d'un côté le comte Geoffroy II, coiffé d'un casque 
          singulier attaché avec une mentonnière ; une grande dent 
          sort (le sa bouche et on lit autour de a pièce : Godefridus de 
          Lusinem. Il y a sur le revers de la médaille, la tête d'un 
          animal monstrueux. Tentzel, qui, le premier a décrit cette médaille, 
          dans un ouvrage extrêmement rare, dit que l'histoire de Geoffroy, 
          a Grand' Dent, a été traduite du français en italien 
          et de l'italien en allemand en 1456, par les ordres du margrave Rodolphe 
          de Hochberg. On y lit que deux chevaliers aragonais vinrent inviter 
          le brave Geoffroy a, aller combattre un monstre, gardien d'un trésor 
          qui avait été amassé par quelqu'un de sa maison. 
          Quoique cet animal eût déjà dévoré 
          un chevalier anglais qui vouait, l'attaquer, Geoffroy n'hésita 
          pas de tenter l'aventure, nais il mourut de maladie, avant d'avoir pu 
          joindre le monstre. Cette médaille aura été frappée 
          dans le XVe siècle par quelque seigneur de la maison de Lusignan, 
          qui a voulu honorer a mémoire d'un de ses, plus illustres ancêtres.   Retour 
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		| NOTES: 
 La tête du monstre est celle de celui que Geoffroy 
          aurait certainement vaincu, si la mort ne l'avait prévenu. (2) Histoire du Poitou, - Prières justificatives, 
          t. n, page 483.   |  		
    	| CONCESSION D'UN DROIT AUX 
          FRÈRES DE L'AUMONERIE DE FONTENAY,
 AUTRES EXCOMMUNICATIONS,
 EXCOMMUNICATIONS DIVERSES,
 MOUCHAMPS - EXCOMMUNICATION
   |  
		| Deux ans après, le terrible Geoffroy concédait aux 
          frères de Saint-Lazare de l'Aumônerie de Fontenay, le droit 
          de prendre dans la forêt de Mervent, le bois nécessaire 
          à leur chauffage (1) Geoffroy mourut sans postérité 
          en 1248, et fut inhumé dans l'église de Vouvent, où 
          il avait fondé une chapelle (2). 
 AUTRES EXCOMMUNICATIONS 
 Avant Geoffroy la Grand'Dent, les seigneurs laïques de Mouchamps 
          et de Puybelliard, avaient été frappés des mêmes 
          peines canoniques que lui, et comme lui, avaient du céder devant 
          cette force morale, qui au moyen âge surtout fut redoutable, et 
          souvent aussi, disons-le, utile. 
 EXCOMMUNICATIONS DIVERSES 
 Le Puybelliard. Le prieuré de Puybelliard, dépendant 
          de la célèbre abbaye de Marmoutiers de Tours, avait un 
          dangereux voisin en la personne du vicomte de Thouars, le plus puissant 
          vassal du comte de Poitiers. Il n'y avait pas de vexations qu'il n'essayât 
          sur les pauvres moines, saisissant leurs revenus, pillant leurs terres, 
          enlevant leurs serfs, s'appropriant les blés de leurs semis. 
          Mais un jour de l'année 1186, une feuille de parchemin expédiée 
          de Vérone et portant le sceau du pape Urbain III, fit tomber 
          tout à coup les prétentions tyranniques du seigneur vicomte. 
          C'était une bulle du serviteur des serviteurs de .Dieu à 
          ses chers fils les archiprêtres de Tours et d'Amboise. Voici quelques 
          passages de cette bulle : " Des excès de cette nature ne 
          devant pas être encouragés par une coupable négligence, 
          nous mandons à votre discrétion par les présentes 
          lettres apostoliques, d'admonester très formellement ledit vicomte, 
          pour qu'il restitue ce qu'il a pris, indemnise convenablement les religieux 
          et leurs sujets du tort et des injures qu'il leur a faits, et se désiste 
          dorénavant de tout excès à-leur égard. S'il 
          prétend n'avoir agi qu'en vertu de son droit, examinez l'affaire 
          et jugezlà de suite, et dans le cas où il refuserait, 
          par hasard, de se soumettre à votre admonestation ou sentence, 
          sans vous laisser arrêter par aucun appel formé par ledit 
          vicomte, enchaînez-le dans les liens de l'excommunication et traitez-le 
          en excommunié, défendant à qui que ce soit de l'approcher, 
          jusqu'à ce qu'il vous ait donné pleine satisfaction " 
          (3). 
 MOUCHAMPS. - EXCOMMUNICATION 
 En 1154, le seigneur de Mouchamps, Airaud, établit dans 
          son château situé près de l'église, et sur 
          le sommet du rocher qui domine la pittoresque vallée du Petit-Lay, 
          un pressoir auquel il veut contraindre tous ceux qui possèdent 
          des vignes à apporter leurs vendanges. C'était pour lui 
          un facile moyen de remplir son. cellier des meilleurs vins du cru, sans 
          qu'il lui en contât beaucoup. Les manants courbèrent la 
          tête, mais les moines de la Grenetière, par l'organe de 
          Thomas, leur abbé, réclamèrent près de l'évêque 
          de Poitiers Calon ? qui fit cesser, par une bonne excommunication, les 
          exactions; du seigneur de Mouchamps (4).   Retour 
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		| NOTES: 
 (1) L. Brochet. - Voir la charte dans l'Histoire 
          de la forêt de Vouvent page 29 (2) Geoffroy, , la Grand'Dent, serait le fils d'Eustaehe 
          Chabot, fille de Thibaud-Chabot III, sire de Vouvent, de Rocheservièré 
          et de la Grève, poétisée sous le noue de fée 
          Mélusine. (3) Extrait d'un travail de M. Paul Marchegay. (4) C'est dans les vignobles de la Tranchelandière 
          et de Grandry, que les moines récoltaient leurs meilleurs vins. 
          -De a charte latine analysée par M. Marchegay, il résulte 
          qu'Airaud et l'abbé de la Grenetière comparurent devant 
          l'évêque de Poitiers à Pareds, aujourd'hui simple 
          village de a commune de a Jaudonnière. (Annuaire de la Société 
          d'émulation de la Vendée, année 1857.)   |  		
    	| LA LÉGENDE DE MÉLUSINE   |  
		| Les érudits veulent que les châteaux-forts de Mervent, 
          de Pouzauges, de Tiffauges, de Châteaumur et de Vouvent aient 
          été bâtis vers le XIIe siècle, mais les paysans 
          vendéens ont oublié l'histoire ; ils ne connaissent que 
          la légende et la racontent volontiers aux voyageurs. A une certaine époque, ces châteaux s'élevèrent 
          au-dessus du sol, presque en même temps et avec une rapidité 
          merveilleuse, saris le secours d'aucun ouvrier. Quelle était 
          la main qui dressait ainsi, et comme par enchantement, ces donjons crénelés 
          et redoutables, derrière lesquels devaient s'abriter de puissants 
          seigneurs. Personne ne le savait : le travail se faisait la nuit, Un 
          soir, un homme de Pouzauges, pour découvrir le mystère, 
          se cacha dans les broussailles, au pied du bois de la Folie, non loin 
          de- la' tour carrée à trois étages qui, quoique 
          démantelée, brave encore impunément la fureur des 
          vents et des intempéries. A minuit sonnant, une fée, blanche 
          apparition des nuits, parut : c'était la Mère Lusine qui, 
          seule,, sans secours humain, montait pierres et ciment et parachevait 
          ce monument gigantesque. Honteuse d'être découverte, elle 
          s'enfuit en criant : Poudauq, Tiffaug, Mervent, Châteaumur et Vouvent, irant chaqu' 
          an, j' le jure, d en pierre en périssant. Depuis lors une pierre se détache chaque année de ces 
          cinq forteresses. Les corneilles, voltigeant le jour sur les ruines, 
          croassent et se lamentent sur cette malheureuse destinée, tandis 
          que des bêtes fantastiques et des lutins narquois font des niches 
          aux hommes qui se hasardent à visiter les ruines au clair de 
          lune. Mélusine était une princesse, fille d'un roi d'Albanie 
          et d'une fée. Elle habitait au fond de la forêt du Colombier, 
          près Lusignan. Un jour que Raymondin, comte de Poitiers, chassait 
          à courre à travers bois, il perdit la chasse et s'égara 
          dans les fourrés. La nuit tombait, et le comte était fort 
          en peine de retrouver son chemin, quand il arriva dans une clairière 
          où une fontaine bouillonnait au fond d'une vasque de pierre. 
          A la clarté naissante de la lune, il aperçut tout à 
          coup une bande de jeunes filles, nues jusqu'à mi-corps, qui prenaient 
          leurs ébats dans l'eau limpide et, parmi elles, une jeune dame 
          d'une surprenante 'beauté : ses magnifiques cheveux blonds ruisselaient 
          sur ses blanches épaules et elle les peignait avec un peigne 
          d'or. Cette princesse accueillit grès gracieusement Raymondin. 
          Elle lui fil servir à souper par ses dames d'honneur et, au dessert, 
          sous la bleuâtre lumière de la lune, ils fleuretèrent 
          doucement ensemble. Raymondin; très amoureux, demanda la main 
          de la dame, qui n'était autre que Mélusine, et elle la 
          lui accorda à une seule condition ; c'était que tous les 
          samedis, il la laisserait absolument libre de s'enfermer chez elle et 
          ne chercherait jamais à savoir ce qu'elle y ferait. Comme les 
          gens passionnément épris, le comte promit tout ce qu'on 
          voulait et, peu de jours après, les noces furent célébrées 
          en grande pompe à Poitiers, bien que la famille de Raymondin 
          vit, sans enthousiasme,- s'installer dans le palais du comte très 
          chrétien' cette étrange épousée, trouvée 
          au fond d'un bois. 
  
         La tour Mélusine à Vouvent  
          (Cliché d M. Rabaud) 
 Comme cadeau nuptial, Mélusine construisit à Lusignan 
          un château princier, dont les murailles, comme à Tiffauges, 
          Pouzauges et Vouvent. s'élevèrent comme par enchantement. 
          Les jeunes mariés vinrent y habiter, et au bout d'un an, la princesse 
          mit au monde un fils qui n'avait qu'une dent, mais une dent phénoménale, 
          qui lui valut le nom de Geoffroy à la grand'dent. L'année 
          d'après nouvelle grossesse cette fois, Mélusine accoucha 
          d'un garçon qui n'avait qu'un il au milieu au milieu du 
          front. Plus tard, un autre garçon naquit, et ce fut encore un 
          être exceptionnel, car il n'avait qu'une oreille. Tout en adorant 
          sa femme, Raymondin commençait à s'effrayer de cette succession 
          de monstres, et se trouvait fort mortifié, lorsque les gens de 
          son entourage lui adressaient d'hypocrites compliments de condoléance. 
          Au quatrième enfant phénomène., il confia sa tristesse 
          à son frère cadet. Celui-ci lui dit qu'il y avait là-dessous 
          quelque diablerie, et demanda à son aîné si, par 
          hasard, sa femme n'était pas une sorcière. Raymondin alors, 
          avoua que, tous les samedis, la princesse s'enfermait dans sa chambre 
          pendant vingt-quatre heures, et qu'on ne savait trop à quoi elle 
          employait son temps. " Il faut le savoir, insinua l'autre, c'est un cas de conscience; 
          elle s'y livre sans doute à quelques maléfices, et de 
          là viennent tous tes malheurs. " Le samedi suivant, les 
          deux frères se dirigèrent à pas de velours vers 
          la chambre de Mélusine; Raymondin regarda par le trou de la serrure 
          et ce qu'il vit le stupéfia grandement. - Nue et blanche comme 
          un lis, Mélusine se baignait dans un vaste réservoir; 
          elle chantait en peignant .ses admirables cheveux d'or, et le comte 
          découvrit que son corps se terminait eu queue de serpent. C'était 
          pour que personne ne se doutât de cette cruelle transformation 
          hebdomadaire. que la fée se claquemurait tous les samedis dans 
          son boudoir. " L'heureux homme, s'écriait à ce propos 
          ce pince-sans-rire de Henri Heine, l'heureux mari, dont la femme n'était 
          serpent qu'à moitié ! " Raymondin n'apprécia pas ce bonheur, car d'un furieux coup d'épaule 
          il enfonça la porte de la chambre. A l'aspect de ce mari courroucé, 
          Mélusine poussa un cri de désespoir, s'évanouit 
          dans l'air et, depuis ce temps-là, on ne la revit plus. Parfois, 
          cependant, les nuits de lune, on l'entendait voler et chanter plaintivement 
          autour du château qu'elle avait bâti ; même, elle 
          pénétrait dans le dortoir des enfants et les berçait 
          doucement dans leur lit (1). La légende veut qu'elle soit aussi revenue dans ses autres châteaux, 
          mais seulement dans des occasions importantes et pour annoncer, par 
          des cris effroyables, de terribles calamités, principalement 
          lorsque quelques seigneurs de la maison de Lusignan, ou quelqu'un des 
          rois de France étaient menacés de la mort. On prétend 
          l'avoir entendue avant celle des rois Henri IV et Louis XIII, et les 
          mères ne cessent encore de répéter ces récits 
          aux petits enfants qui pâlissent d'effroi en les écoutant. Quel beau sujet de féerie fournirait la légende si poétique 
          de .Mélusine. Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Au pays de Mélusine, par André 
          Theuriet. Le Journal du mercredi 11 mars 1896.   |  		
    	| FONTENAY RÉUNI AU 
          DOMAINE D'ALPHONSE. HOMMAGE DE DIVERS SEIGNEURS.
 GOUVERNEMENT PATERNEL D'ALPHONSE. - SA MORT.
 PHILIPPE LE HARDI EN BAS-POITOU (1272).
   |  
		| Louis IX réunit Fontenay aux autres domaines d'Alphonse, 
          son frère. Ce changement de maître (1) donna à la 
          ville une importance qu'elle avait été jusque-là 
          loin d'atteindre. Seule place un peu forte des possessions privées 
          du frère du roi, dans cette partie du Poitou, elle devint par 
          cela même le centre féodal de la contrée. Aussi, 
          sépara-t-on de la mouvance de la tour de Maubergeon de Poitiers 
          pour les joindre à la sienne, Talmond, Olonne, Curzon, Champagné-les-Marais, 
          Luçon, le Petit-château de Vouvent et Coulonges-les-Royaux. 
          On y établit un sénéchal ayant droit de juridiction 
          supérieure sur tous ces fiefs, et elle s'appela désormais 
          Fontenay-le-Comte (Fontiniacum comiti. La Fontenelle avait recueilli un fragment d'inscription placé 
          autrefois dans l'un des murs du palais de, justice, et qui avait, appartenu 
          à l'édifice bâti sous Alphonse; pour y tenir les 
          assises. Le nom d'un sénéchal ou de. tout autre officier. 
          du comte ayant fait exécuter les travaux,, remplissait, le vide 
          laissé par la cassure (2). (N. . . du comte de Poitiers et de 
          Toulouse m'a fait faire). Alphonse traita en souverain juste et équitable tousses sujets, 
          et en particulier les bourgeois, de la nouvelle capitale du Bas-Poitou, 
          augmenta leurs privilèges et leur permit d'entrer dans cette 
          voie de prospérité qui, malgré bien des, entraves 
          dont. nous parlerons plus tard, ne s'arrêta qu'au moment de la 
          révocation de l'édit de Nantes. Avant de partir pour la Terre Sainte en 1268, il rédigea, ainsi 
          que sa femme le monument de ses dernières volontés. Par 
          cet acte ils affranchirent leurs serfs et leurs enfants quels qu'ils 
          fussent (3). Alphonse étant mort le 21 août 1271 (4), au château 
          de Cometo en Toscane, le Poitou fit retour au roi qui le conserva pendant 
          quarante années consécutives. Le neveu d'Alphonse, Philippe le Hardi, vint en Poitou l'année 
          suivante (5), et notamment à Fontenay-le-Confite, où il 
          confirma les privilèges accordés par saint Louis, à 
          la ville de Niort. En revanche, il se montra peu généreux 
          pour la ville qui lui donnait l'hospitalité. Il octroya pourtant, 
          en 1282, à JeanBloynyen, bourgeois de Fontenay, " qui tenait 
          du roi à foy et homage, le criage et coustume du vin vendu à 
          détail en la ville dudit Fontenay, elle droit de l'avoine demoura 
          au roy, etc.." Cette charte contenue en partie dans l'Inventaire 
          des titres de Notre-. Dame, établit que c'est à partir 
          de 1282, que la ville perçut à son bénéfice 
          les droits de vente en détail du vin, qui jusque-là avaient 
          toujours appartenu aux seigneurs ; elle complota la concession faite 
          au mois de mars 1268 (6) par Alphonse, concédant aux habitants 
          le banc ou estal du vin qui se vendait en détail. En 1269 il 
          avait fait don de 40 sols à la Léproserie de Saint-Thomas, 
          et de pareille somme à l'Hôtel-Dieu, fondé vers 
          le commencement du XIIIe siècle, dans les Loges (7).   Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) Au mois de février 1246, Raoul de Mauléon 
          cédait à Alphonse, tous les droits qu'il avait sur le 
          domaine de Fontenay, et au mois de mars 1248, Alphonse donnait son acquiescement 
          à l'achat par Sebrand-Chabot de l'Herbergement de l'Alberterie, 
          sis au faubourg des Loges, à lui vendu par Girard-Voussard, Au 
          mois de juillet 1253, Aimery de Thouars, Aimery de Rochechouart et Geoffroy 
          de Tonnay, agissant au nom de ses filles, se reconnaissaient les hommes 
          liges d'Alphonse, pour les terres provenant de a succession de Raoul 
          de Mauléon, à ceux abandonnées par le dit comte. 
          - Archives de Fontenay, Tome i, pages 111-117-119. (2) Peut-être était ce l'un de ceux de Adam 
          Pannetier ou de Renaud Guionnet, qui furent sénéchaux 
          d'Alphonse à Fontenay, de 1241 à 1258. On fit des travaux 
          eu local de a juridiction en 1243. - Fillon. Poitou-Vendée, Fontenay, 
          page 29. (3) Avant de partir pour a Palestine, Alphonse avait écrit 
          trois lettres au sénéchal du Poitou, pour lui demander 
          de réunir, les fonds nécessaires à son voyage. 
          Les lettres. datées de 1269, septembre 1269 et 28 janvier 1270, 
          se trouvent aux Archives de Fontenay, T. I, pages 165, 171 et 175. (4) Antérieurement à a mort de son oncle, 
          et a la date du 20 mars 1271, Philippe le Hardi avait enjoint au sénéchal 
          de 'Poitiers, de vider un différend survenu entre Thibaut-Chasteigner 
          et Guillaume Incard, au sujet du cimetière de saint-Pierre. - 
          Archives de la seigneurie de Saint-Michel-le-Cloucq, Fontenay, T. I, 
          page 183. (5) En 1371-1272, Guillaume de Parthenay l'Archevêque, 
          seigneur (le Parthenay, Mervent, Soubise, Mouchamps, etc., accompagna 
          le roi- Philippe le Hardi, avec cinq chevaliers, contre le comte de 
          Foix, bien qu'il fut mineur, et eût pu refuser le service qu'on 
          réclamait de lui. Il mourut vers 1308, en désignant sa 
          sépulture dans l'abbaye de a Grenetière, qu'il affectionnait 
          beaucoup. - Benj.-Fillon, page 495. (6) En cette même année 1268, le seigneur 
          de la Chaize-le-Vicomte, Geoffroy de Châteaubriant, ayant envahi 
          les terres de Belleville, fut de ce chef, condamné à une 
          amende de 2.800 livres. (7) Les archives de Fontenay, T. I, pages 189 à 
          194, contiennent les noms des habitants de Fontenay, qui s'étaient 
          cotisés pour aider à la reconstruction de l'Hôtel-Dieu 
          de Fontenay, sous le règne de Philippe le Hardi, ce qui indique 
          que les travaux n'étaient pas encore terminés.   |  		
    	| INONDATION A FONTENAY. 
          - CONSTRUCTION DE L'ACHENEAU NEUF.
 ]RECTION DE FONTENAY EN SIÈGE ROYAL.
   |  
		| Ce fut sous le règne de ce prince, que se passa l'événement 
          suivant, raconté par la Chronique du Langon. Le Both de l'Anglée 
          creusé pour dessécher les prairies de Velluire n'avait 
          qu'une levée d'une grande épaisseur, assez haute pour 
          résister aux eaux de la Vendée. Presque en même 
          temps, une autre levée fut construite pour se rendre à 
          Notre-Dame de Coussaye, qui se trouve aujourd'hui isolée au milieu 
          de la plaine, près du Poiré-de-Velluire. Les eaux de la 
          Vendée, trop resserrées pour pouvoir passer facilement 
          sous les arcades du pont de la Craverne, refluèrent vers Fontenay 
          et inondèrent les Loges qui étaient déjà 
          le faubourg industriel de la ville. A. la suite d'une crue exceptionnelle, 
          et pour éviter leur ruine, les Fontenaisiens s'assemblèrent, 
          et la nuit, allèrent secrètement rompre les chaussées 
          du Pontreau et du Both de l'Anglée. Cet événement 
          décida de la construction du canal, dit de l'Acheneau neuf ou 
          canal du Roi, allant du Both de l'Anglée à Luçon, 
          et qui fut terminé vers 1283 (1). Cette même année (1283), un arrêt du Parlement maintenait 
          le roi de France en possession des comtés de Poitou et d'Auverge, 
          réclamés par Charles de Sicile, frère de saint 
          Louis et d'Alphonse (2). Son successeur, Philippe le Bel, érigea Fontenay en siège 
          royal à la fin du XIIIe siècle, puis plus tard, en décembre 
          1311 (3) le donna avec le Poitou à son fils puisé Philippe 
          le Long. Celuici étant devenu roi en 1316, en fit présent 
          avec Niort, Mont-morillon et autres terres en accroissement d'apanage 
          à son frère Charles, comte de la Marche (4). C'est à 
          ce Charles de la Marche que l'on doit l'agrandissement de la Maladrerie 
          fondée au XIIIe siècle, pour séparer des autres 
          hommes les malheureux atteints de la lèpre(5). C'est durant cette période, dernières années du 
          XIIIe siècle et premières années du XIVe siècle, 
          que fut rédigé le Grand Gauthier, précieux manuscrit 
          dressé par un évêque de Poitiers, ancien moine cordelier 
          et docteur en théologie.   Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) Le canal du Roi fut creusé aux frais des 
          communes d'Auzais. de Petosse, de l'Hermenault, de fouillé, de 
          Saint-Valérien, de Saint-Laurent de a Salle, du Poiré, 
          du Langon, de Mouzeuil, de Nalliers et de Sainte-Gemme-la-Paine. (2) Archives de Fontenay. -T. I, page 195. (3) Huit ans auparavant, Maurice de Belleville, seigneur 
          de Montaigu et de a Garnache, fut un de ceux des seigneurs poitevins 
          qui se rendirent en 1303, aux armées de Flandre, d'après 
          le mandement du roi Philippe le Bel, et qui se couvrirent de gloire 
          à a funeste bataille de Courtray, où périrent vingt-mille 
          Français. Il fut, par sa fille Jeanne, le grand-père du 
          fameux connétable Olivier de Clisson. (4) Cette session empêcha, l'année suivante 
          Fontenay d'être le siège d'un évêché, 
          lors de la création de ceux de Luçon et de Maillezais. (5) Jean Parthenay l'Archevêque, seigneur de Parthenay, 
          Vouvent, Mouchamps. etc., fut en 1321-22, lors de la, peste qui désolait 
          le Poitou, un des seigneurs qui poursuivaient avec le plus d'acharnement 
          les Juifs et les lépreux, que a voix .publique accusait d'avoir 
          empoisonné les sources.   |  		
    	| LE GRAND GAUTHIER   |  
		| C'est à Gauthier de Bruges, évêque de Poitiers, 
          dont les démêlés avec le pape Clément V furent 
          retentissants, que l'on doit, vers 1307, un Pouillé du diocèse 
          de Poitiers, connu sous le nom de Grand Gauthier ou Gautier, parce qu'il 
          le dressa pour établir nettement et incontestablement l'ordre 
          à mettre dans les choses de son église. C'est une nomenclature 
          de tous les bénéfices du diocèse, de leurs conditions 
          d'existence, leurs collateurs, les perceptions à y faire, l'ordinaire 
          ou autres bénéfices simples qui en dépendaient. 
          Là se trouvent des notions qui, sans lui, n'eussent probablement 
          jamais été connues. Ce livre était d'une grande 
          importance pour le diocèse de Poitiers et pour l'évêché, 
          puisqu'il énumérait tous les titres de cette vaste église, 
          et' mentionnait les obligations de chaque titulaire, les droits réservés 
          à l'évêque et tous les actes concernant les domaines 
          de l'évêché. Ce livre, si précieux aujourd'hui 
          et si utile à notre histoire bas-poitevine, a eu des fortunes 
          diverses. Il avait disparu dès le temps de Gautier, soustrait 
          sans doute par une main infidèle intéressée. L'histoire 
          accuse de ce fait un certain André, doyen de Talmont, qui avait 
          profité, pour le faire disparaître, de la vacance du siège 
          entre Gauthier, ancien moine, et son prédécesseur. Gauthier, 
          fort soucieux des soins dont il prenait la charge et qui, sans doute, 
          avait pu comprendre l'utilité pratique de ce Pouillé, 
          s'empressa de le reconstituer à force d'enquêtes et de 
          recherches laborieuses, et quand il l'eut achevé, il mit en première 
          page, afin d'authentiquer tous ces renseignements, une lettre à 
          son successeur pour lui faire connaître l'histoire de ce livre, 
          comment il avait disparu et comment lui, Gauthier, s'était donné 
          la peine de le refaire. IL affirmait que tout y était conforme 
          à la vérité et qu'on devait s'en rapporter à 
          cette publication comme à l'original lui-même (1). Par suite de circonstances restées inconnues, il tomba, versa 
          le premier quart du XIXe siècle, aux mains d'un connaisseur qui 
          le garda jusqu'à sa mort et dont les héritiers le cédèrent, 
          en 1841, à la Bibliothèque de Poitiers, où il est 
          fréquemment consulté par ceux qu'intéressent ces 
          matières (2).   Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) Aillery. - Pouillé de Luçon. pp. 
          1 et 108. (2) Archives historiques du Poitou (Vol. XXV et suivant. 
          (Auber, T. IX, pages 98 et 99   |  		
    	| ÉRECTION DE LUÇON 
          ET DE MAILLEZAIS EN ÉVÊCHÉS (1317)
   |  
		| L'évêque de Poitiers, qui étendait sa juridiction 
          non seulement sur toute la province de ce noie, mais aussi sur les confins 
          des provinces voisines, ne pouvait, malgré tout son dévouement, 
          suffire à l'administration d'un aussi vaste diocèse. Le 
          pape Jean XXII, d'accord avec le roi de France, comprit que l'étendue 
          du diocèse de Poitiers était trop considérable 
          pour un seul homme, et par bulles données à Avignon aux 
          ides d'avril 1317, ii décida la création d'évêchés 
          nouveaux à Luçon et à Maillezais, qui étaient 
          de florissantes abbayes. Le nouveau diocèse de Poitiers comprenait à peu près 
          ce que l'on est convenu d'appeler le Faut-Poitou. Celui de, Luçon 
          avançait jusqu'au delà Clisson, avoisinant par un point 
          la Sèvre Nantaise, et cotoyait l'Océan. Il comprenait 
          les doyennés d'Aizenay, de Mareuil-sur-le-Lay, de Montaigu ; 
          l'archiprétré de Pareds, le doyenné de Talmond, 
          soit environ 255 paroisses, 13 abbayes et nue quantité de prieurés. Le premier évêque fut Pierre de la Voirie, abbé 
          du monastère- de Luçon depuis quinze agis. L'évêché 
          de Maillezais comprit l'archiprêtré d'Andin, les doyennés 
          de Bressuire, de Fontenay-le-Comte, de Saint-Laurent et de Vihiers, 
          soit 228 paroisses, 9 abbayes et 148 prieurés. Geoffroy Pouvreau, 
          fut, ainsi que nous l'avons déjà dit, le premier évêque 
          de Maillezais, après avoir été longtemps abbé 
          de ce monastère. Il fut sacré à Avignon le 20 novembre 
          1317. Disons en passant que les titulaires de ce dernier siège résidèrent 
          presque constamment dans le prieuré de Saint-Hilairede-Fontenay, 
          dont l'air était paraît-il beaucoup plus sain que celui 
          des marais de Maillezais (1) et aussi à l'Hermenault. Le 22 avril 1630, une bulle du Pape Urbain VIII transférait 
          à Fontenay le siège épiscopal de Maillezais, et 
          le 11 janvier de l'année suivante, une autre bulle sécularisait 
          le monastère de Maillezais, de l'ordre de Saint-Benoît, 
          et érigeait un chapitre séculier à Fontenay (2) 
          ; mais ces bulles ne furent pas suivies d'effet, l'échevinage 
          et la magistrature s'étant opposés de toutes leurs forces 
          à l'établissement de l'évêché si- 
          près d'eux. Le 2 mai 164.8 (3), Innocent X enlevait à 
          Maillezais soit titre de cité, et transférait le siège 
          épiscopal à la Rochelle, en appelant à ce poste 
          Raoul de la Guibourgère, déjà évêque 
          de Maillezais. La bulle du pape et l'ordonnance du roi furent enregistrées 
          au parlement, le 7 septembre 1650, mais elles ne reçurent leur 
          entière exécution qu'en 1656, et encore les lettres royales 
          confirmatives de la translation, ne sont-elles que du 20 mai 1664 (4). Raoul mourut le 15 mai 1661, à l'âge de 72 ans, et fut 
          inhumé dans l'église du couvent des Capucins de Fontenay, 
          établi sur l'emplacement de l'ancien hôtel Bélesbat, 
          acheté par les moines à Claude d'Aubigné le 27 
          janvier 1632 (5).   Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Le sceau en bronze de l'abbaye de Maillezais 
          a été retrouvé en 1854 dans les fondations du moulin 
          du château de Fontenay. Il est antérieur à 1317. 
         (2) Archives de Fontenay. - T. IV, pages 9-17 et 19-39. (3) Archives de Fontenay,. T. IV, page 171.  (4) Archives de Fontenay, T. iV, pages 231, etc.  (5) Archives de Fontenay, T. IV, page 51.   |  		
    	| MORT DE PHILIPPE LE LONG 
          - RÈGLEMENTS DE POLICE (1343)
   |  
		| Philippe le Long étant mort le 3 janvier 1322, son frère 
          Charles le Bel, comte de la Marche, lui succéda, et ses domaines 
          se fondirent alors dans ceux de la couronne. Le règne de ce prince 
          et les premières années de celui de Philippe de Valois 
          qui lui succéda en 1328 (1), n'offrent guère d'événements 
          particuliers au Bas-Poitou, et il faut arriver à 1343, pour retrouver 
          quelques souvenirs. Disons seulement que Louis de Thouars, 22e vicomte 
          et seigneur de Talmont, etc., servit dans l'armée de Philippe 
          de Valois en qualité de seigneur banneret en 1338-39-40 et 41. Des règlements de police pour Fontenay, conservés dans 
          l'inventaire des titres de Notre-Dame, et qui remontent au 21 octobre 
          1343, sont de la plus grande sagesse, et quelques-uns ne seraient pas 
          désavoués aujourd'hui. Ces règlements, élaborés 
          à Niort par plusieurs prélats, gens d'église, bourgeois, 
          conseillers et avocats, sous la présidence de Jourdain de Loubert, 
          conseiller du roi, gouverneur du roi et sénéchal de Poitou 
          et de Limouzin, nous apprennent une foule de particularités sur 
          l'organisation de la localité, sur les poids, le mesurage, la 
          poissonnerie, la boulangerie, etc. (2) Ces documents nous font connaître notamment qu'une famille Billaud 
          exerça, au carrefour de la Fontaine, les fonctions de notaires, 
          depuis environ 1300, jusqu'au règne de Charles VIII (1483), et 
          qui avec d'autres assez nombreuses, formait dès le XIIIe siècle, 
          une sorte de bourgeoisie.   Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Deux ans auparavant, le 4 décembre 1326, 
          Jehanne de Saint-Vincent, veuve de Thibaud-Chabot et sa fille Perrine, 
          fondaient au faubourg Saint-Martin de Fontenay, un couvent de religieuses 
          de Sainte-Claire, (Archives de Fontenay, T. I, page 220 bis). - La seconde 
          fondation fut faite le 18 janvier 1460 par Catherine Terroille, veuve 
          de Méry Berlin; page 331. (2) Fillon. - Recherches sur Fontenay, T. i, page 47. 
          Une cloche fondue en 1350 pour Notre-Dame, fut envoyée à 
          l'hôtel de la monnaie de la Rochelle, en janvier 1793.   |  		
    	| ETAT LITTÉRAIRE, SCIENTIFIQUE ET SOCIAL DU POITOU
 AU COMMENCEMENT DU XIVe SIÈCLE
   |  
		| La sagesse de Saint Louis et de son frère Alphonse, comte 
          de Poitiers, l'équité de Charles IV, les chartes octroyées 
          par ces nobles princes, et aussi par Philippe le Hardi, les liens plus 
          étroits que les Croisades avaient créés entre les 
          grands seigneurs et leurs vassaux, l'adoucissement des murs, l'accroissement 
          du nombre des propriétaires du sol dû à la plus 
          grande facilité d'acquérir, le zèle louable dont 
          faisait preuve une grande partie du clergé, pour établir 
          entre toutes les classes de la société l'amour fraternel, 
          avaient fait du Bas-Poitou, une des plus riches contrées de la 
          France (1). Cette contrée, qu'une pensée religieuse avait 
          rempli d'enthousiasme, qui à la voix d'un ermite s'était 
          rangée sous la bannière des preux, avait-senti souffler 
          sur elle, comme une émanation d'Orient, une littérature 
          toute naïve et chevaleresque, et' quelques poitevins obtenaient 
          l'honneur si envié alors de s'entendre appeler poètes 
          provençaux. - C'était vers la cour de Toulouse ou les 
          grandes cités méridionales, que se sentait attiré 
          Pierre Million, noble poitevin, qui devint maître d'hôtel 
          de Philippe le Long, comte de Poitiers, et qui mourut vers 1320. En 1320, Louis Emeric, seigneur de Rochefort, qui était alors 
          en Bas-Poitou, payait aussi son tribut aux lettres. Il fut connu de 
          Pétrarque, dont il reçut des éloges, comme étant 
          l'un des meilleurs poètes de son temps. Vers la même époque, Guillaume de Montloudun, après 
          avoir été gouverneur des enfants du roi de Hongrie, professait 
          à Poitiers la philosophie et le- droit canon.   Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) Nous ne voulons pas dire par lit que tout fut 
          parfait, car sur certains points, notamment dans le Talmondais, se produisaient 
          encore trop souvent des attaques a main année, et quelques ecclésiastiques 
          séculiers ou réguliers, usurpant tous les droits réguliers 
          ou privés, se faisaient trop souvent allouer à vil prix 
          des biens très importants. Des meurtres trop souvent impunis, 
          étaient aussi commis par des nobles et des roturiers ; mais il 
          y avait néanmoins dans les moeurs un progrès indéniable.   |  		
    	| ROBERT GIRARD, MOINE DE 
          SAINT-MICHEL-EN-L'HERM   |  
		| Sous Charles V, un moine de Saint-Michel-en-l'Herm, nommé 
          Robert Girard, se rendit célèbre par ses observations 
          astronomiques. Lors de la vente des livres provenant de l'abbaye, faite 
          par le district de Fontenay, le précieux manuscrit qui avait 
          échappé au sac de 1569, tomba- entre les mains de Gallot 
          Jean-Gabriel (1). Ce fait étant venu à la connaissance 
          de Lakanal, alors président du Comité d'instruction publique, 
          le célèbre transformateur du Jardin du roi en muséum 
          d'histoire-naturelle, écrivait à M. Poëy-d'Avant, 
          alors receveur de l'enregistrement à Fontenay-le-Comte et, déjà 
          apprécié par ses vastes connaissances en histoire naturelle, 
          la missive suivante : 
  Paris, le 24 mai 1793. 
 " J'ai appris, citoyen, par le citoyen Garos, votre ami, 
          que vous lui aviez autrefois parlé d'un manuscrit où sont 
          des observations sur les saisons, le cours des astres, les phénomènes 
          du .ciel et marées faites au temps de Charles V, par un moine 
          de l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm, nommé Robert Girard. Le 
          citoyen Garos m'a dit que le manuscrit était présentement 
          dans la bibliothèque du citoyen Gallot, qui a été 
          à la Constituante. Il peut y avoir intérêt pour 
          la science à ce que les observations (le ce moine soient vues 
          par un astronome. C'est pourquoi je vous invite, citoyen, à faire 
          l'es démarches nécessaires pour que le volume qui les 
          contient me soit envoyé, par une occasion sûre, dans le 
          plus bref délai. S'il est nécessaire d'en prendre la copie, 
          il sera transcrit aux frais (le la commission et ensuite remis au. citoyen 
          Garos, qui se chargera de vous le remettre en mains propres.  « Salut et fraternité.« Signé : LAKANAL.
 
 Les événements malheureux qui survinrent à 
          cette époque, a Fontenay, la prise de cette ville par les Vendéens, 
          les graves désordres qui s'y accomplirent, ne permirent sans 
          doute pas à Poëy-d'Avant de donner suite au desideratum 
          de son correspondant, et l'affaire en resta sans doute là. Peu 
          de temps après, Gallot abandonnait Fontenay, et se retirait à 
          la Rochelle pour y exercer les fonctions de médecin militaire 
          près l'armée de l'Ouest, dans lesquelles il se croyait 
          plus utile (2).   Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) Gallot, Jean-Gabriel, médecin distingué, 
          né à Saint-Maurice-le-Girard (Vendée), le 30 septembre 
          1744, successivement membre de l'Assemblée provinciale du Poitou, 
          député du Tiers aux États généraux, 
          membre de l'administration départementale de a Vendée, 
          mort le 4 juin 1791, d'un typhus d'hôpital qu'il avait contracté 
          en-soignant les soldats malades. (2) Société d'émulation de la Vendée 
          (année 1889). Jean Poëy-d'Avant et son cabinet d'antiquités, 
          par A. Billon.   |  		
    	| PIERRE DE BRESSUIRE   |  
		| Pierre de Bressuire. dit Berchorius, surnommé le Pline 
          du moyen âge, naquit à Saint-Pierre-du-Chemin, en 1292, 
          d'une famille- de petits propriétaires, dont le nom a disparu 
          vers 1450, et mourut à Paris en 1362. -Théologien remarquable, 
          éloquent prédicateur, écrivain de talent, il fut, 
          vers 1320, attaché au cardinal Després, vice-chancelier 
          du pape.--R Honoré de la confiance de plusieurs papes, il fit 
          à Avignon la connaissance de Pétrarque et, en 1350, il 
          devenait l'un des secrétaires du roi Jean le Bon, à la 
          prière duquel il traduisit en français l'Histoire romaine 
          de Tite-Live, qui obtint un immense succès. - Vers 1351, il se 
          fit bénédictin et composa une sorte d'encyclopédie 
          intitulée Reductorium, repertorium et dictionarium morale ustriusque 
          et testamenti, etc., imprimé pour la première fois à 
          Strasbourg en 1474 (1). Dans cette encyclopédie (XIVe livre), il consacre un long article 
          aux raretés du Poitou, notamment " à une, espèce 
          d'oiseaux qui n'ont d'autre principe de production que la pourriture 
          des vieilles planches des vaisseaux ", et à d'autres qui 
          tous les ans envoient à la tour de Maillezais trois ou quatre 
          députés pour examiner l'état des lieux avant d'y 
          venir faire leurs nids. A côté de ces théories qui, aujourd'hui, nous feraient 
          sourire, il n'en a pas moins écrit des choses remarquables, où 
          il se révèle tout à la fois théologien, 
          physicien, médecin-anatomiste, botaniste, géographe, astronome, 
          etc. Le savant bénédictin fut inhumé à 
          Paris dans la chapelle du couvent des Barnabites, dont il était 
          prieur. Son corps fut déposé près de l'autel, du 
          côté de l'épître et sous une tombe plate qui 
          a disparu. Le Maire, dans l'ouvrage intitulé :.Paris ancien et 
          nouveau, T. ;, page 375, donne son épitaphe, trop longue pour 
          que nous la reproduisions ici. Marchebrusc, originaire du Poitou, et sa mère, au génie 
          élevé et délicat, lauréate universelle des 
          jeux floraux et , aussi des cours d'amour qui n'avaient pas encore complètement 
          disparu, allaient habiter le pays de Mireille. Pierre Hugon, gentilhomme de Dompierre-sur-Boutonne, composait plusieurs 
          chansons en l'honneur de Béatrix d' Agout, sa danse, qui présidait 
          la cour d'amour. il mourut vers l'an 1321. Un travail semblable se produisait dans les sciences physiques, l'anatomie, 
          la botanique, la théologie, la géographie, etc., et on 
          peut dire que celui qui posséda au plus haut degré toutes 
          ces connaissances réunies, fut le bas-poitevin Berchorius, cité 
          plus haut.   Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) Une traduction française (le son Histoire 
          romaine de Tite-Live fui, éditée à Paris, 1511-1515, 
          3 volumes in-Folio. - C'est le roi Jean qui lui avait donné l'ordre 
          d'écrire cette traduction. - On a sa signature apposée 
          en qualité de secrétaire de ce prince, au bas de lettres 
          royales délivrées le 21 août 1353, en faveur de 
          l'église de Pontoise.   |  		
    	| 29 OCTOBRE 1324 SPÉCIMEN DE LA LANGUE ET DE L'ORTHOGRAPHE
 FRANÇAISES EN BAS-POITOU
 AU COMMENCEMENT DU XIVe SIÈCLE
   |  
		| L'acte (1) original en parchemin. dont nous publions le texte, est 
          conservé dans les archives de la Vendée, parmi les titres 
          du, prieuré de Fontaines, situé en la paroisse du Bernard 
          et dépendant de l'abbaye de Marmoutier. La transaction qu'il 
          contient est peu importante, ainsi que le fait remarquer le savant M. 
          Marchegay, à qui nous empruntons ces renseignements, mais elle 
          présente un intérêt réel comme spécimen 
          de la langue française et surtout de son orthographe, remarquables 
          par leur analogie avec celles de nos paysans d'aujourd'hui. Elles paraîtront 
          d'autant plus incorrectes que ceux qui ont rédigé ou dicté 
          notre acte sont, d'une part, le véritable souverain de la contrée, 
          le vicomte de Thouars, prince de Talmont; et de l'autre, le procureur 
          ou fondé de pouvoirs d'un abbé d'un des monastères 
          les plus renommés et les plus riches de France, celui de Marmoutier, 
          près Tours, dont nous avons déjà parlé.   Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1)  "C'est le traitié e l'acort fait entre noble 
            home mon seygnour le viconte de Thoars e frère Richart Le Barber, 
            moyne de Mermoster, procurour de religiouz homez l'abbé e couvent 
            de Mermoster. Premerement ge le dit procurour aprove et ratefié 
          le traitié qui fut fait à Longeville entre religiouz home 
          e honeste l'abbé de Saint Jehan d'Orbester, d'une part, se portent 
          por ledit noble, e frère Jofrey Oboin, priouz de la Roche, se 
          portens por religiouz homez l'abbé e le couvent de Mermoster, 
          e frère Guillaume de La Corbère, priour de Fonteynnes, 
          de l'autre ; qui tele est : Premerement ge le dit procurour, tant comme 
          procureur voit que les amonicions e les procès de l'église 
          fait por ledit abbé e couvent contre ledit noble, de l'auctorité 
          au chantre do Sauveour de Bleys, sous délégat et commissaire 
          de religions, home et honeste l'abbé de la Trinité de 
          Vendome, juge e conservateur des privilèges à l'abbé 
          au convent de Marmoster davant diz, sunt por nun faiz ; e ge le dit 
          procureur, les anichille e revoque du tot, e voit que il séant 
          de nul efeit en lot temps. E noz Johan, viconte de Thoars davant dit volons et consentons 
          que tos les fays et les esplez qui hont esté faiz en prieuré 
          de Fonteynnez e eus apartenencez des deux enssa, por nez ou por autre 
          en nom de noz. séant houz por non faiz en toz temps ; e une jument 
          e autres prisez, s'eles y sont, ferons restituer e restablir e est pris 
          j'ors entre les parties, c'est assaveir lendemagne de la Saint Johan 
          Batiste prochain, à Longeville, auquel jor noz ledit viconte 
          serons. . E ge le dit procureur promet a fayre e porchacier o efeit 
          que frère Guillaume de La Cerbère, priour de Fonteynnes, 
          y ,sera suffisamment fondé pour trayter e reostrerra audit noble 
          e a son conseil les originaux de lors franchicez e de lors libertez, 
          e noz ledit vicomte nos raisons ; e si noz poor acorder bien est, sinon 
          a chascun demoret son drey sauve, sens innover ne diminuer, excepté 
          les chozes desus ancanteez qui demeurent à toz jors mès 
          de nul efeit; e dedens le jour do traytié l'uns n'atemptera riens 
          contre l'autre. En tesmoiny de la cete choze, nos vicomte davant diz trayons 
          mis en cete presente letre nostre propre seya. Fait le lindi avant la feste de Tes Sains, l'an de grâce 
          mil troys cens e vingt e quatre." Recherches historiques, par Paul Marchegay, Un 
          document par canton, 1867.   |  		
    	| MODE DE SUCCESSION NOBLE 
          EXISTANT ENTRE LA DIVE ET LA SÈVRE ET ENTRE LA SÈVRE ET LA MER.
   |  
		| Dans la portion du Poitou comprise entre la Dive et la mer, la 
          transmission des fiefs a été jusqu'au commencement du 
          XVIe siècle, régie par une loi toute particulière 
          appelée Retour. Ils n'y passaient pas du père au fils 
          aîné, mais successivement, et suivant leur ordre de naissance 
          à chacun des frères puînés du défunt. 
          Par le décès du dernier d'entre eux seulement, le fils 
          aîné de. l'aîné réunissait l'usufruit 
          à la nu-propriété sur laquelle ses oncles n'avaient 
          aucun droit. Cette loi atténuait la rigueur du droit d'aînesse; 
          mais le nombre des abus, procès et troubles qu'elle engendra, 
          fit solliciter et obtenir son abolition par les trois États du 
          Poitou. A l'appui de cette thèse, le savant M Marchegay a donné 
          dans l'Annuaire de la Société d'émulation de la 
          Vendée (1867), deux documents fort intéressants et on 
          ne peut plus affirmatifs. L'un provient des archives de Salidieu, près 
          Mareuil, et porte la date du 12 février 1496 (1). L'autre, plus 
          ancien, concerne surtout le canton de Chantonnay. Il porte la date du 
          23 juillet 1278 et a pour titre : La part héréditaire 
          d'un cadet de la maison de Thouars. C'est en vertu de cette coutume, consignée dans le premier document 
          que nous venons de relater plus haut, et rendant les généalogies 
          des barons poitevins très difficiles à dresser, que Savari, 
          troisième' fils de Gui, vicomte de Thouars et d'Alix de Mauléon, 
          posséda après la mort de ses deux frères, Aimeri 
          et Rainaud, les, vastes domaines de son père et de sa mère.. 
          Savari ayant cessé de vivre vers la fin de l'année 1274, 
          Gui, fils d'Aimeri, devint vicomté de Thouars, dont ses héritiers 
          directs continuèrent à jouir conformément au droit 
          de retour, -nom donné au mode de succession que nous venons d'indiquer. Quoique déjà marié avec Marguerite d'Eu, et sinon 
          majeur, du moins émancipé, Aimeri est assisté, 
          dans; la pièce qui; suit; de sa mère Marguerite de Lusignan 
          et de Geoffroi de Châteaubriant, son second époux, parce 
          que celle-ci possédait à titre de douaire, quelques-uns 
          des domaines dont dispose notre charte. Elle concerne en effet un échange 
          passé entre le jeune vicomte et Agnès de Pons, veuve de 
          son oncle Savari, au sujet de l'oscle ou douaire de cette dame et de 
          la portion héréditaire de sa fille unique, Alix. La part 
          d'Agnès et celle d'Alix, fixées; par un acte du 30 décembre 
          1274, furent modifiées le 25 juillet 1278. Au lieu de leur tiers 
          dans les seigneuries de Pouzauges, du Boupère; de la Morvien, 
          de Monsireigne, de Chavagnes-en-Pareds, de la Fenêtre, de Sigournais, 
          de 1'lle-de-Bouin, de Soullans, du MaraisCoutumier et de l'Ile-d'Yeu, 
          les deux dames reçurent dans leur entier les seigneuries du Puybéliard, 
          de Chantonnay, de Château-Guibert, de Mareuil et de l'Herbergement-Ydreau. La charte, rédigée en langue vulgaire, est des plus intéressautes 
          pour l'histoire du Bas-Poitou. Elle donne en effet des détails 
          sur plusieurs localités pour lesquelles les documents sont très 
          rares, entr'autres sur Chantonnay et sur les principaux domaines et 
          vassaux de ce fief, érigé plus tard en baronnie. Notre 
          chef-lieu de canton est appelé ici Chantaonnois. Pendant les 
          quatre ,siècles qui suivirent, il fut nommé Champtaonnat; 
          Chantaunay, et surtout Chantagnès, en latin Cantus Agnetis. L'orthographe 
          actuelle ne paraît qu'à partir de l'année 1600. Le texte de la charte, que nous avons abrégé en supprimant 
          des formules inutiles et divers passages peu importants, a été 
          découvert dans le chartrier de Thouars. Il est inséré 
          dans l'acte par lequel la jeune Alix, fille de Savari et d'Agnès, 
          confirme, en juillet 1287, les deux traités faits en 1271 et 
          1278 par sa mère et tutrice avec son cousin le vicomte Gui. Possédés au XIVe siècle, par la puissante maison 
          de Craon, Chantonnay, le Puybéliard et Mareuil entrèrent 
          par mariage, dans la maison de la `Trémoille. Louis II, le chevalier 
          Sans-Reproche, qui devint vicomte de Thouars, du chef, de sa mère 
          Marguerite d'Amboise, ayant acheté 'la baronnie de Montaigu à 
          Jean de Belleville, seigneur de Sigournay, lui céda en 1519, 
          les seigneuries de Chantonnay et du Puybéliard, estimées 
          20.000 livres, pour compléter le paiement des 80.000 livres, 
          prix de son acquisition.   Retour 
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		| NOTES: 
 (1) "A touz ceus qui verront et orront cestes presentes 
            lettres, nous Gui, vicomte de Toarz, chevalier, sise en celi tens de 
            Toarz et de Talemont, et nous Geufray, sire de Chastiau Bruiant, chevalier, 
            et nous Marguerite du Lezeignen, sa fame, dame de la Chiese et mers 
            audit viconte, de, Toarz, et nous Agnès de Ponz, dame de Maroil, 
            fame ça en arrière à noble home Savari, jadis viconte 
            de Toarz, salu en Nostre Seignor durable. Sachent tuit qui sont et quia venir sont que nous ledit 
          vicomte de Toarz, o la volenté et o l'assentemet dondit Chastiau 
          Bruiant et de ladite noble dame Marguerite de Leseignen, sa fame et 
          nostre chere mere, d'une part, et nous ladite Agnès de Pons, 
          de l'autre part, de noz bonnes volentez et non déceu, avon fet 
          et feson permutation et perpétuel eschange de nos choses.. en 
          tel manière que nous ledit vicomte de Toarz... avon baillé, 
          livré, et octroié... à la dite noble dame Agnès 
          de Ponz et a Aaliz sa fille, et fille audit Savari, jadis viconte de 
          Toarz, notre Oncle, notre chastiau et nostre chastelerie dou Pui Béliart 
          et toute la vile doudit Pui Béliart, o toutes ses appartenances, 
          et nostre ville de Chantaonnais, o le manoir qui i est et toutes ses 
          autres apartenances, et nostre ville de nostre manoir de Chastiau Guibert 
          o toutes ses appartenances, et tout ce que nous avons et avoir poon 
          et duon... esdites ville dou Pui Béliare, de Chantaonnais et 
          de Chastiau Guibert, et en toutes les appartenances desdiz leus, c'est 
          à savoir: domaines, manoirs, villes, rentes, cens, taillées, 
          bianz, destroiz, prez, bois, chaufages usages, garenes, fours, molins, 
          peschages, haute, justice et basse, servanties, fiez, rerefiez ; et 
          touz les homages plainz et liges. C'est à savoir par reson dou Pui Béliart 
          :' l'omage des bers feu Pierre Loiau, o ses apartenances et les homages 
          de Jehan Prevoust de la Touche Embert, de Symon de l'Angle, de Aimeri 
          Bruiant, sire de Digne Chien, des hers feu Renaut Levesque, de la dame 
          des Bochaus, de Johan de la Barbrère... Et par raison de Chantaonnais 
          l'omage dou seigneur de Saint-Marz, et les homages dou seigneur de la 
          Tabarière et de Crous... Et par reson de Chastiau Guibert, l'omage 
          dou prévoust de Chastiau Guibert.. et touz et chacun les autres 
          hommages plains et liges, appartenanz ausdiz leus, et tout ce généraument 
          sanz riens i retenir.. . A avoir toutes les choses desusdites et chacunes 
          à tenir, a espleter dès orendroit a perpetuauté... 
          pesiblement,, franchement et quittement de ladite Agnès, por 
          raison de doaire, de oscle ou de domaison por noces, tout son viage 
          ; et après sa mort, de ladite Aaliz sa fille, comme héritere 
          et des hers descendanz de sa char, ou des hers qui des hers de sa char 
          descendront perpétuaument, segont costume de païs ; ensembleement 
          o le chastiau de Maroil et o le, chastiau de l'Abergement Ydereau, o 
          toutes lors aparte - nances... Et ce fet nous lidiz vicomte de Toarz, 
          avon fet et feson o la volonté et o l'assentement de madame Marguerite 
          d'Eu, nostre fame... Et nous ladite Agnès de Ponz feson a savoir 
          à touz, que nous avion lessié, quité et octroie, 
          pour nous et pour ladite Aaliz, nostre fille, en perpetual permutacion 
          et en perpétuai eschange audit noble, monsieur Gui, vicomte de 
          Toarz, la tierce partie que nos avion et esploition et avoir poion et 
          devion à Pozauges (2), à Aube Pore... et en manoir de 
          la Mort Vivien. et a Monsireigne et a Chaveignes et a la Fenestre et 
          a Ségornay et en l'ille de Boig et en Solanz et en Mareis Costumer 
          et en toutes les appartenances, et la tierce partie que nous avon en 
          ce que ma dame d'Ardene, fahue, soloit avoir en Oys : a avoir, a tenir 
          et a esploitier des orendroit a perpetualté... doudit viconte 
          de Toarz ou de ses hors ou de ses successors, por renon de l'eschange 
          des choses que il a baillé a nous et a ladite Aaliz, nostre fille, 
          si comme desus est dit... Et prometon et graaton, nous Agnès 
          de susdite, que nous feron et procureron vers ladite Aaliz nostre fille, 
          de denz l'aage de quatorze anz accompliz, c'est à savoir entre 
          l'aage de doze anz et quatorze anz accompliz, que elle voudra et ratifiera 
          cest fet et la teneur de ceste letre, et que elle le jurra a tenir et 
          a garder a tout ers més, ranz venir encontre à Toarz, 
          audit vicomte à ses hors ou a son commandement... Et ce nous 
          prometon et graafon par nous fere et acomplir, sur l'obligation de touz 
          noz biens moebles et nou moebles, presenz et avenir... et quant à 
          la ratificacion qui se doit fere par nostre fille, a peine de mil et 
          tint cenz livres de monoie corant, les quex nous serions tenue à 
          rendre audit viconte ou, aus suens se ladite Aaliz, notre fille, ne 
          voloit retefier, c'est nostre fet de denz le tems desus dit. Et que ce soit ferme et eslable a toz jorz més, 
          nous dit vicomte et nous Geufrai et nous Agnès de Ponz, desusdiz 
          en cestes présentes letres aposames noz séaus, en tesmoing 
          de vérité et en perpétuai mémoire des choses 
          desusdites, ensembleement o le séel de la séneschaucie 
          de Poitou establi a la Roche-sur-Yon pour nostre seigneur le roi de 
          France... Ce fu fet, et cestes letres douées, ou jour de 
          lundi après la feste de la Madelene, en l'an de l'Incarnation 
          Nostre Seignor Jhesu Crist, mil deus cenz sexante et dix et oit, ou 
          mois de juignet." Annuaire 1867, pages 246.249. (2) Pendant qu'elle possédait Pouzauges, Agnès 
          y avait donné à Denise, sa nourrice, a tierce partie d'une 
          maison qui lui fut garantie par notre charte.   |  		
    	| CANTON DES ESSARTS, Etc. LE MARIAGE DE LA FILLE AINEE DU SEIGNEUR EN 1340
   |  
		| La loi féodale autorisait le suzerain à lever doubles 
          cens et taille sur ses vassaux et sujets dans cinq circonstances : 1° 
          et 2° quand lui et son fils aîné étaient armés 
          chevaliers ; 3° quand il mariait sa fille aînée; 4° 
          afin de payer sa rançon s'il était pris à la guerre, 
          et 5° pour contribuer au paiement des fiefs qu'il pourrait. acheter. 
          Quelquefois les vassaux obtenaient par charte expresse, l'abolition 
          de cet impôt ; et nous en avons un exemple pour la Mothe-Achard. 
          Saint-Hilaire-le-Vouhis et Falleron,, dans la 70e' charte du cartulaire 
          des sires de Rays. En général, cette libération était facilement 
          accordée aux gens d'église:; par les lettres mêmes 
          qui leur confirmaient et amortissaient sur immeuble, une rente en un 
          simple droit acquis à titre gratuit, ou même onéreux 
          dans l'étendue d'un fief laïque. Savary III de Vivonne ne voulut pas renoncer à ce double impôt 
          en faveur de l'abbaye , d'Orbestier. Pour ce que son monastère 
          possédait dans une lointaine, dépendance de la baronnie 
          des Essarts, l'abbé dut venir des bords de la mer jusqu'au milieu, 
          du Bocage, compter au châtelain Robert Rennoul, la somme imposée 
          sur son domaine de Vairé, près la MotheAchard, à 
          l' occasion du mariage de Mlle Vivonne, l'aînée. Les 400 
          sous qu'il paya représentent environ 300 francs de notre monnaie. 
          L'arrière petit-fils du baron des Essarts,, Savary V du nom, 
          fut un vaillant chevalier. Il combattit les Infidèles et tomba, 
          entre leurs mains à la funeste bataille de Nicopolis, en l'année 
          1396 (1), mais ses vassaux poitevins n'eurent pas de rançon à 
          payer, parce que les Turcs massacrèrent impitoyablement 1 a, 
          plupart de leurs prisonniers, M. de Vivonne, entre autres. (Annuaire de la Société d'émulation, 1858, page 
          226, Marchegay.)   Retour 
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    	| COMMERCE. - INDUSTRIE. 
          ÉTAT SOCIAL A FONTENAY AU
 COMMENCEMENT DU XIVe SIÈCLE.
   |  
		| Deux industries, celles des draperies et des cuirs, qui s'exerçaient 
          depuis plusieurs siècles à Fontenay, prirent, à 
          cette époque, un développement considérable, et 
          contribuèrent à lui faire occuper un des premiers rangs 
          parmi les villes de la province. Sa bourgeoisie, devenue riche, reçut 
          une sorte d'orga-nisation municipale. Elle eut son conseil de prud'hommes, 
          sous la présidence du prévôt. Bientôt elle 
          se trouva en mesure de tenir le haut, bout, dans la circonscription 
          territoriale qui l'entourait, et les seigneurs des fiefs compris dans 
          l'enceinte fortifiée, furent obligés de lui abandonner 
          le soin de pourvoir elle-même à sa sûreté. 
          C'était enlever à la féodalité le pouvoir 
          de lui nuire. Les simples palissades qui reliaient les cinq portes, 
          les défenses des Mottes-de-la-Vau, du Château-Gaillard 
          et de la Grosse-Tour furent remplacées, aux frais des habitants 
          de la ville, par des fortifications solidement bâties, dont des 
          parties subsistent encore sur la rive gauche de la Vendée (1). Le capitaine du château, nommé par le Roi, eut de la sorte 
          sous ses ordres une milice capable, sans qu'il fut besoin d'aucune autre 
          aide, de résister à un coup de main. Les bourgeois fontenaisiens 
          ne s'en tinrent pas à' cette première conquête. 
          Quels moyens employèrent quelques-uns d'entre eux pour acquérir 
          des biens nobles ? On l'ignore. Toujours est-il qu'en 1335, Guillaume 
          Bouin, Guillaume Goupil et Régnaud Morissonneau, le premier drapier; 
          les autres tanneurs, en possédaient autour de la ville. Bouin 
          paraît même avoir été anobli. L'aristocratie 
          vit ces empiétements d'un mauvais oeil mais ils finirent cependant 
          par passer à l'état de faits accomplis, puisque le fils 
          de Bouin épousa, en 1341, une Goulard, demoiselle de race chevaleresque, 
          et qu'il y eut ensuite plusieurs autres alliances entre les familles 
          nobles et celles de ces roturiers enrichis (2).   Retour 
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		| NOTES: 
 (1) On a trouvé, en démolissant une 
          partie de a muraille de cette époque, qui défendait a 
          ville du côté de la rivière, un petit dépôt 
          d'une vingtaine de pièces de Philippe-le-Long et de Charles-le-Bel, 
          parmi lesquelles était ce rare denier de Robert d'Artois, frappé 
          te Mehun-sur-Yèvre, avec légendes françaises. (2) Fillon. - Histoire de Fontenay, pages 30 et 31.   |  		
    	| ÉTAT SOCIAL GÉNÉRAL 
          EN BAS-POITOU. - LES ROTURIERS EUX AUSSI PEUVENT ACQUÉRIR.
   |  
		| Si maintenant nous résumons. l'étude que nous venons 
          de faire, nous voyons en Bas-Poitou, dès les premiers temps de 
          la féodalité, trois classes d'hommes vivant sur le même 
          sol, et régis par trois gouvernements différents : les 
          nobles par le gouvernement féodal, les clercs par le gouvernement 
          ecclésiastique, les serfs par le gouvernement domanial. Les nobles, hauts et puissants justiciers, tels que les Chabot, les 
          Chasteigner, les vicomtes de Thouars et princes de Talmont, les de Châteaubriant, 
          etc., ne connaissent en fait de devoirs que ceux du vassal envers le 
          suzerain à part l'hommage, ils ne relèvent guère 
          que de leur conscience. Les ordres religieux jouissant d'un crédit illimité, 
          possèdent des terres d'Église. Ces terres constituent 
          une masse compacte, un territoire assez arrondi, bien que les communautés 
          aient des dépendances dispersées un peu partout. Le peuple compte dans son sein des vilains francs, descendants des 
          colons de l'époque romaine, qui avaient réussi à 
          garder leur demi-liberté, et dont les fils arriveront plus tard 
          aux premières charges de la cité, après s'être 
          enrichis par le commerce, tels que les Yver et les Regnaud. Les premiers sont liés par un contrat, les seconds par les canons 
          de l'Église ou leur règle monastique, les troisièmes 
          par la volonté d'un maître. Mais au-dessus de ces trois 
          classes, et les dominant par son principe, se place la royauté. 
          Bien que, le prince soit souvent moins puissant que ses grands vassaux, 
          il a, pour lui le souvenir de l'idée romaine, de la monarchie 
          qui subsiste chez les clercs, le souvenir de l'Empire chez les vilains, 
          par le besoin d'un protecteur naturel qui puisse mettre un frein aux 
          guerres civiles et à la violence des seigneurs, aussi peu humains 
          quelquefois que le terrible Geoffroy la Grand'Dent. La royauté n'ignore pas ces aspirations opposées à 
          la toute puissance des grands, divisés d'intérêts 
          et souvent sans esprit national ; elle saura entretenir fort adroitement 
          ces rivalités pour le triomphe de sa politique, et le temps n'est 
          pas éloigné où nous verrons en Bas-Poitou les plus 
          illustres magistrats du roi pris dans ce tiers-état, si effacé 
          d'abord, mais chez lequel, se développe et grandit avec le sentiment 
          de sa valeur et de ses droits, son amour passionné et réfléchi 
          de la liberté. A l'exemple de la bourgeoisie, les serfs vont eux aussi devenir propriétaires 
          de biens seigneuriaux, et c'est ainsi que le 12 décembre 1416,. 
          Miles II, vicomte de Thouars, seigneur de Pouzauges, baille à 
          rente perpétuelle, moyennant 15 sous, à Georges Achard, 
          boucher à Pouzauges, des maisons, masureaux et vergers " 
          sis près la quéruelle de l'église de Saint-Jacques, 
          le grand chemin entre deux, par lequel l'on voit de la cohue dudit Pouzauges 
          à la chapellenie dudit lieu ". (Marchegay, - Recherches 
          sur les seigneurs de Tiffauges.)   Retour 
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