Histoire de Vendée

Histoire de la Vendée
du Bas Poitou en France

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CHAPITRE XII
LES ORDRES MENDIANTS, - LES MATHURINS, - LES ORDRES RELIGIEUX MILITAIRES

 

Les Cordeliers, Les Trinitaires, les chevaliers de Saint-Lazare, les Hospitaliers, les Templiers.


Possessions des ordres religieux et militaires dans le département de la Vendée (Billy, Bourgneuf, Féolette, Les Fossés, - Châlon, les Habites, Launay, Sainte-Croix-De-Montaigu, Puyravault, Champgillon, Coudrie, Landeblanche, Sainte-Gemme.


Familles apparentées aux chevaliers. Veilles familles bas-poitevines.


LES CROISADES. - Rôle des seigneurs poitevins.


Première Croisade.


Seconde Croisade.


Troisième Croisade.


Quatrième Croisade.


Cinquième Croisade.


Sixième Croisade.


Résultats des Croisades en Bas-Poitou.


Habitations particulières.


Navigation.


Pêche, Ostréiculture et Bouchots.


Les canaux et les desséchements.


Droits d’usage et de parcours des marais. Viticulture.


Littérature (Pierre de Maillezais, Raoul Ardent, Pierre Béranger, Pierre de Poitiers, Savary de Mauléon).
Langage de l’époque.


Avantages généraux. - Conditions des serfs en Bas-Poitou.


Les bourgs ou villages vendéens de l’époque féodale.


Villes neuves ou villes franches.


Contrats.


Canton de la Mothe-Achard. Fermage d’un paysan vers 1100.


Canton des Moutiers-les-Mauxfaits. Mode de transmission d’une propriété rurale Vers 1120.


Château-d’Olonne. Bail à moitié de la Pironnière en 1219.


Bail de vigne à comptant à Saint-Benoit-d’Angles en 1265.


Justice féodale. Juridictions diverses.


Les mairies ou prévôtés en Bas-Poitou : Fontenay, La Mothe-Achard. La Mairie ou Prévoté de la Châtaigneraie, en la paroisse de Saint-Philbert-de-Pont- Charrault (1236-1538).


Election d’un maire.

 

 

Les Cordeliers, Les Trinitaires, les chevaliers de Saint-Lazare, les Hospitaliers, les Templiers.

 

1° Billy. - Cette commanderie, située près Corbaon, dans la commune de Château-Guibert, se composait des château et métairie de Billy et de quelques devoirs, cens et rentes : le tout affermé 2.100 livres en 1782.

2° Bourgneuf, près Olonne. - Cette commanderie se composait du logis et du moulin de Bourgneuf, paroisse de la Chapelle-Achard, et de quelques devoirs, cens et rentes à l'lle-d'Olonne ; le tout affermé 300 livres en 1640.

3°, Féolette. - Cette commanderie se composait du logis et métairie de Féolette près de Saint-Etienne de Brillouet, de la borderie de la Badellerie, même paroisse, des métairies du Portault en Nalliers, et de la Vendronnière en Saint-Vincent-Fort-du-Lay. Elle possédait en outre le four banal et les deux moulins à vent. de Nalliers; une maison à Sainte-Hermine, et des devoirs, cens et rentes importants à Saint-Etienne-de-Brillouet et paroisses voisines : le tout affermé 1.200 livres en 1577, et 2.700 en 1728. Le plus ancien titre concernant Féolette et conservé aux archives de la Vienne est de 1215.

4° Les Fossés-L'halons. - Située dans la paroisse de La Boissière-des-Landes, comprenait les logis et la métairie des Fossés-Chalons, des . devoirs, cens et rentes à Nieuil et paroisses voisines ; et l'annexe de la Baugerie, à laquelle se rattachait la borderie du Pont-Métayer en Saint-Vincent-sur-Jard. Le tout affermé 2.700 livres en 1781.

5° Les Habites (1). - Cette commanderie se composait des logis et métairie des Habites, paroisse du même nom, aujourd'hui partie de la commune d'Apremont, et de quelques devoirs, cens et rentes aux Habites et paroisses voisines. La cure et l'église paroissiale en dépendaient. A partir du XVIe siècle elle fut toujours unie à Coudrie.

6° Launay. - Cette commanderie se composait du logis, de la métairie et des deux moulins de Launay, paroisse de Sainte-Cécile, des métairies de la Roussière, paroisse de Sainte-Flo-rence, et de Serit, paroisse des Herbiers, du four banal du Fuiteau, paroisse de Chantonnay, de la haute justice du village de la Châtaigneraie, paroisse de, Saint-Philhert-du-Pont-Charrault, et de quelques devoirs, cens et rentes dans les divers lieux ci-dessus; le tout affermé avec Sainte-Croix-de-Montaigu 600 livres en .1603, 950 en 1712 et 1.200 en 1748.

Le plus ancien titre conservé à Poitiers, est un acte d'environ 11200 par lequel Aimery, seigneur de Mortagne, donna certaines choses aux Hospitaliers, en échange d'autres que leur avait jadis données Antérius son père.

7° Sainte-Croix-de-Montaigu. - Cette commanderie, d'après une visite de 1561, ne se composait plus dès lors que d'une maison et chapelle en ruines, et de quelques devoirs et rentes. Depuis assez longtemps déjà elle était réunie à celle de Launay.

8° Puyravault. - Cette commanderie se composait du logis et du marais du Commandeur (cabanes de Puyraveau, de la Martinière, de la grande et de la petite Colomberie, de la Renardière et du Fondreau), dans la paroisse de Puyravault, d'une contenance totale de 2.000 journaux de terre tant labourables que pacages ; de la cabane de la Verdinière. paroisse de Chaillé, d'une contenance de 230 journaux et de quelques cens et rentes de peu d'importance ; le tout estimé 2.305 francs de revenus à la fin du XVIIe siècle. La cure et l'église paroissiale en dépendaient.

Les archives de la Vienne possèdent trois liasses et six registres in-folio de titres concernant Puyravault. Le plus ancien est une sentence de la sénéchaussée de Poitou, du 30 juin 1442, dans un procès entre le commandeur et le chapitre de l'Eglise-Cathédralede Poitiers, qui avait une pièce de terre de 20 septérées, dans le marais de Champagné.

9° Champgillon. - Cette commanderie se composait du château (2), métairie, four banal et greffe de Champgillon; des métairies de l'hôpital de Thiré, de Ligné en Saint-Valérien, de la Touche-Maurice et de Manfray, paroisse de la Réorthe, de la Brissonnerie, paroisse de la Vineuse ; de Chaumes, paroisse de Saint-Hermant ; de l'hôpital de Saint-Juire ; des moulins des Cornes et Tamarin, paroisse de Champgillon ; de la fontaine de Thiré ; de Poislefeu, près la Réorthe ; du moulin de Potays et du four banal de la Châtaigneraie en Saint-Philbert ; de terres et bois disséminés à Sainte-Hermine, Bessay, Saint-Pierre, Les Moutiers, la Vineuse et Saint-Juire, et de devoirs, cens- et rentes importants à Champgillon et paroisses voisines.

10° Coudrie. - Cette commanderie se composait des logis et sanctuaire de Coudrie, et du moulin de la Brosse, paroisse de Coudrie, aujourd'hui partie de la commune de Challans ; de la métairie de Lespinassière, paroisse de la Garnache; de la borderie des Villattes, paroisse de Challans ; du moulin de la Fesse, paroisse de Froidfond ; des prés de la Giraye et des Guerbaudières, paroisse de Beauvoir-sur-Mer et de quelques devoirs, cens, rentes, dans les paroisses voisines, ainsi qu'à Machecoul et autres lieux de la Loire-Inférieure. Le tout avec Bourgneuf, les Habites et Landeblanche, qui lui étaient unis depuis le milieu du XVIe siècle, était affermé 3.000 livres en 1600.

11° Landeblanche. - Cette commanderie se composait du logis, métairie, et des deux moulins de Landeblanche, paroisse de Belleville, et de quelques devoirs, cens et rentes à la Roche-sur-Yon et dans le voisinage. Après la suppression de l'ordre du Temple, elle fut réunie à celle des Habites.

12° Sainte-Gemme. - Cette commanderie se composait du logis et métairie de Sainte-Gemme, paroisse de Benet, de celles des Moutiers, paroisse de Coulon, et de Mervent, paroisse de Sainte-Christine, plus quelques devoirs, cens et rentes à Benet et environs. Ils étaient de peu de valeur : le plus curieux était une rente de 100 anguilles et de 30 sols pour la cuisson, due chaque année, le dimanche des Rameaux, par le possesseur du moulin de Salbeuf, paroisse de Sciecq (Deux-Sèvres). Après la suppression de l'ordre du Temple, Sainte-Gemme fut réunie à l'hôpital de Cendre, paroisse de Saint-Pompain (Deux-Sèvres), qui était d'un revenu moindre. Les deux ensemble étaient affermés 1.900 livres en 1645.

Les archives de la Vienne possèdent notamment sur SainteGemme, un magnifique volume de 55 feuillets, en parchemin, intitulé : " Le papier des rentes et revenus de la maysson de l'Opital-de Sainte-Gemme, detraiz de plussours papiers enciens ; et l'a fait fayre frère Guillaume Farny, au commandour de la dicte maysson en l'an mil CCC dix. " L'avant-dernier article " le pasquer " de Sainte-Gemme, dans lequel est décrit le droit d'usage et de pâturage communs sur les deux rives de la Sèvre, depuis Benet (Vendée), jusqu'à Eschiré (Deux-Sèvres), est à lui seul une pièce aussi curieuse qu'intéressante (3).

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NOTES:

(1) Voir pour l'incendie de 1622, l'Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée. (1875), pages 69-70.

(2.) De l'ancien château, il ne reste guère aujourd'hui que des vestiges très modernisés ; sur les murs de l'habitation restaurée, se voient encore gravées les dates 1597-1642-1664. - La chapelle, dont une visite prieurale de 4719, conservée aux archives de la Vendée, donne la description, a complètement disparu

(3) Archives de, la Vienne et extrait de la Société d'émulation. Louis de a Boutetière (Année 1872).

 

 

POSSESSIONS TERRITORIALES DES ORDRES
RELIGIEUX ET MILITAIRES
DANS LE DÉPARTEMENT DE LA VENDÉE.

 

1° Billy. - Cette commanderie, située près Corbaon, dans la commune de Château-Guibert, se composait des château et métairie de Billy et de quelques devoirs, cens et rentes : le tout affermé 2.100 livres en 1782.

2° Bourgneuf, près Olonne. - Cette commanderie se composait du logis et du moulin de Bourgneuf, paroisse de la Chapelle-Achard, et de quelques devoirs, cens et rentes à l'lle-d'Olonne ; le tout affermé 300 livres en 1640.

3°, Féolette. - Cette commanderie se composait du logis et métairie de Féolette près de Saint-Etienne de Brillouet, de la borderie de la Badellerie, même paroisse, des métairies du Portault en Nalliers, et de la Vendronnière en Saint-Vincent-Fort-du-Lay. Elle possédait en outre le four banal et les deux moulins à vent. de Nalliers; une maison à Sainte-Hermine, et des devoirs, cens et rentes importants à Saint-Etienne-de-Brillouet et paroisses voisines : le tout affermé 1.200 livres en 1577, et 2.700 en 1728. Le plus ancien titre concernant Féolette et conservé aux archives de la Vienne est de 1215.

4° Les Fossés-L'halons. - Située dans la paroisse de La Boissière-des-Landes, comprenait les logis et la métairie des Fossés-Chalons, des . devoirs, cens et rentes à Nieuil et paroisses voisines ; et l'annexe de la Baugerie, à laquelle se rattachait la borderie du Pont-Métayer en Saint-Vincent-sur-Jard. Le tout affermé 2.700 livres en 1781.

5° Les Habites (1). - Cette commanderie se composait des logis et métairie des Habites, paroisse du même nom, aujourd'hui partie de la commune d'Apremont, et de quelques devoirs, cens et rentes aux Habites et paroisses voisines. La cure et l'église paroissiale en dépendaient. A partir du XVIe siècle elle fut toujours unie à Coudrie.

6° Launay. - Cette commanderie se composait du logis, de la métairie et des deux moulins de Launay, paroisse de Sainte-Cécile, des métairies de la Roussière, paroisse de Sainte-Flo-rence, et de Serit, paroisse des Herbiers, du four banal du Fuiteau, paroisse de Chantonnay, de la haute justice du village de la Châtaigneraie, paroisse de, Saint-Philhert-du-Pont-Charrault, et de quelques devoirs, cens et rentes dans les divers lieux ci-dessus; le tout affermé avec Sainte-Croix-de-Montaigu 600 livres en .1603, 950 en 1712 et 1.200 en 1748.

Le plus ancien titre conservé à Poitiers, est un acte d'environ 11200 par lequel Aimery, seigneur de Mortagne, donna certaines choses aux Hospitaliers, en échange d'autres que leur avait jadis données Antérius son père.

7° Sainte-Croix-de-Montaigu. - Cette commanderie, d'après une visite de 1561, ne se composait plus dès lors que d'une maison et chapelle en ruines, et de quelques devoirs et rentes. Depuis assez longtemps déjà elle était réunie à celle de Launay.

8° Puyravault. - Cette commanderie se composait du logis et du marais du Commandeur (cabanes de Puyraveau, de la Martinière, de la grande et de la petite Colomberie, de la Renardière et du Fondreau), dans la paroisse de Puyravault, d'une contenance totale de 2.000 journaux de terre tant labourables que pacages ; de la cabane de la Verdinière. paroisse de Chaillé, d'une contenance de 230 journaux et de quelques cens et rentes de peu d'importance ; le tout estimé 2.305 francs de revenus à la fin du XVIIe siècle. La cure et l'église paroissiale en dépendaient.

Les archives de la Vienne possèdent trois liasses et six registres in-folio de titres concernant Puyravault. Le plus ancien est une sentence de la sénéchaussée de Poitou, du 30 juin 1442, dans un procès entre le commandeur et le chapitre de l'Eglise-Cathédralede Poitiers, qui avait une pièce de terre de 20 septérées, dans le marais de Champagné.

9° Champgillon. - Cette commanderie se composait du château (2), métairie, four banal et greffe de Champgillon; des métairies de l'hôpital de Thiré, de Ligné en Saint-Valérien, de la Touche-Maurice et de Manfray, paroisse de la Réorthe, de la Brissonnerie, paroisse de la Vineuse ; de Chaumes, paroisse de Saint-Hermant ; de l'hôpital de Saint-Juire ; des moulins des Cornes et Tamarin, paroisse de Champgillon ; de la fontaine de Thiré ; de Poislefeu, près la Réorthe ; du moulin de Potays et du four banal de la Châtaigneraie en Saint-Philbert ; de terres et bois disséminés à Sainte-Hermine, Bessay, Saint-Pierre, Les Moutiers, la Vineuse et Saint-Juire, et de devoirs, cens- et rentes importants à Champgillon et paroisses voisines.

10° Coudrie. - Cette commanderie se composait des logis et sanctuaire de Coudrie, et du moulin de la Brosse, paroisse de Coudrie, aujourd'hui partie de la commune de Challans ; de la métairie de Lespinassière, paroisse de la Garnache; de la borderie des Villattes, paroisse de Challans ; du moulin de la Fesse, paroisse de Froidfond ; des prés de la Giraye et des Guerbaudières, paroisse de Beauvoir-sur-Mer et de quelques devoirs, cens, rentes, dans les paroisses voisines, ainsi qu'à Machecoul et autres lieux de la Loire-Inférieure. Le tout avec Bourgneuf, les Habites et Landeblanche, qui lui étaient unis depuis le milieu du XVIe siècle, était affermé 3.000 livres en 1600.

11° Landeblanche. - Cette commanderie se composait du logis, métairie, et des deux moulins de Landeblanche, paroisse de Belleville, et de quelques devoirs, cens et rentes à la Roche-sur-Yon et dans le voisinage. Après la suppression de l'ordre du Temple, elle fut réunie à celle des Habites.

12° Sainte-Gemme. - Cette commanderie se composait du logis et métairie de Sainte-Gemme, paroisse de Benet, de celles des Moutiers, paroisse de Coulon, et de Mervent, paroisse de Sainte-Christine, plus quelques devoirs, cens et rentes à Benet et environs. Ils étaient de peu de valeur : le plus curieux était une rente de 100 anguilles et de 30 sols pour la cuisson, due chaque année, le dimanche des Rameaux, par le possesseur du moulin de Salbeuf, paroisse de Sciecq (Deux-Sèvres). Après la suppression de l'ordre du Temple, Sainte-Gemme fut réunie à l'hôpital de Cendre, paroisse de Saint-Pompain (Deux-Sèvres), qui était d'un revenu moindre. Les deux ensemble étaient affermés 1.900 livres en 1645.

Les archives de la Vienne possèdent notamment sur SainteGemme, un magnifique volume de 55 feuillets, en parchemin, intitulé : " Le papier des rentes et revenus de la maysson de l'Opital-de Sainte-Gemme, detraiz de plussours papiers enciens ; et l'a fait fayre frère Guillaume Farny, au commandour de la dicte maysson en l'an mil CCC dix. " L'avant-dernier article " le pasquer " de Sainte-Gemme, dans lequel est décrit le droit d'usage et de pâturage communs sur les deux rives de la Sèvre, depuis Benet (Vendée), jusqu'à Eschiré (Deux-Sèvres), est à lui seul une pièce aussi curieuse qu'intéressante (3).

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NOTES:

(1) Voir pour l'incendie de 1622, l'Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée. (1875), pages 69-70.

(2.) De l'ancien château, il ne reste guère aujourd'hui que des vestiges très modernisés ; sur les murs de l'habitation restaurée, se voient encore gravées les dates 1597-1642-1664. - La chapelle, dont une visite prieurale de 4719, conservée aux archives de la Vendée, donne la description, a complètement disparu

(3) Archives de, la Vienne et extrait de la Société d'émulation. Louis de a Boutetière (Année 1872).

 

FAMILLES APPARENTÉES AUX CHEVALIERS

 

Parmi les croisés du Bas-Poitou dont les noms survivent, il faut encore mentionner Pierre Mesnard, qui faisait partie de 1a milice du Temple. Pierre de Monti, grand-maître de l'ordre de Jérusalem, en 1568. - Toussaint de Cornulier, commandeur du même ordre en Poitiers. Les chevaliers de Malte, Henri et Amable de Suyrot (1528-1598). - Charles-Auguste Grelier de Concize, commandeur de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Les chevaliers Fidèle, Armand-Célestin Grelier du Fougeroux ; Gaspard, Bonaventure, et Achille-Louis de Béjarry. - Les pages du grand-maître de l'ordre, . Marie-Henri-Louis de Mouillebert, seigneur de Puysec, près Fontenay, et Armand-Charles de Béjarry. - Les Le Bailly de la Falaise, dont la famille se rattache aux guerres saintes, par ses alliances avec les d'Anfreville et les de Thiboutat (1).

 

 

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VIEILLES FAMILLES BAS-POITEVINES

 

Indépendamment des familles bas-poitevines, dont plusieurs membres furent ou fondateurs ou bienfaiteurs des, abbayes ou prieurés dont nous avons parlé, on peut citer au commencement du IXe siècle, la famille Achard. Un Mathieu était, en 813, seigneur de la Mothe-Achard. Un Achard Etienne, figure comme témoin dans un désistement fait en 1081, par un nommé Geoffroy, de plusieurs droits qu'il prétendait posséder à Saint-Maixent (DF). Peut-être est-ce le même qui signe comme témoin en 1097, l'acte damné acquisition faite par l'abbaye de Talmont, de quelques héritages situés, au Sableau. Son fils Pierre était présent à la fondation de l'abbaye de Trizay.

Vers 935, dans la charte de fondation de l'église Saint-Pierre-de-Mauléon, figure Raoul, fils d'Arnould de Mauléon, vicomte d'Herbauges, marié- à Humberge, fille de Raoul, seigneur de Mortagne. Ce Raoul avait épousé Hilarie, sueur de Renaud, seigneur de Mallièvre. Son fils Ebles II, se maria avec Alia, fille de Hugues du Puy-du-Fou. Toutes les donations de dîmes et de terres qui se rapportent à l'église de Saint-Pierre, furent signées par Ebles 11, par les seigneurs de Mallièvre, de Talmont, de Châteaumur, de Puy-du-Fou, de Mortagne, etc., tous fiefs du voisinage dont les seigneurs se qualifiaient de chevaliers et qui attestent pour la postérité, que déjà la contrée tout entière était sous le régime de la féodalité solidement établie (2).

Un Guillaume de Thouars, dit Taillefer, fondait vers 970, un château à Pouzauges, et augmentait son domaine, en épousant Mathilde, fille de Renaud, seigneur de Mortagne. Un de ses fils Renaud, devenait bientôt seigneur de la Flocelière.

Vers la même époque, apparaît comme seigneur de Tiffauges, un Aimery, second fils d'Eudes de Thouars, marié à la fille de Guillaume Il Taillefer, comte d'Angoulême.

C'est vers le second quart du XIe siècle, qu'apparaissent les appellations des principales familles poitevines, celles des Lusignan, des Parthenay, des Morthemar, des Vivone, des la - Tremouille, etc.

C'est dans un document de 1047 que l'on voit, croyons-nous, figurer pour la première fois, le nom illustre de la Trémouille. Cette année, en effet, un Pierre de la Trémouille est mentionné comme témoin, dans une charte d'affranchissement d'un Collibert accordée par Geoffroy Martel, et sa femme Agnès, à leur retour de la Pouille, où ils avaient accompagné l'empereur Henri III (3).

La famille de Chabot, dont de nombreux descendants habitent non seulement la Vendée, niais l'Anjou et, la Bretagne, est connue depuis 1040 (4). A cette date, Chabot Guillaume chevalier seigneur de la Chabotière et des fiefs Chabot, fut témoin, avec Henri Ier, roi de France, Guillaume, duc de Guyenne, et les plus grands seigneurs du Poitou et de l'Anjou, de la fondation de l'abbaye de la Trinité de Vendôme, par Geoffroy Martel, comte d'Anjou, et Agnès de Bourgogne, sa femme.

Vers 1055, Chabot (Willelmus), Ainor sa femme et Geoffroy son frère, vendent quelques terres et salines, et donnent plusieurs dîmes et cens à l'abbaye de Maillezais (5).

Un Chabot Sebran, sire de Vouvent et Mervent, soutient en présence de Louis VII, dit le Jeune, roi de France, duc d'Aquitaine et comte de Poitou, contre Godin ou G-audin, abbé de Maillezais, qu'en qualité de successeur de son frère, il avait droit d'avouerie, garde et juridiction de cette abbaye et membre en dépendant, tenue par lui à hommage lige du comte de Poitou, " ce qu'il offrait de prouver par le duel` ou à l'épreuve de l'eau bouillante ". Mais par jugement du roi et de ses barons assemblés, il fut débouté de sa demande au mois de mars 1151. Il mourut peu de mois après, le 16 des calendes d'août. Il avait épousé Agnès, dame de Rocheservière et de la Grève, fille d'Emmery et d'Agnès de la Faye (6).

L'existence de la famille de Mesnard est constatée dans le Talmondais dès 1050, par une charte conservée aux archives de la Vendée, et publiée par le savant Paul Marchegay.

En 1068 il est fait mention de la famille Chasteigner, qui à cette époque possédait la terre de ce nom. Plus tard, elle possèdera Réaumur, La Meilleraye, et se distinguera pendant les Croisades.

En 1212, un Jean Chasteigner, seigneur de Réaumur, était considéré comme le quatrième chevalier banneret du Poitou.

On peut citer encore dans lexie siècle, un sire de Pouzauges, un sire de Parthenay, et Savary, vicomte de Fontenay, qui en 1066 accompagnèrent Guillaume le Bâtard, dans la conquête de l'Angleterre. Quatre-mille pèlerins poitevins d'élite, sous le commandement du vicomte de Thouars, Aimery IV (7), prennent part à la sanglante bataille de Hastings (14 octobre 1064), où soixante-sept-mille Anglais devaient mordre la poussière.

Le même Aimery qui, dès 1047, avait confirmé la possession du prieuré de Bellenoue à l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm, accompagna, en 1054, les comtes d'Anjou et de Poitou, qui marchaient au secours du roi Henri Ier, contre Guillaume Ier, duc de Normandie. Il fit partie de l'expédition d'Espagne, entreprise par Gui Geoffroy, comte de Poitou, et s'y distingua. Mais le fait le plus remarquable de la vie d'Aimery fut, ainsi que nous l'avons déjà dit, la large part qu'il prit à la conquête- de la Normandie

Gauthier et Gosselin, seigneurs de la Garnache. - David, seigneur de la Flocelière qui, le 24 octobre 1091, donna en son nom et en celui de son frère et de son fils Geoffroy, l'église de la Flocelière au monastère de la Sainte-Trinité de Mauléon (aujourd'hui Châtillon-sur-Sèvre), dont elle dépendit jusqu'en 1789. Le fait de cette donation avait été peint, à une époque très reculée, sur un mur de l'église, où il a été découvert cri 1864 ; malheureusement, ces restes de peintures murales- n'ont pas été conservés.

Aspremont Guillaume figure, en 1095, comme l'un des signataires de la donation de droits et de divers, héritages, faite au prieuré de la Chaize-le-Vicomte, par Herbert, vicomte de Thouars. - Aspremont souscrivit en 1109, la charte d'érection de l'abbaye de Bois-Grollard (8).

Un acte daté des fêtes de Pâques 1096, et relatif à une restitution de biens, concentré au, château de Benon, signé Guillaume, comte de Poitiers, Mathilde ou Mahault, comtesse, sa femme, etc., acte confirmé par le légat du pape, cinquantetrois archevêques, évêques, abbés, etc., donne encore des renseignements intéressants sur quelques familles seigneuriales du Bas-Poitou.

On voit figurer au corps de l'acte Larius, sire de Mortagne, Geoffroy et Umbert, surnommé Amaubert, Guillaume Achards sire de la Mothe, Bernard, sire de Mervent, Mesnard Meschin, et Hugues Chabot.

Trois ans après, le 7 décembre 1099, dans un acte de donation faite au prieuré de la Cbaize-le-Vicomte, par Hubert, vicomte de Thouars et plusieurs de ses barons, nous relevons les noms qui appartiennent à notre pays : Maurice de Montaigu, Jean de Bressuire, Raoul de Mauléon, Geoffroy de Tiffauges, Guillaume de Châteaumur, Maurice de Pouzauges, GuillaumeBertrand des Essarts, Etienne de Bournezeau, Bernard de la Roche-sur-Yon, Barbotin d'Aspremont, Pierre de la Gar- nache et le seigneur de Kemikers (Commequiers) (9).

Vers 1110, apparaît un Anstronius, seigneur de Mortagne, dont un fils, Pierre, était seigneur de Treize-Vents. A la même date, Guillaume Guy des Herbiers confirme divers dons à l'abbaye de la Grainetière.

En 1131, figurent comme témoins du testament de Guillaume X, duc d'Aquitaine (10); Truille, seigneur de Pouzauges, Guillaume (le Talmont, Geoffroy du Puy-du-Fou, Guillaume, frère de ce dernier et camérier de France, Guillaume de Pouzauges, son frère, Richard, baron, Regnault de Mortagne, Regnault de la Flocelière, et enfin Guillaume des Herbiers, maître d'hôtel du duc d'Angoulême (11).

Au mois d'avril MO, Beaumont Richard est un des signataires d'une charte passée à Antioche, et pour laquelle Raymond, prince de cette ville, et Constance, sa femme, confirment au profit de l'église du Saint-Sépulcre, des droits qu'elle possédait en cette ville d'Antioche (12).

En cette même année 1140, Bodin Aimery, fils d'un, des écuyers de Mareuil, fait, conjointement avec Sebrant Chabot, seigneur de Vouvent, et Thibault Chasteigner, seigneur de la Châtaigneraye, une donation à l'abbaye de l'Absie (BeauchetFilleau, page 372).

En 1145, un seigneur de Sainte-Hermine assiste à la dotation de l'abbaye de Trizay.


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NOTES:

(1) René Vallette. - Chroniques du Bas-Poitou, T. iv, page 118.

(2) Auber, Tome VI, page 376.

La plus ancienne famille connue du Bas-Poitou, serait la famille Judikaël. En 616, un Judikaël, prince de Domnoë, était seigneur des Herbiers. (Brandois, Notice sur les Herbiers.)

(3) Gallia Christiana, II. col. 1293.

(4) De La Fontenelle de Vaudoré. - Histoire es évêques de Luçon, T

(5) Manuscrits de Dom Fonteneau, 25. .

(6) Beauchet-Filleau, page 557.

(7) Ce fut ce même Aimery, qui fit construire l'église de la Chaize-le-Vicomte, vers 1088. Pour plus de détails, voir Cartulaire du Bas-Poitou, par Paul Marchegay.

(8) Besly dit que vers l'an mille, des princes de la maison de Chabot, seigneur d'Apremont et de Mareuil, quittèrent leur nom de famille pour adopter celui de leurs terres, que leurs descendants ont continué à: porter jusqu'à l'époque de leur extinction (Beauchet-Filleau, p. ii.

(9) Beauchet-Filleau, T. n, page 717.

(10) H. Auber. - Histoire du Poitou, T. VI, page 377.

(11) Auber, T. vin, page 129.

(12) Dam Fonteneau croit que l'antique châtellenie de Beaumont, qui_ faisait partie de la baronnie de Mortagne et de la vicomté de Tiffauges, est le berceau de cette famille Beaumont, dont l'origine se perd dans la nuit des temps (Beauchet-Filleau, page 249).

 


LES CROISADES
ROLE DES SEIGNEURS POITEVINS

 

Au moment où l'humanité, après l'affreux cauchemar de l'an mille, semble prête à se coucher dans un sépulcre, tout à coup elle est réveillée par le bruit des Croisades.

C'est par- les causes de cette guerre, que nous n'étudierons point ici, que l'on put voir que l'âme humaine n'était pas encore morte, et qu'il ne lui manquait, pour reconquérir la plénitude de la vie, que de s'incarner dans un corps nouveau, (lui commence à s'appeler la commune, qui demain s'appellera la patrie, et qui comme l'homme lui-même sera enfantéo dans la douleur et dans le sang…

Alors, toutes les querelles, toutes les guerres cessèrent comme par enchantement. Les ennemis se donnèrent la main pour marcher vers la Terre-Sainte. Le serf y suivit le seigneur; la femme, le mari, l'enfant, le vieillard. Le mot de Salomon fut vérifié : " Les sauterelles n'ont point de rois, et elles s'en vont ensemble par bandes. "

La haine du nom musulman n'était pas nouvelle en Europe, et le Poitou surtout se rappelait, avec colère, les ravages qu'y avaient causés les invasions sarrasines.

Dans la noblesse poitevine, batailleuse et aventureuse par tempérament, le mouvement qui avait gagné le monde chrétien s'accentua rapidement, et de nombreuses familles de notre pays entrèrent dans le sentiment général qui précipitait l'Europe vers l'Asie, pour y conquérir des ruines et un tombeau.

 

 

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PREMIÈRE CROISADE

 

A peine le printemps de 1096 eut-il paru, qu'une foule de Poitevins se trouvèrent sous la conduite des plus illustres barons, prêts à partir pour la première croisade, qui fut la réponse la plus efficace donnée par les peuples aux appels des Souverains Pontifes, et aux sollicitations secrètes de l'enthousiasme et de la foi.

Dans cette vaillante phalange, les Quatre-Barbes furent représentés par le Bernard qui avait conquis en Espagne, à dix ans de là, le glorieux surnom que ses descendants portent encore, et avec lui le Robert qui devait fonder, à son retour, l'hôpital de Montmorillon ; Guy de la Trémouille ; - les Maulévrier, établis déjà depuis un demi-siècle dans la petite ville de ce nom, sise à la limite du Poitou et de l'Anjou ; - les Pérusse des Cars, qui dès lors possédaient des terres et des alliances dans notre pays ; Guy de Lusignan, qui devait ceindre la couronne de Jérusalem (1); - les sires de Châteaubriant, dont la branche des Roches-Baritaud a fourni un gouverneur à Fontenay, en 1570; - Hugues Bontou, seigneur de la Baugisière en Saint-Michel-le-Cloucq, et Hugues de Garnaches, de l'illustre maison de Rouault, morts l'un et l'autre courageusement, dit Besly, le 17 mai 1102, à la désastreuse journée de Rame ; - Jaillard de la Maronnière, dont le nom se retrouve sur tous les champs de bataille, depuis la première Croisade jusqu'à Castelfilardo ; - Arbert Clérembault, seigneur de Sallertaine, qui donne ses terres au prieuré de ce lieu, avant de partir pour la Terre-Sainte; - Aimery de Bouil, l'un des plus puissants seigneurs du Talmondais.

Quatre ans plus tard, Guy de la Trémouille, les Geoffroy des Herbiers, et d'autres seigneurs poitevins, rangés sous l'étendard d'Herbert de Thouars, rejoignirent Guillaume IX (2), comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, traversèrent l'Allemagne, trouvant partout un accueil sympathique " et semant leur route, par la Hongrie et jusqu'aux rivages de la Mer Noire, de leurs chants et de leurs prières (3). "

Après de graves conflits avec le due de Bulgarie, reçus et choyés pendant cinq semaines à la cour de l'empereur Alexis Comnène, trahis ensuite par ce dernier, ils arrivèrent sous les murs de Nicée, où allaient commencer pour eux' les plus sérieux périls suscités par les louches intrigues de ce même Comnène, qui avait peint en termes si énergiques les excès de la domination musulmane.

Furieux, les Aquitains et les Gascons reviennent sur leurs pas et assiègent Constantinople. Sur le point de franchir la dernière enceinte, intervient un. arrangement. Guillaume triomphant, se hâte de traverser le Bosphore et va mettre de nouveau le siège devant Antioche, où périrent un grand nombre de Poitevins.

Le comte de Poitou sauva sa vie à grand'peine ses bagages et son argent furent la proie des Seldjoucides; un seul écuyer lui resta. Fuyant à sa suite à travers les montagnes et par des chemins perdus, il arriva non loin de Tarse, en une petite ville que .gouvernait Bernard l'Etranger.

Après des péripéties sans nombre, après avoir visité Beyrouth, gagné Antioche, pris part au siège de Jaffa, le due retourna en France, où il débarquait sans accident vers la fin de décembre,1102 (4)

Bientôt après (15 juin 1106), le pape Pascal II arrivait à Poitiers et y présidait un concile.

Au tableau des misères endurées par les chrétiens d'Orient, la chevalerie poitevine se leva de nouveau tout entière, et sous la conduite du prince de Tarente, Boëmond, elle partit avec les Angevins et les Manceaux.

" En 1107, cinq-mille chevaux et quarante-mille hommes s'embarquèrent à Bari, sur le golfe de Venise, laissant à l'Europe l'admirable spectacle de ce que peuvent, dans un même homme, l'intrépidité de sa vaillance guerrière, et l'énergie de ses religieuses convictions(5).


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NOTES:

(1) La Fontenelle de Vaudoré, dans les notes manuscrites conservées à la bibliothèque de Niort, dit que Geoffroy, son frère, seigneur de Mervent, conduisit vers Guy une armée nombreuse, a où les natifs de Mervent et des autres possessions de son beau-père, Chabot-Thibaud Il, étaient en nombre. "

(2) Jean des Herbiers, seigneur de l'Ementruère, Beaufou, etc., signa le testament de Guillaume IX. Il y prend le titre de Dapifer Aquitaniœ (BeauchetFilleau, p. 223).

Un de ses descendants, Milet des Herbiers, seigneur de l'Etenduère, fut maîtred'hôtel de Philippe-le-Long, et mourut vers 1320-1330, sans laisser d'enfant d'Alix du puy-du,-Fou, son épouse.

(3) Auber, Histoire du Poitou, t. vii, pages 437-458. - Chasteigner-Thibaud IV, seigneur de Réaumur, de la Meilleraye et de la Châtaigneraie, se trouve compris dans un rôle des principaux seigneurs du Poitou qui contribuèrent, au XIIIe siècle, par leurs dons, aux Croisades ; sa portion est une des plus considérables. Un de ses fils, Thibault V, fut signataire de la charte d'Alphonse de Poitiers (Beauchet-Filleau, p. 6J2).

De tous les poètes voyageurs qui faisaient partie de la seconde expédition, aucun n'a laissé de traces aussi caractéristiques de son talent, que Guillaume, duc d'Aquitaine, le raviss-eur de Mauberjonne, femme du vicomte de Châtellerault.
Il fut, en raison de ses débordements, excommunié en 1119 par le concile de Reims.

(4) Aubert, Histoire du Poitou, et Pennel. - Il fut excommunié en 1119 par le concile de Reims.

(5) Michaud, Histoire des Croisades, t. n, pages 24-44 et suivantes.

 

 

SECONDE CROISADE

 

Les revers essuyés par les Croisés en Palestine, n'avaient point diminué la foi de ceux qui espéraient trouver le salut et le pardon de leurs fautes, sur cette terre où l'homme avait été conquis à la vie de la foi. La solennelle invitation d'Urbain II : " Soldats de l'en fer, soyez les soldats de Dieu ! " résonnait toujours aux oreilles des nobles poitevins (1), et dès 1134, c'est-à-dire douze ans. avant que Louis VII (2) et Eléonore ne partissent pour la Palestine, Raymond, fils de Guillaume IX, devenait prince d'Antioche, où il débarquait (3) avec une suite nombreuse, dans laquelle on comptait Hugues de l'île de Bouin, - Gauthier de Sourdeval, - un Guillaume de Poitiers, parent de la famille ducale et beaucoup d'autres. Jeune et beau, il épousa, le jour de son arrivée, Constance, fille de Boémond II, mais sa bravoure lui ayant fait imprudemment livrer bataille à Noradin, ,sultan d'Alep, il fut tué le 29 juin 1149 (4).


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NOTES:

(1) Malgré leurs idées religieuses très sincères, mais obéissant" à ce sentiment batailleur, exagéré peut-être, et aussi à un point d'honneur qui était le propre des seigneurs bas-poitevins, les chevaliers étaient souvent en guerre entre eux, et c'est ainsi qu'en 1123, Geoffroy II, seigneur de Tiffauges, prit le château de Mallièvre, qui appartenait à Guy de Mallièvre. Ce dernier appela à son secours 'son suzerain, le comte d'Anjou, Foulques V, lequel vint mettre bon ordre aux affaires en reprenant le château, qu'il rendit à son légitime possesseur.

(2) Un Sebrand-Chabot, seigneur de Vouvent, accompagnait Louis VII, ainsi que Pierre Berlin, l'un des bienfaiteurs de l'abbaye de Maillezais, qui servit sous les ordres de Guy de Thouars.

(3) A quelques kilomètres.

(4) Auber. - Histoire du Poitou.

 

TROISIÈME CROISADE (1190)

 

Cependant Saladin, soudan d'Egypte et de Syrie, avait envahi la Palestine, dépossédé Guy de Lusignan, roi de Jérusalem, et fait un horrible massacre des chrétiens. Les cris des victimes retentirent jusqu'au fond de ]''Europe,: une nouvelle croisade fut résolue. Richard Coeur de Lion, roi d'Angleterre et comte du Poitou, par sa mère Eléonore d'Aquitaine, rassembla ses vassaux et s'achemina vers cette terre illustrée par tant de triomphes, désolée par tant de revers.

Plusieurs seigneurs poitevins se joignirent encore au brillant monarque, et parmi eux il convient de citer particulièrement Pierre de Walsh, dont un descendant possédait au moment de la Révolution, la terre de Chassenon, près Saint-Hilaire-desLoges ; - Jean de la Béraudière, d'une famille devenue baspoitevine par le mariage de Marguerite de la Béraudière, dame de Breuil-Barret, avec René Mesnard de la Toucheprès de la Pommeraye ; - Thibaud-Chabot, qui garantit un emprunt de deux-cents marcs d'argent, fait par Jean de Clairvaux à des marchands génois; - Eustache de Sainte-Hermine, qui assista au siège d'Acre et dont des descendants existent encore ; - Renaud du Vergier de la Rochejacquelein ; - Guillaurne de Quatre-Barbes (1).

Ajoutons que les chevaliers poitevins dont nous venons de donner les noms se montrèrent garants de plusieurs emprunts contractés envers les Juifs, pour la continuation de la guerre.


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NOTES:

(1) Ce dernier seigneur est mentionné dans la charte, suivante : " Que tous les fidèles du Christ sachent que moi, Geoffroy de Mayenne, je nie suis constitué garant de 130 mares d'argent pour mes chers Bernard de la Ferté, François de Vimeur, Guillaume dit de Quatre-Barbes, Geoffroy de la planche,. envers Ansolde Bochono et ses associés, citoyens génois, etc. Fait au siège d'Acre, l'an du Seigneur 1191, le lendemain de la fête de saint Rémi (Beauchet-Filleau, T. n, page 570).
Un autre de Quatre-Barbes (Foulques), baron de Jallayé, accompagna Philippe-Auguste a la croisade de 1190, revint en France après la prise de Ptolémaïs, puis retourna de nouveau en Judée en 1218, lorsque le pape Honorius III, après le concile de Latran, eut réclamé les secours des chrétiens occidentaux pour leurs frères d'Orient, et périt au siège de Damiette (1219). (Beauchet-Filleau, T.II, p. 572.)

 

QUATRIÈME CROISADE (1204)

 

Les expéditions en Terre-Sainte occupaient encore tous les esprits. Foulques, curé de Neuillv, homme plein d'éloquence et de ferveur, eut mission du pape d'engager la noblesse à se croiser de nouveau ; mais, cette fois; on ne trouva plus dans le Poitou le même enthousiasme.

Parmi les hommes marquants du-Bas-Poitou, on peut citer Brice ou Rudes de la Roche-Saint-André, dont les descendants figurent nombreux parmi les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem ; Robert de la Trémouille, qui se maintint en Palestine. Après s'être, en 1201, signalé à la prise de Constantinople, il reçut successivement quatre fiefs dans lesquels se trouvait la ville, ruinée de Chalatriza, dont il fit rebâtir les murs (1).


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NOTES:

(1) Clausolles et Auber.

 

 

CINQUIEME CROISADE (1248)

 

Peu de temps après ses campagnes en Bas-Poitou, campagnes dont nous-parlons dans un autre chapitre, saint Louis fut attaqué d'une maladie cruelle qui le plongea dans une léthargie semblable à la mort. Revenu à lui-même, il fit le vœu de consacrer ce qui lui restait de forces à aller délivrer les chrétiens la Terre Sainte.

Le 15 août 1248, il partit pour cette terre d'Egypte où tant de chevaliers devaient verser leur sang.

Parmi les seigneurs poitevins, on vit se ranger sous la bannière royale : Sebrand-Chabot, seigneur de Vouvent (1), qui devait se distinguer à la prise de Damiette, où trouvèrent la mort, le 4 juin .1249, Hugues .XI de Lusignan et Thibaud de la Trémouille, avec ses trois fils tués à la bataille de' la Massoure ; - Gouffier Etienne (2); - Savart de Mauléon, qui contribua lui-même puissamment à la prise de cette ville, qui devait servir de rançon au roi. Savary était arrivé des premiers avec une foule de galères portant un nombre considérable de combattants - Raoul de Mauléon, qui engagea ses domaines d'Aunis et du Talmondais au sire de Thouars, et assigna aux religieux de Charroux une aumône de cent sous de rente sur sa terre de Saint-Michel-en-l'Herm ; Hugues de Quatre-Barbes, qui, en octobre 1249, donne devant Damiette, quittance d'une somme de 400 livres tournois pour lui: et ses chevaliers, à Charles,- comte d'Anjou (3) ; - Le sire de Braine, de la famille de Dreux-Mauclerc, seigneur de la Garnache, où il mourut en 1250, au moment où le pape Clément IV l'assignait devant l'évêque d'Angers pour répondre de certains méfaits. Alphonse, comte de Poitiers, alla aussi rejoindre son frère avec plusieurs de ses vassaux, et se distingua par une bravoure à toute épreuve, sur ces plages d'Asie et d'Afrique qui avaient déjà dévoré tant de chrétiens. Sous les murs de Damiette, il servit de caution à trois chevaliers poitevins : Guillaume d'Apremont, Théodebald de Chatesgner (4) et Aymeric de Sainte-Hermine (5).


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NOTES:

(1) Dans la salle des Croisades, au musée de Versailles, on trouve le nom et les armes de Sebrand-Chabot. Ce Chabot-Sebrand; voulant faire le voyage de la 'l'erre Sainte, vendit ou engagea, en 4218, du consentement d'Agnès; sa femme, et de Thibault, son fils ainé et héritier, ses terres et revenus à l'abbé et aux religieux de Saint-Maixent, sous certaines conditions (D. F., p.14).

(2) Le fait est prouvé par une charte souscrite à Saint-Jean-d'Acre, en 4250, et citée par A. Roger, dans sa Noblesse de France aux Croisades (Beauchet Filleau, T. u, P. 463).

(3) Beauchet-Filleau, T. n, p. 570.

(4) Si l'on en croit l'abbé Auber, les ports de la Rochelle et des Sables-d'Olonne auraient fourni à saint Louis une importante marine.

(5) Une charte, datée de Damiette (novembre 1249), constate qu'il a engagé ses biens présents et à venir à Alphonse, comte de Poitiers, en retour de la, garantie que ce prince lui a accordée pour un emprunt fait à Anfreo Nicolaï, pour subvenir aux dépenses de la croisade. En vertu de cet, engagement, la maison de Sainte-Hermine a été admise au musée de Versailles et son-écusson placé dans la troisième salle carrée (Beauchet-Filleau, T. I, p. 655).

 

 

SIXIÈME CROISADE (1270)

 

Saint Louis, ayant assuré le bonheur de son peuple, conçut le projet d'une nouvelle croisade contre les infidèles. Il partit suivi de Philippe, son fils, et d'une foule de chevaliers, parmi lesquels le Bas-Poitou compta Guillaume Buor, seigneur de la Landes et des Noultes, de la Tabarière ou Chantonnay, qui eut l'honneur d'être convoqué à cette croisade " par patente spéciale en lettres d'or " signée de la main du saint roi.

 

 

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RÉSULTATS DES CROISADES EN BAS-POITOU

 

Le grand mouvement des Croisades en secouant la torpeur du monde féodal, exerça une heureuse influence sur l'industrie et, le commerce. Saris parler (le l'effort qu'il nécessita pour l'armement des chevaliers et de leur suite, il révéla aux marchands de nouvelles routes, aux industriels de nouveaux procédés, aux agriculteurs de nouvelles plantes (1). On rapporta d'Orient l'usage du lin, de la soie, des moulins à vent, le prunier de Damas. Les étoffes de coton devinrent moins rares, les industries de luxe se perfectionnèrent. Les grandes tapisseries, les coussins, les tapis de Damas, les glaces de Venise, égayèrent et assainirent les sombres appartements des châtelains de Talmond, de Mortagne, de Tiffauges, des Herbiers, du Puy-du Fou, de la Flocelière, de Pouzauges, de Mareuil, d'Apreniont, de la Garnache. L'or et les pierreries s'étalèrent sur de brillants costumes de soie aux couleurs voyantes.

Les industries du lin, du chanvre, de la laine et du cuir se développèrent à Parthenay, Fontenay-le-Comte, Mortagne, Niort, Bressuire. Ces divers produits, travaillés sur place avec un soin rare, servaient aux habillements des diverses classes (le la société (2). Le linge proprement dit devint d'un usage plus commun à partir surtout du XIIIe siècle, quand on crut s'apercevoir que la lèpre et d'autres maladies cutanées, venues de l'Orient, avaient pour premier remède le soin d'une propreté de corps inusitée jusque-là sous cette forme (3).

Alors recommencèrent, â se dessiner chez les femmes de notre pays, paysannes des fermes et des villages, citadines des bourgs et ,des cités, ces allures dégagées, ces mouvements alertes, ces coiffures si pittoresques adoptées surtout dans le Bas-Poitou, qu'on retrouve encore aux Herbiers, dans le marais de Luçon, de Maillezais et dans les environs de Fontenay et de Niort.

Talmont (4) et Fontenay (5) eurent des foires importantes favorisées par- le voisinage de. la mer, l'existance des vieilles routes et aussi par la navigation fluvial qui, depuis longtemps déjà, existait sur la Sèvre, sur la Vendée et une partie du Lay, ainsi que l'établissent les pancartes de péage de Maillé., Velluire, Mareuil, etc.


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NOTES:

(1) Dès le XIIIe siècle, les fabricants d'épées de Fontenay avaient une grande réputation de savoir-faire, et les artisans des bords de la Sèvre savaient travailler le bois. Les potiers, nombreux à Vouvent, Maillezais, Champ-Saint-Père, savaient également fabriquer (les buyes vertes et (les cuves ou ponnes à lessive, des carreaux de dallage en terre cuite rouge peints en jaune et décorés de figures. L'industrie des verriers était également prospère à Maillezais, la Roche-sur-Yon, Mervent, Mouchamps. ( Le commerce et l'Industrie en Poitou du XIe au XVe siécle, par Boissonnade, professeur â l'université de Poitiers, (Antiquaire de l'ouest, année 1898, pp. 16, 17. 18.)

(2) Les laines qui n'étaient pas employées sur place étaient enlevées par les marchands de Gravelines, de Gand, de Bruges, et alimentaient, concurremment avec des laines anglaises, les nombreux métiers des Flandres. En 1307, les cent livres (le laine dont on distinguait deux variétés, bourre lanisse et bourre moléissc, se vendaient 26 sous à 16 sous. (Boissonnade, pp. 18, 19 et 264.)

(3) Dès le XII siècle, l'usage des ablutions s'était très répandu dans le Bas-Poitou, .mais par suite d'abus commis dans certaines étuves entretenues par des barbiers, ces établissements disparurent peu à peu. Le peuple continua à user des bains de rivière, mais les autres -classes se déshabituèrent de ces soins de propreté. (Boissonnade. De l'organisation du travail en Poitou, p. 518).

(4) Il existait à Talmont, en 1140, un médecin du nom de Mandeguerre (Chartrier Marchegay, p. 140).

(5) Fontenay avait des foires importantes dès la fin du XIIe siècle. Vers 1207, Guillaume de Mauléon, seigneur de Fontenay, fait don aux confrères de N.-D., des droits à percevoir pendant la foire qui a lieu après l'octave de la Conception. A quelques jours près, cette foire, qui se tient encore le 25 mars, n'a pas changé. (Archives de Fontenay, T. I, p. 68).


HABITATIONS PARTICULIERES

 

Habitations particulières. - Les habitations du peuple devinrent plus confortables, et revêtirent une physionomie spéciale qui ne rappelait en rien celle de l'habitation gallo-romaine copiée jusque-là plus ou moins servilement. Tout d'abord les jours ne sont plus, pris sur une cour intérieure, niais bien sur la voie publique; de plus, lorsque la cour existe, elle n'est plus employée qu'à des usages domestiques. On pénètre directement de ' la rue dans la salle principale, laquelle est ordinairement surélevé. Lorsque l'habitation a une certaine importance, cette salle, dans laquelle on reçoit et dans laquelle on mange, est doublée d'une seconde pièce qui sert de cuisine : les chambres à coucher sont au-dessus.

Le premier étage est très souvent en bois : son fenêtrage occupe plus de la moitié de la largeur de la façade, et le tout est couvert par un toit saillant ; on ne voit que très rarement à cette époque de pignon sur rue. Le pan de bois du premier étage est formé de grosses pièces, porté en encorbellement sur de fortes solives qui reposent sur le mur de fond et sur celui de face. Ce pan de bois est hourdé de mortier entre les bois : des dessins à la pointe sont tracés sur l'enduit. Le dessous de la saillie du toit et le pan de bois sont peints de couleurs vives (jaune et noir, blanc et brun ou rouge, rouge et noir). Un grand changement dans la distribution intérieure s'opère à cette époque ; si on retrouve, dans les maisons gallo-romaines et mérovingiennes, la séparation de l'habitation des femmes, il n'en est plus de même dans les maisons du XIe siècle, où la vie en commun est nettement indiquée. La grande salle du rez-de-chaussée sert de boutique lorsque le propriétaire est commerçant, dans ce cas, la salle est au premier étage ; c'est là que couchent le père, la mère et les enfants en bas-âge; les apprentis ou domestiques couchent dans les greniers. Ordinairement la cuisine est séparée du logis principal par une petite cour ; on y arrive par une galerie couverte ; une allée avec escalier droit flanque la salle du rez-de-chaussée et donne accès directement au premier, une galerie fait communiquer la pièce du premier étage avec l'étage audessus de la cuisine. Quelquefois, si les maisons sont doubles, c'est-à-dire qu'un même toit en couvre deux, chacune de ces agglomérations est séparée de la suivante au moyen d'une ruelle qui, souvent, conduit à un jardin.

Dans les maisons du moyen âge, tout est disposé pour répondre aux besoins des habitants aux grandes pièces, les grandes baies ; peu d'ornementation, mais des murs et des planches solides ; l'escalier n'est pas caché, et si cela est nécessaire, la façade est abritée. Si ces anciennes habitations ne nous paraissent plus confortables il faut avouer que c'est parce que nous ne vivons plus aujourd'hui comme à cette époque, et que nous avons d'autres besoins ; mais telles qu'elles sont, elles répondent parfaitement au programme qui était donné la famille, c'est-à-dire les proches et les serviteurs se réunissant dans la même pièce, autour du maître (1).

Fontenay possède encore dans les rues de la Fontaine, Saint-Nicolas et des Loges, des Habitations du XIVe et du XVe siècle qui se rapprochent beaucoup par leur style et leur disposition principales, du type.., général que nous venons de décrire. Elles attestent une administration locale très développée, une grande prospérité intérieure, et des habitudes de bien-être et même de luxe qui ont disparu depuis les guerres de religion du XVIe siècle.


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NOTES:

(1) Tubeuf (Histoire de l'architecture.)


NAVIGATION

 

Navigation. Les ports de Talmont, des Sables-d'Olonne, de Saint-Gilles, de l'Aiguillon-sur-Mer, déjà utilisés pour les expéditions des Normands en Angleterre et pour celles de Palestine, sur la demande expresse de Philippe-Auguste (1), virent leur commerce prendre une grande extension. Des armateurs se livrèrent sur une vaste échelle au cabotage. Dès le e siècle, il se faisait par la Sèvre et les ports de la côte, notamment par celui de Talmont, un important commerce de blé. Les céréales étaient vendues jusqu'en Angleterre (2). Bozon de la Davière, comme nous l'apprend une charte de 1070, établit sur les navires en partance pour la Grande-Bretagne, un impôt de 12 deniers, dont les moines de Sainte-Croix-de-Talmont furent seuls exemptés.

Des pêcheurs espagnols s'étaient installés aux Sables au Xe siècle, et la marine y était, à la fin du XIe siècle, assez importante pour que le droit d'entrée sur les navires formât le principal revenu de l'église de l'île d'Olonne.

Saint-Gilles, qui est peut-être le plus vieux port du littoral poitevin (quelques auteurs pensent que ce pourrait bien être le Portus Secor de Ptolémée), avait également une grande importance. Tout ceci suppose déjà des marins vendéens une grande expérience de l'art. de la navigation, perfectionné en 1183, par la publication du Grand Routier de mer, de Pierre Garcie Ferrande, l'un des marins de Saint-Gilles, d'origine espagnole ou portugaise.

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NOTES:

(1) Pasquier (Recherches sur la France, lib. IV, col. 25. D. Rivet, XII-199.)

(2) Lorsque la récolte était abondante, l'autorisation d'exporter du blé était accordée aux Bas-Poitevins, malgré les restrictions générales posées en principe. (ordonnance autorisant l'exportation, année 1252.)

PECHE,OSTREICULTURE ET BOUCHONS

Pendant longtemps, le port des Sables fut seul autorisé à exporter les grains destinés aux provinces françaises. (Boissonnade, déjà cité.)


Pêche, ostréiculture et bouchots. - La pêche se développait aussi, et c'est avec un soin jaloux que les moines surtout entretenaient les pêcheries qui leur appartenaient (1). La culture des parcs à huîtres, conservée depuis les romains, était fort prospère à la Bodelinière et dans les viviers de Sion et de Brétignolles, aujourd'hui désignés sous le nom d'écluses.

Les moulières de VIe étaient renommées, et les seigneurs du Poitou tenaient à faire figurer sur leur table le mollusque appétissant qui en provenait. Les sires d'Apremont, de Ryé et de Commequiers recherchaient les moules de la Bodelinière, mais malheureusement cette industrie, établie sans règles, devint bientôt un obstacle pour la navigation de la VIe, car le 3 septembre 1615, Marie de Luxembourg, dame de Ryé, prescrivait à ses officiers de faire détruire les moulières établies dans le lit de la Vendée et qui gênaient la navigation.

Le marin irlandais Valton, poussé par la tempête sur les côtes du Bas-Poitou, vers 1235, fixait sa, résidence dans l'anse de l'Aiguillon, et créait sur ce point l'industrie des bouchots, qui n'a fait que se développer depuis sur les côtes du-Bas-Poitou et de l'Aunis.


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NOTES:

(1) En 1280, les moines de Saint-Michel-en-l'Herm obtenaient que le poisson destiné aux moines de la Grainetière, près les Herbiers, fût acheté dans leurs propriétés de Saint-Michel-en-l'Herm, et, pour ce faire, décidaient Raoul de Mauléon et Guillaume à octroyer par chantres aux dits religieux de la Grainetière dix sols de rente (environ 57 francs). (Louis Brochet. - Histoire de l'abbaye royale de Saint- Michel-en-l'Herm, pp. 37 et 38.)

 

 

LES CANAUX ET LES DESSÉCHEMENTS

En 1217, Pierre de Volvire, seigneur de Chaillé-les-Marais, permettait aux abbés de Saint-Micbel-en-l'Herm, de l'Absie, de Saint-Maixent, de Maillezais et de Nieul-sur-l'Autise, de faire creuser un canal pour dessécher les marais du Langon et de Vouillé. Ce canal fut nommé et se nomme encore Canal des Cinq-Abbés. Il prend naissance près de l'ancienne île de Vouillé, et après un parcours d'environ onze kilomètres, débouche dans la partie inférieure de la Sèvre.

Les canaux dits Etier de Chaillé, Etier de, Moreilles et Achenault de la Tranchée, furent creusés à cette époque pour verser dans la partie inférieure de la Sèvre, et de là dans le golfe de l'Aiguillon, une partie des eaux qui couvraient ce marais.

En 1270, un grand canal était creusé par les soins des abbés de Saint-Michel-en-l'Herm et de Saint-Léonard-des-Chaumes, et le grand prieur des Templiers- d'Aquitaine; pour servir de décharge aux eaux de leurs marais, situés dans le voisinage de Marans.

Le canal de Luçon, qui appartenait avant 1799, à l'évêque et au chapitre -de Luçon, qui l'entretenaient et y percevaient des droits, est; probablement plus ancien (1)

Le canal du Roi, qui communiquait de la Vendée au canal de Luçon, fut creusé en 1283, aux frais des paroisses d'Auzay, de Petosse, de l'Hermenault, de Pouillé, de Saint-Valérien, de Saint-Laurent-de-la-Salle, du Poiré, du Langon, de Mouzeuil, de Nalliers et de Sainte-Gemme-la-Plaine.

Par suite de la création de, ces canaux, d'immenses étendues de terre jusqu'alors couvertes par les eaux se couvraient de riches moissons, et là où ne poussaient que les plantes aquatiques, les champs se couvrirent d'abondantes moissons : une végétation superbe remplaça partout les rouchères.

Si les paysans secondaient puissamment lés moines, si le servage pesait lourdement sur eux, et si un grand nombre mouraient de misère et d'épuisement au milieu, de ces foyers pestilentiels, il faut savoir reconnaître que les, moines d'alors furent aussi à la peine, et, qu'à l'exemple des Trappistes, ils manièrent bravement la pelle et la pioche ; qu'ils furent en somme pendant plusieurs, siècles les directeurs de ces -immenses., travaux dont ils firent, dans une certaine mesure, profiter les travailleurs.


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NOTES:

(1) Dès le IVe siècle, Eumène parlait du soin avec lequel les habitants du Bas-Poitou desséchaient les marais en creusant des canaux d'écoulement.

Pendant la dernière moitié du XIVe siècle, les travaux d'assainissement subissent un temps d'arrêt, et, ce n'est qu'en 1399 que l'on voit l'abbé Girard, dit Pied-Bot, transformer en gras pâturages les alentours immédiats du Rocher de Saint-Michelen-l'Herm. Quatre-vingt-un ans plus tard, Guillaume Pertins, ingénieur, opérait le recurement de la rivière de Saint-Benoît, où se rendait primitivement l'un des trois bras du Lay. C'est sans doute vers cette époque que le chapitre de Luçon faisait construire la digue du Bot-Bourdin, qui, s'appuyant au nord sur le promontoire de Saint-Denis-du-Payré, venait se terminer au sud sur une digue que l'on avait déjà opposée à la mer. Elle garantissait les marais de Triaize, de Chasnais, des Magnils et de Luçon. Le pouvoir civil veillait avec un soin jaloux à la conservation de ces travaux; car nous voyons, le 10 juillet 1481, le sénéchal du Poitou; donner dès ordres contre Jean de la Trémouille, prévôt de Luçon, qui se permettait de faire pacager des bestiaux sur le Grand-Bot et de vexer les bouchers de Luçon. (Louis Brochet. - Histoire de l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm, p. 28).

DROITS D'USAGE ET DE PARCOURS DES MARAIS
VITICULTURE

Droits d'usage et de parcours des marais. On peut affirmer, croyons-nous, que le droit d'usage et de parcours des marais, qui existe encore dans bon nombre de communes de la Vendée, remonte à cette époque, et que quelques lambaux de ces immenses espaces furent distribués à ces serfs de la glèbe, qui alors, sous la sainte et féconde influence de Saint-Louis, pouvaient acheter non seulement un peu de liberté, mais aussi quelques arpents de cette terre arrosée de leurs larmes et de leurs sueurs.

Viticulture. La vigne se cultivait sur plusieurs points de la Vendée et les vignobles des environs de Niort (1), de Mareuil, de Saint-Denis-du-Payré, de la Miltière de Talmont, de Sigournais, de Sérigné, produisaient aux lieu et place de l'hypocras, ces vins renommés qui mettaient la joie au cœur du pauvre paysan et du riche seigneur, qui ne dédaignaient pas néanmoins dès cette époque, le Bordeaux, le Bourgogne et le Champagne.
Ajoutons que beaucoup de nos vins étaient exportés par les vaisseaux flamands dans les pays du Nord et par les Templiers jusqu'en Orient (2).


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NOTES:

(1) Boissonnade, p.9.

(2) Boissonnade, p. 18.

 

 

LITTÉRATURE

 

Les écoles monastiques étaient à peu près les seules qui existassent en ce moment, et c'est au fond des cloîtres, asiles de la littérature latine, qu'il faut aller chercher les hommes de quelque valeur littéraire que le Poitou ait produits pendant les XIe, XIIe et XIIIe siècles. Car, ne l'oublions pas, les premiers littérateurs poitevins en langue nationale furent ou des seigneurs ou des gens qui vivaient à leur cour. Les bourgeois des villes ont suivi quand, avec la liberté, l'instruction leur est venue. Le peuple, sous la chaumière, racontait des légendes ou composait des chansons en langue vulgaire, mais ne les écrivait pas.
On peut citer parmi les écrivains de cette époque Pierre de Maillezais, ami des lettres et, de la littérature ancienne, grand admirateur de Cicéron, qui fonda à Maillezais une bibliothèque choisie. Il composa les chroniques de -son monastère, fit le voyage de la Terre Sainte avec Guillaume IX, et mourut dans les premières années du XIIe siècle.

Raoul Ardent naquit vers 1040 dans les environs de Bressuire. C'était un prodige d'érudition et d'éloquence qui embrassa presque en entier le cycle des connaissances humaines. Il fut prédicateur de Guillaume IX, qu'il suivit en Orient en 1101, avec Pierre de Maillezais. Nous ne savons s'il eut beaucoup d'empire sur le duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, toujours est-il que ce dernier troubadour, aussi gai qu'il était guerrier redoutable, prit sous sa protection les auteurs qui cultivaient le genre érotique, la licence, les chansons populaires.

On doit à Raoul Ardent ou Radulphe un vaste recueil d'homélies.

Pierre Béranger, mort vers la fin du XIIe siècle, fut un disciple d'Abeilard, dont il embrassa avec ardeur les idées.

Pierre de Poitiers, disciple de Pierre Lombard,-inventa les arbres historiques qui, depuis, donnèrent naissance aux arbres généalogiques. Il mourut au commencement du XIIIe siècle.

Savary de Mauléon, seigneur de Fontenay, poète aimable et remarquable politique, qui prit le parti de Philippe-Auguste contre Jean-sans-Terre. Il aimait avec passion les tournois et les fêtes, jetant dans toutes ces assemblées l'éclat de sa poétique imagination. Tous les chroniqueurs contemporains s'accordent à entourer la mémoire de ce seigneur de paroles d'admiration-; l'un avoue que de toutes ses belles actions, on pourrait facilement remplir un énorme livre ; l'autre l'appelle le " chef de toute courtoisie, le maître des braves. "

Savary de Mauléon contrastait singulièrement avec la plupart des châtelains de son époque, dont quelques-uns (nous aimons à croire que c'était le petit nombre), déclaraient ne savoir signer, attendu leur qualité de gentilhomme.

 

 

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LANGAGE DE L'ÉPOQUE

 

La langue française se faisait, à la fin du XIIIe siècle, avec des lambeaux de différents dialectes, et nos ancêtres eurent autant de mérite à former la langue que nous en aurions à l'arrêter sur la pente de la décadence. Comme à cette époque, on se déplaçait peu, il s'opéra dans chaque partie de la France un travail particulier sur l'idiome. Le tempérament de chaque peuple, la conformation de ses organes vocaux, la diversité des origines ethnographiques, influèrent sur cette élaboration. Il en résulta pour chaque province son parler, et le Bas-Poitou n'échappa pas à cette loi.

La Fontenelle de Vaudoré, dans un document ayant trait à une vente faite en 1273 par des habitants de Luçon aux moines de Saint-Michel-en-l'Herm, nous a conservé la note suivante, qui ne manque pas d'intérêt, d'autant mieux qu'elle nous montre le langage et le style de l'époque à Luçon et dans ses environs: " Vente faicle par des particuliers à frère Pierre, humble abbé par la grâce de Dieu de Sent-Micheu-de-l'Erx et au couvent de cette même abbaye de l'Herberjement, qu'ils avaient au château de Luçon, avec quelques héritages. La vente, scellée d'au sceau monseigneur Macé de Saint-Venant, chevalier sénéchaux N. S. le roi de France en Poitou et d'au siau de Renaut de Marconnay (1).

Plus d'une expression bas-poitevine de ce document a conservé encore de nos jours ce goût de terroir que rie désavoueraient pas bon nombre de Vendéens.


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NOTES:

(1) Louis Brochet (Histoire de l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm, p. 37).

 

 

AVANTAGES GÉNÉRAUX

 

La masse du peuple s'épura aussi ; les aventuriers, les vagabonds, les factieux, tous ceux qui, par misère ou par goût; ne se plaisent, qu'au milieu du trouble et des désordres, s'élancèrent avec joie dans la nouvelle, carrière qui leur était ouverte. Les passions haineuses s'adoucirent, les mœurs perdirent un peu de leur rudesse, saris perdre leur loyauté. Dans le Bas-Poitou comme ailleurs, une émulation générale anima tous les esprits et l'Occident sembla échapper au chaos lorsque les croisés rapportèrent les connaissances qu'ils avaient acquises en Asie sur la législation, l'industrie et les arts, et cette poésie qu'on y respire-avec l'air.

 

 

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CONDITIONS DES SERFS EN BAS-POITOU

 

Dans le Bas-Poitou surtout, le régime féodal, dont la base était " la foi donnée et la foi repue.", peut se définir le régime du contrat. Le despotisme romain avait nivelé, écrasé, avili toutes les classes la féodalité rend à l'homme sa dignité perdue. L'empire romain avait exagéré le droit de l'État ; la féodalité exagère peut-être le -droit de l'individu, mais c'est par l'individu régénéré que pourra se refaire une société nouvelle. Les citoyens des anciennes républiques grecques et de l'ancienne république romaine n'ont jamais été aussi libres que les membres de la société féodale. Sans doute cette liberté n'existait que pour les nobles ; mais les principes nouveaux ont contribué plus tard à relever la condition du peuple. Beaucoup des idées féodales sur les droits des gouvernés vis-à-vis des gouvernants, ont passé dans nos constitutions modernes (1).

Du XIIe au XIVe siècle, le principe féodal favorise de plus en plus les classes populaires. Les seigneurs renoncent à exiger d'autorité beaucoup de services : ils préfèrent se les assurer par des contrats librement acceptés par les paysans. De même que le seigneur concédait des fiefs à des nobles en échange du service militaire, il pouvait concéder des terres à: des vilains en échange de services industriels. Quelquefois, moyennant la jouissance d'une certaine terre, des hommes s'engageaient à le servir de père en fils, comme tonneliers, charpentiers, forgerons, bouviers, bergers, poissonniers, etc., etc., et même guides sur des chemins dangereux. Il se constituait ainsi par le libre contrat des fiefs d'artisan.


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NOTES:

(1) Rambaud (Histoire de la civilisation française, T. I, p. 132).

 

LES BOURGS OU VILLAGES VENDÉENS A L'ÉPOQUE FÉODALE

 

Le nom d'un bourg ou d'un village est presque toujours emprunté à quelque particularité géographique, topographique ou historique, comme Fontaines, Fontenay, la Roche-sur-Yon, etc., à des gisements métalliques : la Ferrière ; à quelque hauteur : Apremont, Puymaufrais, Monts ; à des bois, des dépressions : la Châtaigneraie, la Vallée ; au voisinage de quelque saint édifice : l'Hermitage, les Moutiers ; au voisinage de quelque château : les Châteliers ; au fait que le village a été originairement peuplé- de colons de l'époque romaine. Marmande, Espagne, la Romagne, Mortagne, Tiffauges, etc. Ou bien ce nom était celui du saint de la paroisse ou du monastère voisin Saint-Paul, Saint-André, Saint-Vincent, Saint-MichelMont-Mercure, Saint-Michel-en-l'Herm. Ou encore ce nom rappelait celui de quelque ancien propriétaire, comme Antigny.
Les villages les plus récemment fondés s'appelaient Villeneuve ou la Neuve- Ville; les villages libres ou récemment affranchis s'appelaient Ville franche, etc.

 

 

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VILLES NEUVES OU VILLES FRANCHES

 

Dès le commencement du XIIIe siècle, on voit en Bas-Poitou les puissants barons créer, à l'exemple des rois, des centres ou des villages nouveaux sous le nom de villes neuves ou- villes franches, où ils attirent les serfs de leurs voisins par la garantie d'un meilleur traitement, par l'exacte limitation des rentes des corvées, des taxes, des droits de justice.

Suger avait créé de cette façon la colonie de Vaucresson. Louis VII avait fondé Villeneuve-le-Roi, près-d'Auxerre ; Villeneuve, près de Compiègne ; Villeneuve, près d'Elampes, Le comte de Champagne avait créé, en 1175, la ville neuve des Ponts-sur-Seine.-Quantité d'autres Villeneuve et Villefranche, dispersées sur la carte de France, témoignent aujourd'hui de l'étendue de ce mouvement. Les autres seigneurs, pour ne pas voir déserter leurs serfs, avaient dû leur accorder les mêmes avantages, et nombreux sont en Vendée ces centres qui, pour -la plupart, indiquent une ère d'émancipation et qu'on rencontre dans les communes de Velluire, Saint-Juire-Champgillon, Foussais, Benet, Chaillé-les-Ormeaux, la Chaize-le-Vicomte, Mouille-ron-le-Captif, Bournezeau, la Ferrière, Beaufou, les Brouzils, Chauché, Saint-André-Goule-d'Oie, Saint-Sulpice-le-Verdon, l'Ile d'Olonne, Château-d'Olonne, Notre-Dame-de-Riez, la MotheAchard, Grand'Landes, Saint-Christophe-du-Ligneron, le Bernard, Saint-Etienne-du-Bois, etc.

 

 

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CONTRATS

 

En outre, pour certaines terres, les obligations du paysan à l'égard du seigneur ne résultent pas de sa qualité de vilain ou de serf, mais d'un contrat. qui n'est autre qu'un " bail " comme ceux qui sont en usage encore aujourd'hui et qui sont définis par notre code civil.

Ainsi, à côté des obligations serviles, il y a de libres contrats. Les premiers ont, tantôt la terre en concession perpétuelle et héréditaire, moyennant le payement d'une rente fixe, ce que nous appelons " emphythéose " et qui s'appelait alors " fiefferme ", tantôt " des beaux à temps " variant d'un an à quinze ans. Le prix de la location est une rente en argent ou en nature, mais souvent aussi le propriétaire donne sa terre à condition d'avoir telle ou telle partie de la récolte, s'associant ainsi aux chances du laboureur.

Tantôt il se réserve moitié de la récolte, et alors cela s'appelle " bail à métairie e, tantôt il ne s'en réserve qu'une gerbe sur six ou sur dix ou sur onze, et alors s'appelle " bail à champart, à terrage, à la gerbe.

Nous , donnons, ci-après, d'après le savant M. Paul Marchegay (1) : 1° Une notice, ayant trait au mode de fermage d'un paysan du canton de la Mothe-Achard vers l'an 1100 ; 2° Le mode de transmission d'une propriété rurale vers 1120, dans le canton des Moutiers-les-Mauxfaits ; 3° Un bail à moitié dans la commune du Château-d'Olonne en 1219 ; 4° Un bail de vigne à complant à Saint-Benoît d'Angles en .1265.


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NOTES:

(1) Parmi les clauses inscrites souvent dans les contrats de cette époque, il en est une qui mérite de fixer l'attention. On y rencontre souvent ces conditions de reméré qui ne cédaient une propriété à un tiers que sous la clause expresse qu'après avoir appartenu à une ou deux générations dans la famille du preneur, le fonds vendu ou donné à cens, reviendrait à celle du bailleur, ce qui était un moyen à celui-ci de se procurer de l'argent pour un besoin momentané, ou un fonds de terre dont on désirait avoir l'usage sans frustrer les héritiers légitimes d'un patrimoine qu'ils eussent aimé garder. (Dom Fonteneau, XV-141. - Auber, T. VI, page 343).

 

CANTON DE LA MOTHE-ACHARD
FERMAGE D'UN PAYSAN VERS 1100

 

La petite notice ci-dessous, traduite dans le Cartulaire de Talmont par le savant M. Marchegay, et qui constate le legs de trente-deux boisselées de terre et d'un quartier de vigne fait à l'abbaye de Sainte-Croix par une, femme à l'article de la mort, est plus importante qu'elle ne paraît au premier aspect. En effet, elle relate la proportion dans laquelle un colon attaché à la glèbe percevait les fruits de la terre dont il s'agit. Sur cent gerbes, il lui en est attribué soixante-deux, niais comme le paiement du tout lui incombait, soit cinquante-deux, contre quarante huit au seigneur. Si l'on tient compte du droit absolu et héréditaire qu'il avait à la culture de cette terre, en se conformant à la coutume du pays, on ne peut-disconvenir que sa position, à certains égards, trop dépendante, n'était pas désavantageuse sous celui qu'on peut appeler du fermage du sol.

Sur le point de mourir, Aldearde, femme de Guibert, prévôt de Guillaume Achard (1), donne à Dieu et à Sainte-Croix-de Talmont, pour le repos de son âme, deux sextérées de terre de Lonjumeau. Le paysan qui cultive cette terre y doit prendre deux parts et nous la troisième et une gerbe, une dernière se partageant par moitié. Elle a donné aussi un quartier' de vignes à la Mazonnière (2), . en présence de Guibert son mari et d'Achard son fils.


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NOTES:

(1) Seigneur de la Mothe-Achard.

(2) Aujourd'hui la Mouzinière, commune de Saint-Julien-des-Landes

 

CANTON DE
MOUTIERS-LES-MAUXFAITS
MODE DE TRANSMISSION D'UNE PROPRIÉTÉ
RURALE VERS 1120

 

Dans la partie méridionale du canton des Moutiers, au lieu nommé la Martinière, l'abbaye de Sainte-Croix-de-Talmont possédait un petit domaine qui, vers l'année 1120, fut agrandi par suite du meurtre du fils de l'un des principaux habitants de Curzon. Trois notices, ou plutôt articles, du Cartulaire de l'abbaye, rapportent la donation faite par le père du défunt avec des circonstances assez curieuses sur la manière dont s'opérait alors la transmission de la propriété. On relate dans la première un fait important : l'existence dans le bourg de Curzon d'un quartier appartenant au comte de Poitou, appelé Burgus Consularis, et dont les bourgeois ou habitants avaient sans doute des privilèges. C'est probablement dans l'enceinte de ce Burgus qu'était située la forteresse dont, trois siècles plus tard, Charles VII voulut assurer la défense et la conservation contre les attaques des Anglais en ordonnant, le 18 février 1132, par lettres-patentes datées de Chinon, que la garde et capitainerie de cette place, comme celle de Talmont, " fût délivrée à son amé escuier et huissier d'armes Adenet de Trochelles ".

Voici la traduction du texte latin qui se trouve dans le Cartulaire de Talmont (1) aux folios 113 et 115, mais nous n'avons pu déchiffrer le nom de l'assassin du jeune homme pour l'âme duquel les moines de Sainte-Croix devaient célébrer des messes :

Burcard de Curzon, pour l'âme de son fils Aimeri, qui avait été tué par donné à l'église de Sainte-Croix et à nous ses moines, trois sesterées de terre sise à l'Orme-Chevrier (Ulmus Caprius), et contiguës aux terres que nous. possédons. Cette donation fut faite d'abord à Curzon, dans le bourg du comte, et l'investiture en fut reçue par notre moine, Yvon, auquel, en l'embrassant, Burcard remit une branche de sarment, le tout en présence de Giraud, prêtre de Saint-Benoît, Payera Geoffroi, Raoul Grenier, Bernard Brunet, et Joscelin, notre serviteur.

" Ensuite Burcard et son fils Simon se rendirent à la Jonchère, et là, dans l'église, en déposant sur l'autel un cierge béni, ils nous confirmèrent non seulement la susdite donation, mais tout ce que nous possédions dans leur fief. Beaucoup de personnes en furent témoins, entr'autres Benoît de la Bodocière, Giraud Ductran, Constant Vieille-Selle, Etienne li Bogres, et le susdit Joscelin. Et nous, en considération de ces avantages, avons donné un cheval à Simon, tant pour son service que pour témoigner envers la génération future de ce qui vient d'être fait.

Soudon de Curzon, fils d'Albert-le-Mâle, a confirmé aussi les donations susdites et toutes celles qui pourraient nous être faites à l'avenir dans son fief; c'est pourquoi nous lui avons donné vingt-cinq sous et cinq à son prévôt Barbotin, fils d'Abbon. Témoins : Payen Chabot et Pierre l'Agneau, boucher (2) ".

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NOTES:

(1) Archives du département de la Vendée.

(2) Extrait de l'Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée, année 1858.

 

CHATEAU-D'OLONNE
BAIL A MOITIE DE LA PIRONNIERE EN 1219

 

La rareté des anciens baux est regrettable, parce que la plupart contiennent des renseignements sur l'état de l'agriculture à l'époque à laquelle ils ont été rédigés. C'est à ce titre qu'il importe 'de recueillir ceux que le temps à épargnés et que nous traduisons dans le Cartulaire de Saint-Jean d'Orbestier (Archives de la Vendée), celui du domaine de la Pironnière, commune du Château-d'Olonne, en 1219.

Sans rechercher pour le moment les abus criards auxquels a donné lieu le régime féodal, il faut convenir avec M. de la Boutetière qu'aujourd'hui on trouverait peu de bailleurs et trop de preneurs de métairies aux conditions imposées par Audebert, abbé d'Orbestier, à Arbert Bordun.

" Sachent tous présents et à venir que Audebert, abbé de Saint-Jean d'Orbestier, du consentement et vouloir de tout le chapitre de ladite église, a donné et concédé à Arbert Bordun et Bonnette, sa femme, et à leurs enfants et héritiers, à perpétuité, le domaine de la Pironnière, avec ses appartenances, à titre de métairie, en payant toutefois la dîme des gerbes dans l'aire, ainsi que celle des bestiaux. Les susdits Arbert et Bonnette, sa femme, et leurs héritiers, prélèveront dans l'aire un sextier (1) de froment pour les outils en fer à eux nécessaires; toute la récolte des grains sera ensuite divisée en deux parts, afin que l'abbé et les siens en prennent une et Arbert Bordun et ses héritiers l'autre. La semence sera aussi fournie à ces derniers sur le commun, et ils posséderont librement et sans aucune charge tout le terrain enclos par un fossé touchant la maison. Pour la maison qu'ils construiront en ce lieu, pour les charrettes ou les charrues à eux nécessaires, ils auront droit de prendre à leurs frais le bois dans la forêt du couvent, et chaque année, à l'époque de la récolte, ils prendront aussi une charretée de foin dans le pré d'Etienne, moyennant l'exécution de tout ce que dessus l'abbé et les siens garderont et défendront de toute attaque contre leurs hommes, le susdit Arbert et ses héritiers. Et pour assurer et perpétuer la mémoire de cela, nous avons muni la présente charte (lu sceau de Saint-Jean d'Orbestier. Sont témoins de ce don : Michel, prieur clé l'abbaye ; G., prieur de Bois-du-Luc Hélye, sacriste ; Guillaume Papins ; Guillaume Durans ; P Caphéas et plusieurs autres. Ce fut fait l'an du Seigneur 1219 " (2).


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NOTES:

(1) Seize boisseaux.

(2) Extrait de l'Annuaire de la Société d'Emulation de la Vendée, année 1874, pp. 119, 120 et 121. - Recherches historiques sur le département de la Vendée, par L. de la Boutetière.

 

BAIL DE VIGNE A COMPLANT A
SAINT-BENOIT D'ANGLES
EN 1265

 

Les documents qui suivent sont extraits du Cartulaire de Saint-Jean d'Orbestier, aux Archives de la Vendée. La quantité de terre cédée n'est pas malheureusement précisée, mais l'indication de douze deniers de recette permet d'avancer avec la plus grande probabilité qu'il s'agissait de douze journaux de vigne.

A tous ceux que ces présentes verront, l'abbé et le couvent de Saint-Jean d'Orbestier, salut en Notre-Seigneur. Sachez que nous avons donné et concédé à Jeanne et Marie de Saint-Benoist d'Angles, sœurs, pupilles de maître Pierre de la Buvée et à leurs héritiers et successeurs, notre terre située dans la paroisse de Saint-Benoist d'Angles, qui confronte d'une part au pré du prieur de Saint-Benoist d'Angles, d'une autre par où l'on va de Saint-Benoist d'Angles à Saint-Cyr, d'une autre à la terre de Geoffroy Benoist ou valet, d'une autre enfin à la terre aux Vigneaux. Nous leur donnons cette terre à planter en vigne, à charge par les dites soeurs, leurs héritiers ou successeurs, de payer chaque année, à nous ou à notre mandataire, à Saint-Benoist d'Angles ou environs, au temps des vendanges, quatorze sommes de vendange, à titre de complant, et douze deniers de recette, et de ne pouvoir léguer ou aliéner ladite vigne à aucune maison religieuse ou église séculière, ni la grever d'aucun légat, pension ou charge. A savoir que nous ne percevrons rien des sommes de vendanges et derniers susdits avant l'an de l'Incarnation 1273. En témoignage de quoi nous avons donné aux dites sueurs, à leurs dits héritiers et successeurs, les présentes lettres munies de notre sceau. Fait l'ait du Seigneur 1265 " (1).

En résumé, on peut dire d'une manière générale que le servage lie à la terre celui qui la cultive à perpétuité pour lui et sa famille, mais il en fait en même temps un fermier héréditaire qui ne peut pas être dépossédé, et qui, en réalité, est un véritable propriétaire. On trouve, il est vrai, dans les vieilles chartes, des ventes de serfs jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, mais MM. Guérard et Léopold Delisle, ont prouvé d'une manière incontestable qu'il ne s'agissait pas alors, comme dans l'antiquité, de la vente de l'homme lui-même, de son temps, de ses facultés, mais seulement des services et des redevances auxquels il était obligé, puisque les hommes de condition libre eux-mêmes sont souvent compris dans de pareilles ventes, en ce sens que les services et les redevances qu'ils devaient, passaient à une autre personne (2). Le Poitou nous en fournit à cet égard de nombreuses preuves. Dansée Cartulaire des sires de Rais et de l'abbaye de Boisgrol-land publiés par feu M. Marchegay, sur dix chartes du XIIe et du XIIIe siècles, qui mentionnent de pareilles ventes, il y en a huit où il s'agit d'hommes libres propriétaires, qui gardent leur liberté et leur propriété, mais qui doivent des services, objets réels de la vente. Nous ne saurions mieux faire, du reste, que de répéter, avec M. Guérard, dont l'opinion a un si grand poids

" L'esclavage est devenu une servitude mitigée; la servitude mitigée s'est convertie peu à peu sous la première et la seconde race, dans le servage du moyen. Le servage, qui n'était plus la privation, mais seulement une restriction de la, liberté, disparut à son tour dans le cours du moyen âge. Mais déjà les hommes de condition servile exercent en réalité la propriété du sol, et les redevances qu'ils payaient à leurs seigneurs étaient plutôt un impôt qu'une rente (3). "

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NOTES:

(1) De la Boutelière (Société d'Emulation de la Vendée, année 1874, pp. 421 et 122).

(2) Les derniers paysans français qui aient été serfs de corps à la veille de 1789 furent des serfs d'église, ceux du chapitre de Saint-Claude, dans le Jura (Rambaud, p. 260).

Dès 1515, une ordonnance royale affranchit tous les serfs du domaine royal, proclamant que " selon le droit de nature, chacun doit naître franc " et que " notre royaume est dit et nommé le royaume des Francs ".

(3) Guérard (Polyptique d'Iminon). - Du Fougeroux.

 

JUSTICE FÉODALE

 

Quoique le droit de rendre la justice à leurs vassaux fut de ceux auxquels tenaient le plus les barons du moyen âge, ils se sont, à une époque très reculée, dispensés de l'exercer eux-mêmes.

Les officiers sur lesquels ils se sont déchargés de ce soin, ont été appelés, suivant les contrées, prévois, baillis et sénéchaux. Parfois leurs fonctions furent héréditaires, mais elles étaient plus fréquemment personnelles et révocables. Le sénéchal de la Mothe-Achard était dans ce dernier cas, car, au milieu du XIIIe siècle, ainsi qu'il résulte d'un acte par lequel il s'engage, sous la garantie de tous ses biens, meubles et immeubles, à rendre bonne justice, tant à l'égard de la seigneurie qu'envers le seigneur lui-même (1).

Juridiction. - " Les droits de juridiction étant presque les mêmes dans chaque seigneurie, il nous semble 'essentiel de donner sur la justice avant 1789, quelques développements, sans lesquels il serait difficile de retrouver la physionomie d'un temps si loin de nous par les mœurs, bien qu'il ne date que d'hier.

C'est, nous devons l'avouer, le moins beau côté de l'ancienne société française. Nous ne voulons pas dire que nous en soyons à la perfection, nous croyons au contraire, que c'est un des points qui font le mieux ressortir l'imperfection humaine, imbecillitas humana; mais enfin, il y a là un progrès incontestable par une meilleure organisation des ressorts. Autrefois, la complication des juridictions et la multitude des officiers judiciaires, vivant des procès qu'ils avaient à éterniser, loin d'assurer une meilleure et plus prompte administration de la justice, semblaient plutôt instituées pour faciliter à la chicane les moyens de dénaturer le bon droit et de ruiner les plaideurs. Les instances duraient souvent plus que la vie des gens. Un procès intenté dans le commencement du XVIIIe siècle, par le prieur de Réaumur aux habitants de la paroisse, au sujet de quelques dîmes, dura quarante ans et ne fut terminé que par une transaction entre les parties.

Dans le principe, le comte de Poitou, siégeant à Poitiers, était le chef-lieu de la justice de la province. Le ressort était divisé en soixante-sept vigueries, vicariœ, établis successivement, et où la justice se rendait par les viguiers assistés d'assesseurs choisis parmi les notables. Peu à peu cette puissante organisation s'affaiblit, le morcellement de la souveraineté, qu'implique l'idée féodale, s'opère dans la justice comme dans tout le reste. Les seigneurs du deuxième rang se substituent à ceux du premier pour le fait de la justice. Chaque seigneur devient justicier et se passera de l'assentiment du suzerain pour la nomination ou la révocation des juges chargés de rendre la justice en son nom. Ce fut le signal de la chute des viguiers qui tombèrent au XIe siècle. A partir de ce moment commence la.justice segneuriale.

La haute justice comprenait tout : elle avait plénitude de juridiction jusqu'à la mort. Le gibet, les fourches patibulaires, le carcan, la prison sûre étaient ses signes, ses charges, ses privilèges. Cela explique l'existence dans les châteaux de prisons où l'on veut toujours voir exclusivement un moyen d'oppression arbitraire sur les vassaux.

La moyenne justice avait compétence pleine au civil, restreinte au criminel. Elle ne jugeait le fait délictueux que jusqu'à l'effusion du sang, jusqu'à l'amende de 60 sols.

La basse justice avait une très grande limitation. Sa juridiction ne s'étendait que jusqu'à 60 sols au civil, et 7 sols au criminel.

Ces justices n'étaient pas seulement un honneur pour les seigneurs, c'était une charge souvent lourde. Ils devaient pourvoir sur leurs propres revenus aux frais qu'elles occasionnaient (2).

Trois-cents hautes justices ou environ ressortissaient à la sénéchaussée présidiale de Poitiers (3), soit nument, soit par appel. Sur ce nombre, il y en avait bien soixante sans exercice, quarante sans officiers, et cinquante au moins qui n'étaient pas jugées, ou, ce qui est pire, l'étaient fort mal (4). Quant aux moyennes et aux basses justices, elles étaient innombrables (5). Quelle était la valeur de ces officiers, sans autorité, sans garantie pour la résistance aux volontés du seigneur qui pouvait les changer suivant son bon plaisir? L'appel à tous les degrés. Nos tendances actuelles sont à la restriction de l'appel ; alors c'était la seule garantie contre des juges qui n'étaient pas maîtres de leurs sentences; c'était aussi un moyen pour la royauté de manifester sa puissance sur ses grands vassaux. Mais de coin bien de difficultés et de délais cette garantie était entourée! Que l'on songe aux embarras du pauvre plaideur, si loin de Poitiers, si loin du parlement, dans un pays dépourvu de tous moyens de communications, par des chemins peu sûrs, quand il-devait porter son appel et suivre son procès jusqu'au chef-lieu de la province ! (6). "

 

 

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LES MAIRIES OU PRÉVÔTÉS EN BAS-POITOU
LA MAIRIE OU PRÉVOTÉ DE
LA CHATAIGNERAIE EN LA PAROISSE
DE SAINT-PHILBERT- DU - PONT - CHARRAULT (1236-1538)

 

Souvent disputé entre le roi de France et le roi d'Angleterre, le Bas-Poitou jouit de bonne heure de chartes octroyées qui lui assurèrent des garanties contre l'oppression.

Dans ce pays où domine une autorité très forte, celle du roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine, il ne faut point s'attendre à rencontrer des villes souveraines, comme dans le midi et dans le nord. Ici les milices sont commandées, les impôts sont perçus, la justice en dernier ressort est rendue par des officiers du roi.

Dès le XIIIe siècle, les bourgs ou les villages affranchis ont un rudiment d'organisation municipale. Leurs habitants, avec la permission du seigneur, tiennent des assemblées, le dimanche devant leur église, pour délibérer sur les affaires de la communauté. Ces assemblées diffèrent des conseils municipaux d'aujourd'hui, en ce qu'elles comprennent tous les chefs de famille. Les villages ont à leur tête, outre l'agent du seigneur, des chefs désignés par eux ordinairement, avec le consentement du seigneur. Ordinairement ce sont des syndics, parfois il y a un seul chef qui porte le nom de prévôt ou de " maire ", comme celui que l'on trouve dès 1236 à la Châtaigneraie, aujourd'hui simple village de la commune de Saint-Philbert-du-Pont-Charrault.

Sous la présidence du prévôt, Fontenay eut aussi, dès le XIIIe siècle, une sorte d'organisation municipale, et les seigneurs des fiefs compris dans l'enceinte fortifée, furent obligés d'abandonner au conseil des prud'hommes le soin de pourvoir lui-même à la sûreté de la ville. C'était enlever à la féodalité le pouvoir de. lui nuire (7).

La Mothe-Achard avait également à la même époque une organisation similaire.

 

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NOTES:

(1) Société d'émulation de la Vendée, année 4858, page 177.

(2) La cour seigneuriale comprenait au moins: 1- un juge ou bailli, maire et garde de la justice, quelquefois assisté ou remplacé par un lieutenant ou adjoint, remplissant les mêmes fonctions ; 2° un procureur fiscal stipulant l'intérêt public et veillant aussi aux droits du fisc; 3° un greffier recueillant les dépositions, les plaidoiries, et transcrivant les arrêts ; 4° un sergent mettant a exécution les arrêts, sentences, jugements et ordonnances, signifiant les exploits d'ajournement, les sommations, exécutant les saisies-arrêts et autres actes extra-judiciaires. Bitton. - Fiefs et arrière-fiefs en Vendée.
La baronnie de Mareuil, qui' avait droit de haute justice, comprenait en 1508 un sénéchal, un commis, trois officiers, un receveur, un procureur, un greffier, un écuyer. Louis Brochet. - Les conséquences d'un vol de blé dans les greniers du seigneur de Mareuil. - Mareuil et ses environs.

(3) Parmi les, plus importantes du Bas-Poitou, il convient de citer Fontenay, Vouvent, Mervent, Brandois, La Chaize-le-Vicomte, La Commanderie de Launay en Sainte-Cécile, Les Essarts, Tiffauges, Mareuil, Châteaumur, Chantonnay, Montaigu, La Mothe-Achard L'Hermenault, Sainte-Hermine, Palluau, Bazoges-enPareds, La Châtaigneraie de Saint-Philbert-de-Pont-Charrault, Sigournais et le Puybelliard.

(4) Mémoire de M. Beauchet-Filleau sur la justice du Poitou. Mémoire des antiquaires de l'Ouest, 1844, p. 417 ; - Etude de M. Bardy, avocat général, Bulletin de la même société, 1857, p. 117.

(5) M. Bitton a relevé les noms de seigneuries ayant droit de basse justice.

(6) Léon Audé. - Études historiques et administratives sur la Vendée. - Les Châtelliers-Châteaumur.

(7) Les archives de Fontenay, T. i, page 65, renferment des lettres de PhilippeAuguste portant la date de 1207, confirmant le don de la charge de prévôt, et sénéchal héréditaire de Fontenay et de la terre du Pàtis, fait par Guillaume de Mauléon â Girard de la Pérate.

 

ÉLECTION D'UN MAIRE.

 

L'exercice de ce qu'on appelait autrefois la Justice seigneuriale, consistait dans la connaissance de certaines causes, par des juges particuliers, en des audiences dites : Assises de la Seigneurie.

Ces causes étaient les dations de tutelle et de curatelle, les actions sur choses immeubles sises dans la juridiction, les actions entre les personnes dont l'amende n'excédait pas soixante sous pour la moyenne justice, sept sous six deniers pour la basse. En général, rien de moins intéressant que les registres de ces assises qui ont échappé à l'action du temps, dormant dans la poussière des archives, ou achevant de disparaître sous la dent des rats dans les fonds obscurs de quelques greniers.

On aurait tort pourtant de généraliser le mépris qu'inspirent ces témoins d'un autre âge, a car on y trouve toujours à glaner ces infiniments petits de l'histoire, qui recueillis, coordonnés " et expliqués, sont l'histoire elle-même ; non pas, il est vrai, " celle des guerres, des batailles et autres fléaux de l'humanité, " mais celle des institutions, des moeurs et des usages, en un " mot, la vie même de nos pères. "

M. de la Boutetière, dont les lettres regrettent la perte, en a découvert une preuve nouvelle dans les papiers du Grand-Prieuré d'Aquitaine, de l'ordre de Malte, conservés aux. archives du département de la Vienne. Entre autres renseignements, on y trouve treize procès-verbaux de la nomination du Maire annuel, à laquelle contribuaient les habitants. Nous croyons être agréable à nos lecteurs, en leur présentant le résumé de ce savant travail.

La Châtaigneraie, aujourd'hui simple hameau de la: commune de Saint-Philbert-de-Pont-Charrault, relevait de Saint-Jean de Launay, commanderie de Malte, située dans la paroisse de Sainte-Cécile. Au moyen âge il y avait dans cette petite seigneurie, comme dans toutes les autres, un officier chargé, sous le nom de prévôt, de tous les détails de l'administration. Cet office qu'on. trouve souvent dans nos contrées, concédé en fief, était parfois exercé par des hommes durs et avides, et les habitants de la Châtaigneraie achetèrent au prix d'une rente de trente sous, le droit de mettre l'un. d'eux à la place de cet intermédiaire obligé avec leur seigneur. La somme était grosse pour l'époque, mais l'avantage aussi; car en dehors de beaucoup d'autres qui sont évidents, un des hommes de la communauté exerçant ces fonctions à titre gratuit, l'économie était grande. T1 y avait profit aussi pour le commandeur de Launay, à percevoir la somme d'abord, ensuite à laisser ses vassaux faire eux-mêmes leurs affaires.

Chaque année, le jour de la fête de Saint-Barnabé (1l juin), les chefs de maison se réunissaient pour élire trois candidats, l'un desquels était choisi pour prévôt, ou maire, par le seigneur. Après l'installation solennelle et la prestation de serment, il y avait fête au village; et l'institution fonctionna au mieux des intérêts de tous jusqu'en 1525. A partir de cette date, des discordes intestines se produisirent entre les habitants : peu à peu les électeurs refusèrent d'user de leurs droits, plusieurs furent même condamnés à l'amende et à partir de 1534 (14 juin, où on déclara maire un sieur Morin) on n'assiste plus qu'à un échange de papier timbré entre le sénéchal Bereau, père du poète de ce nom, assisté de son confrère Pruyau, et Jehan Morin, affublé de Mathurin Barbarin, son sergent alloué (1).

Cette charte de 1236, écrite d'une main mutilée par les balles allemandes, donne le récit circonstancié de l'introduction dans le principal village de la paroisse de Saint-Philbert-du-Pont-Charrault, au temps où dominait la féodalité, du suffrage électoral pour le choix du maire ou prévôt, chargé de recueillir l'impôt. Si le droit obtenu ainsi (et non sans peine probablement), est promptement tombé en désuétude, il ne faut pas s'en prendre aux seigneurs, mais aux sujets, que la menace d'une grosse amende ramenait seule au scrutin, et dont l'indifférence causa l'annulation de la charte destinée à assurer la sécurité de leurs biens et de leurs personnes.


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NOTES:

(1) Extrait de l'annuaire 1872, page 83.

 

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