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		| LE BAS-POITOU SOUS LA DOMINATION ROMAINE.INTRODUCTION DU CHRISTIANISME
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     Prospérité de l’agriculture au moment de l’invasion 
    romaine, - Conquête du Bas-Poitou. 
  Voies romaines principales et mansions
 
  Voies romaines secondaires
 
  Les deux plus anciennes voies commerciales gauloises du Bas-Poitou 
        (le chemin Vert et le Chemin Des Sauniers)
 
  Importance des débris jonchant le sol de la Vendée, - Antiquités.
 
  Etat social à l’époque gallo-romaine, - Stèles funéraires 
            de Benet
 
  Les Tonnelles et les Lampes du Bas-Poitou
 
  Agriculture, Industrie, Etat des arts, Villas, Thermes ou Balnéaires, 
            Cimetières…
 
  Arrondissement des Sables-d’Olonne
 
  Note sur les fouilles du Troussepoil
 
  Fouilles archéologiques à Noirmoutier
 
  Objets recueillis dans le balnéaire
 
  Arrondissements de la Roche-sur-Yon et de Fontenay-le-Comte
 
  Les Castrums, - les Châtelliers
 
  Invasions barbares
 
  Décadence
 
  Causes qui ont amené en Bas-Poitou la destruction des monuments romains 
            dans les derniers temps de l’empire d’Occident.
 
  Introduction du christianisme en Vendée (Le Langon, le Veillon et Olonne, 
            Saint-Cyr-en-Talmondais, le Tallud-Sainte-Gemme, Angles, Fontenay-le-Comte, Foussais)
 
  Apostolat de Saint Hilaire de Poitiers et de Saint Martin de Vertou,Fondation de monastères à Durinum. 
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    	|     LE BAS-POITOUSOUS LA DOMINATION ROMAINE
 INTRODUCTION DU CHRISTIANISME
 PROSPÉRITÉ DE L'AGRICULTURE
 AU MOMENT DE L'INVASION ROMAINE. - CONQUÊTE,
 DU BAS-POITOU.
   |  
		| Trente ans avant Jésus-Christ, l'agriculture était 
            prospère, et la récolte du blé assez abondante 
            dans notre pays pour permettre des exportations au midi de la Gaule. 
            Dans ses " Commentaires " Jules-César, l'historien-conquérant 
            que nous allons voir venir, l'épée dans une main et 
            la plume dans l'autre, apportant une lumière impérissable 
            à notre histoire, et une servitude passagère à 
            nos aïeux, dit que les Helvètes fuyaient leur pays qui 
            ne pouvait les nourrir, pour aller s'établir dans celui des 
            Pictons et des Santons qui possédaient du blé en abondance. Dans un fort savant Mémoire paru dans le Bulletin agricole 
            d'octobre 1888, M. Levrier, ancien avocat à Niort, donne d'intéressants 
            renseignements sur la moissonneuse qu'avaient inventée nos 
            pères et qu'a décrite Palladius (1). Tout le centre de la Gaule jusqu'à Limoges et Bourges venait 
            s'approvisionner de sel dans la région qui constitue aujourd'hui 
            une partie de l'arrondissement des Sables-d'Olonne, et le chemin des 
            Sauniers venant de Poitiers par Charzais, dont le nom a survécu 
            à bien des Révolutions, était au commencement 
            de l'ère chrétienne, avec le Chemin- Vert, dont nous 
            parlons plus loin, la grande route commerciale conduisant aux côtes 
            de l'Océan.   Retour 
  	haut de page    Un pays aussi riche que le Bas-Poitou, placé non loin de l'embouchure- 
            d'un grand fleuve, sur les bords de l'Océan, ne devait pas 
            échapper à la convoitise romaine. Depuis le jour où le brenn des Gaulois pesant la rançon 
            de Rome avait jeté son épée dans la balance en 
            disant: " V victis l. Malheur aux vaincus ! " les 
            Romains avaient résolu l'asservissement de toute la Gaule. 
            Ils commencèrent d'abord par la Cisalpine, qu'ils emprisonnèrent 
            dans un cercle de forteresses... Puis vint le tour de l'Armorique 
            et du Bas-Poitou. Ces dernières proies étaient réservées 
            à Jules-César.  " J'aurais voulu voir, dit Michelet, cette blanche et pâle 
            figure, fanée avant l'âge parles débauches de 
            Rome, cet homme délicat et nerveux, le front nu sous les pluies, 
            de la Gaule, à la tête des légions, traversant 
            nos fleuves à la nage ou bien à cheval, au milieu de 
            sa garde germaine, entre les litières où ses secrétaires 
            étaient portés, dictant quatre, six lettres à 
            la fois, exterminant sur son chemin deux millions d'hommes, et domptant 
            en dix années, la Gaule, le Rhin et l'Océan du Nord 
            ". Vainqueur des Venètes et maître de Nantes, l'antique 
            Condivincum, Jules-César vient mettre le siège devant 
            Durinum, aujourd'hui Saint-Georges-de-Montaigu. Après une lutte 
            désespérée il entre en triomphateur dans la vieille 
            cité gauloise, placée dans une position stratégique 
            admirable, au confluent des Deux-Maines. Là il s'y retranche, 
            et aussi habile politique que grand général, il essaie 
            de faire des vaincus de la veille, des alliés pour la grande 
            lutte qu'il prépare contre Pompée. Des plus vaillants soldats de ce pays honoré par lui du nom 
            de mata gens, il forme une légion à laquelle il donne; 
            pour enseigne l'alouette, symbole de la vigilance et de la gaieté. 
            Consolée de la servitude par la gloire, cette brave légion, 
            où dominent les Pictons, passe les Alpes, en chantant, harcèle 
            jusqu'à Pharsale les soldats de Pompée, entre -victorieuse 
            à Rome, comme autrefois avec le breun, et met à ses 
            pieds l'empire du monde. Cinquante ans après la conquête, sous l'empereur Auguste, 
            les Romains emploient pour le Poitou la politique habile qu'ils appliquaient 
            partout.- Les Pictons sont séparés dé la grande 
            famille celtique où le vieil esprit n'était pas encore 
            éteint. Réunis à l'Aquitaine, ils devaient peu 
            à peu subir l'influence de cette portion de la Gaule promptement 
            devenue une province romaine (2). 
 |  
			| NOTES: 
 (1) Palladius, fils d'Exupérance, préfet 
            des Gaules, naquit à Poitiers durant le Ve siècle. Nous 
            lui devons un Traité d'Agriculture en quatorze livres. (Thibaudeau, 
            Histoire du Poitou). (2) D'après le Père Arcère, Tibulle 
            aurait accompagné en Poitou le- général romain 
            Messala. 
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 |  
		| VOIES ROMAINES PRINCIPALES 
            ET MANSIONS 
 
 |  | Quelque amers que pussent être les regrets du passé 
            et le souvenir de la vieille liberté gauloise, l'admnistration 
            des empereurs et des proconsuls sut les effacer par sa modération, 
            son impartialité et sa préoccupation continuelle des 
            intérêts généraux. A côté des camps retranchés de Pouzauges, de 
            Saint-Michel-Mont-Mercure, de Tiffauges, de Mortagne, etc., où 
            Agrippa établit, selon les circonstances, son quartier général, 
            des voies romaines dont le tracé, certain pour quelques-unes, 
            l'est aussi à peu près pour d'autres, en raison de considérations 
            que nous ne pouvons développer ici, sillonnent le pays et assurent 
            les communications entre Nantes, Angers, Poitiers, Limoges, Bourges, 
            Saintes et-les côtes de l'Océan. 1. - De Nantes â Rom, par Montaigu, Saint-Georges-de-Montaigu{Durinum), 
            Bazoges-en-Paillers, Le Plessis-de-Beaurepaire, Le Plessis-des-Herbiers, 
            La tonnelle, Les Herbiers (Ardelay près), Bois-Jolly, La Blinière, 
            Pouzauges, Montournais, Saint-Pierre-du-Chemin et L'Absie (1). 2. - De Nantes à Saint-Gilles, par Port-Saint-Père, 
            Machecoul, Varnes, Challans, Riez (2). 3. - De Nantes à l'Absie, par Vertou, Le Pallet, Tiffauges, 
            La Verrie (près), Le Châtellier, Menomblet, Saint-Pierre-du-Chemin 
            (3).  4. - De Nantes à Saintes (2 tracés). Le 1er par Montaigu, 
            Saint-Georges-de-Montaigu, Les Quatre-chemins-de-l'Oie. L'Herbergement-Ydreau, 
            Le Plessis, Saint-Vincent-fort-du-Lay, Ingrandes (4) près La 
            Réorthe, Champgillon, Thiré (l'antique Ruson), Féolette, 
            Le Langon,, Velluire. Reth, Le Vanneau et Sansais, où elle 
            rejoint la ligne d'Angers â Saintes (5), par Usseau et Torxay 
            (6). 5. - De Nantes à Saintes (2e tracé). Par Saint-Georges-de-Montaigu, 
            Benaston, La Rabatelière, Les Essarts, le Moulin-des-Loges, 
            La Lévinière, Puymaufrais, Sainte-Hermine, Mouzeuil, 
            Le Langon, etc. (7).  6. - De Nantes à Beauvoir, par Rezé, Les Sorinières, 
            Viais, Saint-Philbertde-Grand-Lieu (Déas), Bois-de-Céné 
            (près) (8).  7. - De Nantes ci fard, par Viais, Saint-Philbert, Saint-Etienne-de-Mer-Morte, 
            Froidfond, Saint-Christophe-du-Ligneron, Apremont, La Mothe-Achard, 
            Grosbreuil (près) (9) .   Retour 
  	haut de page     8. De Nantes à Jard, par Viais, Saint-Colombin, Légé, 
            Saint-Etiennedu-Bois, La Chapelle-Palluau, Aizenay (près), 
            La Chapelle-Achard, Grosbreuil (10).  9. - De Nantes à Mareuil, par Saint-Georges-de-Montaigu, 
            Les QuatreChemins-de-Grala, La Merlatière, Thorigny, Mareuil 
            (11).  10. - De Saintes à Beauvoir, par Sansais, Le Vanneau, Reth, 
            Velluire, Le Langon, Nalliers (près), le Pont-de-Silly, Mareuil, 
            La Routière (Aubigny), Apremont, Challans (près), Saint-Gervais, 
            Beauvoir (12).  11. - De Bourges à Saint-Gilles, par Ension (Saint-Jouin-de-Marne), 
            La Pommeray-sur-Sèvre, Les Châtelliers (près), 
            L'Herbergement-Ydreau, Les Essarts, La Merlatière, Aizenay 
            (près), Apremont (13).  12. - D'Angers à Saint-Gilles, par Cugand, La Pénissière, 
            Durinum, L'Herbergement, Les Lues, La Chapelle-Palluau (près), 
            Maché (près), Apremont (14).  13. - De Bourges aux Sables-d'Olonne, par Ingrande, l'Absie, La 
            Loge-Fongereuse, Sainte-Hermine, Mareuil-sur-le-Lay, Saint-Avaugour-des-Landes, 
            Le Poiroux (près), Château-d'Olonne (15). 14. - De Bourges à Beauvoir, par Voultegon (Segora), Châtillon, 
            La Louvrenière de Saint-Martin-Lars-en-Tiffauges, où 
            on a trouvé une borne milliaire, Durinum, Saint-André-Treize-Voies, 
            Rocheservière (près), Saint-Etienne-de-Mer-Morte, Varnes, 
            Châteauneuf, Beauvoir (16). 15. De Poitiers à la Gachére, par Allonne, rie Busseau, 
            Puymaufrais, où il existe des restes de l'ancien pont romain 
            appelé le Grand-Pont déjà cité, Trizay 
            (fours â potiers gallo-romains, restes d'habitations, trouvés 
            vers 1860),Saint-Florent-des-Bois (près), La Chapelle-Achard, 
            Vairé (près) (17). Le long de ces grandes voies, comme à Saint-Georges-deMontaigu, 
            Cugand et probablement Mareuil, Fontenay-le-Comte, Le Langon, Apremont, 
            l'Herbergement-Ydreau, se dressaient des mansions : c'étaient 
            des sortes d'hôtelleries, des lieux de repos plus particulièrement 
            destinés à servir d'étapes aux corps de troupes 
            en mouvement, mais où les simples voyageurs trouvaient aussi 
            des bâtiments pour se reposer et prendre la nourriture (18). De mille en mille pas romains (environ 1181 m. 50), s'élevaient, 
            sur les routes, des bornes milliaires marquant les distances. Plus 
            hautes que les nôtres, elles formaient, soit des colonnes, soit 
            des petits monuments, sur lesquels on gravait souvent des inscriptions. 
            - Vers 1832, on a trouvé, à Saint-Pierre-du-Chemin, 
            une de ces bornes milliaires, déposée au musée 
            de Nantes, croyons-nous, et plus récemment encore, une autre 
            à la Louvrenière de Saint-Martin-Lars-en-Tiffauges. 
 |    
		  | NOTES: 
  (1) Cette voie, que nous avons retrouvée sur 
            plus de 12 kilomètres, lie passe point IX. Beaurepaire, comme 
            l'ont prétendu divers auteurs : elle se rend de Bazoges aux 
            Herbiers, par Les Plessis et La Tonnelle.Il est à remarquer que les foires les plus renommées 
            du pays, celles de Montaigu, les Herbiers, Saint-Michel-Mont-Mercure, 
            Pouzauges, Saint-Pierre-du-Chemin, Chantemerle et 1 Absie, se tiennent 
            le long de cette route.
 acute; certain jusqu'à Machecoul, 
            d'après le Bulletin de la Société de géographie 
            de Nantes, année 1898 (Léon Maître), probable 
            pour les autres points.  (3) Mentionnée de Nantes à Tiffauges, 
            bulletin déjà cité.  (4) Le non d'lngrandes indique ordinairement non seulement 
            une frontière, mais l'endroit où un chemin, soit gaulois, 
            soit, romain, passait du territoire d'un peuple dans celui d'un autre. (5) Certains autours prétendent, qu'à 
            partir du Langon, elle se dirigerait sur Saintes, parle Gué-de-Velluire, 
            Saint-Jean-de-Liversay, Le Gué d'Allère et Surgères.  (6) Voie reconnue par nous du Langon à Reth, 
            signalée de Sansais à Saintes, par M. Lièvre. 
            - Le reste, connu du Plessis à La Réorthe.-Probable 
            pour le reste.  (7) A Puymaufrais, existent sur le Lay les restes d'un 
            pont romain, que nous avons vu il y a de longues années. Il 
            est connu dans le pays, sous la dénomination de Grand-Pont. 
            - Tracè connu sur plusieurs points, probable sur d'autres. 
            (8) Société de géographie de Nantes 
            (année 1898). Léon Maitre.   (9) Tracé suivi, indiqué par M. Billon. (10) (L'abbé Baudry). (11) Tracé probable.  (12) Tracé repéré' par nous, de 
            Reth à Sansais. - Restes du vieux pont romain à Mareuil, 
            vestiges nombreux de l'époque gallo-romaine partout. - Voie 
            d'emprunt.  (13) Tracé très probable. (14) Tracé connu de la Sèvre aux Lues 
            : probable plus loin.  (15) Retranchements gallo-romains entre le Poiroux 
            et Saint-Avaugour.Nombreux vestiges gallo-romains. - Tracé probable.
 (16) Tracé certain sur quelques points, probable 
            sur d'autres.  (17) Tracé probable. (18) Anthony Rich. - Dictionnaire des Antiquités 
            grecques et latines.    Retour 
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		| VOIES ROMAINES SECONDAIRES |  
		| 
 A ces voies principales s'en rattachaient des secondaires en très 
            grand nombre, parmi lesquelles nous citerons seulement : 1° Une voie romaine ou gauloise améliorée, allant 
            des Lues à Saint-Gilles, par Palluau, Commequiers et le Pas-Opton 
            (Fillon) ; - 2° une autre, de Mareuil â Talmont, par les 
            Moutiers-les-Mauxfaits; - 3° une autre, de l'Absie à Sigournais, 
            par Saint-Pierre-du-Chemin, Le Paligny (bois), et Bourdin (Aude et 
            Richer) 4° celle de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu â l'Herbergement, 
            par Saint-Colombin, Bouaine, Saint-André-Treize-Voies (Léon 
            Maître. Bulletin de la Société de géographie 
            de Nantes, année 1898) ; - 5° de Viais â l'Herbergement, 
            par Geneston et Saint-André-Treize-Voies (Léon Maître) 
            ; 6° une autre, appelée Grand-Chemin du Bocage, dont il 
            reste des traces près la Touche de Sérigné, à 
            la ferme du Grand-Chemin et près la Coudraye, se dirigeait 
            probablement des Herbiers et de Chantonnay sur Fontenay. Cette dernière 
            devait être sans doute un tronçon du chemin conduisant 
            de Nantes à Fontenay et qui aurait facilité aux pirates 
            le parcours du pays (1). On peut conclure par l'examen des cartes que si pour les voies stratégiques, 
            les Romains n'ont point toujours tenu compte des routes tracées 
            par les Gaulois, il n'en a pas toujours été de même 
            quand il s'est agi de la communication d'un centre à l'autre, 
            car il ne faut pas oublier que les Romains ont conservé les 
            mêmes centres de populations que les Gaulois. Un fait digne 
            de remarque, c'est l'analogie curieuse qui existe entre la direction 
            des voies romaines et celle suivie par les routes nationales, et aussi 
            par les lignes stratégiques dont on sillonna la Vendée, 
            à partir de 4833. C'est ainsi, qu'à la Pénissière 
            de la Bernardière, la voie romaine et la voie stratégique 
            viennent se rencontrer.  Il n'est donc pas téméraire d'affirmer que le territoire 
            des Civitas Pictonum était couvert d'un véritable réseau 
            de voies de toutes sortes, preuve indéniable d'un grand développement 
            de civilisation et de prospérité.  Aussi Larry était-il autorisé à dire dans ses 
            considérations sur la géographie ancienne du Poitou, 
            en ces temps où il ne pouvait encore prévoir le merveilleux 
            développement des voies ferrées " ce luxe de communication 
            qui a souvent excité notre admiration " que le Poitou 
            jouissait à ces époques reculées des avantages 
            d'une civilisation très avancée, et qui n'avait rien 
            à envier à -la civilisation contemporaine si justement 
            fière de ses progrès (2). 
 |   
		| NOTES: 
 (1) Histoire du Poitou, par l'abbé Auber. T. 
            v., p. 480. Recherches personnelles.  (2) Mémoire de la Société de Statistique 
            des Deux-Sèvres. T. XII (années 1847-48 et 49). 
             Retour 
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 |  
  
		| LES DEUX PLUS ANCIENNES VOIES 
            COMMERCIALES GAULOISES DU BAS-POITOU
 LE CHEMIN-VERT. -LE CHEMIN DES SAUNIERS.
   |  
      | Les deux plus anciennes voies commerciales gauloises du Bas-Poitou, 
            utilisées et améliorées par les Romains, sont 
            sans nul doute le Chemin- Vert et le Chemin des Sauniers, dont les 
            traces sont encore visibles sur un grand nombre de points de la Vendée, 
            et dont la chaussée a été utilisée lors 
            de la construction de plusieurs routes de notre département 
            (1).  Le Chemin-Vert, dont le nom a survécu à bien des révolutions, 
            était à une époque fort éloignée, 
            la grande voie de communication entre les régions situées 
            au-delà de Niort et les côtes de l'Océan. Partant 
            de Limoges, il passait par ou près Mougon, Niort, Benet, Lesson, 
            Nieuil-sur-l'Autise (2), Xanton, Saint-Martin-de-Fraigneau, Darlay, 
            et se réunissait à la barrière de Parthenay (Fontenay) 
            avec le Chemin des Sauniers,, venant de Poitiers par Charzais. Confondues ensemble au point sus-indiqué, ces d'eux voies 
            traversaient Fontenay-le-Comte, laissaient à gauche les Essarts, 
            la Garnison, la Garde, passaient au-dessus Puy-Bernier, pour de là 
            se rendre-à Petosse, le Grand-Vanzay et l'Abbaye.  Arrivés à ce dernier point, le Chemin-Vert et le Chemin 
            des Sauniers -se séparaient. Le premier se dirigeait sur Mareuil, en servant de limite à 
            Saint-Jean-de-Beugné, Corps, les Magnils-Reigniers,, passait 
            non loin du moulin de Rassouillet et de Dissais. Arrivé à Mareuil il traverse encore; sous le nom de 
            chemin de grande communication n° 19 de Jard à Coulonges, 
            les communes de la Couture, Rosnay (l'Yon au Gué-Besson), Champ-Saint-Père, 
            Saint-Sornin, les Moutiers-les-Mauxfaits, Saint-Avaugour-des-Landes, 
            Avrillé, Saint-Hilaire-la-Forêt, Saint-Vincent-sur-Jard 
            (Beccidcum) et Jard. Le Chemin des Sauniers venant de Poitiers suit, en Vendée, 
            sensiblement le chemin de grande communication n° 35 de Fontenay 
            à Saint-Maixent, franchit le ruisseau de La Prouillc près 
            Saint-Hilaire-des-Loges, traverse la commune de Xanton jusqu'à 
            Beau-Soleil. A partir de ce point il emprunte le chemin de grande 
            communication n° 3 jusqu'à la barrière de Parthenay 
            (ville de Fontenay) et se confond avec le Chemin-Vert jusqu'au Grand-Vanzay, 
            limite Saint-Aubin et Nalliers, passe au pont de Silly (3), laisse 
            Luçon à gauche, rejoint la route des Sables au port 
            de la Claye, sépare la commune de Curzon de celle de Saint-Cyr-en-Talmondais, 
            ensuite la commune de la Jonchère de celles d'Angles et de 
            Saint-Benoît. 1l franchit le ruisseau de Troussepoil, au pont 
            de la Brime, au-dessus du Pé-des-Fontaines, couvert à 
            son sommet de sépultures gallo-romaines, forme ensuite la limite 
            de la commune du Bernard avec celle de Jard, traverse les communes 
            de Longeville, de Saint-Vincentsur-Jard, sous le n° 79 de grande 
            communication, et arrive à Jard, où il se confond de 
            nouveau avec le Chemin-Vert. 
 |   
		| NOTES: 
  (1) Les Romains avaient encore toutes sortes de voies 
            plus ou moins larges, suivant l'usage auxquelles elles étaient 
            destinées. On les appelait: Via, Iter, Actus, Semita, Callis, 
            Trames, Ambitus, Divortia.  Via. - Ces voies publiques avaient en général 
            huit pieds de largeur, sauf celles qui aboutissaient à de grands 
            fleuves, aux ports de mer ou aux villes importantes. Iter, désignait aussi souvent la même chose 
            que Via, et avait autant de largeur. C'était aussi un petit 
            chemin de deux pieds de large où l'on pouvait aller à, 
            pied et â cheval, même en litière.  Actus, ètait un chemin de quatre pieds de large, 
            ouvert dans les champs pour le passage des charrettes et chariots 
            nécessaires à, l'agriculture et pour la rentrée 
            des récoltes (*).  (2) Tout près de Nieuil, nous avons retrouvé, 
            en 1888, le radier et les piles du vieux pont gallo-romain' qui donnait 
            passage au Chemin-Vert. (*) Louis Brochet.- Une voie romaine traversant Fontenay-le-Comte.  (3) M. Bordelais, agent-voyer à Luçon, 
            en a retrouvé la chaussée, il y a environ vingt ans, 
            en faisant construire un chemin vicinal ordinaire sur le territoire 
            de Sainte-Gemme-la-Plaine. 
          
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 |  
  		| IMPORTANCE DES DÉBRIS 
            JONCHANT LE SOL DE LA VENDÉE. - ANTIQUITÉS.
   |  
		| 
 Lorsque l'on parcourt le département de la Vendée (1), 
            on s'étonne de découvrir à chaque pas, tout ce 
            que l'histoire et aussi la nature y ont laissé ou semé 
            de curiosités et de sujets d'études.  Pour peu qu'on s'y arrête, il n'est presque pas de bourgade 
            anciennement habitée, qui n'ait autour d'elle ou dans son sein 
            des traces multiples et profondes de civilisations depuis longtemps 
            disparues.  Les monuments mégalithiques aux profils informes et gigantesques 
            qui existent encore en grand nombre sur notre sol, donnent à 
            l'esprit, avec leur haute antiquité, la sensation qu'ils n'ont 
            pu se dresser là que sous l'effort des bras d'une population 
            assez dense, et que du moment que cette population existait, il lui 
            a fallu des abris, des lieux de refuge. Que ces abris fussent en bois 
            ou en terre, peu importe ! il n'en n'est pas moins vrai que leurs 
            habitants surent se grouper sur certains points où les générations 
            suivantes sont venues successivement vivre et mourir, avec cette docilité 
            instinctive qui a fait de l'homme l'esclave de l'habitude et de la 
            routine.  On peut affirmer qu'il n'y eut jamais de lacune dans la vie de ces 
            petits centres de populations, depuis l'époque de la pierre 
            polie jusqu'à celle où les Romains apportèrent 
            à la Vendée, avec leurs coutumes et leur civilisation 
            raffinée, leurs murs corrompues.  Au commencement de ce siècle (2), quatre ou cinq gisements 
            gallo-romains au plus étaient signalés sur ce pays de 
            Vendée qui semblait être au bout du monde, déshérité 
            et ignoré. On semblait croire que les légions romaines 
            avaient foulé le sol de notre département, sans y laisser 
            aucun vestige matériel de, leur passage. Aujourd'hui plus on 
            cherche, plus on explore, plus on découvre à chaque 
            pas, l'empreinte de, la civilisation romaine qui s'était infiltrée 
            partout dans les plaines, dans les îlots de l'ancien golfe des 
            Pictons, sur les hautes collines et jusqu'au milieu de l'Océan.   Retour 
  	haut de page     Partout existent, soit apparents, soit latents, dans cette vaste 
            enceinte, des souvenirs et des indices matériels de cette civilisation 
            qui suivait pas à pas pour s'y fixer et y fleurir, les aigles 
            romaines, partout où elles pénétraient.  En tous lieux, comme une charrue puissante, elle a labouré 
            notre sol et y a laissé des traces de son passage et de son 
            influence. L'époque de la défaite est si éloignée, 
            que le ressentiment en est pour ainsi dire étouffé sous 
            le poids des siècles, et que c'est presque avec orgueil, que 
            l'on exhume ces impérissables souvenirs de la domination romaine, 
            qui excitent à juste titre la curiosité de l'archéologue 
            (3). Notre contrée est donc intéressante à plus d'un 
            titre, embellie encore par la magique poésie des souvenirs 
            que nous allons essayer de faire revivre dans les pages qui suivent. 
 |  
		 | NOTES: 
 (1) Ancien Bas-Poitou. (2) En 1802, on avait trouvé à Pont-Habert, 
            près Challans, des ruines d'un édifice gallo-romain 
            (Voir Statistique Cavoleau, pp. 391-92, etc.). Vers la mètre 
            époque, on avait rencontré à Saint-Georges-de-Montaigu, 
            des vestiges de l'occupation romaine.  (3) Fillon, de Rochebrune, Baudry et documents personnels.   Retour 
  	haut de page  
          
 |    |  ÉTAT SOCIAL A L'ÉPOQUE 
            GALLO-ROMAINE.STÈLES FUNÉRAIRES DE BENET.
 
   |  
		  | La plupart des classes sociales indépendantes chez les anciens 
            Pictons, se retrouvent sous la domination romaine, mais singulièrement 
            modifiées. En dehors des patriciens et des curiales se forment 
            de nouvelles couches sociales, grandissent des hommes de la plèbe 
            qui, enrichis par l'industrie et le commerce, deviennent eux aussi 
            des notables, et héritent de l'influence que possédaient 
            autrefois les seuls chevaliers. Ils ont laissé, de nombreux 
            monuments funéraires avec des inscriptions et des bas reliefs 
            qui témoignent de leur luxe. Sur ces monuments, dont quelques-uns 
            existent encore à Benet, figurent les ancêtres du tiers-état 
            français ; le maçon avec sa truelle, le forgeron avec 
            son marteau, le sabotier à son établi, le peintre en 
            bâtiment avec son pinceau, etc. Un marchand de vin est assis 
            fièrement en costume de travail, ayant à côté 
            de lui sa femme parée de ses plus beaux atours. Les deux stèles 
            ou cippes trouvées à Benet dans la propriété 
            de M. Tristan, sont surmontées de frontons triangulaires, vierges 
            de toute inscription tumulaire. Sur la base de l'une est gravé 
            en relief le croissant de Diane, et sur celle de L'autre, une sorte 
            de pomme de pin. Deux acrotères devaient probablement se trouver 
            au-dessus des chapiteaux qui supportent le couronnement.  La stèle la mieux conservée a une largeur de 0 m. 
            58 et une hauteur totale de 1 m. 35. Dans une niche semi-circulaire 
            elle contient l'effigie en buste d'une femme dont les cheveux sont 
            disposés de manière à former un bourrelet en 
            torsade autour du front : c'est du reste la coiffure dont on retrouve 
            beaucoup d'exemples dans les effigies de femmes romaines. Une sorte 
            de tunique décolletée embrasse la poitrine sur laquelle 
            elle paraît fixée à l'aide d'une bande triangulaire. 
            La taille est serrée à la ceinture par un cordon, et 
            les manches paraissent fortement étoffées. De la main 
            droite elle tient une bouteille à long col, sorte d'ampulla, 
            et de l'autre un vase à boire ou poculum.  Deux de ces poculum se trouvent sous le buste de la femme ce qui 
            tendrait à faire croire qu'elle faisait le commerce des liquides, 
            d'autant mieux que les cippes étaient presque tous revêtus 
            d'ornements ou emblèmes faisant allusion à la profession 
            du défunt.  La deuxième stèle, d'une hauteur totale de 1 m. 10 
            pour une largeur de 0 m.. 5M, était posée sur une pierre 
            formant soubasserrent, dans laquelle on l'avait encastrée. 
            Elle présentai sensiblement une section demi-circulaire. Dans la niche presque carrée, est représenté 
            à mi-corps et en bas-relief, un homme dont les traits sont 
            loin d'être aussi bien conservés que ceux de la femme. La partie supérieure des épaules seule émerge 
            avec-la tête, au-dessus du bloc, dans lequel a été 
            creusé la niche : aucun attribut n'existe (1). 
 |  
	| NOTES: 
 (1) Louis Brochet. - Chez les Gallo-Romains du pays 
            de Maillezais. Vannes, imprimerie Lafolye, 1891   
          
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 |  
		 
		| LES TONNELLES ET LES LAMPES 
            DU BAS-POITOU |  
      |  Les Tonnelles, sortes de petites tours monolithes, naguère 
            éparpillées sur toute l'étendue de notre département, 
            placées généralement à côté 
            de bourgs, ou villages d'origine ancienne, ou dans les directions 
            qui y aboutissaient, 'couronnaient presque toujours des hauteurs. 
            Sur la route de Grues à Lairoux, existe encore une tonnelle 
            dite Tour-des-Fées. Cette tonnelle, une des mieux conservées 
            du pays, a près dé quatre mètres de hauteur son 
            élévation au-dessus du niveau de la mer est de 20 mètres. 
            Sa construction, d'après Benjamin Fillon, paraît remonter 
            au IVe siècle, ainsi que celle de Moricq. Il n'entre pas dans 
            notre pensée de nous inscrire contre l'opinion du savant vendéen 
            : il nous suffira de faire remarquer qu'antérieurement à 
            cette époque, devait probablement exister au même lieu, 
            un monument remontant aux âges préhistoriques, car, au 
            mois de septembre 1892, M Lièvre, le savant archéologue 
            de Poitiers, et nous, avons trouvé, au pied de la tonnelle, 
            des silex dits " amandes de Chelles ", et divers autres 
            objets de l'époque solutréenne ou. magdalénienne.  Quelques auteurs pensent que ces Tonnelles, fort nombreuses sur 
            le territoire de la Vendée, à en juger par le nom des 
            ténements, servaient à transporter de la côte 
            à l'intérieur, des signaux de jour et de nuit, en vue 
            d'un danger venant de la mer, ce qui ferait remonter leur construction 
            à une des époques où les Saxons ravagèrent 
            la Gaules c'est-à-dire, sous Posthume ou sous les successeurs 
            de Constantin.. D'aucuns prétendent que ces débris de 
            construction ne seraient autre chose que des restes de moulins à 
            pivot dont l'existence est signalée, croyons-nous, pour la 
            première fois en 1105 nous nous rangerions assez volontiers 
            à cette dernière opinion.  Si le mode d'affectation des lieux dits Tonnelles, est controuvé, 
            il n'en est pas ainsi de ceux appelés : Lampes, Lanternes, 
            Falots, Petits-Feux, dont quatorze, relevés par M. Bitton, 
            s'échelonnaient sur l'ancien golfe des Pictons, placés 
            à une distance maxima de 15 kilomètres du littoral, 
            et de 20 kilomètres environ les uns des autres. Trois autres 
            sont plus enfoncés dans l'intérieur des terres. Ces lampes ou phares, construites près des bords de la mer, 
            ou sur des points élevés des côtes, servaient 
            à l'entretien des feux allumés pendant la nuit, et de 
            repères aux navigateurs, en les avertissant, soit de la présence 
            d'un passage difficile, soit d'une rade ou d'un port. A l'origine, 
            on se contenta d'allumer au sommet de ces tours, des feux de bois 
            ou de charbon, des torches de résine, ou bien encore des mèches 
            plongeant dans l'huile ou dans le suif. C'étaient sans doute 
            des lampes de ce genre, dont le savant M. Bitton a retrouvé 
            la trace sur les points suivants (1).   Retour 
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  1. Commequiers. - La Lampe à la Brigassière, altitude 
            20 mètres, distance de la côte 5 k. 500. 2. Saint-Hilaire-de-Talmont. - La Lampe à la Savoire, altitude 
            20 mètres, distance de la mer 7 k.  3. Saint-Julien-des-Landes. -- Le Falot à la Guyonnière, 
            altitude 46 mètres, distance de la mer 10 k. 4. Saint-Vincent-sur-Graon - Le Petit-Feu à la Tuandière, 
            altitude 70 mètres, distance de la mer 15 k.  5. La Bretonnière. - Le Petit-Feu à Mortevieille, 
            sur un petit promontoire environné de marais alimentés 
            par les eaux du Lay, au fond d'une anse, communiquant avec le golfe.  6. Péault. - La Lampe au Poiré, altitude 25 mètres, 
            distance de la mer 5 k. 500-.  7. Les Magnils-Reigniers. - La Lampe à Beugné, sur 
            les bords du même golfe.  8. Sainte-Gemme-la-Plaine. - La Lampe au moulin de ce nom, sur la 
            route de Luçon, altitude 20 mètres, distance de, la 
            mer 3 k. 540.  9. Le Poiré-sur-Velluire. - La Lampe à la hutte de 
            ce nom, sur le bord du marais.  10. Fontenay-le-Comte. - La Lampe près la Ruine à 
            l'altitude de 20 mètres, et à 5 kilomètres environ-du 
            golfe.  11. St-Médard-des-Prés. - La Lampe à peu de 
            distance de la précédente, à la même altitude 
            et à la même distance.  12. Montreuil-sur-Mer. - La Lampe à l'est du village, altitude 
            20 mètres, et à 2 kilomètres du golfe.  13. Sainte-Christine. - La Lampe au sud-est du moulin, à 
            l'extrémité du promontoire et à une faible distance 
            du golfe.  14. Nieuil-sur-l'Autise. - Champ de la Lampe.  En dehors de ces `quatorze points placés sur l'ancien lac 
            des Deux-Corbeaux, des anciens géographes, se trouvent : 1. Sigournais. - La Lanterne près du Requère, altitude 
            80 mètres, distance de l'ancien golfe environ 27 k.  2. La Châtaigneraie. - La Lampe au Pré-Bailly, altitude 
            108 mètres, distance de l'ancien golfe environ 26 k. 3. Saint-Martin-Lars-en-Sainte-Hermine. - La Lampe à Braignard, 
            altitude 84 mètres, distance de l'ancien golfe environ 19 k.  Le profil des altitudes indique nettement que l'élévation 
            de ces divers points est en raison directe de l'éloignement 
            des bords de la mer, et que lampes devaient concourir à un 
            même but, obéir à un même ordre d'idées 
            (2). 
 |  
		| NOTES: 
 (1) Depuis la rédaction de cet article, nous 
            avons trouvé la base d'un de ces phares, au lieu dit Saint-Martin-du-Gué-de-Velluire, 
            sur le bord même de l'ancien golfe des Pictons. La nature des 
            matériaux employés indiquait clairement la fin du ni- 
            ou le commencement du IVe siècle. C'est sur ce point que fut 
            établie la première paroisse du Gué.  (2) Pour plus de détails (voir l'Annuaire de 
            la Société d'Emulation- de la Vendée, année 
            1886, pages 1 à 19.)Dufour et La Fontenelle mentionnent un retrait subit de la mer sous 
            le règne de Louis d'outremer, Guillaume tête d'Étoupes 
            étant comte de Poitiers. Cet événement se- serait 
            accompli entre 936 et 954. Quelques auteurs fixent la date de 949. 
            D'' après Lacune, les eaux qui couvraient le Marais de Maillezais, 
            disparurent subitement pendant les vêpres, le 31 octobre 1460, 
            et qu'enfin dans une requête présentée en 1737, 
            à l'intendant du Poil ou, par les gens de cette contrée, 
            il y est rappelé que la nier se retira inopinément de 
            beaucoup de, lieux qu'elle couvrait auparavant à la mer basse. 
            Le même Lacurie prétend qu'il y avait autrefois un port 
            important à Maillezais:
 A cette époque les eaux de la mer se mêlaient encore 
            aux eaux douces du marais.
 
          
 |   
		| Retour 
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 |  
		| AGRICULTURE, INDUSTRIE, ÉTAT 
            DES ARTS, VILLAS,
            THERMES OU BALNÉAIRES, CIMETIÈRES, ETC.   |  
      | Les Bas-Poitevins s'étaient vite assimilé les murs 
            et la civilisation plus avancée de leurs vainqueurs (1) ; l'agriculture 
            se développait, le commerce renaissait, les habitants de la 
            région qui constitue aujourd'hui une partie ~de l'arrondissement 
            des Sables-d'Olonne sillonnaient de leurs barques la mer des Pictons. 
            A: cette époque notre pays, selon toute vraisemblance, commençait 
            à con- naître le noisetier, l'abricotier, le châtaignier, 
            le prunier, le pêcher etc.  L'industrie gallo-romaine était en progrès, et sur 
            beaucoup de points de la Vendée des découvertes établissent 
            d'une façon certaine que dès les premiers siècles 
            de l'ère chrétienne, l'industrie du fer était 
            prospère à la Ferrière, à la Vergne de 
            Saint-Hilaire-des-Loges, à Mervent, et que celle du verre y 
            était en grand honneur sur plusieurs points, notamment dans 
            la forêt de Vouvent, où en 1889 et 1890, nous avons découvert 
            plusieurs fours, remontarit aux ne et me siècles (2).  Dès le ne siècle, sous la monarchie des Antonins, 
            et plus tard sous Posthumus, Lollianus, Victorinus, Marius et Tétricus, 
            Pendant le règne desquels la Gaule fut pour ainsi dire indépendante, 
            toutes les magnificences du midi avaient envahi notre contrée. 
            Aux sanctuaires des forêts avaient succédé des 
            temples magnifiques'- à Champorté près Pouzauges, 
            à Saint-Michel -Mont-Mercure, à Bouin, à Saint-Georges-de-Montaigu, 
            - et aux maisons de terre et de bois, avaient succédé 
            les maisons de pierre et de marbre.  Les hommes considérables ont dans la cité leur maison 
            d'hiver et dans les campagnes des villas magnifiques, des curtis, 
            coin, prenant outre la maison seigneuriale, de véritables villages 
            occupés par de nombreux artisans, où le luxe de la richesse, 
            le bon goût, et même une certaine poésie charmaient 
            l'existence de ceux qui venaient chercher un abri contre les préoccupations 
            ou e ennuis de la cité.   Retour 
  	haut de page     Ces villas, qui sous la première race de nos rois deviendront 
            la demeure de quelque noble franc ou appartiendront au fisc royal 
            comme à l'Hermenault, Thiré, Grues, Saint-Nicolas-de-Brem, 
            Antigny, Petosse, Payré-sur-Vendée, Saint-Gervais, Noirmoutier, 
            etc., (3) sont souvent pourvues de thermes ou balnéaires comme 
            ceux de Noirmoutier, que nous décrirons plus loin, .et dont 
            l'aménagement et la richesse sont pour nous un sujet d'admiration. 
            Ces villas sont cachées au bord des eaux, à l'ombre, 
            des forêts (4), au flanc des collines, au fond des vallées 
            les plus reculées, et les fouilles entreprises depuis 50 ans 
            en Vendée, notamment par MM. de la Brière, Piet, de 
            Sourdeval, Audé, Fillon, Brethé, Baudry, Mandin, etc., 
            ont établi qu'il en existait sur plus de cent points aujourd'hui 
            connus.  Dans maints tombeaux de cette époque, au Mazeau, à 
            l'lsleaules-Vases, à Saint-Denis-du-Payré, à 
            Nalliers, au Langon, à Dompierre, à Saint-Georges-de-Montaigu, 
            à la Bernardière, à Saint-Médard-des-Prés, 
            et ailleurs, on a trouvé de nombreux objets en verre de l'époque 
            gallo-romaine, fabriqués en Vendée et dont' l'ensemble 
            annonce un sentiment artistique très développé. 
            Dans la villa de, Saint-Médard-des-Prés, découverte 
            en 1845, et dont l'atrium reconstitué figure dans notre dessin, 
            on a trouvé des couleurs, des bronzes, des mosaïques et 
            des vernis. Des peintures murales, qui ornaient cette riche habitation, 
            pourraient bien faire honte à. quelques peintres décorateurs 
            de nos jours. On y remarque surtout des sujets ayant trait aux divinités 
            des eaux. 
 
             Instruments de peinture découverts à Saint-Médard 
              (Atrium restauré de la villa)
          
 (D'après une eau-forte de M. de Rochebrune)
 
 Dans l'angle sud-est de la sépulture, on a trouvé un 
            coffret en fer très oxydé, de 0 m. 25 de longueur, 0 
            m. 15 de largeur et 0 m. 10 de hauteur. Il renfermait, mêlés 
            à un peu de terre amenée par l'infiltration des eaux1- Une boite à couleurs en bronze (n° 1). - 2- Un godet 
            on petit mortier du même métal (n° 7). - 3- Un étui 
            contenant deux petites cuillères également en bronze 
            (n° 8, 9 et 10). - 4° Deux instruments en cristal de roche 
            (n° 11). - 5° Deux manches de pinceaux en os (n° 12). 
            - 6- Une palette en basalte (n° 13).
 
 Ces divers fragments, possédés par MM. Charier, Jousseaume, 
            de Fontenay, etc., dénotent une grande habileté et-se 
            rapportent au IIIe siècle. Un mouvement considérable 
            dans les arts de la Gaule se produisit sous Posthumus, dont certaines 
            - monnaies seraient aussi très; supérieures comme sentiment 
            de l'art, à ce qui se faisait alors en Italie. Les bains romains, 
            découverts à Noirmoutier, semblent se rapporter à 
            l'époque du grand mouvement dont nous venons de parler. Il 
            n'est, pas jusqu'aux potiers poitevins qui, ainsi que nous le verrons, 
            _n'aient laissé avec leurs marques de fabrique, divers objets 
            de la même époque.  L'ancienne côte des, Pitons, depuis Benet jusqu'aux limites 
            du pays de Retz surtout, est littéralement garnie de substructions 
            romaines. 
 |   
		| NOTES: 
 (1) Cependant, la langue latine ne pénétra 
            que difficilement dans les contrées où les Romains n'étaient 
            qu'en petit nombre. D'après Sidoine Apollinaire, la langue 
            gauloise était encore parlée au centre de la Gaule à 
            la fin du Ve siècle. Néanmoins, de ce vieux langage 
            de nos pères dans lequel ils n'ont rien écrit, il ne 
            nous est resté au plus que trois cents mots gaulois parmi lesquels 
            : allouette, arpent, balai, baraque, baton, bec, bêche, bijou, 
            bouleau, bourde, boyeau, braise, branche" brique, broche, brouille, 
            bruit; brusque, bruyère, cabane, carrière, casaque, 
            cep, dune, échine, fol, galant, haleine, jambe, lieue marne, 
            narguer, orgueil. pic, raie, soc, vache, tan, trou, truc, etc. (Histoire 
            de France pour tous, page 49,)  (2) Louis Brochet. Les Fours à Verriers de l'époque 
            Gallo-Romaine. - La, Forêt de Vouvent, son histoire et ses sites.  (3) La maison seigneuriale de Petosse se nommait La 
            Court, mot indiquant que la création de cet important domaine 
            remonte au moins à l'époque mérovingienne. En 
            1903 Petosse dépendait' de l'abbaye de Maillezais.  (4) L'abbé Auber, dans son Histoire du Poitou, 
            T. i, page 402, dit que les grandes forêts de la Vendée 
            virent plusieurs fois les rois mérovingiens se délasser, 
            par de grandes chasses à courre, des soucis et des agitations 
            de la politique ; nous pensons que l'affirmation de l'honorable chanoine 
            n'est rien moins que certaine. 
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  	haut de page   
 |  
		| ARRONDISSEMENT DES SABLES-D'OLONNE   |  
      | La portion de Saint-Hilaire-de-Talmont qui longe la côte; est 
            couverte de pans de murs romains, surtout aux abords de la mine de 
            plomb sulfuré argentifère de l'Essart. On les rencontre 
            particulièrement au' village des Hautes-Mers et au, Veillon, 
            où le hasard fit découvrir, en 1856, entre autres choses, 
            un trésor composé de bijoux en or et en argent, et de 
            25 à 30,000 monnaies d'argent ou de billon.  Dans le champ de la Poizerie, l'abbé Baudry a constaté 
            l'existence du couloir d'une villa de 38 m. 57 sur 3 m. 60, aboutissant 
            d'un côté à un mur de 9 mètres et de l'autre. 
            à. un mur de plus de 70 mètres de longueur. Ce couloir 
            conduisait à'- une salle de bain de 2 m. 90 sur 2 m. 12.  Les dunes ont englouti aussi la plupart des villas de, Longeville. 
            Des fragments de colonnes et d'autres débris gallo romains 
            trouvés à la Touche, prouvent qu'un, établissement 
            de cette période existait autrefois sur l'emplacement du hameau. 
            A Saint-Sornin on a trouvé aussi avec les restes d'une villa, 
            un grand carré maçonné avec soin et revêtu 
            de ciment.  Au Bernard, à Troussepoil, substructions considérables 
            de l'époque gallo-romaine. Au chef-lieu, c'est une villa dont 
            les fondations convergent autour du clocher, et un établissement 
            de bains.  Cet établissement (1) mesure 22 mètres du fourneau 
            à l'aqueduc qui lui est opposé. Sa longueur totale y 
            compris les salles dont il est entouré, et dont une n'a pas 
            moins de 13 mètres, est d'environ 50 mètres. Sa largeur 
            est à quelque chose près la même. L'établissement est double, et forme deux compartiments complets 
            l'un pour les hommes et l'autre pour les femmes. A Troussepoil, l'abbé 
            Baudry a fouillé quatre corps de bâtiments, dont un de 
            22 mètres de long sur 19 de large. Le plus considérable 
            couvre 20 ares de terrain et est divisé en quarante compartiments 
            environ. Dans l'une des constructions, on a rencontré l'ocre 
            rouge, le rubrica des anciens, à trois états différents 
            à l'état brut, à l'état de peinture dans 
            de larges terrines, à l'état de petit pain coulé, 
            portant l'empreinte du sceau et destiné après l'offrande 
            qui en était faite à la divinité à servir 
            de spécifique contre la maladie.
  Le même abbé Baudry pensait que des fouilles bien, 
            conduites à la Touche-Grignon, commune d'Angles, amèneraient 
            des découvertes d'un haut intérêt (2).  Il convient encore de citer parmi les villas les plus importantes 
            trouvées dans l'arrondissement des Sables, celle de Beauvoir 
            et ses thermes, décrits par le savant curé du Bernard, 
            et aussi celles de Noirmoutier, Curzon, Saint-Sornin, Champ-Saint-Père, 
            Saint-Urbain, Saint-Gervais, etc.  Nous allons dire quelques mots sur les fouilles de Troussepoil, 
            près du Bernard. 
 |   
		| NOTES: 
 (1) Il existait aussi des thermes, dans l'emplacement 
            de l'ancien cimetière de Sallertaine, où on a rencontré 
            une épée romaine, des pots, des figures allégoriques, 
            etc.  (2) Extrait d'un mémoire de l'abbé Baudry. 
            - Congrès archéologique dé France, année 
            486-1, pages 263-268.   Retour 
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 |  
		| NOTES SUR LES FOUILLES DE TROUSSEPOIL   |  
      | Parmi les objets trouvés par l'abbé Baudry, dans les 
            puits funéraires (1) de Troussepoil plusieurs étaient. 
            symboliques.  Les cadeaux de noix, d'après Catulle, se rattachaient aux 
            cérémonies du mariage. On en a trouvé en terre 
            blanche déposés dans un tombeau, avec une lampe, près 
            de Bourbon-Lancy.  Le Chêne, on le sait, était consacré à 
            Jupiter, le myrte à Vénus, le laurier à Apollon, 
            le pin à Cybile, et le peuplier à Hercule.  Cybile était en particulier invoquée pour la santé, 
            et l'on tirait des pignons du pain, qui était son arbre favori, 
            une amande oléagineuse dont on faisait des émulsions 
            tempérantes ... La figurine de Vénus trouvée 
            à Troussepoil mesurait 0 m. 15 des pieds à la naissance 
            de la tête.  Elle fut coulée dans un moulé à deux faces, 
            et représente Vénus nue par derrière et par devant. 
            Par derrière, elle rappelle- celle de Rome, dite Callipyge 
            ou la déesse aux belles fesses (2). La figurine de -Troussepoil est en terre blanche et d'origine gauloise... 
            Les figurines qui n'appartiennent pas à l'art gaulois sont 
            généralement rouges.  Il est vrai que dans le principe, au témoignage de Lucain, 
            les cérémonies religieuses n'avaient lieu dans la Gaule, 
            qu'à l'ombre des grands arbres ; mais plus tard, personnifiant 
            les objets de la nature, les Gaulois créèrent des images 
            symboliques qui traduisaient mieux leurs croyances et les aspirations 
            de leur âme.  C'est ainsi qu'à la suite de leur contact avec les Romains 
            ils adoptèrent les figurines que ceux-ci avaient, empruntées 
            eux-mêmes aux Etrusques. M. Tudot a trouvé dans la vallée 
            de l'Allier, un certain nombre d'ateliers de figuristes, avec les 
            matériaux propres à la fabrication, c'est-à-dire 
            l'argile, le bois et les moules. L'expérience lui a appris 
            que l'usage des statuettes dans la Gaule centrale, date de la fusion 
            du culte importé par les latins avec la religion des Gaulois.   Retour 
  	haut de page     L'habile administration des premiers empereurs, dit-il, accéléra 
            cette fusion, et prépara cette ère de prospérité, 
            de `calme et de grandeur qui marque le ne siècle. "  Dans une des fosses sépulcrales on a trouvé notamment 
            une très jolie 'coupe ressemblant par son galbe, sa capacité 
            et ses motifs de décoration, à celle trouvée 
            à Jard il y a quelques années dans le jardin de M. Potier 
            et déposée au musée de la Roche-sur-Yon. Les 
            moules des courants, des feuilles et des frises sont les mêmes 
            dans les deux. Il n'y a qu'une différence, c'est que les oiseaux 
            qui figurent dans les cercles concentriques sur celle de Jard, sont 
            remplacés à Troussepoil par deux personnages de face 
            plusieurs fois répétés, alternant avec des courants 
            de vigne. Ces deux personnages sont debout et s'appuient l'un et l'autre 
            sur une lyre placée au milieu d'eux. L'un, imberbe et presque 
            nu, a la main droite posée sur le sommet de la tête et 
            représente Apollon ; l'autre, plus âgé. et vêtu, 
            est sans doute quelque lyriste célèbre du nie siècle 
            (le vase est de cette époque).  Ces sortes de 'coupes se donnaient ordinairement en prix, à 
            la suite d'un concours, au musicien qui avait remporté la palme 
            sur ses rivaux. Dans cette hypothèse, elle aurait été 
            attribuée à l'un de ces hardes de Troussepoil qui réjouirent 
            si longtemps des mélodies de leur lyre, les échos aujourd'hui 
            silencieux des trois collines (tria podia), et seraient descendus 
            avec lui dans la tombe, brisée en signe de douleur (3). 
 |   
		| NOTES: 
 (1) L'existence des puits funéraires a été, 
            il y a quelques années, violemment attaquée par M. Lièvre, 
            bibliothécaire de la ville de Poitiers, et une polémique 
            assez vive a même été échangée a 
            ce sujet entre le contradicteur et les héritiers de MM. Baudry 
            et Ballereau. Tout en professant la plus sincère estime pour 
            le savant M. Lièvre, dont les théories paraissent séduisantes, 
            nous devons faire observer que de Nadaillac, dans son ouvrage : Moeurs 
            et Monuments des peuples préhistoriques, admet l'existence 
            des puits funéraires. Dans le Bulletin de la Société 
            archéologique de Bordeaux, Tome XX, 3' et 4é fascicules, 
            a paru un article sur le cimetière gallo-romain de Saint-Martin, 
            â Ravenac, où est de nouveau agitée et résolue 
            dans le sens de l'opinion de l'abbé Baudry, la question des 
            puits funéraires. (Bulletin de la Société des 
            Antiquaires de l'Ouest. Quatrième trimestre de 1896, p. 397.
  (2) Le savant antiquaire du Bernard estimait, avec 
            un écrivain catholique, M. Tudot, que " si l'archéologie 
            a droit de parler ainsi de vénus, c'est parce que le sentiment 
            élevé de l'art purifie tout. "   (3) On sait que les Gaulois avaient la musique en si 
            grande estime qu'elle leur semblait venir du ciel, et qu'elle était 
            presque uniquement cultivée par un corps spécial connu 
            sous le nom de Voles, qui appartenait à la hiérarchie 
            sacerdotale. Le nom de PATERNVS, qui avait sa fabrique sur lés 
            bords de l'Allier, étant inscrit sur la coupe de Jard, il est 
            probable, d'après Benjamin Fillon, que celle de Troussepoil 
            a la même provenance. Extrait de Rapport sur les puits funéraires 
            de Troussepoil par l'abbé Baudry. Annuaire 1868-69        
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 |  | FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES 
            A NOIRMOUTIER   |  
      | En 1863 et 1864, des fouilles faites par M. Piet, à Noirmoutier, 
            sur le plateau de Saint-Hilaire, du sommet duquel l'il domine 
            toute l'île et embrasse la haie de Bourgneuf, avec les côtes 
            de l'ancien pays de Retz jusqu'à l'embouchure de la Loire, 
            amenèrent la découverte des restes d'une villa gallo-romaine 
            et d'un balnéaire.  A l'époque où ces établissements furent construits, 
            la mer remontait jusqu'au village de Luzay, et formait ainsi, au midi, 
            un petit golfe navigable, communiquant avec le hâvre de Luzan, 
            et à peine éloigné d'un kilomètre de Saint-Hilaire. 
            Au nord, le rivage du Viel, distant d'environ 500 mètres, offrait 
            un port sûr et commode, où le sensuel Romain pouvait 
            prendre les bains de mer et se livrer au plaisir de la pêche. 
            Enfin, l'existence de forêts voisines venait ajouter à 
            ces avantages l'agrément de la: chasse. C'est dans cette position favorable' que sont situées les 
            ruines des bains romains dont nous allons parler sommairement (1).  Dans un des compartiments, pavé en béton, le mur sud 
            était revêtu, sur une certaine étendue, de peintures 
            à fresques, où dominait la couleur rouge. Une des salles, 
            de 4 m. 20 sur 2 m. 80, aux murs. recouverts d'une épaisse 
            couche de ciment rouge, renfermait 22 petits piliers brisés 
            à d'inégales hauteurs, faits de carreaux en terre cuite 
            de 0 m. 25 carrés, espacés entre eux de 0 m. 22.  Dans la partie ouest, deux bancs de pierre étaient adossés 
            en retour d'équerre à chacun des angles. Nous pourrions, 
            en nous servant dû remarquable rapport de M. Piet, décrire 
            l'ensemble des compartiments mis à jour, mais ce serait sortir 
            des limites du cadre que nous nous sommes assigné dans cet 
            ouvrage. Il nous suffira de dire que l'on y a rencontré toutes 
            les pièces formant un balnéaire romain complet ; la 
            fournaise (hypocausis) sur laquelle étaient placés les 
            vases contenant l'eau destinée aux bains où elle arrivait 
            au moyen de tuyaux conducteurs ; - les étuves (caldaria) disposées 
            de manière que des tuyaux partant de l'hypocausis, introduisaient 
            l'air chaud sous le plancher, par un conduit voûté le 
            bain de vapeur (laconicum), sorte, d'alcôve à demi-circulaire 
            qui, par des tuyaux, recevait de la chaudière d'eau bouillante, 
            des tourbillons de vapeur. La température élevée 
            où cette vapeur brûlante et sans cesse renouvelée 
            tenait la pièce, amenait sur le corps du baigneur une abondante 
            transpiration que celui-ci enlevait avec la strigile, en jetant sur 
            lui l'eau contenue dans un bassin plat (labrum) qui s'élevait 
            du plancher, au fond ou au centre de la chambre ; - un bain d'eau 
            *chaude (alveus 9); - une chambre tiède (tepidarium) tenue 
            à une température modérée qui pré.parait 
            le corps à supporter la transition subite du chaud au froid; 
            - (l'apodyterium) chambre où l'on se déshabillait et 
            où les vêtements restaient déposés pendant 
            qu'on prenait le bain ; - le (frigidarium), ou bain froid, etc. 
 |   
		| NOTES: 
 {1) Pour de plus amples renseignements, lire le mémoire 
            de M. Piet, paru dans l'Annuaire 1864 de la Société 
            d'émulation de la Vendée.     Retour 
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 |  
		| OBJETS RECUEILLIS DANS LE BALNÉAIRE 
            (MÉTAUX)   |  
      | 1. Une médaille en bronze d'Antonin-le-Pieux (138 de Jésus-Christ), 
            du poids de 11 grammes.  2. Un moyen bronze de Lucille, épouse de l'empereur Lucius 
            Verus (164 de Jésus-Christ), et petite-fille d'Antonio-le-Pieux, 
            comme étant née du mariage de Marc Aurèle avec 
            Faustine-la-Jeune ; poids, 125 grammes. 3. Une porte en plomb, d'une ornementation remarquable, mesurant 
            0 m. 75 de hauteur sur 0 m. 65 de large et pesant 42 kilos ; elle 
            servait à fermer l'ouverture d'un conduit voûté, 
            à l'effet de retenir l'air chaud introduit sous le plancher 
            des étuves.  4. Une strigile en fer, des clous de différentes espèces, 
            etc.       
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 |  | OBJETS EN OS ET EN CORNE   |  
      | 1. Un style (stylus), de 0 m. 11, dont la pointe servait à 
            tracer les caractères sur la cire et le bout plat à 
            les effacer.  2. Une-épingle à cheveux (acus comatoria ou crinalis) 
            de 0 m. 11, que les femmes avaient l'habitude de passer dans leurs 
            cheveux derrière la tête.  3. Une agrafe (fibula) ou boucle de ceinture, avec dessins au trait. 4. Une cuillère.  5. Deux petites flûtes. 6. Des bois de cerf portant encore les clous qui les avaient fixés 
            à la muraille, des défenses de sangliers, etc.  On y a trouvé aussi des poteries appartenant à l'ère 
            gallo-romaine et à la période mérovingienne; 
            - divers objets en verre, des morceaux de peintures à fresques, 
            des tuiles à rebords, des tuiles courbes, etc., des briques 
            longues, des poids, des bouts d'amphores, etc.   
          
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 |  | ARRONDISSEMENT DE LA ROCHE-SUR-YON   |  
      | A Javarsay, de Saint-Philhert-du-Pont-Charrault, appelé Gavarciacum 
            sous les Carlovingiens, était une villa galloromaine. Le village 
            qui touche à l'ancien prieuré porte encore le -nom de 
            Ville pour villa Il y existait naguère des substructions assez 
            considérables avec briques, tuiles à rebords et à 
            crochets. Les constructions antiques ont fait place à un établissement 
            nouveau dit Maison-Neuve (villa-nova).  Lors de la reconstruction de la façade de l'église 
            de Chantonnay, il existait encore devant la porte même, un mur 
            de l'époque romaine.  On voyait dans le même canton, il y a quelques années, 
            un reste de viaduc. Il était situé sur une voie romaine, 
            à Bourdin, commune de Sigournais, au confluent du-ruisseau 
            de la Bruyère et du. Grand-Lay. Dans la commune de Saint-Hilaire-le-Vouhis, 
            aux abords du Lay, MM. Brethé et Audé ont trouvé 
            des traces d'habitations gallo-romaines importantes, et le premier 
            de ces savants a mis à découvert un de leurs cimetières, 
            à la Créancière, à deux lieues de la Roche-sur-Yon.  Le sol de l'antique Durinum renferme un grand nombre de substructions 
            gallo-romaines.  A Mareuil, à la Couture, à Dissais, aux Pineaux, à 
            Château-Guibert, les Moutiers-sur-le-Lay, etc., M. Ferdinand 
            Mandin a mis à nu plusieurs villas gallo-romaines et exhumé 
            du sol de nombreux objets de la même époque, armes, bijoux, 
            vases, objets divers, etc. A Chavagnes-en-Paillers, on a fait également 
            des découvertes fort importantes sur lesquelles nous reviendrons 
            .     
   Statuette de Mars, en bronze(1/2 grandeur), trouvée au Mazeaù vers 1835.
 (Cliché Fillon)
 
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  	haut de page  Toute la partie de cet arrondissement qui borde l'ancien golfe des 
            Pictons, est surtout riche en souvenirs romains. Citons au hasard: 
            A Benet, atrium et stèles déjà m'entionnés, 
            Au Mazeau, indépendamment d'une statuette de Mars, en bronze, 
            : dés montnaies. médailles et objets ro-mains trouvés, 
            vers 1862, on ,a mis à découvert, il y a dix ans, trois 
            cimetières gallo-romains . Dans celui attenant au bourg, on 
            a trouvé une assez grande quantité de sépultures 
            et de vases que nous avons décrits dans la Revue du Bas-Poitou 
            (Nous avons également fait le compte-rendu des découvertes 
            opérées en 1890 à Saint-Denis-du-Payré) 
            (1). - Nieuil-sur-l'Autise, Xanton-Chassenon, Bonneuil, La Vergne, 
            La Bogisière, Grues, Saint-Pierre-le-Vieux, Chalais, L'Hermenault, 
            Auzay, Pouzauges, Saint-Michel-Mont-Mercure, Payré-sur-Vendée, 
            Longèves, Nalliers (2), l'Isleau-lesVases, Civray (3), Saint-Michel-en-l'Herm, 
            Vix, etc., abondent en gisements romains. Le Langon est au point de 
            vue des objets et des souvenirs un des plus riches pays de la Vendée. 
            Fillon appelle, surtout l'attention des archéologues sur un 
            morceau de terre situé en bordure du marais, dans la plaine 
            s'étendant du bourg au village de Pontreau, non loin des Ouches 
            de Saint-Graout ; car il y a là un des plus anciens cimetières 
            chrétiens du Poitou, ainsi que nous l'a appris une précieuse 
            inscription funéraire de la fin du nie ou du commencement du 
            IVe siècle qui y a été déterrée, 
            et dont nous parlons plus loin. Des fouilles et des sondages pratiqués par nous au Langon, 
            le 23 octobre 1901, dans un pré appartenant au docteur Gourmaud, 
            sis en bordure de la voie romaine présumée de Nantes 
            à Saintes, nous ont permis de reconnaître l'existence 
            de substructions gallo-romaines, s'étendant sur plus de vingt 
            ares. Il serait on ne peut plus intéressant pour la science, 
            que des travaux de déblaiement sérieux y fussent entrepris, 
            pour savoir si l'on se trouve, en présence d'une mansion placée 
            à l'intersection de deux voies romaines que nous supposons 
            devoir se réunir au Langon, -, des restes d'une villa,- de 
            thermes peut-être.Dans cette dernière hypothèse, on pourrait affirmer, 
            une fois de plus, que les Romains pratiquaient largement les ablutions, 
            puisque trois jours plus tard, à 10 kilomètres environ 
            du Langon, le long de - cette même voie, à Champ-Canteau, 
            nous découvrions, adossés à une pièce, 
            de 3 m. 70 sur 2 mètres, légèrement arrondie 
            aux angles, au moyen de briques de cinq centimètres sur deux, 
            les conduits d'un balnéaire, ou peut-être d'une grande 
            salle de bains, faisant partie d'une villa importante. Ces conduits, 
            revêtus en ciment rouge, mesuraient 0 m. 18 de largeur, pour' 
            une hauteur de 0 m. 35, et leurs dalles brisées s'appuyaient 
            d'un côté sur les briques, et de l'autre sur des massifs 
            de maçonnerie dont la largeur varie entre 0 m. 30 et 0 m. 40. 
            Non loin de là se trouve un puits parementé avec des 
            briques formant clausoir, que le propriétaire actuel, M. Pelletier, 
            se souvient parfaitement avoir vu, il y a environ 35 ans, mais que 
            nous n'avons encore pu retrouver. - Aux abords, on a trouvé 
            divers objets, notamment des monnaies à l'effigie de Posthume, 
            de Charles le Chauve, et un écu de Charles X, roi de la Ligue, 
            frappé en 1.593, c'est-à-dire trois ans après 
            sa mort.
  L'Erablais et le Braignard, dans la commune de Saint-Martin-Lars, 
            en-Sainte-Hermine, ont été des villas et des fabriques 
            de tuiles et poteries gallo-romaines importantes. Payré-sur-Vendée 
            avait un balnéaire dont MM. Vallette, de Rochebrune et nous, 
            avons, en 1889, retrouvé les conduites, des débris de 
            colonnes sculptées, des fragments de frise en marbre blanc, 
            et en pierre de Tonnerre, des clous, des tuiles à rebords, 
            des traces d'incendie, des aires en ciment, etc.  Mais la découverte la plus importante de la région 
            est sans contredit celle faite en 1845, à Saint-Médard-des-Prés 
            par MM. de Rochebrune et sillon, et qu'il nous suffise de dire ici 
            ce que cette découverte, relatée tout au long dans Poitou- 
            Vendée, faisait l'admiration de l'illustre Chevreul.  Nous excéderions les limites que nous nous sommes imposé 
            si nous donnions dans ce chapitre la nomenclature détaillée 
            de tous les points du département où existent des vestiges 
            de l'époque gallo-romaine. Nous y reviendrons d'une manière 
            plus détaillée en faisant l'historique de chaque commune.  En parlant des invasions barbares, nous dirons également 
            un mot des trésors les plus importants exhumés du sol 
            de la Vendée et dont l'origine est romaine. 
 |   
		| NOTES: 
 (1) Voir au chapitre n, où nous en reparlerons, 
            la légende et les dessins y afférents.  (2) A Nalliers, le Docteur Auger a trouvé un 
            dépôt d'armes, plus de vingt épées en fer, 
            avec petits pommeaux de bronze, des médailles, grand nombre 
            de monnaies consulaires, quelques-unes d'Auguste,' et les plus récentes 
            de Tibère. (3) A Civray, près Maillezais, qui se trouve 
            le long de la voie romaine présu-mée allant de Nantes 
            à Saintes, nous avons recueilli en 1900, un fragment d'inscription 
            ainsi conçu VIA. PRIVATC. IVL. T. AVRIC
 
 Cette inscription qui semble remonter au' n° siècle, 
            pourrait ainsi être traduite d'après le savant épigraphiste 
            Espérandieu, professeur à l'École militaire de 
            Saint-Maixent, à qui nous l'avons soumise.D(iis) [m(anibus), Oct]acia Privata, sibi et] C(aio) Jul(io), Tauric[o, 
            marito (ou folio) ? possedum Curant).
 " Aux dieux mânes, Octavia Privata, a fait construire ce 
            tombeau pour elle-même et pour Caius Julius Tauricus, son mari 
            (ou son fils. "
     
 
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 |  | LES CASTRUMS. LES CHATELLIERS   |  
      | A côté de ces splendeurs de la vie menée par 
            la riche aristocratie gallo-romaine, les conquérants, pour 
            maintenir leur domination, élèvent, soit sur les côtes 
            de la Vendée, soit sur des points culminants, des Castrums, 
            reconnaissables encore sous leur nom de Châtelliers appliqués 
            à de nombreuses bourgades ou même à de simples 
            hameaux. Castrum à Curzon, à Nieul et à l'Hermenault 
            ; Les Châtelliers-Châteaumur (bourg) ; Les Châ- 
 
              Les Châtelliers-Châteaumur, d'après. une eau-forte 
            de M. de Rochebrune.
 telliers d'Auzay Mouilleron-en-Pareds ; Velluire ; Bourneau ; Saint-Michel-le-Cloucq 
            ; Saint-Hilaire-des-Loges ; Pouzauges ; La Chaize-le-Vicomte ; Les 
            Herbiers ; Mouchamps ; Bessay ; Boufféré ; La Bruffière 
            ; Saint-Martin-Lars, La Verrie ; SaintChristophe-du-Ligneron, etc.  Ces Châtelliers (1), qui souvent ont pris la place d'oppidums 
            gaulois (2)comme à Mervent, Mareuil,-Châtelliers-Chàteaumur, 
            Bessay, Saint-Vincent-sur-Graon, Pouzauges, etc., deviendront, au 
            moment des invasions barbares, de véritables camps retranchés, 
            où les populations `de tout rang se refugieront avec ce qu'elles 
            ont de plus précieux, tant il est vrai que le malheur commun 
            développe les sentiments de fraternité humaine, ensevelis 
            dans les jours prospères au fond des curs.  Bien que l'administration romaine eut brisé l'organisation 
            sociale de la Gaule, et que les Druides eussent été 
            proscrits, la vieille nationalité gauloise, dans ses caractères 
            apparents, n'était pourtant pas toute engloutie sous les flots 
            de la civilisation conquérante : elle se réfugiait au 
            cur du peuple, toujours plus fidèle que les hautes classes 
            aux affections et aux intérêts patriotiques, et surtout 
            plus rebelle aux innovations importées par l'étranger. 
            Elle trouvait asile avec la langue et les religions indigènes, 
            parmi les populations des campagnes, au milieu des bois, dans les 
            forêts d'Aizenay et de la Chaize-le-Vicomte, surtout dans celle 
            de Vouvent, énergique et inextricable foyer du druidisme' et 
            aussi dernier refuge dès industries du verre et du fer qui, 
            même aux époques les plus troublées de notre histoire, 
            furent toujours exercées (3).   Retour 
  	haut de page     Quoi qu'il en soit, pendant quatre siècles, nos pères, 
            absorbés par les intérêts, matériels; éblouis 
            par une brillante civilisation, amollis par-le luxe, acceptent sans 
            trop murmurer la domination de Rome. Par tous les moyens possibles, 
            l'Empire. essaie de faire oublier aux vaincus la perte de la liberté 
            en leur apportant les arts et aussi la corruption de l'Italie. Ils 
            partagent sa bonne et sa mauvaise, fortune, prennent ses murs, 
            son langage, suivent à peu près son culte, écoutent 
            ses prêtres, et pénétrés partout par son 
            influence civilisatrice, acceptent son droit quiritaire, le vieux 
            droit de la cité romaine, si étroit, si -exclusif, si 
            dur pour la femme, pour l'enfant, pour l'esclave, pour tous les faibles, 
            mais qui s'était progressivement douci par là large 
            interprétation du préteur " le droit des gens " 
            crée non plus parla tradition, mais par la raison, à 
            l'usage des étrangers de toute origine dont le magistrat romain 
            avait à. juger les personnes ou les biens. Le " droit 
            des gens " s'était élevé à côté 
            du vieux droit romain qu'il tendait à absorber, tandis que 
            lui-même tendait à s'identifier au " droit naturel 
            ",conçu par les philosophes, et à devenir ce qu'on 
            a si grandement nommé " la raison écrite ".  Ce droit quiritaire, tombé dans un complet état de 
            décadence pendant les guerres vexatoires des prétendants 
            à l'Empire, et sous la première race de nos rois, a 
            pourtant déposé sur notre sol des germes qui fructifieront 
            plus tard, et nous donneront en 14.71 la première commune jurée 
            du Bas-Poitou, Fontenay-le-Comte. 
 |   
		| NOTES: 
 (1) Les Châtelliers furent tous des lieux de défense 
            datant en général du IVe siècle.  (2) Oppidum veut dire aussi place forte. (3) Louis Brochet. - La Forêt de Vouvent. - Les 
            Fours à Verriers.     
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 |  | INVASIONS BARBARES   |  
      | Cependant le moment était venu où le colosse romain 
            devait se briser comme une statue d'argile, et où les dépouilles 
            de l'univers amassées à Rome depuis des siècles, 
            allaient être la proie dé cent nations.  Par delà le vieux monde celte-ibère devenu le monde 
            romain, s'étendait le monde immense et indompté du nord, 
            qui devait passer sur les ruines du monde antique, en même temps 
            que la religion de Jésus-Christ, comme ces alluvions terribles 
            et fécondes qui disposent la terre pour les semailles du laboureur. Une force immense, dit Pitre-Chevalier, pousse tous les barbares 
            de la Germanie et de la Scythie contre le monde romain; à pied, 
            à cheval, en chariots, traînés par des cerfs ou 
            des rennes, portés sur des chameaux, bercés sur des 
            boucliers, flottant sur des barques de cuir ou d'écorces, nus, 
            ou couverts de peaux de bêtes, de colliers et de bracelets, 
            chevelus ou rasés, hostoyant épars ou formés 
            en coins, combattant sur les, arbres ou dans les bras de leurs dieux. " Nous ne savons où nous allons ", disaient les 
            Vandales... nous marchons par ordre d'en haut divino jussu. Outre 
            cette impulsion providentielle, un double aimant attirait les barbares, 
            l'or et la femme ; ils se ruaient au pillage de l'Empire comme à 
            une immense orgie.  L'enfouissement du trésor du Veillon pratiqué sous 
            Posthume (1), non loin de l'Océan, les nombreux dépôts 
            monétaires trouvés depuis quatre-vingts ans un peu sur 
            tous, les points de la Vendée, notamment à: Port-Juré 
            (2), à Olonne, à Saint-Benoît-sur-Mer, à 
            Saint-Martin-Lars-en-Sainte-Hermine, à l'Ile de Ré, 
  Le Veillon, Monnaies romaines (Cliché Fillon).
      Monnaies romaines trouvées au Mazeau en 1862 et se rapportant 
            presque toutesaux règnes de Posthume et de Trétricus (Cliché 
            B. Fillon).
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  	haut de page  à Vix, q Saint-Michel-le-Cloucq, à Mareuil, à 
              la Jonchère, au Poiré-de-Velluire, au Mazeau, à 
              Fontenay-le-Comte, etc., et dans lesquels les pièces de ce 
              prince étaient invariablement les plus récentes, cette 
              multiplicité d'enfouissements pratiqués au même 
              moment, chez nous, et aussi chez nos voisins les Santons, semblent 
              indiquer qu'ils le furent dans un moment de crise. Ils servent en 
              quelque sorte à marquer l'itinéraire des barbares qui, 
              partant des bords du Rhin, se dirigèrent vers la Marne, franchirent 
              la Seine, se répandirent dans les riches contrées comprises 
              entre Lutèce et la Loire, et traversant ce dernier fleuve firent, 
              vers 266, une pointe jusque chez- les Pictons (3).
 Pendant le règne d'Honorius surtout, une inquiétude 
            générale se répandit dans toutes les cités 
            gauloises. Sous l'aiguillon de la peur et de l'instinct de sa propre 
            conservation " la population de chaque ville, dit M. de Cumont, 
            renversa es plus beaux monuments pour bâtir des murs d'enceinte. 
            Les tombeaux mêmes furent arrachés de leurs bases pour 
            être employés avec les matériaux provenant des 
            temples, des prétoires, à construire des murs de défense, 
            devenus le premier besoin, la première condition d'existence. 
            "  Les légionnaires, ne pouvant plus se recruter à Rome 
            ou dans les anciennes provinces,' il fallut, aller, chercher des soldats 
            chez les nations barbares.. Vers la fin du e siècle,' l'Empire 
            prit à sa solde des corps de Goths, d'Alains, de Burgondes, 
            de Francs, et des peuplades entières furent établies 
            comme colonies militaires sur les frontières et jusque dans 
            les provinces de l'intérieur. Les camps de Sauvaget et de Berneveau, 
            situés dans la forêt de Vouvent, sur les bords de la 
            Vendée, furent occupés par les Lètes, barbares 
            à la solde de l'Empire agonisant. Tiffauges, l'Assurie, La 
            Romagne, Mortagne, Marmande Epagnes, Aiffres, tirent leurs noms d'anciennes 
            colonies étrangères importées chez nous à 
            partir de la fin du IIIe siècle (4)  Mais rien ne pouvait arrêter le torrent, et l'invasion de 
            412 balaya les dix-sept provinces de la Gaule, chassant devant elle, 
            comme un troupeau, sénateurs et matrones, maîtres et 
            esclaves, hommes et femmes, enfants et vieillards.  La Vendée (Bas-Poitou), eut le sort commun. Elle vit ses 
            florissantes campagnes désolées, ses localités 
            incendiées, ses monuments détruits, ses habitants pressurés 
            par des colonies étrangères. Des Espagnols s'établissent 
            à Epagnes, près de Vouvent, des Scythes à Tiffauges, 
            à Mervent, et sur les confins de l'Aunis, où ils donnent 
            naissance aux fameux Colliberts ou Collibrits de la Sèvre-Niortaise, 
            devenus plus tard les huttiers. D'ailleurs, les traces d'incendie partout visibles parmi les décombres 
            romains exhumés, disent assez les nouveaux maux causés 
            par la guerre civile au déclin de l'empire. Les monnaies de 
            Constantin, de Gratien, de Valentinien et d'Honorius qu'ils recèlent, 
            prouvent toutefois qu'aussitôt ces alertes passées, la 
            population revenait des forêts ou des îles du golfe aux 
            champs qu'elle cultivait.  Alors, pendant plusieurs années, il se fit dans notre pays 
            un silence de mort. Sur ces grandes voies où se pressaient 
            les légionnaires et les tribuns à la brillante armure 
            et au fier cimier, on n'entendit plus que les cris des vaincus et 
            des mourants succédant aux chants d'allégresse et de 
            joie. 
 |   
		| NOTES: 
 (1) Presque tous les dépôts monétaires 
            s'arrêtent au 3e consulat de Posthume. (2) Port-Juré, près du Veillon. (3) Fillon, Poitou-Vendée. Cette opinion n'est 
            point. partagée par tous les historiens. Le savant M. Caillé 
            notamment, pense que les Bagaudes du nie siècle ne franchirent 
            pas la Loire. De son côté, Pitre-Chevalier dit : " 
            La Bagauderie fut dispersée, mais non détruite par Maximien, 
            au confluent de la Seine et de la Marne, lieu nommé longtemps 
            les Fossés des Bagaudes, aujourd'hui Saint-Maurdes-Fossés, 
            près Paris. " La Bretagne ancienne, page 42. - Du Fougeroux, 
            dans sa remarquable étude sur Le Poitou pendant la période 
            Romaine dit aussi e Les populations du Poitou portèrent avec 
            une triste résignation l'ombre de l'Empire elles ne prirent 
            point part à la confédération des Bagaudes, tentative 
            impuissante qui, ne répondant, point a l'opinion: générale, 
            n'entraîna que quelques cités ".(4) Fillon. - Poitou et Vendée, p. 78.
     
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 |  | DÉCADENCE.   |  
      | Pendant la longue agonie de l'Empire, au milieu des désordres 
            qui précédèrent et suivirent sa chute, il y eut 
            dans le Poitou, comme dans tout le reste de la Gaule, une diminution 
            de richesses et de population qui s'aggrava par les affreux ravages 
            des Normands, sous la seconde race, et qui ne fut réparée 
            qu'au moyen âge. Le Bas-Poitou, plus exposé par sa position 
            sur les bords de la mer, eut surtout plus cruellement à souffrir. 
            La date de l'envahissement des landes et des forêts sur le sol 
            cultivé dans nos contrées, appartient à ces temps 
            d'anarchie, et ne doit pas être reportée aux premiers 
            siècles de la domination romaine.  Nous avons cité les auteurs contemporains ; il y a aussi 
            d'autres témoins qui parlent très haut : ce sont les 
            ruines mêmes faites par les Colons, les Vandales, les chrétiens 
            et les Normands; ces débris' où se confondent les tuiles 
            à rebords, le ciment des Romains, et les pierres rougies par 
            le feu, tristes souvenirs de destructions qui se rencontrent fréquemment 
            sur toute la surface de notre ancien Poitou. Et cependant, ces restes 
            de constructions romaines ne donnent qu'une indication incomplète 
            du nombre des habitations qui existaient alors dans nos contrées. 
            Plusieurs passages de Grégoire de Tours nous apprennent qu'à 
            cette époque et sous la première race, les habitations 
            rurales étaient souvent en planches clouées, suivant 
            le vieil usage gaulois. De pareilles constructions ne portaient pas 
            sans doute la lourde couverture de tuiles à rebords, et la 
            destruction de leurs fragiles matériaux n'a dû laisser 
            aucune trace. A côté des ruines nombreuses que nous retrouvons 
            aujourd'hui, il y en a, donc beaucoup dont le souvenir n'existe plus 
            (1). 
 |   
		| NOTES: 
 (1) Du Fougeroux.   
 
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 |  | CAUSES QUI ONT AMENÉ 
            EN BAS-POITOU LA DESTRUCTION DES MONUMENTS ROMAINS DANS LES DERNIERS TEMPS DE L'EMPIRE D'OCCIDENT.
   |  
      | Lorsque les Vandales, dont le nom est demeuré le synonyme 
            du génie de la destruction aveugle et féroce, pénétrèrent 
            en Vendée vers 407, la besogne dévastatrice dont on 
            les accuse d'avoir été les exécuteurs uniques 
            avait été presque entièrement faite :  1° Par les colons et soldats à la solde de l'Empire chancelant 
            qui, pour la construction de camps retranchés (castra), se 
            servirent trop, souvent de matériaux provenant des édifices 
            sacrés et profanes existant en dehors de ces castra ;  2° Surtout par des chrétiens fanatiques. Foulant aux pieds les sages prescriptions des édits de Rome 
            et de Milan, qui concédaient aux chrétiens et aux païens 
            le droit de pratiquer librement leur culte, la religion chrétienne, 
            reconnue comme religion officielle, devint persécutrice après 
            avoir été persécutée. A son tour, elle 
            proscrivit les dieux et les rites romains, et bientôt le marteau 
            s'abattit sur les temples et les statues, la cognée sur les 
            arbres sacrés. Vers 360, saint Martin, ancien soldat, plus tard évêque 
            de Tours, menait énergiquement ces entreprises, et sous ses 
            coups, au dire de l'historien Rambaud, de nombreux monuments périrent 
            dans le Poitou, dont faisait partie la Vendée actuelle. 
  Cliché Charier-Fillon
 
 Il n'existait probablement pas de village qui n'eut, sinon son temple 
            dédié à quelque grande divinité du paganisme 
            ou à quelque patron local, du moins une chapelle, un autel 
            sacré, un bois ou une fontaine, objet de culte et de vénération. 
            Chaque temple avait son. collège de prêtres, dont les 
            fonctions' étaient comptées parmi les grands dignitaires 
            de la cité, et le culte était d'une magnificence dont 
            les traditions et de nombreux détails sont conservés 
            dans l'Eglise chrétienne(1) Pendant tout son épiscopat, qui dura de 371 à 400, 
            il fit, dit Amédée Thierry,' la guerre à la partie 
            matérielle du paganisme. Il fit la guerre à tout ce 
            qui était à ses yeux de l'idolâtrie, aux pierres 
            vénérées, aux temples, aux statues, aux bains 
            qu'il considérait comme indécents (2), aux arbres qui 
            étaient pour les Pictons l'objet d'un. culte particulier, Comme 
            il ne pouvait pas détruire les sources et les fontaines, objet 
            également d'une vénération très grande, 
            il s'établissait dans leur voisinage, et y attirait les campagnards, 
            les- paysans (3) de préférence à tous autres 
            lieux pour les sermonner et leur faire honte de leurs superstitions. 
            C'est ce qui explique probablement pourquoi tant de sources et de 
            fontaines portent son nom Lorsque Théodose renversa pour la seconde fois, en 399, l'autel 
            de la Victoire (4), partout alors les ruines du paganisme achevèrent 
            de disparaître.  Partout, dit Charles Dareste, le zèle iconoclaste, enflammé 
            par le- souvenir des anciennes persécutions, ne respecta point 
            les chefs-d'oeuvre de l'architecture et de la statuaire ils furent 
            mutilés, brisés, enfouis dans la terre ou précipités 
            dans les rivières, d'où les fouilles modernes ne retirent 
            le plus souvent que des débris. C'est en vain, qu'au siècle 
            suivant, la voix du poète chrétien Prudence essaya d'arrêter 
            ce vandalisme; et de sauver les derniers et rares monuments qui eussent 
            échappé à la destruction (5). Parlant de cette époque, dans ses Études historiques, 
            Châteaubriand dit": De toutes parts, on démolit 
            les temples, perte à jamais déplorable pour les arts 
            Les temples s'écroulaient, dit le même auteur, à 
            " la voix et sous les mains des évêques et des moines. 
            " Conclusion générale en opposition avec beaucoup d'idées 
            reçues jusqu'à présent, mais que nous croyons 
            devoir indiquer parce qu'elle est l'expression de la vérité, 
            et que la vérité a des droits supérieurs à 
            toutes considérations. C'est aux chrétiens surtout, 
            et non aux barbares qu'il faut imputer la destruction de la plus grande 
            partie des monuments de l'antiquité quelles qu'en fussent la 
            nature et la destination, car dans 'tous ces monuments, ils `voyaient 
            l'empreinte d'une idolâtrie qui leur était odieuse, et 
            dont ils; auraient voulu effacer jusqu'aux moindres traces et souvenirs  Il convient même de dire (et c'est triste) que-ceux de ces 
            monuments qui avaient par quelque heureux hasard échappé 
            à la ruine, y demeurèrent voués longtemps après_ 
            l'instauration de la religion chrétienne. Tout le moyen âge; 
            de ses commencements à la fin y travailla.  Ne raisonnaient pas ainsi; il faut savoir le reconnaître, 
            le grand saint Hilaire de Poitiers, non plus que le grand évêque 
            d'Hippone, lorsqu'il écrivait à son ami Publicola : 
            " Quand on applique les temples, les idoles et les bois sacrés 
            à dés usages publics, ou qu'on les consacre au culte 
            du vrai Dieu, on agit en cette occasion, comme on a coutume de faire 
            à l'égard des infidèles qu'on amène par 
            la persuasion à la connaissance et à la pratique de 
            la vraie religion. "  Mais c'était parler d'or (6). 
 |   
		| NOTES: 
 (1) Histoire de France pour tous, page 80.  (2) Dufour, dans l'Ancien Poitou et sa capitale. dit 
            qu'ils étaient communs aux deux sexes. Les bains scandalisaient 
            l'évêque ; ils devaient, à plus forte raison, 
            scandaliser les chrétiens et les porter â les détruire, 
            ce qu'ils ne manquèrent pas de faire.  (3) Voilà pourquoi du mot Paganus ou paysan, 
            on a- fait les mots païen et paganisme.  (4) L'autel de la Victoire, cette grande et suprême 
            divinité de la Rome républicaine et impériale, 
            se trouvait dans la curie Julienne, où le Sénat se réunissait. 
            11 était surmonté d'une statue de cette déesse, 
            conquise sur les Tarentins, au temps de la République. Auguste 
            l'avait orné des plus riches dépouilles. Chaque sénateur 
            en entrant, brûlait un grain d'encens aux pieds de, la vierge 
            gardienne de l'Empire (custos Imperii virgo) et l'Assemblée 
            prêtait devant elle serment de fidélité.  (5) Histoire de France, livre ni. Théodose et 
            la ruine du paganisme.  (6) Extrait de la Revue -littéraire de la Vendée, 
            par Caillé, ancien chef de bureau au ministère de la 
            guerre.       
 
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 |  | INTRODUCTION DU CHRISTIANISME 
            EN VENDÉE   |  
      | Au milieu de ces ruines amoncelées, de cette société 
            mourante, des dieux de. Romulus qui ne protégeaient plus la 
            Ville Eternelle, parut tout à coup un principe nouveau modifiant 
            de fond en comble la société humaine, et substituant 
            au vieux culte celtique une religion d'amour qui devait (et c'est 
            un de ses plus beaux titres) affranchir l'esclave, soutenir le faible 
            et faire de la femme, la compagne de' l'homme, son égale, et 
            non pas sa servante.  L'abbé Auber, du Fougeroux, et avec eux d'autres écrivains, 
            pensent que le premier apôtre du Poitou fut saint Martial, disciple 
            de Jésus-Christ même, et compagnon de voyage 'de saint 
            Pierre à Antioche et à Rome. Nous estimons que cette 
            opinion est peut-être un peu hasardée.  Les seuls renseignements sérieux que l'on possède 
            à ce sujet ne remontent pas au-delà de la seconde moitié 
            du nie siècle. C'est sous Gallien, c'est-à-dire vers 
            265, que Poitiers aurait eu, son premier évêque, appelé 
            par les uns Nectarius, par d'autres Vietorirlus. Cet évêque 
            aurait été martyrisé à Poitiers, ainsi 
            que beaucoup de chrétiens, dans les arènes dont il ne 
            reste plus que quelques débris (1). Quoi qu'il en soit, presque 
            tous les historiens admettent que-lorsqu'en 312, Constantin fit asseoir 
            le christianisme sur le trône dès Césars, une 
            partie du Poitou était convertie à la religion nouvelle 
            (2).  Les seuls monuments authentiques remontant à cette époque, 
            et même aux- IVe et Ve siècles sont fort rares en Vendée, 
            nous en donnons ci-après la nomenclature  Le Langon. - Deux petits poissons symboliques en verre, destinés 
            à être portés au cou, recueillis vers 1840 par 
            Benjamin Fillon qui, en 1858, a trouvé au même lieu, 
            en pratiquant des fouilles, les assises inférieures d'un curieux 
            tombeau chrétien de là fin du IIIe siècle 
            ou du commencement du IVe.  L'inscription de ce tombeau déposée aujourd'hui au 
            musée de la Roche-sur-Yon est ainsi conçue :   
          
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  	haut de page  ROMVLVS VERPANTI. F 
 La petite palmette gravée au commencement de cette inscription 
            ne laisse aucun doute sur son origine chrétienne (3).
 Le Veillon et Olonne. - Plusieurs pièces de monnaie de l'impératrice 
            Salonine, femme de Gallien, à la légende chrétienne 
            Augusta in pace, trouvées dans le trésor du Veillon, 
            près Talmont, et un petit bronze rare retiré de terre 
            à Olonne, frappé à Constantinople sous Constantin, 
            au type d'Urbs Roma, ayant le monogramme du Christ au-dessus de la 
            louve au revers, peuvent faire supposer que leurs possesseurs étaient 
            chrétiens.  Saint-cyr-en-Talmondais. - Trouvé au Marchieul un tombeau 
            chrétien et à Anson une inscription chrétienne 
            du IVe siècle.  Angles. - Vase en verre avec le chrisme.  Le Tallud-Sainte-Gemme. En 1880, on a' trouvé au Tallud, 
            dans un cercueil de pierre, deux bagues de femme parfaitement conservées. 
            L'une de ces bagues, en argent, porte un monogramme qu'on croit, être 
            une dégénérescence de celui du Christ; l'autre, 
            en bronze, qui, a pu être émaillée, représente 
            parmi divers ornements, deux dauphins reproduits plusieurs fois sur 
            la surface> annulaire. Comme chacun le sait, les chrétiens, 
            des premiers siècles, dispersés au milieu des païens 
            et persécutés par eux, formaient une sorte de société 
            secrète, et un de leurs principaux signes de ralliement était 
            le poisson qui symbolisait, croit-on, la régénération 
            de l'homme par l'eau baptismale Ces bagues chrétiennes, fort 
            rares aujourd'hui, datent des IVe et Ve siècles et sont, elles 
            aussi, comme on le voit, d'intéressants documents pour l'histoire 
            de l'établissement du christianisme en Vendée.  Fontenay-le-Comte. - En 1801 on a recueilli à Gaillardon, 
            près Fontenay-le-Comte, quatre inscriptions chrétiennes. 
            Une de ces inscriptions, qui est de la dernière moitié 
            du Ve siècle, et la plus récente de la fin du VIe, nous 
            ont en outre conservé les noms des premiers habitants de cette 
            ville. Jovinus et sa femme ; Pola Rusticus ; Maurolenus (gallo-romain) 
            ; Chagnoaldus (Chaigneau) et Vinoaldus (Vincent), de race franque. 
            Au mois d'octobre 1888, nous avons trouvé dans le quartier 
            Saint-Martin, non loin de l'ancienne chapelle de ce nom, plusieurs 
            tombeaux des Ve et VIe siècles.  Foussais. - On a aussi découvert à Foussais un tombeau 
            chrétien que l'on peut attribuer au Ve siècle. 
 |   
		| NOTES: 
 (1) C'est à la fin du IIIe siècle, sous 
            l'administration de Rictiovare ou Rictus Varus, Préfet du prétoire 
            des Gaules, que l'on place aussi le martyre de Saint Domnin d'Avrillé. 
            (Saint-Domnin d'Avrillé), par l'abbé Rivalland. (2) On prétend qu'il y avait â cette époque, 
            au quartier de la Coupe lasse, de Bouin, un temple du Soleil qui devint 
            ensuite la première chapelle de l'île, vers l'an 300, 
            époque où six femmes de la Basse-Bretagne s'y seraient 
            établies.  (3) L'abbé Aillery. Fouillé du diocèse 
            de Luçon.    
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  	haut de page   
 |  | APOSTOLAT DE SAINT HILAIRE DE 
            POITIERS ET DE
            SAINT MARTIN DE VERTOU FONDATION DU MONASTÈRE DE DURINUM
   |  
      | Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que le grand apôtre 
            de a Vendée fut saint Hilaire, appelé à l'évêché 
            de Poitiers à la mort de saint Maixent, luter janvier 353, 
            et sous la présidence duquel eut lieu, vers 355, un concile 
            provincial où furent examinés les obstacles que les 
            habitudes traditionnelles et les poétiques superstitions des 
            campagnes, opposaient à l'introduction du christianisme.  Saint Hilaire parcourut une partie de la Vendée, portant 
            partout la bonne parole, et les vingt paroisses placées sous 
            le vocable du grand docteur de l'Eglise sont les témoins irrécusables 
            que son apostolat fut couronné de succès (1). Néanmoins un temps d'arrêt dans les conversions parut 
            se produire, après qu'Eugène et Arbogaste eurent relevé, 
            un moment, les autels des anciens dieux. D'après l'abbé 
            Auber, le culte du paganisme subsistait au commencement du VIe siècle 
            sur certains points de la Vendée ; on y gardait encore le-culte 
            des idoles, et à l'occasion de leurs fêtes sacrilèges, 
            on s'y livrait à des plaisirs désordonnés, à 
            des chants et à des danses qui rappelaient par plus d'un côté 
            les saturnales de Rome.  C'est en ce moment-là que naissait celui qui devait compléter 
            en Vendée l'uvre de conversion au christianisme : Nous 
            avons nommé saint Martin de Vertou.  Saint Martin de Vertou, ainsi appelé à cause du monastère 
            qu'il fonda sur les bords de la Sèvre, naquit à Nantes 
            en 527. Entré de bonne heure dans les ordres, il fut chargé 
            par saint Félix, évêque de Nantes, d'évangéliser 
            le pays de Rezé, les îles de Bouin et de Noirmoutier 
            habitées par des pirates saxons, ainsi que les Marches de la 
            Bretagne et du Poitou qui, bien que visitées par saint Hilaire, 
            saint Vicence et d'autres missionnaires, renfermaient des populations 
            retournées au culte du paganisme.  Vers 575, il fonde à Durinum (2), un couvent de femmes et 
            un couvent d'hommes qui deviendront à leur tour autant de 
 
  Le Forum de Saint-Georges dte .Montaigu
 Cliché Aug. Douillard, de Montaigu
 nouveaux missionnaires, Une chapelle dédiée aux deux communautés, 
          et devenue plus tard d'église paroissiale, s'élève 
          alors sur l'ancien forum, et reçoit le nom de Saint-Georges, 
          que le lieu a conservé jusqu'à présent (3).
 Des voies romaines qui traversent la vieille cité païenne, 
            et par les Deux-Maines, partent des légions de moines qui, 
            d'après les traditions conservées encore aujourd'hui, 
            vont Évangéliser les Herbiers, les Essarts, Mouchamps, 
            Rocheservière, Clisson, Tiffauges, Vendrennes (4).  Le 24 octobre 601, le grand thaumaturge (5) mourait à SaintGeorges-de-Montaigu 
            le Bas-Poitou était complètement converti au christianisme 
            (6). 
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		| NOTES: 
 (1) Saint Hilaire eut comme contemporain à, Poitiers, 
            le célèbre grammairien et professeur Ammonius Anastasius. (2) Aujourd'hui Saint-Georges-de-Montaigu. (3) Cette chapelle dut probablement être superposée 
            à un monument civil et religieux à la fois (Le Forum), 
            qui servit de point de repère aux ingénieurs romains, 
            car les quatre voies venant de Poitiers et de Nantes, d'Angers et 
            de l'Océan s'alignent chacune dessus comme une flèche. 
            Il serait peut-être possible (le retrouver les fondations du 
            monument en question, dédié sans doute à Apollon, 
            l'une des grandes divinités, de la Gaule, dont le culte aura 
            été remplacé à Durinum, comme en une foule 
            'autres lieux, par celui de Saint-Georges qui, dans la légende 
            chrétienne joue lui aussi le rôle de vainqueur de monstres 
            symboliques. (4) Auber. Histoire du Poitou, T.-ii, p. 211. (5) Ce qualificatif est aussi, et surtout, attribué 
            â St-Martin de l'ours. (6) Pendant l'apostolat de saint Martin de Vertou, se 
            produisirent dans notre pays plusieurs événements importants 
            : - Vers 572, Clovis, le plus jeune des lits de Chilpéric, 
            porte, sur les conseils de Frédégonde, la désolation 
            dans le Poitou L'année suivante, ce malheureux pays est encore 
            ravagé par Théodebert et Mérovée, malgré 
            les instantes supplications de sainte Radégonde ; - En 575, 
            nouvelle invasion de Théodebert.  A peine le Poitou commençait-i1 à respirer, 
            que de nouveaux malheurs fondent sur le nord de la Vendée actuelle. 
            Vers 580, la peste, venant de la Bretagne; s'attache aux bords de 
            la Loire, gagne le sol du Bas-Poitou et envahit le pays des Mauges.    
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