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    	| LA VENDÉE DEPUIS LA CONVOCATION 
            DES NOTABLES (JANVIER 1787) JUSQU'AU GRAND SOULÈVEMENT DE MARS 1793
   CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES   |  
		| Depuis longtemps déjà, des signes nombreux, 
            avant-coureurs des grandes révolutions, annonçaient, 
            même aux plus optimistes, que nous touchions à de graves 
            événements qui devaient modifier de fond en comble les 
            institutions de la vieille monarchie française. Ces institutions, 
            qui avaient, pendant de longs siècles, rendu de réels 
            services et fait de notre pays un état puissant et homogène, 
            n'étaient plus à la fin du XVIIIe siècle en harmonie 
            avec les idées.Sous l'influence des grands écrivains et des grands philosophes, 
            le mouvement intellectuel était devenu immense : partout les 
            esprits cherchaient la vérité, l'ordre, la raison de 
            toutes choses : la foule lisait, écrivait, discutait. L'Esprit 
            des lois (1) avait eu vingt-deux éditions en dix-huit mois. 
            Les livres proscrits se communiquaient mystérieusement sous 
            le manteau, et par l'influence d'une puissance nouvelle, insaisissable, 
            inattaquable, l'opinion publique, les vux unanimes du pays, 
            s'élevaient pour condamner les institutions du temps, restées 
            en arrière pendant que les esprits avaient marché en 
            avant.
 La France, tombée de siècle en siècle, de la 
            Monarchie représentative de Clovis et de Charlemagne à 
            la Monarchie absolue de Louis XIV et de Louis XV, voulait voir renaître 
            sous une forme nouvelle ces assemblées nationales où 
            toutes les classes votaient par milliers ; en un mot l'identification 
            du monarque avec son peuple et l'administration du pays par le pays.
 La société, féodale dans sa constitution, mais 
            moderne par l'esprit, les aspirations, la hardiesse de la pensée, 
            était donc prête pour une révolution que tout 
            indiquait comme devant être prochaine. Des causes diverses l'avaient 
            préparée, l'état déplorable des finances 
            allait en précipiter le dénouement.
 Econome et simple pour lui-même jusqu'à l'austérité, 
            Louis XVI laissait les dépenses de la reine, du comte d'Artois 
            et de la cour monter, en huit ans, jusqu'à 861 millions. Bientôt 
            la dette s'éleva progressivement à un milliard, et le 
            ministre fut contraint de demander une assemblée de notables 
            pour lui faire sanctionner les projets de Turgot et de Necker auxquels 
            il fallait enfin revenir.
 Les notables furent convoqués à Versailles 
            pour le 29 janvier 1787.    Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Liste des souscripteurs 
            à l'Encyclopédie, domiciliés dans le ressort 
            de Fontenay (1788) : David-Pierre Ballard (l'abbé), 
            Curé du Poiré-de-Velluire. - Biarge (l'abbé 
            de), Archidiacre et Vicaire Général de Luçon. 
            - Bonamy de Bellefontaine, Maître particulier des eaux 
            et forêts. - Bouron, Avocat du Roi au siège royal. 
            - Cabinet (le), de lecture de Fontenay. - Cercleron (l'abbé), 
            Vicaire de la Châtaigneraie. - Chessé, 
            Procureur à Fontenay. - Cormasson (l'abbé), curé 
            de Saint-Médard-des-Prés. - Coudraye (le chevalier 
            de la), Officier de la marine royal. - J.-Gabriel Gallot, Médecin 
            à Saint-Maurice-le-Girard. - Gandillon (l'abbé), 
            Chanoine et Secrétaire de l'Evêché de Luçon. 
            - Claude-Victor Giraudeau (l'abbé), Professeur à 
            Fontenay. - J. Augustin Poëy d'Avant, Receveur des domaines 
            et contrôleur des actes. - Queré, Avocat à 
            Fontenay. - Rozand (l'abbé), Grand Vicaire de Luçon 
            (A).  (A) Extrait des papiers de Cochon de Chambonneau, 
            imprimeur à Fontenay, et de ceux de Renaudin, libraire. - Archives 
            de Fontenay, T. V, page 643.    |  		
    	| RÉUNION DES NOTABLES   |  
		| Cette réunion, composée des princes, des 
            ducs et pairs, des prélats, des députés de la 
            noblesse et de quelques rares représentants du tiers-état, 
            s'opposa vivement à l'abolition des privilèges, obtint 
            le renvoi et l'exil de Calonne et se sépara sans rien conclure 
            (25 mai 1787).  Néanmoins, sous la pression de l'opinion publique, 
            Louis XVI rendit, le 22 juin, un édit prescrivant dans tout 
            le royaume l'établissement d'assemblées provinciales. 
             Un second édit du 12 juillet ordonna dans notre 
            province, pays d'élection (1), la formation « d'une 
            assemblée provinciale et d'assemblées d'élections 
            et de communautés ou assemblées municipales ». 
             Retour 
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		| NOTES: 
 (1) C'est-à-dire où l'impôt 
            était réparti par l'intendant, et où les différends 
            qui pouvaient s'élever entre les collecteurs et les contribuables 
            étaient jugés par des magistrats appelés élus. 
             |  		
    	| LL'ASSEMBLÉE PROVINCIALE DU 
            POITOU   |  
		| L'assemblée provinciale du Poitou tint sa première 
            session du 25 au 29 août 1787. Y figuraient, pour le Bas-Poitou 
            :    1° pour l'ordre du clergé  De Mercy, évêque et baron de Luçon. 
           De Rozand, vicaire général.  De Fresne, abbé des Fontenelles.    2° pour l'ordre de la noblesse  Le marquis de Saint-Sulpice-en-Pareds.  Le marquis de Régnon de Chaligny, seigneur 
            de la Genétouze.  Le comte de Chasteigner, seigneur de Saint-Michel-le-Cloucq. 
              3° pour l'ordre du tiers-état  Perreau de la Franchère, écuyer 
            du roi.  Duval de la Vergne, président des trésoriers 
            de France, au bureau des finances de Poitiers.  Bouron, avocat du roi en la sénéchaussée 
            de Fontenay.  Coutouly, sénéchal de Luçon. 
           Cadou, chef de division des canonniers gardes-côtes 
            aux Sables.  Desayvres, lieutenant particulier en la sénéchaussée. 
             Procureur-syndic  Robert de Lézardière, du Poiroux. 
             Secrétaire-greffier  Giraudeau, avocat.    Cette réunion préliminaire, composée 
            des personnages désignés par le roi, avait principalement 
            pour objet : 1° de nommer les membres qui, avec ceux choisis par 
            le roi, devaient compléter l'assemblée ; 2° d'élire 
            le membre du clergé, celui de la noblesse, et les deux représentants 
            du tiers-état qui, avec les deux procureurs-syndics et le secrétaire-greffier, 
            devaient composer la commission intermédiaire, sorte de délégation 
            chargée de la direction des affaires de la province, dans l'intervalle 
            des sessions.  Le 12 novembre, l'assemblée provinciale du Poitou, 
            qui comptait dans son sein Savary de Calais, maire de Fontenay, Brisson 
            et Bouron, avocats, et Testard, notaire, commença sa seconde 
            session, pendant laquelle on s'occupa surtout de rapprocher en quelque 
            sorte notre province de tous les points de la France par l'ouverture 
            de grandes routes, la création de canaux et l'amélioration 
            des cours d'eau navigables.    Retour 
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    	| MANIFESTATIONS DIVERSES EN FRANCE   |  
		| Pendant que notre province faisait l'essai d'une nouvelle 
            forme d'administration, de grands événements, précurseurs 
            d'autres plus grands encore, se préparaient de toutes parts 
            en France.  Le Parlement de Paris était exilé à 
            Troyes et remplacé par une cour plénière contre 
            laquelle protestaient et les Parlements de province et l'Université. 
            La Normandie s'agitait pour le maintien de ses privilèges et 
            de sa quasi-indépendance. Les États du Dauphiné 
            s'étaient réunis d'eux-mêmes à Vizille, 
            berceau paternel de la famille de Casimir Périer, ancien président 
            de la République française.L'altière Bretagne était en feu et une grande députation, 
            composée des trois ordres, était arrivée à 
            Paris le 15 août, bien décidée à parvenir 
            au roi, morte ou vive, pour obtenir l'élargissement des députés 
            bretons enfermés à la Bastille et l'exécution 
            du pacte de l'Union.
 En disputant ses derniers privilèges à 
            la Royauté, la Bretagne, par suite de la fatalité des 
            choses, hâtait la Révolution qui devait abolir tous les 
            privilèges.    Retour 
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    	| MANIFESTE NANTAIS   |  
		| C'est de Nantes que devait partir le premier manifeste 
            de l'insurrection bourgeoise, comme la première étincelle 
            de l'insurrection populaire en était partie sous Louis XIV. 
            La commune et les notables de cette ville réclamèrent 
            par délibération publique du 6 octobre 1788 : 1° 
            le nombre des députés du Tiers égal à 
            celui de la noblesse et du clergé réunis ; 2° un 
            procureur général syndic pour chaque ordre et le partage 
            alternatif de la charge de greffier en chef ; 3° l'adjonction 
            des curés non nobles, après dix ans de rectorat ; 4° 
            l'égale répartition de l'impôt entre tous les 
            citoyens des trois ordres : 5° l'abolition de la corvée 
            en nature ; 6° le droit pour tout Breton payant une capitation 
            de douze livres, de s'assembler dans chaque paroisse et de nommer 
            des députés, lesquels assemblés à leur 
            tour dans la ville épiscopale, éliraient entre eux leurs 
            représentants aux Etats.    Retour 
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    	| CONTRE-COUP A FONTENAY-LE-COMTE   |  
		| Comme le premier coup de foudre dans un ciel chargé 
            d'orage, cette manifestation avait enflammé une partie de la 
            Bretagne et de l'Anjou, et l'écho en avait retenti jusqu'à 
            Fontenay, où depuis longtemps déjà beaucoup de 
            nobles esprits étaient mûrs pour la Révolution. 
            - En 1787, alors que la convocation des Etats-Généraux 
            n'était pas encore décidée, René Esnard 
            avait adressé à l'illustre Necker un mémoire 
            qui contenait la quintessence des réformes opérées 
            depuis, et en 1788, Bouron, avocat du roi, faisait paraître 
            une vigoureuse brochure intitulée : Moyens de sauver le 
            royaume de la banqueroute.  Dès le 23 octobre 9.788, l'assemblée du 
            département de Fontenay-le-Comte s'occupait des formes à 
            employer dans la convocation et la formation des Etats-Généraux 
            et discutait les mémoires (1) présentées à 
            cet effet par deux bas-poitevins distingués : le marquis de 
            La Coudraye, alors syndic du corps de ville de Luçon, et de 
            Lapparat, conseiller au siège de Fontenay.  Dans un langage inspiré par le plus pur patriotisme 
            et les plus nobles sentiments, nos devanciers, par l'organe du rapporteur, 
            déposaient au pied du trône, en même temps que 
            leurs vux pour le bonheur du monarque, l'exposé digne 
            et ferme de leurs revendications légitimes, dont la plupart 
            devaient quelques mois après être contenues dans la fameuse 
            déclaration des droits de l'homme.  Le 30 du même mois, sur la proposition du maire 
            Savary de Calais, le corps de ville, à l'unanimité, 
            adhérait en tout son contenu aux desiderata des officiers municipaux 
            de la ville de Nantes dont nous avons parlé plus haut.    Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Celui de La Coudraye, que nous avons 
            sous les yeux et qui fait partie de la collection B. Fillon, est un 
            chef-d'uvre de logique et de bon sens.   |  		
    	| ÉTAT DES ESPRITS A LA FIN DE 
            L'ANNÉE 1788S   |  
		| La monarchie mourante se débattait inutilement 
            ; une force invincible la poussait à cette convocation de la 
            nation qui lui inspirait tant de terreurs.  En attendant la réunion des États-Généraux, 
            les représentants des trois ordres réunis à Fontenay 
            le 24 décembre 1788, mus par une même pensée de 
            concorde et de sages réformes, réclamaient pour le Poitou 
            l'organisation d'états particuliers, comme ceux du Dauphiné 
            ; cette organisation était trop tardive. Dans cette période 
            où nous entrons, l'événement le plus inattendu 
            va  déchaîner les tempêtes : la moindre 
            étincelle allumer un grand incendie.  A la fin de l'année 1788, les esprits étaient 
            dans un état de fermentation indescriptible. A l'exemple de 
            l'Angleterre, se formaient des assemblées qui, sous le nom 
            de clubs, ne s'occupaient que des abus à détruire, des 
            réformes à opérer.  A nos portes, la tenue des États-Généraux 
            de Bretagne surtout avait été orageuse et la noblesse 
            et le clergé, invoquant l'article 22 du contrat qui les liait 
            à la France, s'opposaient violemment à la convocation 
            des États-Généraux.  Historiquement et logiquement la noblesse avait cent 
            fois raison : mais c'est une preuve de plus qu'en fait de politique, 
            la logique aboutit quelquefois à l'immobilité, c'est-à-dire 
            à la mort.  Les gentilshommes bretons ne comprirent pas que le jour 
            de l'avènement du Tiers et de l'unité française 
            était arrivée. Inébranlables comme le granit 
            de leurs manoirs et comme les chênes de leurs forêts, 
            invariables dans leur antique devise : Potius mori quam fdari 
            - Plutôt la mort qu'une souillure ; ils aimèrent 
            mieux mourir que de sacrifier leur manteau d'hermine ou d'aller conspirer 
            à Coblentz contre leur patrie. Ce fut une grande erreur, mais 
            une erreur glorieuse, du moins pour ceux que nous verrons, fidèles 
            à leur serment, tomber en héros ou en martyrs sur le 
            champ de bataille ou sur la guillotine, et cette erreur devait être 
            partagée par la plupart des gentilshommes bas-poitevins. Opposition 
            bien inutile ; le vent de la Révolution agitait toutes les 
            têtes comme un océan près de se déchaîner, 
            et en Bretagne comme ailleurs, le Tiers allait l'emporter de haute 
            lutte sur les ordres privilégiés.  Le programme de la Révolution était tracé, 
            et la nation n'avait plus qu'à exécuter le plan de campagne 
            de son audacieux tacticien Siéyès.  Ce plan, tout le monde le connaît, et nous ne 
            nous attarderons pas à le rappeler.  Dans la noblesse bas-poitevine même, brave et 
            toujours agitée, chez laquelle les murs patriarcales 
            (1) s'étaient conservées presque dans toute leur pureté, 
            et où le régime féodal était loin de peser 
            sur le peuple comme dans le reste de la France, des esprits supérieurs 
            à leur siècle et auxquels nous sommes heureux de rendre 
            ici un solennel hommage, attaquaient eux-mêmes ces institutions 
            séculaires, qui n'étaient plus en rapport avec l'esprit 
            public ni avec les murs.  Le marquis de la Coudraye, né à Luçon, 
            vers 1740, publiait par souscription, à Fontenay, un Mémoire 
            en faveur du cardinal de Rohan (affaire du collier de la Reine) 
            et plus tard un Mémoire contre la, corvée.  Mlle de Lézardière elle-même, née 
            au Poiroux, écrivait à la même époque l'ouvrage 
            célèbre intitulé : La théorie des lois 
            politiques de la monarchie française, dont nous parlons 
            dans un autre chapitre.      Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) « Le château regorgeait 
            de chevaliers sans apanages, d'abbés sans bénéfices... 
            Il en élait de même à l'office, ou les domestiques, 
            depuis des siècles, parties intégrantes de la maison, 
            conservaient avec eux leurs enfants et les enfants de ceux-ci ». 
            - « La noblesse de l'Ouest au moment de la Révolution, 
            par Baguenier-Désormeaux - Revue du Bas-Poitou, Ve année, 
            page 205. »    |  		
    	| CONVOCATION DES ÉTATS-GÉNÉRAUX 
            ET DEMANDES DES TROIS ORDRES DU BAS-POITOU   |  
		| Le récit des événements qui se 
            passaient à Rennes avait produit dans le Bas-Poitou une certaine 
            fermentation. A Fontenay surtout, les esprits étaient agités, 
            et l'on craignait que les élections aux États-Généraux, 
            qui s'annonçaient comme devant être proches, n'eussent 
            pas le caractère calme qui leur convenait, et que des influences 
            plus ou moins occultes n'essayassent de fausser le verdict du pays. 
            Dans cette pensée, les officiers de la sénéchaussée 
            de Fontenay demandaient, dès le 9 janvier 1789, à Necker, 
            qu'une convocation directe fut adressée aux électeurs 
            de leur ressort.  Enfin, le 24 janvier, parut la lettre de convocation 
            des États-Généraux à Versailles pour le 
            27 avril. Cette lettre, accomgagnée d'un règlement sur 
            la forme des élections, reconnaissait le doublement du Tiers 
            (600 députés pour ce dernier, 300 pour la noblesse, 
            300 pour le clergé, en tout 1.200 députés). Elle 
            invitait également les électeurs à se préoccuper 
            de la rédaction des Cahiers qui devaient contenir en substance 
            l'ensemble des desiderata des trois ordres (1).Le cahier de la noblesse bas-poitevine réunie à Fontenay, 
            était marqué au cachet d'un certain libéralisme, 
            dû en grande partie aux principes généreux que 
            professait le principal rédacteur, le chevalier Loynes de la 
            Coudraye. La noblesse renonçait notamment aux privilèges 
            pécuniaires dont elle jouissait et consentait à supporter 
            les charges publiques dans une parfaite égalité, en 
            proportion des fortunes et des propriétés, et admettait 
            le principe que pour faire la loi, il fallait le concours du prince 
            de la nation. Mais aussitôt après, elle demandait le 
            maintien et la conservation de tous ses autres droits, prééminences, 
            prérogatives, distinctions et propriétés, etc. 
            Sous l'influence de Robert de Lézardière, elle imposait 
            à ses députés « le mandat très impératif 
            de ne voter que par ordre », et se prononçait contre 
            l'innovation « insolite, inadmissible pour l'avenir », 
            de la représentation du Tiers en nombre double de celui accordé 
            aux deux ordres de l'État.
 La majorité des membres du clergé exigeait 
            surtout que le catholicisme demeurât la seule religion autorisée, 
            que les emplois ne fussent accordés qu'aux catholiques, que 
            la censure fut maintenue et l'éducation des enfants confiée 
            aux ecclésiastiques.  Sous l'influence des curés, le tiers-état 
            du clergé demandait que le mode de perception des dîmes 
            et du boisselage, qui pesait si lourdement et si inégalement 
            sur le peuple des campagnes, fut réglementé d'une façon 
            plus équitable (2).  Le tiers-état, qui n'avait point de privilèges 
            à maintenir, mais des droits à revendiquer, réclamait 
            hardiment, par l'organe de la sénéchaussée de 
            Fontenay, une constitution nouvelle du gouvernement et de la société. 
            Dans beaucoup de cahiers, il était expressément enjoint 
            aux députés du Tiers de ne consentir à aucun 
            subside que la déclaration des droits de l'homme ne fut passée 
            en loi. La question des principes dominait presque partout la question 
            d'intérêts particuliers. Le vote par tête, l'égalité 
            complète des citoyens devant la loi et devant l'impôt, 
            l'abolition du droit d'aînesse, des servitudes féodales, 
            la réforme des codes, la permanence des états en leur 
            périodicité, la liberté de la presse, la liberté 
            du commerce et de l'industrie, étaient presque unanimement 
            réclamées. Il n'en fut pas ainsi en ce qui concernait 
            la liberté de conscience, et seule dans le Bas-Poitou, l'assemblée 
            du bailliage de Vouvent, dont le célèbre docteur protestant 
            Gallot était membre, reçut les doléances des 
            réformés.  La sénéchaussée de Fontenay-le-Comte 
            entre autres choses, proposait pour combler le déficit, l'aliénation 
            au profit de l'Etat d'une partie des biens destinés aux services 
            des autels, des honoraires fixes de 1500 livres pour les curés, 
            de 750 pour les vicaires, en un mot la gratuité de toutes les 
            fonctions du ministère et l'entière abolition du boisselage. 
             Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Michelet prétend que cinq millions 
            d'hommes prirent part à l'élection.  (2) Le cahier des demandes, plaintes et 
            doléances de l'Ordre du clergé de la province du Poitou, 
            assemblé le 16 mars 1789, se trouve relaté dans l'Histoire 
            des évêques de Luçon, par de La Fontenelle 
            de Vaudoré, pages 868-869, etc.    |  		
    	| OPPOSITION DE LA NOBLESSE BAS-POITEVINE 
            AU DOUBLEMENT DU TIERS   |  
		| La clause des « lettres royaux » portant 
            doublement du Tiers souleva dans une partie de la noblesse bas-poitevine 
            les plus violentes récriminations, et à peine fut-elle 
            connue, que sous l'inspiration du marquis de la Coudraye, fut décidée 
            pour le 28 janvier, une réunion préparatoire au couvent 
            des Cordeliers, aujourd'hui couvent des Ursulines de Chavagnes.  Trente et quelques gentilshommes s'y rendirent, et après 
            avoir protesté contre la tenue des Etats-Généraux, 
            ils décidaient l'envoi d'un message au roi et l'expédition 
            sans signature du billet suivant à tous les gentilshommes de 
            la province.   M...  « Dans ce moment important oü la noblesse 
            doit avoir à cur de conserver ses droits et ses privilèges, 
            vous êtes invité, comme membre de cet ordre, de vous 
            trouver à Fontenay-le-Comte, le 10 février au matin, 
            à la maison de l'Assemblée du bureau intermédiaire 
            du département. Vous êtes prié d'avertir, les 
            gentilshommes à portée de vous, du contenu de ce billet, 
            pour obvier à tout oubli involontaire ou accident quelconque 
            ».    Cette réunion ayant provoqué quelque agitation 
            dans la ville et apprenant qu'une autre plus importante devait avoir 
            lieu le 10 février, le maire Savary de Calais crut devoir convoquer 
            pour le 9 le corps de ville qui, à la suite du discours prononcé 
            par le premier magistrat, prenait la décision suivante.    « L'assemblée proteste tant contre celle 
            de la noblesse, tenue en cette ville le 28 janvier dernier, que contre 
            celle qui doit se tenir demain, 10 de ce mois, contre tout ce qui 
            a pu être arrêté dans la première et contre 
            tout ce qui pourrait l'être dans la seconde, de contraire aux 
            intentions de Sa Majesté et aux droits de cette ville et commune. 
            »    Malgré la protestation du corps élu, 200 
            nobles ou anoblis se réunirent à nouveau dans la capitale 
            du Bas-Poitou, pour s'opposer à toute convocation des Etats-Généraux. 
           La noblesse du Haut-Poitou, convoquée à 
            Poitiers le 15 février, ayant désavoué, en partie 
            du moins, l'attitude de celle du reste de la province, les gentilshommes 
            de notre région, au nombre clé 286, ne s'en réunissaient 
            pas moins les 17 et 18 février, c'est-à-dire pour la 
            3e fois depuis 20 jours, à Fontenay. N'ayant pas trouvé 
            de salle pour tenir leur séance, qui était en fait, 
            illicite, ils se rendent aux Cordeliers de la ville qui, moyennant 
            250 livres, mettent la chapelle à leur disposition. Après 
            des discussions orageuses qui durent deux jours, ils se séparent, 
            non sans avoir décidé, à la majorité de 
            173 voix contre 113, de s'opposer au doublement du Tiers et à 
            tout ce qui pourrait porter atteinte aux droits et privilèges 
            attachés à la qualité de gentilhomme.    Retour 
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    	| ORDONNANCE DE SAVARY DE BEAUREGARD, 
            SÉNÉCHAL DE FONTENAY-LE-COMTE, CONCERNANT LA CONVOCATION 
            DES ÉTATS-GÉNÉRAUX (17 Février 1789)
   |  
		| Le jour où la noblesse bas-poitevine se réunissait 
            pour la 3e fois à Fontenay, afin de protester surtout contre 
            le doublement du Tiers, le sénéchal Savary de Beauregard 
            rendait une ordonnance fixant le mode de publication « des lettres 
            royaux » du 24 janvier 1789, dans toutes les villes, bourgs, 
            villages et communautés de son ressort.  Le 5 mars, toujours en vue des élections, on 
            désignait, pour porter à Poitiers le cahier de la sénéchaussée 
            de Fontenay et nommer des députés aux États-Généraux 
            :    De Bessé du Patis (Henri), marchand.  Biaille de Germon (François-Thomas), Procureur 
            du roi des eaux et forêts.  Bouron (François-Anne-Jacques), Avocat 
            du roi en la sénéchaussée.  Chevallereau (Jacques-René), Lieutenant civil 
            en la sénéchaussée Cochon de l'Apparent (Charles), Conseiller en 
            la sénéchaussée.  Pervinquière (Mathieu-Joseph-Séverin), 
            Avocat.  Testard (Jacques-Pierre), Notaire.  Dupuy (Pierre-Claude), Procureur du roi en la 
            sénéchaussée.  Savary de Calais (L. T. N. Philippe), Maire (1). 
             Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Documents de la collection B. 
            Fillon - Le procès-verbal des nominations des députés 
            et commissaires de la sénéchaussée et siège 
            royal de Fontany-le-Comte pour l'assemblée du Tiers-Etat à 
            Poitiers, du 7 mars 1789, donne le nom des 69 élus. - Le premier 
            nommé fut François-Anne Bouron, avocat du roi à 
            Fontenay, et le dernier Louis Levraud, fermier à Saint-Michel-en-l'Herm. 
             |  		
    	| RÉUNION DES TROIS ORDRES POITEVINS 
            A POITIERSATTITUDE DES DÉPUTÉS DU BAS-POITOU
   |  
		| Les électeurs de la noblesse, du clergé 
            et du tiers-état, chargés de nommés les députés 
            aux États-Généraux arrivèrent à 
            Poitiers dans les premiers jours de mars 1789.  Le 9, par une température sibérienne, 
            eut lieu dans la chapelle des Jésuites, aujourd'hui chapelle 
            du Lycée, l'appel nominal des électeurs, en procédant 
            par lettres alphabétiques et par paroisse. Dans les conciliabules 
            tenus et les propos échangés au cours des séances 
            préparatoires, il fut facile de voir que la noblesse du Bas-Poitou 
            se montrerait beaucoup moins conciliante que celle du Haut-Poitou, 
            qui dès le début fit force prévenance aux électeurs 
            de Fontenay, de Saint-Gilles, des Sables, etc.  Nous ne parlerons point du cérémonial 
            usité en pareille circonstance... Il nous suffira de dire que 
            si la noblesse et le clergé déployèrent une grande 
            magnificence, une étiquette humiliante fut imposée au 
            tiers-état.  Mais les hommes ne sont pas moins jaloux de leur dignité 
            que de leurs droits, et préludant au grand rôle qu'ils 
            allaient jouer bientôt et malgré leur extérieur 
            modeste, semblant fort de leur nombre et de leur avenir, les députés 
            de la bourgeoisie n'en prirent pas moins une part active et brillante 
            aux discussions qui eurent lieu au sein de l'Assemblée jusqu'au 
            4 avril.  Bouron surtout, se signala par ses connaissances juridiques 
            profondes, par l'ampleur de ses vues et la sûreté de 
            son jugement, et le 19 mars, après une séance mouvementée, 
            provoquée par la lecture des cahiers de Lusignan, Niort et 
            Fontenay, il fut assez écouté pour faire prendre comme 
            base celui de sa ville.  Son attitude énergique lui valut les suffrages 
            de ses collègues. Il eut, avec Biaille de Germon, procureur 
            du roi aux eaux et forêts de Fontenay ; Goupilleau et Pervinquière, 
            Cochon de l'Apparent, de la sénéchaussée de Fontenay, 
            et Auvynet, sénéchal de Montaigu, Birotheau des Burondières, 
            Lofficial et Gallot, du bailliage de Vouvent, - La Châtaigneraie, 
            tous députés du tiers-état, et ses autres collègues 
            du clergé et de la noblesse ; De Mercy, évêque 
            de Luçon ; Dillon, curé du Vieux-Pouzauges, Richard 
            de la Vergne, recteur de la Trinité de Clisson ; Ballard, curé 
            du Poiré-sur-Velluire ; le marquis Le Clercq de Juigné 
            et le chevalier de la Coudraye, l'honneur d'aller s'asseoir aux États-Généraux, 
            à côté de cette pléïade de penseurs 
            et d'orateurs puissants, qui initièrent la France à 
            la liberté, et dont la plupart payèrent hélas 
            de leur sang cette redoutable initiation.    Retour 
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    	| ETATS-GÉNÉRAUX DE 1789.(ATTITUDES DES DÉPUTÉS POITEVINS)
   |  
		| Enfin sonna la dernière heure du monde féodal 
            et la première du monde nouveau, le 5 mai 1789. La première 
            scène de la Révolution fut un jour d'ivresse et d'espérance 
            que devaient suivre hélas d'autres jours de deuil, que l'historien 
            ne peut que regretter et blâmer.  On sait l'opposition des ordres privilégiés 
            à la vérification des pouvoirs faite en commun, elles 
            séances orageuses. qui en furent la conséquence ; - 
            on connaît moins bien l'attitude digne d'éloge des quatre 
            ecclésiastiques que le Poitou avait envoyés comme députés 
            aux États-Généraux, Jallet, de Cherigné, 
            Lecesve, de Saint-Triaize-de-Poitiers, Ballard, du Poiré-sur-Velluire, 
            Dillon, du Vieux-Pouzauges. Rompant avec certains préjugés 
            de leur ordre, et aussi avec les opinions émises par leurs 
            évêques, sentant bien que rien ne pouvait arrêter 
            le flot populaire qui montait, et que le mieux était de le 
            modérer dans sa course, ces quatre ecclésiastiques s'immortalisèrent 
            les 13 et 14 juin 1789, en quittant les premiers la salle de leur 
            ordre pour aller se réunir au Tiers, rendre possible le serment 
            du Jeu de Paume, et déterminer la formation de l'Assemblée 
            nationale.  Dans cette fameuse séance du Jeu de Paume, tous 
            les députés du tiers-état du Bas-Poitou prêtèrent 
            le serment, et Goupilleau de Fontenay, bien que malade, se fit porter 
            dans un fauteuil à la réunion. C'est lui qui est représenté 
            à gauche, dans l'immortelle toile de David.  Mais les députés de la noblesse poitevine 
            comprirent moins bien leur époque, leurs intérêts 
            et les manifestations des 17, 19, 20 et 23 juin 9.789. - En vain, 
            le 30 juin, signaient-ils-une protestation suprême contre le 
            droit de délibérer en commun, en vain, Irland de Bazoges, 
            lieutenant général du grand sénéchal du 
            Poitou, convoquait-il les nobles pour le 27 juillet, en vue de leur 
            soumettre les doléances de leurs mandataires, l'orage grondait 
            et s'annonçait comme devant être terrible.  Le 14 juillet, les Parisiens avaient assiégé 
            et emporté en quelques heures la Bastille, cette vieille forteresse 
            de l'arbitraire, et cette nouvelle avait été accueillie 
            avec enthousiasme par la jeune bourgeoisie des petites villes du Bas-Poitou. 
            A Luçon, où dominait l'aristocratie, le maire avait 
            fait, le 31 juillet, célébrer dans l'église paroissiale 
            un service funèbre en l'honneur des victimes de la prise de 
            la Bastille, et à Fontenay, on avait chanté un Te 
            Deum d'actions de grâces pour le retour de la tranquillité 
            dans la capitale, livrée à des agitateurs « sans 
            pudeur et sans frein. »  L'annonce des événements accomplis à 
            Paris pendant la fameuse nuit du 4 août ne provoqua pas à 
            Fontenay un enthousiasme moins grand que la nouvelle de la prise de 
            la Bastille, et la municipalité fut une des premières 
            à adresser ses félicitations à l'Assemblée 
            nationale.   Retour 
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    	| EMEUTES A FONTENAY ET AUX SABLES-D'OLONNE 
            (Août 1789)   |  
		| Au milieu des discussions politiques qui s'imposaient 
            aux méditations de l'Assemblée, la disette menaçait 
            la France, et la malveillance cherchant à exciter la nation 
            contre ses représentants, avait provoqué des révoltes 
            jusqu'au fond des provinces les plus éloignées. Dans 
            la nuit du dimanche au lundi 10 août, Fontenay eut son émeute 
            provoquée par la cherté des grains. Il y eut mort d'homme 
            et exécutions capitales, et le sénéchal Savary 
            de Beauregard faillit être tué.  Aux Sables-d'Olonne, la police put à grand peine 
            maîtriser les fureurs de la foule contre les boulangers annonçant 
            qu'ils n'avaient de blé que pour huit jours, - qu'il n'y en 
            avait plus dans la campagne et que la récolte se ferait attendre. 
           Dans la crainte que de nouveaux troubles ne se produisissent, 
            Savary de Calais, maire, colonel de la garde nationale, et Baudry 
            d'Asson furent députés vers le duc de Maillé, 
            commandant la place de La Rochelle, qui, sur l'avis de M. de Nanteuil, 
            intendant de la province, leur remit 300 fusils avec leurs baïonnettes, 
            des gibernes, 100 sabres sans fourreau et 4 caisses en cuivre.  Aussitôt leur retour, la municipalité s'occupa 
            de constituer un régiment national, qui se donna pour chef, 
            sous le titre « de major général, Gabriel-Baudry 
            d'Asson, demeurant à Brachain, près la Châtaigneraie. 
            »    Retour 
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    	| SOUSCRIPTIONS PATRIOTIQUES   |  
		| Malgré tout ce qu'avait pu faire l'Assemblée 
            nationale pour approvisionner la France, la famine allait croissant, 
            et avec elle la situation générale du pays s'aggravait. 
            Le trésor public était en détresse. Deux emprunts, 
            l'un de 30 millions, et un autre de 80 millions, émis les 7 
            et 27 août avaient échoué.  La contribution patriotique ordonnée par la loi 
            du 6-16 novembre 1789, suivie d'une proclamation royale, en date du 
            15 du même mois, donna peu de chose en Vendée, sauf à 
            Fontenay, qui fournit 138.584 livres, et Montaigu 30.000 livres. Les 
            autres localités avaient montré une grande tiédeur, 
            et il fallut recourir aux moyens crcitifs pour faire rentrer 
            les impôts.    Retour 
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    	| CRÉATION DU DÉPARTEMENT 
            DE LA VENDÉE 
 FONTENAY-LE-COMTE, CHEF-LIEU. - OPPOSITION 
            DE NIORT, LUÇON ET LES SABLES-D'OLONNE   |  
		| Lorsque l'Assemblée nationale voulut effacer 
            les distinctions historiques des provinces, il fut d'abord question 
            de ne former que deux départements du Poitou, et alors disparaissait 
            toute objection contre Fontenay comme chef-lieu de la région 
            du Bas-Poitou. Mais sur les conseils de Thibaudeau, la ville de Niort 
            réclama la création d'un troisième département 
            dont elle serait le chef-lieu, en proposant La Roche-sur-Yon comme 
            celui de la subdivision occidentale.  Les Sables-d'Olonne et Luçon suivirent Niort 
            dans son opposition, mais ne purent empêcher l'assemblée 
            de décider, le 26 janvier 1790, que Fontenay serait le chef-lieu 
            du département occidental du Poitou, qui comprendrait les six 
            districts de Fontenay, La Châtaigneraie, Montaigu, Les Sables, 
            Challans, La Roche-sur-Yon, soit 58 cantons et 317 communes.    Retour 
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    	| FORMATION DE L'ADMINISTRATION DÉPARTEMENTALE   |  
		| Le département de la Vendée, dont la création 
            avait été décidée en principe, le 26 janvier 
            1790, n'avait point reçu de suite une organisation administrative 
            définitive. Les services publics fonctionnaient mal ; les impôts 
            ne rentraient point, et des conflits de toute nature se produisaient 
            à chaque instant entre des pouvoirs plus ou moins définis. 
            Toutes les réformes de l'Assemblée n'avaient point été 
            accueillies avec une bien grande faveur par la très grande 
            majorité des ordres privilégiés. L'orage grondait 
            sourdement, surtout dans le bocage et dans le marais de Challans, 
            et il importait à la tranquillité publique d'organiser 
            le plus promptement possible au chef-lieu un pouvoir fort et. respecté. 
           La première assemblée générale 
            des électeurs de la Vendée s'ouvrit à Fontenay, 
            en l'église des Cordeliers, le 29 juin 1790, à 
            neuf heures du matin, sous la présidence de Pichard du Page. 
           Les élections durèrent huit jours, et 
            furent presque toujours marquées par des séances tumultueuses, 
            provoquées en grande partie par la désignation de Fontenay 
            comme chef-lieu. Lors du scrutin ouvert sur la question du chef-lieu, 
            le dépouillement donna le résultat suivant. Sur 357 
            votants, 219 s'étaient prononcés contre Fontenay, malgré 
            l'énergique intervention de Pichard, qui eut l'honneur 
            d'être le premier nommé procureur général 
            syndic du département, avec Menanteau comme substitut 
            ; les membres élus furent , Badereau, Guillet Millouain, 
            Perreau, Paillou, Morisson, Thiérot et Luminais.  Le 1er septembre 1790, le directoire du département 
            s'installa provisoirement au Puy-St-Martin, dans la maison aujourd'hui 
            occupée par Mme Clémenceau de la Loquerie, et où 
            il tint ses séances jusqu'au 3 novembre suivant. A cette date 
            il se fixa au Puy-Lavau, dans la maison Chevallereau, habitée 
            actuellement par les Surs du Bon-Pasteur, et son premier arrêté, 
            daté du 9 novembre, fut de décider l'établissement 
            d'une bergerie modèle, à Péault, sous la direction 
            de Cavoleau, curé de cette paroisse.  D'autres dispositions furent prises pour établir 
            des haras, perfectionner les races bovines du pays, développer 
            l'instruction, améliorer le sort des pauvres et des enfants 
            naturels, créer à Fontenay une école de sages-femmes, 
            sous la direction de Ballard, nommé professeur au traitement 
            de 300 livres, rendre plus prospère le port des Sables et faciliter 
            les moyens de communication.    Retour 
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    	| FÉDÉRATION POITEVINE. 
            - LE 14 JUILLET 1790   |  
		| -Les troubles et les alarmes, qui n'avaient pas entièrement 
            cessé dans les campagnes depuis le 14 juillet, s'étaient 
            renouvelés avec plus d'intensité à l'entrée 
            de l'hiver 1789. L'année 1790 venait de commencer et une agitation 
            générale se faisait sentir. D'un bout de la France à 
            l'autre, une incommensurable farandole entraînait les Français 
            dans les bras des Français. Le pays entier se ruait à 
            la tribune, aux clubs, au forum ; la vie publique absorbait complètement 
            la vie privée, et un grand nombre de communes et de gardes 
            nationales se fédéraient, à l'exemple de Paris. 
           Le Poitou n'allait pas tarder à suivre le mouvement, 
            et le 5 avril, les gardes nationales de Fontenay, convoquées 
            en armes dans la salle du palais, adhéraient aux propositions 
            de celles de Poitiers, et nommaient une délégation pour 
            les représenter dans cette ville lors du renouvellement du 
            serment civique, qui devait avoir lieu sur les bords du Clain le 11 
            avril. L'exemple de Fontenay avait, porté ses fruits, et le 
            30 mai, les gardes nationales de 18 communes s'assemblaient en confédération 
            au Fougerais de Sainte-Florence-de-l'Oie, sous le commandement en 
            chef du marquis de Lespinay, colonel de la garde nationale de Chantonnay. 
           La fêle du 14 juillet 1790, destinée à 
            une réconciliation générale, n'avait pas été 
            célébrée avec enthousiasme seulement à 
            Paris, où Fontenay avait envoyé des délégués. 
            Aux Sables, à Luçon, à Saint-Gilles et ailleurs, 
            toutes les classes de la société y avaient pris part, 
            sans distinction de rang ni de fortune.  Mais l'admirable concorde de la Fédération 
            ne devait malheureusement pas durer. Dans la journée du 14 
            juillet, beaucoup de Vendéens s'étaient, comme le reste 
            des Français, élevés au dessus d'eux-mêmes. 
            Ils n'allaient pas tarder à retomber dans des erreurs regrettables. 
             Retour 
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    	| TROUBLES OCCASIONNÉS PAR LA 
            CHERTÉ DES GRAINS   |  
		| Des achats de grains, des distributions de pain aux 
            indigents et l'ouverture des chantiers communaux n'avaient pu conjurer 
            l'orage qui, pour les moins prévenus, s'annonçait, menaçant. 
           A Bressuire, à Saint-Amand, à Mouchamps, 
            des troubles avaient éclaté au sujet de la libre circulation 
            des grains, et à Mouilleron, Guinefolleau, maire et curé, 
            s'était livré à l'accaparement des grains. Pendant 
            quatre joursle tocsin avait sonné dans les villages voisins, 
            et le 13 février 1790, le duc de Maillé, commandant 
            militaire de la province, donnait des instructions pour assurer la 
            libre circulation des grains de Marans a Fontenay.  Les mesures prises par le duc de Maillé n'étaient 
            qu'un faible palliatif. La disette sévissait de plus en plus. 
            A Fontenay, des hommes, des femmes, des enfants en haillons se pressaient 
            aux portes de l'Hôtel-de-Ville, demandant à grands cris 
            de leur donner du pain. Le maire, Pichard du Page, toujours sur la 
            brèche, se prodiguait avec un dévouement admirable. 
            Sa porte était toujours ouverte aux infortunes, et les puissantes 
            relations qu'il avait, à Paris étaient mises au service 
            de ses administrés avec un désintéressement qui 
            l'honore. Sa sollicitude s'étendait même aux autres localités 
            du Bas-Poitou voisines de Fontenay, et l'on peut dire que c'est à 
            sa puissante intervention et aux influences qu'il avait dans les ministères, 
            que fut dû l'envoi des secours en grains accordé par 
            Necker et attendu avec une impatience fébrile.    Retour 
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    	| BIENS NATIONAUX. - CONSTITUTION CIVILE 
            DU CLERGÉ(12 juillet - 26 décembre 1790)
   |  
		| L'Assemblée nationale ayant, le 14 avril 1790, 
            en exécution des lois des 2 et 3 novembre 1789, voté 
            la remise des biens (1) de l'Église aux départements 
            et aux districts en les chargeant, d'assurer le salaire du clergé 
            et les dépenses du culte, les conseils municipaux des Sables-d'Olonrne 
            et de Fontenay notamment, décidaient qu'il serait fait des 
            soumissions en conséquence. Cette décision irrita profondément 
            le clergé séculier du diocèse qui, dès 
            l'année 1789, avait protesté contre le décret, 
            du 24 décembre, portant admission des non catholiques à 
            toutes les fonctions publiques. Il gagna facilement à sa cause 
            les anciens titulaires des bénéfices ecclésiastiques 
            qui, dès les 13 et 14 novembre 1789, avaient fait la déclaration 
            exigée par la loi. Nous verrons cette irritation grandir et 
            amener, avec d'autres mesures, concernant le clergé, les plus 
            redoutables complications, surtout après l'adoption de la mesure 
            impolitique exigeant des ecclésiastiques le serment à 
            la constitution civile du clergé (2), serment que la plupart 
            des prêtres refusèrent de prêter, à commencer 
            par ceux de Fontenay (21 janvier 1791) (3).   Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Les ordres religieux furent supprimés 
            le 13 février 1790.  (2) Cette constitution, votée le 
            12 juillet 1790, ne fut sanctionnée par le roi que le 26 décembre, 
            mais le serment de fidélité à cet acte schismatique 
            ne fut exigé que le 4 juillet 1791. - 50.000 prêtres, 
            sur 60.000, répondirent par un refus à cette tyrannique 
            sommation.  (1) Une loi du 22 décembre 1790 
            ordonnait aussi que tout fonctionnaire public, recevant pension ou 
            traitement de l'État, qui ne serait pas dans le royaume et 
            qui n'aurait prêté son serment civique dans le délai 
            d'un mois, serait déchu de tout grade, emploi, pension ou traitement. 
             |  		
    	| ÉLECTION DE L'ÉVÊQUE 
            CONSTITUTIONNEL DE LA VENDÉE (27 février er 1er mars 1791),
 ET INSTALLATION DU CLERGÉ CONSTITUTIONNEL
   |  
		| L'évêque de Luçon, Mgr de Mercy, 
            ayant refusé le serment civil, l'assemblée électorale 
            chargée de nommer un évêque constitutionnel se 
            réunit le 27 février 1791, dans l'église de Notre-Darne 
            de Fontenay, où elle assista à une messe solennelle, 
            célébrée par M. Bridault, curé-doyen. 
           Des 471 électeurs choisis par les assemblées 
            primaires, 173 seulement répondirent à l'appel de leur 
            nom. Au premier tour de scrutin, Ballard, curé du Poiré-sur-Velluire 
            et député à la Constituante, obtint le même 
            nombre de voix que Servant, supérieur de l'Oratoire de Saumur, 
            qui, au second tour, fut élu évêque par 77 voix. 
           Servant n'ayant pas cru devoir accepter ces hautes fonctions 
            (1), l'assemblée électorale, réunie de nouveau 
            le 1er mai, nommait évêque Rodrigue, curé de Fougeré. 
           Aussitôt l'élection de Rodrigue, les districts 
            convoquèrent les assemblées primaires pour nommer, conformément 
            à la loi, les « fonctionnaires civils destinés 
            à remplacer ceux qui persistaient dans l'insermentation ». 
           Le 22 mai, aux Sables, les électeurs, réunis 
            dans l'église de Notre-Dame, procédèrent après 
            la messe, à la nomination des curés des 26 paroisses 
            dont les curés étaient réfractaires. Mais cette 
            élection fut frappée d'opposition canonique, le 25 juin, 
            par le Grand Vicaire de Luçon. D'un autre côté, 
            les non conformistes protestaient, au nom de la liberté des 
            cultes, contre l'aliénation de tout ou partie des églises 
            et des chapelles non reconnues paroissiales ; dès ce moment, 
            on élevait autel contre autel.    (1) A la suite d'une lettre que lui écrivit 
            Mgr de Mercy, évêque de Luçon. - Nous regrettons 
            de ne pouvoir reproduire cette lettre, dont l'original est sous nos 
            yeux.    Retour 
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    	| ÉTATS DES ESPRITS A LA FIN 
            DE 1790 ET AU COMMENCEMENT DE 1791FUITE DU ROI (20 Juin 1791)
   |  
		| A l'époque où nous sommes rendus, l'émigration 
            devenait chaque jour plus considérable en France : les routes 
            se couvraient d'une noblesse qui semblait remplir un devoir sacré 
            en courant prendre les armes contre sa patrie. Des femmes mêmes 
            croyaient devoir attester leur horreur de la Révolution en 
            quittant le sol de la France. Hâtons-nous de dire que la plupart 
            des nobles vendéens restèrent dans leurs pauvres gentilhommières. 
            « Au moment du danger, dit un érudit écrivain, 
            quand la bande dorée des courtisans et des favoris commettra 
            la faute insigne, si durement, expiée d'ailleurs, d'abandonner 
            le roi pour aller, impuissante, s'armer au-delà des frontières 
            ; quand même quelques-uns des hommes les plus comblés 
            des faveurs de la cour trahiront leur bienfaiteur, cette noblesse, 
            que la royauté a dédaignée au jour de prospérité, 
            se lèvera tout entière pour la défendre. Le sang 
            de ses membres coulera sur tous les champs de bataille ; les Bonchamps, 
            les Lescure, les La Rochejaquelein, les d'Autichamp, les Charette, 
            les Marigny et tant d'autres rempliront les cadres de la garde constitutionnelle 
            du malheureux Louis XVI, ou veilleront à ses côtés. 
            Leurs cadavres joncheront les marches des Tuileries, comme plus tard 
            les champs de la Vendée et les landes de la Bretagne (1). » 
            Néanmoins il ne se passait guère de semaines sans que 
            la nouvelle de quelque complot n'arrivât au Directoire, du département. 
           En février 1791, la population d'Avrillé, 
            sur les conseils de Duchaffault, son ancien seigneur, s'était 
            soulevée à l'occasion de la mise en vente des dépendances 
            du prieuré-cure du bourg, et le 27 du même mois, le Directoire 
            de Fontenay demandait l'envoi de 200 hommes d'infanterie aux Sables-d'Olonne. 
           Dans les districts de Challans, de la Roche-sur-Yon 
            et des Sables-d'Olonne, des mouvements populaires du caractère 
            le plus grave s'étaient produits dès le mois d'avril. 
            Les curés insermentés avaient été insultés 
            et les autorités légales menacées. Une révolte 
            armée avait éclaté à Apremont (24 avril), 
            à Saint-Christophe-du-Ligneron, à Froidfond, à 
            Saint-Paul-Mont-Penit, etc. (28 avril). Le 3 mai, le tocsin avait 
            sonné à Cx, Saint-Révérend, l'Aiguillon 
            et Saint-Maixent-sur-Vie.  Dans une séance de nuit du Directoire du département 
            et du district, il avait été arrêté que 
            le procureur général syndic Pichard. du Page et Majou 
            des Grois seraient, munis de pleins pouvoirs, chargés de conduire 
            dans la région troublée 130 hommes de la garde nationale 
            de Fontenay, avec 25 cavaliers du régiment en garnison dans 
            cette ville (2). Les prisonniers faits à la suite de ces mouvements 
            insurrectionnels furent transférés en la prison du Bouffay, 
            à Nantes. Les préludes d'une insurrection générale 
            s'étaient déjà manifestés en Vendée, 
            quand on apprit à Fontenay, dans l'après-midi du 23 
            juin, que le roi s'était enfui de Paris le 20.    Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Baguenier-Désormeaux. 
            - La noblesse de l'Ouest au moment de la Révolution. - Revue 
            du Bas-Poitou, Ve année, pages 209 et 210. (2) Le 25 juin les administrateurs 
            du Directoire en informaient leurs administrés.   |  		
    	| SOULÈVEMENTS ET MANIFESTATIONS   |  
		| La fuite et l'arrestation de Louis XVI brisèrent 
            le dernier frein de la Révolution. Toutes les fureurs qui se 
            contenaient encore allaient faire explosion.  Les Directoires commencèrent alors à prendre 
            des mesures restrictives et à interdire aux prêtres réfractaires 
            de dire la messe sans la permission de l'évêque et des 
            prêtres constitutionnels. L'intolérance répondait 
            à l'intolérance, et des excès  coupables furent commis de part et d'autre (1).  Le prêtre constitutionnel était excommunié 
            par sa paroisse. Dans toute son étendue, il ne trouvait ni 
            un sacristain, ni un enfant de chur, ni une servante, ni un 
            compagnon; on eût dit un de ces maudits auxquels les Sociétés 
            antiques interdisaient l'eau et le feu. Quant aux insermentés, 
            la persécution leur avait donné une sainteté 
            nouvelle et une invincible puissance. Ce n'était plus seulement 
            des prêtres, mais des martyrs. Chassés des églises, 
            ils dressaient un autel dans les bruyères, au fond des bois 
            ou même sur la mer.  On juge par là de l'influence que devaient exercer 
            dans l'ouest les prêtres insermentés, vis-à-vis 
            des populations foncièrement honnêtes, mais à 
            peu près complètement illettrées. La Basse Bretagne 
            s'insurgeait et les gardes nationales de Vannes avaient dû intervenir. 
            Répondant à ces provocations, celles de Cholet avaient 
            envahi et saccagé, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, 
            la communauté des Surs de la Sagesse, et faits prisonniers 
            les missionnaires Dauche et Duguet, qui furent relâchés 
            par ordre du Directoire de Fontenay.  A Saint-Étienne, à Beaufou, aux Lucs, 
            à Saint-Christophe-du-Ligneron, des complots se formaient (2). 
            Des troubles avaient eu, lieu dans les environs de Luçon ; 
            des rassemblements de nobles étaient signalés un peu 
            partout : aux Herbiers, aux Épesses, à Luçon, 
            à Mouzeuil. - On craint des débarquements sur les côtes 
            de Saint-Gilles. A Beauvoir et à Saint-Jean-de-Monts, où 
            règne la plus vive agitation, on signale l'apparition de bateaux 
            ennemis (27 et 28 juin 1792). A la Proutière (3), des réunions 
            clandestines avaient lieu et la force armée dut intervenir 
            (28 juin). Mais en arrivant devant le château, la troupe expédiée 
            de Fontenay et des Sables ne put que constater, avec les cieux commissaires 
            Pichard du Page et Luminais, l'incendie allumé par Loiseau, 
            garde national des Sables-d'Olonne.    Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) A Saint-Fulgent, un jour de dimanche, 
            pendant que le curé, M. Gourdon, était en chaire, le 
            maire de la commune entra dans l'église le chapeau sur la tête,accompagné 
            des autorités républicaines en armes et précédé 
            d'un joueur de veze. Il s'avança ainsi jusque dans le sanctuaire 
            et, tournant le dos à l'autel, il interpella à.haute 
            voix le curé et son vicaire en leur faisant la sommation de 
            prêter serment à la Constitution civile du Clergé. 
            - Les deux prêtres refusérent ; le vieux curé 
            mourut en exil et le vicaire, l'abbé Rrillant, se cacha dans 
            la forêt de Grala. - L'abbé prunier, La Vendée 
            militaire, page 18.  (2) 25 cavaliers, 80 gardes nationaux des 
            Sables, ceux deNantes et de Machecoul avaient dû cerner le foyer 
            de l'insurrection. (Lettre du substitut du procureur général 
            syndic Menanteau, à MM. les maires et officiers municipaux 
            de Fontenay) (5 mai 1791). (3) Ce château appartenait à 
            Robert de Lézardière, dont un des fils, réfugié 
            à Paris, reçut l'abbè Edgeworth le soir de la 
            mort de Louis XVI (21 janvier 1793). - Robert de Lézardière 
            était le père de Mlle Pauline de Lézardière, 
            le célèbre auteur de la « Théorie des 
            lois politiques de la monarchie constitutionnelle ».    |  		
    	| L'AMNISTIE DE LA CONSTITUANTE. - ÉLECTIONS 
            LÉGISLATIVES D'AOUT-SEPTEMBRE 1791   |  
		| Dans la fameuse séance du 17 mai 1791, l'Assemblée 
            constituante avait voté le décret qui devait la faire 
            disparaître de la scène politique. Le lendemain du jour 
            où la Constitution avait été acceptée 
            par le roi (3 septembre), l'Assemblée, déclarant« que l'objet de la Révolution étant rempli, la 
            Révolution devait prendre fin », proclamait par une loi 
            promulguée le 15 septembre 1791, l'amnistie la plus générale 
            sur les faits politiques et militaires de toute nature à compter 
            du 1er juillet 1789. Mais cette loi,donnant à tout citoyen 
            français, « le droit de voyager librement dans le royaume 
            et d'en sortir à volonté » ne ramena guère 
            d'émigrés en France, mais permit aux conspirations de 
            se développer. - Quoi qu'il en soit, les poursuites commencées 
            dans le district de Challans furent arrêtées, et ce fut 
            au milieu d'un calme relatif, que les 30 août, 1, 2, 3, 4, 5 
            et 6 septembre 1791, eurent lieu à Fontenay, sous la présidence 
            de Goupilleau de Montaigu, l'élection des huit députés 
            à la législative : Goupilleau, Morisson, Maignen, l'abbé 
            Musset, Gaudin, Thiérot, Giraud et Gaudin, vicaire général.
 La défiance contre la noblesse et le clergé 
            avait presque partout dicté le choix des députés 
            à l'Assemblée législative, et l'impossibilité 
            de renommer les constituants avait forcé de prendre des députés 
            dans la génération nouvelle plutôt désireuse 
            de précipiter le dénouement que de le ralentir. Le parti républicain s'affirmait de plus en plus 
            en même temps que la situation s'aggravait en France. Le roi, 
            après l'amnistie accordée par la Constituante, avait 
            tâché de faire rentrer les émigrés et n'avait 
            pu y réussir. Le mouvement d'émigration tendait au contraire 
            à s'accentuer, et à Fontenay, le 23 septembre, les dragons 
            s'étaient soulevés contre leurs officiers suspectés 
            de vouloir passer à l'étranger.    Retour 
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    	| GENSONNÉ ET GALLOIS NOMMÉS 
            COMMISSAIRES EN VENDÉE   |  
		| Le 16 juillet 1791, sur un rapport déposé 
            par Cochon-Lapparent, ancien conseiller au présidial de Fontenay, 
            l'Assemblée législative avait décidé que 
            deux de ses membres, Gensonné et Gallois, seraient envoyés 
            en Vendée pour y prendre tous les éclaircissements qu'ils 
            pouraient se procurer sur les causes des troubles et se concerter 
            avec les corps administratifs sur les moyens de rétablir l'ordre 
            et la tranquillité publique.  Gensonné et Gallois, partis de Paris le 25 juillet 
            arrivèrent à Fontenay le 29, à 4 heures de l'après-midi. 
            Ils descendirent à l'hôtel de la Coupe-d'Or, place du 
            marché aux Porches, où la municipahté vint leur 
            souhaiter la bienvenue. Leur premier soin fut de prendre un arrêté 
            qui contenait, entre autres dispositions, qu'à partir du 31 
            août, les curés dissidents ne pourraient dire la messe 
            que dans les églises paroissiales et dans l'oratoire du collège 
            ; que les portes des autres églises leur seraient fermées, 
            ainsi qu'au public ; mais qu'ils pourraient cependant être appelés 
            comme personnes privées auprès des particuliers et des 
            malades, sans signes extérieurs et sans marques de leur caractère 
            ecclésiastique.  Il n'entre pas dans notre cadre de relater tous les 
            événements auxquels furent mélés les deux 
            commissaires, qui, après avoir parcouru avec Dumouriez une 
            partie de la Vendée (1) pour apaiser des soulèvements, 
            se fixèrent à Fontenay du 17 août au 3 septembre. 
            Il nous suffira de dire que leurs pressantes demandes auprès 
            des ministres de l'intérieur et de la guerre pour l'envoi de 
            troupes en Vendée n'eurent qu'un médiocre succès. 
            Et pourtant, malgré tout ce qu'ils avaient pu faire pour ramener 
            le calme dans les esprits, l'inquiétude persistait à 
            Fontenay, ainsi que l'indique dans une lettre écrite à 
            son père, le 25 septembre, Delacroix, employé des postes 
            à Fontenay.   Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Durnouriez est le 11 juillet aux Sables, 
            pour rétablir la discipline au 84e régiment d'infanterie. 
            En août, il visite les régions de Challans, Saint-Gilles, 
            la Mothe-Achard, Le Poiré, les Essarts, Chantonnay et Fontenay. 
             |  		
    	| DÉPART DE GENSONNÉ   |  
		| Gensonné, élu député dans 
            la Gironde, quittait la Vendée le 17 septembre et partait pour 
            Paris, laissant à son collègue Gallois le soin de compléter 
            les informations qu'ils avaient prises ensemble et de les rédiger. 
            Le rapport sur la situation de la Vendée fut, le 9 octobre, 
            lu à la barre de l'Assemblée législative par 
            Gallois, qui, l'amnistie ayant aboli les procédures pour faits 
            politiques, se montra peut-être plus optimiste qu'on pourrait 
            le supposer, car les non-conformistes s'agitaient sur presque tous 
            les points de la Vendée, demandant au nom de la liberté 
            des cultes, l'autorisation de s'assembler dans l'église désignée 
            par eux. Dans le nord du Bocage surtout, Dumouriez et Verteuil étaient 
            obligés d'envoyer des troupes pour maintenir l'ordre et assurer 
            la sécurité des citoyens : ce qui n'était pas 
            du goût de tout le monde, notamment de la municipalité 
            de Montaigu, qui le 21 novembre 1791, demandait au ministre de la 
            guerre « qu'il n'y ait pas de garnison dans cette ville ». 
           La sage conduite des commissaires civils en Vendée 
            avait un moment calmé les esprits. Malheureusement on ne resta 
            pas longtemps dans cette voie et la violence appela la violence. Le 
            29 novembre l'Assemblée décidait que tout ecclésiastique 
            qui n'aurait pas, sous huit jours, prêté le serment civique, 
            serait privé de son traitement, placé sous la surveillance 
            de la police, et que, le cas échéant, il pourrait être 
            éloigné provisoirement de son domicile et même 
            condamné à la prison. Il n'en fallait pas davantage 
            pour faire déborder le vase en Vendée, ainsi que nous 
            le verrons plus loin mais n'anticipons pas sur les événements. 
             Retour 
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    	| APPEL A FONTENAY DES GARDES NATIONALES 
            DEVANT FORMER L'EFFECTIF DE LA VENDÉE   |  
		| Avec l'Assemblée législative, les Girondins 
            venaient d'être appelés au ministère, et bientôt 
            toute la France allait marcher sous les drapeaux de Lukner, de Lafayette 
            et de Rochambeau.  Mais le décret du 21 juin 1791, prescrivant de 
            mettre « en activité la garde nationale de tout le royaume 
            » ne rencontra guère de faveur en Vendée ; le 
            19 septembre, Dumouriez écrivait de Fontenay qu'à cette 
            date il ne s'était présenté aucun homme pour 
            l'inscription au bataillon de la garde nationale de la Vendée. 
           Néanmoins, le 5 décembre, 469 volontaires, 
            réunis au chef-lieu du département, répondaient 
            à l'appel des autorités et formaient, sous la conduite 
            du lieutenant-colonel Gratton, de Saint-Gilles-sur-Vie, un bataillon 
            qui devait se couvrir de gloire dans la campagne de l'Argonne, à 
            Valmy, à Jemmapes, à Aix-la-Chapelle, à Maubeuge, 
            à Venise.  Au même moment, des bataillons de volontaires, 
            venus des autres départements, étaient expédiés 
            à Challans, la Roche-sur-Yon, les Sables, La Châtaigneraie, 
            et sur tous les points où des troubles étaient à 
            craindre, surtout au moment du renouvellement par moitié des 
            officiers municipaux et notables composant l'administration des communes 
            (novembre 1791).   Retour 
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    	| LA SESSION DU CONSEIL GÉNÉRAL 
            DE LA VENDÉE EN 1794.L'INSURRECTION DE L'ILE D'YEU
   |  
		| Pendant que s'accomplissaient les événements 
            que nous venons de narrer, le Conseil général tenait, 
            sous la présidence  de Rodrigue, sa session ordinaire, marquée par 
            des discussions orageuses et passionnées qui, à la fin 
            de décembre, devait se terminer par la démission de 
            ceux de ses membres qui honoraient le plus l'Assemblée.  Nous touchons bientôt aux jours sombres de la 
            guerre civile, car dès le mois de janvier 1792, sous la direction 
            des femmes surtout, l'île d'Yeu s'insurgeait pour le rétablissement 
            de l'ancien régime, et il fallut envoyer la force armée 
            pour avoir raison des émeutiers, dont les chefs furent traduits 
            devant les tribunaux (mars et juillet 1792).    Retour 
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    	| OPPOSITION DES CAMPAGNES AU RECRUTEMENT 
            MILITAIREDÉPART DE DUMOURIEZ
   |  
		| Au moment où la Société ambulante 
            des amis de la Constitution qui, depuis le 19 février 1790, 
            consacrait tous ses efforts à éclairer les populations 
            sur les lois du nouveau régime et à en aider l'application, 
            les campagnes de la Vendée manifestaient les sentiments les 
            plus opposés. Dès le commencement de 1792, on les voit 
            non seulement refuser le service militaire, mais encore s'opposer 
            à toute demande de soldats pour la patrie (1).  Dans l'arrondissement des Sables, à Angles notamment, 
            se produisit, au mois de mars 1792, une rébellion semblable 
            à celles qui devaient, un an plus tard, éclater en même 
            temps dans des centaines de bourgs et villages. Sur ces entrefaites, Dumouriez, nommé ministre 
            des affaires étrangères, laissait au général 
            de Marcé le soin de maintenir l'ordre dans un département 
            presque dépourvu de garnison, et où les attentats contre 
            les personnes et les biens devenaient de plus en plus inquiétants. 
             Retour 
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		| NOTES: 
 (1) D'après les lois des 25 janvier 
            et 23 mai 1792 sur le recrutement de l'armée, les divers moyens 
            de contrainte ou de séduction étaient interdits. Les 
            administrations départementales étaient simplement chargées 
            d'inviter celles des districts à nommer des commissaires pour 
            aller dans les diverses localités publier la loi et encourager 
            les citoyens â s'enrôler de plein gré.   |  		
    	| ÉTAT DE LA FRANGE AU COMMENCEMENT 
            DE L'ANNÉE 1792   |  
		| La position de la France au commencement de l'année 
            1792 était des plus critiques : travaillée à 
            l'intérieur par les divisions des partis, menacée à 
            l'extérieur par les états monarchiques et par les émigrés. 
            Le clergé se retirait à l'intérieur, au fond 
            des bois, et soulevait les habitants des campagnes : la cour favorisait 
            les résistances intérieures et encourageait les résistances 
            extérieures. Les rois de l'Europe regardèrent leur cause 
            comme perdue si Louis XVI perdait la sienne, et en se liguant contre 
            la Révolution, la poussèrent à tous les excès. 
            Les mouvements séditieux continuaient en Vendée ; toute 
            la région des Épesses, Saint-Mars-la-Réorthe 
            et la Flocellière était en feu et un appel avait dû 
            être fait aux garnisons voisines, aux brigades de gendarmerie 
            et aux gardes nationales pour éviter une effusion de sang. 
           Des difficultés militaires se produisaient entre 
            les officiers qui maintenaient le serment demandé par le décret 
            du 22 juin 1791, et ceux qui le rétractaient.  Malgré le Directoire du département, la 
            garde nationale de Fontenay était allée, le 25 janvier, 
            au-devant d'un détachement du 51e venant de Luçon, et 
            les deux troupes avaient traversé la ville en fraternisant 
            et en criant : ça ira. Vergniaud venait, du haut de 
            la tribune, de jeter ce grand cri, qui allait être bientôt 
            le refrain de la Marseillaise :   Aux armes, citoyens !   et l'Assemblée ordonnait que le dernier dimanche 
            de janvier, tous les citoyens en état de porter les armes seraient 
            réunis dans les chefs-lieux de canton et invités à 
            concourir à la défense de la patrie et de la liberté 
            !    Retour 
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    	| MESURES CONTRE LES PRÊTRES   |  
		| La réponse de l'empereur d'Autriche aux explications 
            qui lui avaient été demandées le 25 janvier avait 
            été, le 1er mars, accueillie par l'Assemblée 
            avec colère et dédain, et Vergniaud, dénonçant 
            les manuvres perverses qu'on préparait, dit-il, aux Tuileries, 
            pour nous livrer à la maison des Hapsbourg, s'écriait 
            en tendant les brâs vers le château : « La Terreur 
            est souvent sortie autrefois, au nom du despotisme de ce palais fameux, 
            qu'elle y rentre aujourd'hui au nom de la loi ! » Au même 
            moment un arrêté du Directoire expulse tous les prêtres 
            réfractaires non originaires de la Vendée ne pouvant 
            justifier d'une année de résidence. - Le 9 mars, un 
            nouvel arrêté appelle au chef-lieu du département 
            tous les ecclésiastiques insermentés remplacés 
            dans leurs fonctions. Ils sont tenus de venir chaque jour à 
            onze heures du matin, s'inscrire sur un registre déposé 
            au secrétariat du département. Le 5 avril, alors que 
            de nouveaux soulèvements éclatent partout et que des 
            troupes sont dirigées sur tous les points de la Vendée 
            (1), un décret prohibait le port du costume religieux. Mais 
            ce décret, complété par un arrêté 
            du département du 30 juin 1792, ayant été frappé 
            de veto, ce ne fut qu'après le 10 août que commença 
            la déportation des prêtres, dont la plupart furent préalablement 
            internés à Fontetenay.    Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) Dès le mois de mars 1792, l'abbé 
            Leroy, vicaire des Echaubrognes, qui avait été dénoncé 
            et surpris dans sa cachette, fut tué à coups de baïonnettes 
            après un long et douloureux martyre. - Le 2 juin, un arrêté 
            ordonnant de porter à la monnaie les cloches « des 
            églises des maisons religieuses qui n'étaient pas conservées 
            comme oratoires nationaux », avait encore froissé les 
            populations attachées à tout ce qui, de près 
            ou de loin, menait au culte.    |  		
    	| NOUVELLES ÉLECTIONS DE CURÉS 
            CONSTITUTIONNELS   |  
		| Le 1er juillet 1792, c'est-à-dire le lendemain 
            du jour où le Directoire du département avait pris un 
            arrêté définitif d'expulsion des prêtres 
            étrangers et d'internement des réfractaires indigents 
            à Fontenay, eurent lieu, aux chefs-lieux de chaque district, 
            de nouvelles élections de curés. Peu de candidats se 
            présentèrent, et beaucoup de paroisses demeurèrent 
            sans prêtre ; ce que voyant, l'administration décida 
            que les registres de l'état civil seraient provisoirement tenus 
            par les maires.    Retour 
  	haut de page    |  		
    	| LA PATRIE EST DÉCLARÉE 
            EN DANGER   |  
		| Les événements se précipitent avec 
            une rapidité vertigineuse. En apprenant nos premiers revers, 
            un rassemblement tumultueux se forme le 20 juin, pour obtenir par 
            la force, le consentement du monarque, au décret qui ordonnait 
            la déportation des prêtres insermentés. Le peuple 
            a coiffé le roi du bonnet rouge. La Prusse et le Piémont 
            se lèvent avec l'Autriche contre la France. Tous les pouvoirs 
            cessent de fonctionner. Les ministres se retirent en masse et l'Assemblée 
            législative déclare la patrie en danger (11 juillet 
            1792 (1)).  Le canon annonce cette terrible crise de ville en ville. 
            Toutes les assemblées sont en permanence ; toutes les gardes 
            nationales en mouvement. Sur chaque place s'élève un 
            autel de la patrie et les officiers municipaux y reçoivent 
            les noms de tous ceux qui veulent marcher contre l'ennemi.  Le 19 juillet, arrive à Fontenay le décret 
            qui déclarait la patrie en danger. A cette effrayante 
            nouvelle, les diverses administrations se précipitent vers 
            le lieu de leurs séances et se déclarent en permanence. 
            La municipalité fait annoncer et afficher dans toutes les rues, 
            des proclamations brûlantes de patriotisme portant notamment 
            : que tous les citoyens en état de porter les armes, ayant 
            fait le service de gardes nationales sont déclarés en 
            état d'activité permanente, -, qu'ils sont tenus de 
            déclarer dans la huitaine, le nombre et la nature des armes 
            dont ils sont pourvus, - que tout homme résidant ou voyageant 
            dans la commune est tenu de porter la cocarde tricolore, et que toute 
            personne intentionnellement revêtue d'un signe de rebellion, 
            sera punie de mort, conformément à l'article 17 de la 
            loi du 8 juillet 1792.    Retour 
  	haut de page  |  
		| NOTES: 
 (1) Nous avons vu dans la collection 
            Fillon, un document ne portant aucune signature, qui aurait été 
            trouvé dans les papiers d'un royaliste exécuté 
            à Fontenay. - Il contient des renseignements curieux, notamment 
            ceux relatifs aux forces dont pouvait disposer contre la France la 
            coalition européenne : Autriche, 60.000 hom. ; Prusse, 60.000 
            hom. ; Suisse, 30.000 ; Suède, 6.000 ; Espagne, 25.000 hom. 
            ; Piémont, 10.000 ; Hollande, 1.000 hom. ; Total, 201.000 hommes. 
            - Le comte d'Artois devait fournir 500 chevaux, et la Marine 73 vaisseaux 
            de ligne, dont 10 de 112 canons.    |  		
    	| JOURNÉE DU 10 AOUT 1792   |  
		| Cependant les puissances étrangères pressaient 
            les frontières. Le peuple, soulevé de nouveau par la 
            crainte de l'ennemi et par les Jacobins, se porta en armes contre 
            le château des Tuileries pour enlever ou massacrer le roi, dont 
            la déchéance avait été vainement demandée. 
            Louis XVI, voulant éviter une sanglante collision, se rendit 
            à l'Assemblée avec sa famille. C'était le 10 
            août. Une municipalité républicaine fut nommée 
            pendant cette émeute ; elle obtint de l'Assemblée la 
            déchéance du roi et la convocation d'une Convention 
            nationale pour le juger. Louis XVI et les siens furent conduits au 
            Temple et placés sous la surveillance de leurs ennemis. C'était 
            la fin de la royauté.    Retour 
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    	| MISE EN DÉFENSE DES COTES DE 
            VENDÉE. - LA LEVÉE DES MARINS   |  
		| Aussitôt l'administration départementale 
            envoie des commissaires dresser procès-verbal de l'état 
            des poudrières, corps de garde et batteries de côtes 
            (1), et adresse leurs rapports au commandant de la 12e division militaire, 
            en lui signalant « les mauvaises dispositions » des maraîchins 
            de Challans, et des difficultés qui en résultaient pour 
            la garde de Noirmoutier, de Bouin et du voisinage. D'ailleurs, les 
            ressources de la 12e division militaire étaient presque complètement 
            épuisées à Nantes, ainsi que l'indique une lettre 
            écrite le 13 octobre 1792 par le général de Verteuil 
            à de Marcé.  Le 22 janvier 1793, la Convention, inquiète de 
            cette situation, décrète l'envoi de trois commissaires 
            pour inspecter les côtes de l'Océan et veiller à 
            leur défense, de Bayonne à Lorient.  Aussitôt après leur arrivée, le 
            général de Marcé est chargé de la mise 
            en défense de toutes les côtes de la 12e division militaire, 
            et le 15 février commence sa tournée d'inspection ; 
            mais les soldats et les officiers manquent : « Il n'existe guère, 
            écrit de Verteuil à la date du 26 février 1793, 
            que des rassemblements de gardes nationales ».  Sur ces entrefaites et en exécution de la loi 
            du 25 juillet 1792, on ordonna une levée des matelots, quartiers-maîtres 
            et officiers mariniers. Cette opération, effectuée les 
            20 et 22 février, donna pour les Sables, la Chaume, Saint-Gilles 
            et Croix-de-Vie, 165 hommes dont beaucoup se distinguèrent 
            pendant la Révolution, tels que les frères Collinet, 
            Gizolme, Moreau, Gautier, Monnereau et surtout René Guiné, 
            qui fut durant vingt ans la terreur des Anglais dans le golfe de Gascogne. 
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		| NOTES: 
 (1) D'un état dressé au mois 
            d'octobre 1792 par la direction de La Rochelle, et conservé 
            dans les papiers inédits de B. Fillon, il résulte que 
            pour armer les côtes de la Vendée, le préposé 
            au service national des transports était chargé de faire 
            rendre sur les lieux 1 canon de 36, - 7 de 18, - 1 affût de 
            côte de 36 et 1 de 18, - 460 boulets de 36, - 400 de 24, - 1.008 
            de 18, - 3 armements de 36, - 1 de 18 et 28.000 livres de poudre. 
             |  		
    	| LES MOUVEMENTS VENDÉENS   |  
		| Le 5 août 1792, c'est-à-dire cinq jours 
            avant la prise des Tuileries, des attroupements considérables 
            s'étaient formés à Aizenay, au Poiré, 
            à Venansault, - d'autres avaient lieu dans la région 
            de Challans, pendant que dans les Deux-Sèvres plusieurs milliers 
            de paysans se soulevaient. Les districts de Bressuire et de Châtillon 
            surtout se signalèrent par des sentiments anti-républicains, 
            et sous la conduite de l'ancien maire de Bressuire, Delouche, et de 
            Baudry d'Asson, des insurgés se portaient, les 20 et 21 août, 
            à des voies de fait contre les personnes et les propriétés 
            à Montcoutant, La Forêt-sur-Sèvre, etc.  Les 21, 25, et 26 août, Bressuire fut attaqué 
            par les insurgés (1) : Châtillon eut le même sort, 
            mais force resta néanmoins à la loi. L'esprit de révolte 
            gagna la Châtaigneraie, Pouzauges, où Mercier du Rocher 
            fut envoyé en mission pour calmer les esprits.  Les décrets du 10 août rencontrèrent 
            presque partout, en Vendée, une opposition considérable, 
            notamment à Fontenay, où le maire, Biaille-Germon et 
            le procureur de la commune Pichaud refusèrent de signer une 
            adresse « Aux Législateurs ». Néanmoins, 
            l'assermentation des fonctionnaires se poursuivit sans trop d'encombre. 
             Retour 
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		| NOTES: 
 (1) De tous les mouvements qui préparèrent 
            la Vendée à la grande prise d'armes du mois de mars 
            1793, le plus grave fut celui du 24 août 1792, que l'histoire 
            signale sous le nom d'échauffourée du Moulin-Cornet, 
            aux environs de Bressuire. Il était dirigé par Gabriel 
            de Baudry d'Asson, seigneur de Brachain, près de la Chataigneraie, 
            et MM. de Feu et de Richefeu.    |  		
    	| 
            L'ÉLECTION DES REPRÉSENTANTS DE 
            LA VENDÉE A LA CONVENTION NATIONALE.- L'EMBARQUEMENT DES PRÊTRES 
            INSERMENTÉS
   |  
		| L'Assemblée des électeurs du département 
            de la Vendée nommés en exécution de la loi du 
            12 août, s'ouvrit le 27 septembre 1792, sur les neuf heures 
            du matin, dans l'église paroissiale de la Châtaigneraie. 
            Elle y tint ses séances du 2 au 8 septembre, sous la présidence 
            de Goupilleau de Montaigu, qui fut élu député 
            à la Convention avec Goupilleau (de Fontenay), Gaudin, maire 
            des Sables, Maignen, administrateur du district de la Châtaigneraie, 
            Fayau, administrateur du département, Musset, curé de 
            Falleron, Morisson, député sortant, Girard Villars, 
            président du Directoire du département, et Gaudin Jacques, 
            vicaire général constitutionnel.  En exécution de la loi du 26 août 1792 
            (1), confirmant et aggravant les rigueurs du décret du 27 mai 
            contre les prêtres insermentés, l'embarquement du plus 
            grand nombre de ces malheureux pour la terre d'exil (l'Espagne de 
            préférence) (2), eut lieu aux Sables, dans les premiers 
            jours de septembre, et donna lieu à des scènes déchirantes 
            dont le souvenir ne contribua pas peu à entretenir l'agitation 
            dans les esprits. En même temps était pratiquée 
            la saisie des correspondances suspectes, pendant que les pères 
            et mères d'émigrés étaient, par arrêté 
            du Directoire du département (17 novembre 1792), mis en demeure 
            de fournir, moyennant un prix déterminé, des habillements 
            pour les gardes nationales. A la date du ler mars 1793, presque tous 
            les émigrés avaient satisfait à cet arrêté 
            pris en exécution de la loi du 12 septembre 1792.  Cette agitation allait encore se développer par 
            la mise sous séquestre des biens des émigrés 
            et la surveillance de leurs familles, surveillance d'autant plus dure 
            quelquefois, qu'elle était exercée par des commissaires 
            du district, un grand nombre de communes se trouvant sans municipalité. 
             Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Cette loi condamnait àl'exil 
            tous les prêtres réfractaires de France. - 20.000 furent, 
            bannis ; les autres, dit l'abbé Prunier, dans la Vendée 
            militaire (page 15), vécurent cachés dans les bois 
            comme des malfaiteurs, ou déguisés en valets de ferme, 
            en chaudronniers, en charbonniers, en petits metiers, en garçons 
            meuniers, pour continuer furtivement leur ministère, malgré 
            les menaces et les poursuites de leurs persécuteurs.  (2) Des procès-verbaux produits, 
            il résulte qu'il y eut aux Sables-d'Olonne 220 embarquements 
            de prêtres insermentés pour l'Espagne. (Chassin. - Sa 
            Préparation, T. III, page 91.)    |  		
    	| LA RÉPUBLIQUE . - RENOUVELLEMENT 
            DES ADMINISTRATIONS   |  
		| Le procès-verbal officiel de la première 
            séance de la Convention parvint aux autorités du chef-lieu 
            le 25 septembre, à 9 heures du matin, et le décret d'abolition 
            de la royauté fut immédiatement porté à 
            la connaissance du public par le maire Biaille-Germon, suivi du corps 
            municipal. Le 7 octobre, en exécution du décret qui 
            ordonnait de faire disparaître tous les signes extérieurs 
            rappelant la royauté et la féodalité, la municipalité 
            de Fontenay requit des ouvriers pour effacer des monuments publics, 
            des façades des maisons et même des tombeaux, les divers 
            emblèmes de l'ancien régime et les inscriptions où 
            se trouvait le mot Roi. Des fêtes eurent lieu pour la proclamation 
            de la République aux Sables, à Saint-Gilles, à 
            Croix-de-Vie, où le district de Challans n'avait pourtant, 
            fait parvenir que le 8 octobre les instructions relatives à 
            la publication du décret abolissant la royauté.   Retour 
  	haut de page    |  		
    	| ÉLECTIONS DÉPARTEMENTALES 
            ET ÉLECTIONS MUNICIPALES   |  
		| Le renouvellement des élus de l'administration 
            départementale se fit, à Montaigu, en exécution 
            du décret du 19 octobre, le 11 novembre 1792 (1) ; la semaine 
            suivante eurent lieu les élections de district. Ces diverses 
            élections amenèrent au pouvoir des hommes plus attachés 
            à la Révolution, mais qui, nommés par un petit 
            nombre d'électeurs, étaient loin de représenter 
            les idées de la grande majorité des Vendéens. 
           « Les habitants des campagnes du district dé 
            Montaigu, dit Mercier du Rocher, insultaient les électeurs 
            au passage, et ceux de la ville fermaient les portes et les fenêtres 
            de leurs maisons quand ils traversaient les rues... Le feu couvait 
            sous la cendre, et il me semblait entendre le bruit d'un volcan 
            sous mes pieds. »    Retour 
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		| NOTES: 
 (1) L'installation du Conseil général 
            renouvelé eut lieu le 3 décembre, dans les bâtiments 
            de l'Union-Chrétienne, où avait été établi 
            l'Hôtel-de-Ville le 20 octobre. - Le 26 janvier suivant, il 
            prenait un arrêté ordonnant des visites domiciliaires 
            dans les maisons supectes pour chercher les prêtres insermentés 
            et les émigrés qui pourraient y être recélés 
            (Collection Fillon).    |  		
    	| SOURDE FERMENTATION ET NOUVEAUX SOULÈVEMENTS 
             |  
		| Des conflits se produisaient à chaque instant 
            entre les districts et le département : à Fontenay les 
            élections municipales ne firent qu'aggraver l'hostilité 
            déjà existante entre le maire du chef-lieu et le Directoire 
            du département, depuis que la majorité y était 
            devenue républicaine.  Le renouvellement des municipalités, opéré 
            au commencement de décembre, eut pour résultat, dans 
            la plupart des paroisses du marais de Challans et du Bocage, de donner 
            le pouvoir à des procureurs et à des conseils qui devaient 
            former les cadres des comités de paroisse, dès l'organisation 
            des armées catholiques-royales. On essaya bien de faire annuler quelques-unes des élections 
            municipales, en raison de l'incapacité absolue des élus 
            illettrés à remplir leurs fonctions, ou de l'inexécution 
            totale des lois, mais presque partout il fut impossible de faire procéder 
            à de nouvelles élections : la force publique manquant 
            pour soutenir les commissaires substitués provisoirement aux 
            maires révoqués.    Retour 
  	haut de page    |  		
    	| ALIÉNATION DES BIENS ECCLÉSIASTIQUES. 
            - DIFFICULTÉ POUR FAIRE RENTRER LES IMPOTS. - VOTE DES DÉPUTÉS 
            DE LA VENDÉE DANS LE JUGEMENT DE LOUIS XVI.   NOUVEAUX 
            TROUBLES   |  
		| Malgré les agitations politiques et religieuses, 
            l'aliénation des biens ecclésiastiques avait continué 
            ; la revente par les villes vendéennes des lots qu'elles avaient 
            souscrits au début de la grande opération de l'Assemblée 
            constituante, pour en assurer le succès, était très 
            avancée à la fin de 1792, et l'on estimait que le total 
            des biens vendus atteignait 23.811.188 francs, tandis que ceux restant 
            à vendre ne représentaient que 4.462.155 francs. Fontenay, 
            Les Sables, La Châtaigneraie, Luçon, pouvaient alors 
            dresser le compte des primes qui leur avaient été attribuées 
            par la loi, et en réclamer le solde.  Pendant qu'on envoyait aux hôtels des monnaies 
            l'argenterie des maisons religieuses et les cloches jugées 
            inutiles par les Conseils généraux des communes, en 
            exécution de la loi du 22 avril 1792, l'administration départementale 
            se trouvait dans l'impossibilité absolue de faire payer la 
            contribution mobilière, reconnue exorbitante, et même 
            d'en établir les rôles.  Le Conseil général continuant à 
            siéger en permanence au mois de janvier, employait de nombreuses 
            séances à fixer, article par article, les sommes nécessaires 
            pour couvrir les dépenses de l'administration centrale et de 
            celles de chaque district, pendant que la Convention jugeait Louis 
            XVI.  Les votes des députés vendéens 
            produisirent dans les campagnes l'impression la plus défavorable 
            et furent l'occasion de nouveaux troubles dans les régions 
            du nord de la Vendée.  Voici comment, d'après le procès-verbal 
            officiel de la séance du mercredi 16 janvier 1793, ces votes 
            furent motivés.    J.-F. GOUPILLEAU. - Avant d'infliger une peine à 
            Louis, il faut que je le déclare coupable. Comme je ne fais 
            que d'arriver de l'armée du Var, je n'ai pas encore opiné 
            sur la première question. Je le déclare atteint et convaincu 
            de conspiration contre l'État. Sur la seconde question j'ai 
            consulté mes pouvoirs, j'ai vu que non seulement nous avons 
            le droit, mais que nous avons le devoir de juger Louis sans appel, 
            puisque nos commettants nous ont déclaré qu'ils nous 
            donnaient plein pouvoir pour sauver la liberté. Quant à 
            la peine à infliger, j'ouvre le livre de la nature, 
            le guide le plus certain, j'y vois que la loi doit être la même 
            pour tous ; j'ouvre le code pénal, j'y vois la peine des conspirateurs 
            ; j'entends la voix de la liberté, la voix des victimes du 
            tyran dont le sang arrose les plaines de tous nos départements 
            frontières : toutes me demandent justice, je la leur dois ; 
            je vote pour la mort. J'ajoute que je ne crois pas qu'il soit proposable 
            de différer l'exécution ; autrement Louis subirait la 
            mort autant de fois que le bruit des verrous de sa prison viendrait 
            frapper ses oreilles et vous n'avez pas le droit d'aggraver son supplice. 
             P.-C. GOUPILLEAU. - Je vote pour la mort. 
             GAUDIN. - Je ne puis encore me persuader que le peuple 
            français nous ait délégué le despotisme, 
            c'est-à-dire la faculté de faire la loi et de l'appliquer. 
            Quand j'en serais convaincu, la violation de toutes les formes m'empêcherait 
            d'appliquer pour ce qui serait fatal seulement à l'accusé, 
            la lettre de la loi. Je vote pour une mesure de sûreté 
            générale, puisque je suis législateur ; c'est 
            pour la détention pendant la guerre et l'exil à la paix. 
             MAIGNEN. - Je vote pour la mort.  FAYAU. - Je ne vois dans cet affaire que Louis Capet, 
            qu'un homme coupable, qu'un conspirateur. Je vote pour la peine 
            de mort.  MUSSET. - La peine de mort.  MORISSON. - J'opinerais sur la question s'il s'agissait 
            que de prendre une mesure de sûreté générale 
            : mais l'Assemblée a décrété qu'etle porterait 
            un jugement et moi je ne crois pas que Louis soit justifiable. Je 
            m'abstiens donc de prononcer.  GIRARD. - La réclusion et le bannissement. 
              GAROS. - La mort (1).    La nouvelle de la mort du roi ne fit qu'exciter la fermentation 
            déjà existante, fermentation augmentée encore 
            par la recherche des prêtres réfractaires et des émigrés. 
           L'arrêté départemental du 1er février 
            1793, généralisé par décret du 14 février, 
            accordant « 100 livres de récompense à ceux qui 
            dénonceraient ou feraient arrêter une personne rangée 
            dans la classe des émigrés ou dans celle des prêtres 
            qui devaient être déportés » la suspension 
            de plusieurs maires, la formation « d'un comité de sûreté 
            publique », la loi du 1er mars 1793 déclarant les émigrés 
            « morts civilement, leurs biens définitivement acquis 
            à la république, et leurs successions « échues 
            ou à échoir pendant cinquante ans adjugées à 
            l'état » soulevèrent au plus haut point les passions 
            déjà surexcitées des anciens propriétaires. 
           D'un autre côté les prêtres insermentés, 
            errant à travers les campagnes, se sentant recherchés 
            de très près, redoutant d'être pris un à 
            un et déportés à la Guyane, entretenaient par 
            leur caractère respecté l'exaltation des masses restées 
            profondément attachées à leurs pasteurs.  De tous les districts parvenaient au chef-lieu les nouvelles 
            les plus inquiétantes : des révoltes avaient éclaté 
            dans les Mauges, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, à 
            Saint-Jean-de-Monts (13 février), à la Caillère 
            (24 février), à Landeronde (28 février) , à 
            Beaulieu-sous-la-Roche, le Girouard, Sainte-Flaive (2 mars et 3 mars) 
            (2).  Un soulèvement général était 
            à la merci du plus petit événement imprévu 
            ; la moindre étincelle pouvait allumer un incendie ; la révolte 
            était déjà dans tous les curs, quand la 
            loi des 20-24 février 1793, prescrivant une levée de 
            trois-cent-mille hommes mit le feu aux poudres.    Retour 
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		| NOTES: 
 (1) Documents communiqués par M. 
            Angibaud, ancien Juge de paix.  (2) Dans le district de Montaigu, il avait 
            été impossible d'organiser la garde nationale. (Lettre 
            de Garo, procureur général syndic du département 
            de la Vendée au ministre de l'intérieur).        |  
   
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