Histoire de Vendée

Histoire de la Vendée
du Bas Poitou en France

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CHAPITRE II
FORMATION GEOLOGIQUE

 

Formation géologique


Effet du diluvium

 

 

FORMATION GÉOLOGIQUE

Nous venons d'examiner dans ce simple et court aperçu, la physionomie générale de la Vendée. Nous allons maintenant traiter sommairement la constitution géologique, de ses terrains.

Tous les géologues sont d'accord pour reconnaître que les premIères terres formées sont, en France, la Vendée et une partie, de la Bretagne.

Du sein de l'Océan universel qui entourait notre globe, de tous côtés, ont émergé les premières éminences qui, commençant à Montournais, occupent une partie des cantons de Pouzauges, les Herbiers, Mortagne et Montaigu.

Les points les plus élevés en sont la butte des Alouettes (231), qui pendant les guerres de la Vendée, servait d'observatoire aux armées royalistes, le Bois de, la Folie, près de Pouzauges (278), et le sol de l'église de Saint-Michel-Mont-Mercure (285), dont le nom vient sans nul doute de l'ancien dieu Mercure, auquel la colline était consacrée.

A côté de ces premiers reliefs du sol vendéen, les rides de la terre 's'accentuent davantage : l'émersion se continue avec une lenteur qui échappe à notre chronologie, et bientôt une seconde chaîne de collines prend naissance' sur les deux rives du Lay, en se dirigeant du sud au nord, jusqu'à Saint-Pierre-du-Chemin, d'où elle s'incline vers le nord-ouest par Réaumur, la Meilleraye, le Boupère. Les points les plus élevés de ce groupe secondaire, sont les collines de Puy-de-Serre, de la Chàtaigneraie, de SaintPierre-du-Chemin ou Butte-des-Pelochères, de Cheffois, de Mouilleron et bien d'autres encore, d'une formation relativement plus récente : telles sont celles qui bordent le Lay dans la région de Saint-Philbert-du-Pont-Charrault, Chantonnay et Saint-Vincent-Puymaufrais.

Mais bientôt les terrains de transition commencent à se déposer entre les deux branches principales de collines que nous venons de décrire, et forment le sous-sol d'une partie des cantons des Essarts, Chantonnay, Sainte-Hermine et la Châtaigneraie, où gisent ensevelis à de grandes profondeurs, ces dépôts de houille, produits de la première végétation du globe (1) .

Ce bassin dut être sous les eaux de la mer longtemps après qu'elle eut laissé à découvert les collines qui le circonscrivent.

Il est impossible de dire et peut être inutile de savoir combien de temps ce grand lac a subsisté ; mais selon toute probabilité, les eaux ont dû s'écouler à la mer par l'effet d'une débâcle, dont le centre paraît être vraisemblablement le point qu'on appelle le Déluge et qui se trouve dans la forêt de Vouvent, sur le ruisseau des Houillères, au milieu d'un site extrêmement curieux et sauvage.


Le Déluge dans la Forêt de Vouvent (d'après une eau-forte de M. de Rochebrune).


Cependant une seconde série de sédiments se dépose et forme, dans les cantons de Palluau, Challans, Saint-Gilles et les Sables-d'Olonne des calcaires crétacés.

NOTES:
(1) Des terrains carbonifères ont été découverts, il y a peu de temps, près de la route de Fontenay-le-Comte à Longèves

 

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EFFET DU DILUVIUM

« Du hameau de Vaines, commune de la Garnache, au manoir de l'Essart, derrière le bourg de Bois-de-Céné, une, immense feuille de schiste paraît avoir été rompue d'un seul trait dans le cataclysme diluvien. Le diluvium a recouvert la plaine jurassique de Challans, l'a inondée de sable et de cailloux, puis il a dirigé un filon d'argile, qui, partant de la rive droite du Ligneron, devant le bourg de Soullans, s'est élancé à travers le marais, sur une longueur de six kilomètres, avec une largeur, moyenne de 7 à 800 mètres : aucun banc de rocher n'existe dans cet espace que recouvre une couche sableuse. C'est ce que l'on nomme la presqu'île de Soullandeau.

Mais le plus remarquable effet du diluvium paraît être sur la rive gauche de la Vie. Là, à moins d'un kilomètre d'Apremont, les tranchées de la route allant à Coëx ont mis à découvert le lit d'un courant, qui, sur un banc de schiste, a roulé des' blocs de grès, dont les uns, détachés à la surface du sol, méritent lé nom de blocs erratiques les autres, en plus grand nombre, sont enfouis sous terre et remplissent le lit aujourd'hui comblé du torrent diluvien

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En allant de Maint-Gilles vers Bourgneuf, on rencontre d'abord l'ancienne île de Rié (1) qui, appuyée à la rivière de Vie, forme un massif de schiste, duquel se détachent trois appendices sablonneux, dont l'uni le seul que nous mentionnions pour le moment, suit le rivage actuel de la mer. Un cours d'eau nommé liesse, où remontait la marée, sépara l'île de Rié de l'île de Monts jusque vers la fin du XVIIe siècle. Il est aujourd'hui comblé et ne se laisse plus reconnaître qu'à une large et profonde dépression au milieu des dunes. L'île de Monts venait après l'embouchure de. Besse.

Après l'île de Monts ( insula de montibus ) l'histoire nous montre, au IXe siècle, un simple banc d'alluvion coquillière et argileuse ou était assis un groupe habité nommé Ampennum et plus tard désigné sous le nom de fief d'Ampan, de forteresse d'Ampan (à l'est de la Barre-de-Monts) (2).»

Durant la longue suite de siècles dont se compose la période jurassique, la lisière méridionale du bocage, qu'on appelle la grande plaine de la Vendée, était la limite de notre continent. Tout ce qui existe aujourd'hui de terre depuis cette limite jusqu'à la Sèvre-Niortaise et la mer était couvert parles eaux de l'Océan. Un de ces phénomènes qui étonnent l'imagination, mais qui ne sont qu'un jeu pour la nature, mit tout à' coup à découvert une superficie de trente-sept lieues.

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Du reste, le séjour de la mer sur la plaine est constaté par des témoins irrécusables, c'est-à-dire par des coquillages marins entiers, par des empreintes et des pétrifications de cornes d'ammon, de cames, de pèlerines, etc.

En 1834, on a découvert, dans une carrière de la commune de Xanton-Chassenon, divers ossements d'une proportion gigantesque. Ces ossements étaient enfouis à 30 ou 40 centimètres, dans une argile jaunâtre reposant immédiatement sur le calcaire crétacé. Les principaux consistent 10 en une sorte de mâchoire de baleine d'environ 1 m. 30 de longueur; 2° en un fragment paraissant appartenir à l'épine dorsale d'un cétacé, et ayant une longueur de 1 mètre. Nous avons vu, dans l'ancienne abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm, un fanon de baleine, trouvé sous le bri de la cour, à environ 4 mètres de profondeur (3).

Lorsque la retraite des eaux eut laissé la plaine à découvert, il est probable que le marais méridional s'avançait jusqu'au Pertuis-Breton. Peut-être, même, l'île de Ré en faisait-elle alors partie?

Du reste, à une époque qu'il est impossible d'assigner, -très reculée sans doute, -quoique postérieure d'un grand nombre de siècles à la première, la mer, agissant en sens contraire, envahit une seconde fois une partie du sol qu'elle avait abandonné, le déchira, le creusa très profondément, et laissa ainsi à découvert une grande partie des cantons de Luçon, Maillezais, Fontenay et Chaillé-les-Marais.

Quelques parties du sol se trouvèrent assez élevées pour être à l'abri de l'inondation, ou assez solides pour résister à l'érosion. Il en résulta deux promontoires, assez avancés dans la nouvelle mer : l'un à la pointe de Saint-Denis-du-Payré, l'autre à celle du Gué-de-Velluire, et aussi un grand nombre de petites îles dont le sol, absolument semblable à celui de la plaine, atteste l'identité d'origine. Ces îles, au nombre de seize, que l'on distingue encore aujourd'hui facilement, sont : 1° l'île de la Bretonnière ; - 2° de la Dive, sur la côte du golfe de l'Aiguillon; - 3° de Grues ; - 4° de Saint-Michel-en-l'Herm ; - 5° de Triaize ; - 6° de la Dune; - 7° du Vignaud (ces trois dernières dans la commune de Triaize) ; - 8° de Champagné, Puyravault et Sainte-Radégonde-des-Noyers ; - 9° de Moreilles; - 10° de Chaillé-les-Marais; - 11 du-Sableau; - 12° d'Aisne (ces trois dernières dans la commune de Chaillé-les-Marais) ; - 13° de Vouillé; - 14° de Vix; - 15° de Maillerais - 16° de l'Ile-d'Elle.

Telle est l'origine de cette vaste étendue de marais que nous voyons sur les deux rives de la Sèvre-Niortaise, sur celles du Lay, sur les côtes du golfe de l'Aiguillon et du Pertuis-Breton, depuis Saint-Liguaire, près de Niort, jusqu'à Longeville. La longueur de cette plage marécageuse, qui appartient aux départements de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la Charente-Inférieure, est de plus de vingt lieues, et sa largeur moyenne de quatre lieues.

Cette plage gagne en étendue de jour en jour, et les accroissements de la terre ferme, évalués pour le seul golfe de l'Aiguillon à 30 hectares par an, ne peuvent s'expliquer uniquement parle dépôt des alluvions d'origine marine et fluviale; la plupart des géologues admettent que d'autres forces ont pris part à l'exhaussement du sol; ainsi, divers indices paraissent établir que l'anse de l'Aiguillon, de nos jours assez peu étendue, était, il y a 2000 ans, un golfe s'avançant au loin dans l'intérieur des terres, et que la Sèvre-Niortaise se jetait dans la mer immédiatement à l'issue de sa vallée de collines.

D'ailleurs, les anciens îlots dont nous avons parlé plus haut portent des traces d'érosion à un niveau plus élevé que celui de la mer actuelle ; nous pourrions citer à l'appui de notre assertion, les fameux bancs d'huîtres de Saint-Michel-en-l'Herm, dont l'origine fait la désolation des savants, et qui, élevés aujourd'hui à douze mètres en moyenne au-dessus du niveau de l'Océan, ont été, paraît-il, utilisés aux IX et Xe siècles pour la construction d'une jetée, abritant un port maintenant éloigné de la mer de plus de 6 kilomètres. Au moyen âge, Talmont était un port de mer, et plus tard Henri IV y envoya de l'artillerie par eau : on voit encore- au pied du château des anneaux _qui servaient à attacher des navires. Dans la carte de Jean Jollivet, qui est du XVIe siècle, Luçon est représenté sur le bord de la mer, et le golfe s'avance jusqu'à Marans, qui est aujourd'hui à 11 kilomètres au fond de l'anse de l'Aiguillon. En 1.216, Maillezais est, dans une charte, qualifié de port de mer, et à la même époque, Agnès de Bourgogne donne à l'abbaye de Saintes, l'île de Vix, en Poitou, aujourd'hui à, 22 kilomètres de la mer.

A une époque très reculée, la baie de Bourgneuf s'avançait dans le continent de 10000 mètres de plus qu'aujourd'hui, et la mer couvrait tous les marais des' communes de Bois-de-Céné, Châteauneuf et Saint-Gervais. Entre Beauvoir et l'île de Bouin se trouvait un détroit dont la largeur devait être au moins de 4000 mètres, et par lequel le bras de mer qui sépare l'île de Noirmoutier du continent communiquait avec le golfe. Ce détroit, qui existait lorsque le château de Beauvoir fut assiégé et pris par Henri IV, au mois d'octobre 1588, n'est plus aujourd'hui qu'un simple fossé. Le château de Beauvoir, maintenant démoli, était bâti sur un banc de coquilles d'huîtres, à cent mètres en avant d'un promontoire schisteux et de la petite ville de même nom.

A l'entrée du golfe était-placée l'île de Bouin, qui s'est accrue considérablement depuis des siècles et qui s'accroît chaque jour des atterrissements qui se forment sur nos `côtes. Toute la partie du continent située à l'ouest de Beauvoir était couverte par les eaux, et les cartes du XVIe siècle (4), les plus anciennes que nous connaissions, indiquent le cours du Ligneron comme se prolongeant à travers les marais et s'embouchant à la Barre-de-Monts.Dans le même temps, le bras de mer qui sépare Noirmoutier du continent s'enfonçait également dans les terres du côté du sud-est et formait un second golfe plus étendu que le premier.



NOTES:

(1) Le maréchal de Bassompierre, qui suivit Louis XIII dans l'expédition contre Soubise, en l'ile de Rié, au mois d'avril 1622, a laissé une description du marais occidental où l'on trouve des Etiers, c'est-à-dire des canaux de dessèchement où la marée se fait sentir à une grande distance dans les terres.

(2) Mourain de Sourdeval. - Etudes physiques et' historiques sur le littoral vendéen. Extrait du XXIXe volume des Mémoires de la Société des antiquaires de l'ouest.

(3) En 1901, à 2 piètres de profondeur environ, sous une couche de cailloux roulés, le sieur Auger, carrier à Nieuil-sur-l'Autise, a trouvé deux dents appartenant à l'espèce des plus anciens éléphants connus " drinues elephantis ? " - La petite dent qui faisait partie de la mâchoire supérieure pesait 890 grammes, et la grosse,- de la mâchoire inférieure, pesait 1 k. 830. - Deux paires de dents semblables avec d'autres plus petites, composaient le ratelier du sujet.

(4) Nous en publions une au chapitre XVIII de cet ouvrage.

 

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